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Jeux Viens à Vous Docteur Mops 1ère partie

Son pseudonyme résonne dans le monde ludique comme inévitablement associé à Tric Trac et à son comparse de toujours Mr Phal. 
Lui c'est le Docteur Mops . 
Journaliste à Tric trac, mais également un homme aux 1 000 métiers  : Professeur de dessin, verbicruciste, artiste, organisateur et médiateur d'expos, animateur radio et tant d'autres....


Echanger avec le Docteur a été un réel plaisir, simple, plaisant, avec l'humour qu'on lui connait. 
Mais il a su également se confier de manière sincère sur un sujet  grave : l'autisme. 

 

Dans cette première partie, nous parlons de la culture du jeu, de son autisme diagnostiqué tardivement, de l'art, de Bruno Faidutti, Dominique Ehrhard, Philippe Des Pallières, Franck Dion et Antoine Bauza, de son activité d'auteur mais également de son passé de nègre franc maçon...
 

1) Bonjour Docteur Mops, auriez-vous la gentillesse de vous présenter? 

 

Voilà une occasion d'être gentil assez simplement et en plus en parlant de moi ! ^^  Enfin simple... C'est toujours difficile de se définir en quelques mots.
Je suis un homo sapiens d'âge mûr aux intérêts éclectiques mais ce qui vous intéresse vraisemblablement est mon penchant pour les jeux et accessoirement la musique.

Ma vie professionnelle a été particulièrement nomade. J'ai la chance d'avoir des centres d'intérêts variés et le goût de l'apprentissage tout autant que des difficultés à appréhender les comportements sociaux.

J'aurais pu me draper dans une image romantique de doux rebelle mais les choses sont plus pragmatiques puisque je suis atteint d'un syndrome dit d'Asperger que l'on m'a décelé assez récemment.

Et manque de chance, l'image d'Épinal du petit génie associé à ce handicap ne concerne que des cas rares... Je peux donc juste en profiter pour faire semblant d'être très intelligent mais ça ne tiendra pas longtemps à l'usage ;)

Actuellement je fais le doux métier de journaliste web spécialisé dans le jeu sur le site Tric Trac. Une extension à la fois de mon goût des jeux et de celui de transmettre aux autres.

Par ailleurs je fus professeur de dessin, artiste, organisateur et médiateur d'expos, animateur radio, libraire pour enfant, projectionniste, administrateur de MJC, guide historique, journaliste, vendeur de jeux, technicien de surface sur des car-ferry, iconographe, infographiste, nègre franc-maçon, responsable d'un ciné-club, verbicruciste, arbitre de différents jeux, figurant, et j'ai même du danser dans les ballets de Roland Petit mais juste une poignée de soirées.

Côté musique, cela reste un art très magique et incompréhensible pour moi. J'ai bien fait semblant de chanter parce que ça se faisait beaucoup dans ma jeunesse et que ça marchait bien avec les filles, suivi quelques cours d'électroacoustique parce que j'aimais les débuts de la musique électronique. J'ai une chérie qui vit en Belgique et deux grands enfants.

Mes autres occupations se répartissent entre le cinéma, la lecture, l'art et la philosophie dans un savant mélange de culture populaire geek et classique. Un mélange qui surprend parfois parce que les images sociales attachées à ces domaines peuvent paraître contradictoires mais comme ça m'échappe presque complètement je ne suis donc pas astreint à respecter des frontières que je ne perçois pas.

Dans le milieu du jeu je suis connu sous le pseudo Docteur Mops (bien que je ne sois docteur en rien), dans les autres secteurs c'est Mehklin mais cela a tendance à disparaître vu que le milieu ludique me prend l'essentiel de mon temps.

2) Beaucoup de choses éveillent ma curiosité…mais commençons par ce qui m’a fait vous connaître, le jeu.
Que représente le jeu pour vous, et le fait de jouer ?

Même si je joue beaucoup et que j'adore toujours ça, je suis plus un explorateur qu'un optimisateur. À la fois par goût personnel mais aussi de par mon métier, j'adore découvrir des nouveautés. Je prend plus de plaisir à découvrir l'intention d'un auteur et comment et par quels chemins, il nous emmène dans son chalenge. Il n'est pas toujours possible de sentir la "patte" d'un auteur ou d'un éditeur dans un jeu de société et tous n'ont pas d'ailleurs la volonté d'y laisser une empreinte "artistique".

Mais quand on a la chance de pouvoir passer suffisamment de temps et d'avoir accès à de nombreux jeux, on peut alors distinguer des cultures et des styles ce qui m'amène parfois à parler d'élégance d'une règle. L'effet juste placé au bon endroit, astucieux et qui produit une sensation intense chez le joueur. Parfois c'est un jeu d'aspect très classique dont la forme a déjà été mainte fois proposé, puis un auteur s'y attaque avec un angle un peu différent et qui donne alors une nouvelle saveur à quelque chose qu'on pensait complètement exploré. 

J'ai toujours été fasciné par les représentations du monde que les hommes produisent à l'aide de codes abstraits (y compris quand le résultat est de copier la réalité). Que ce soit avec des images, du texte, ou toute autre forme créative. J'ai découvert que le jeu, même quand il n'est pas narratif, est une forme de création qui met en oeuvre des mécanismes faisant appel à différentes capacités cognitives. Du coup, nous n'y sommes pas uniquement spectateur mais aussi acteurs. Chaque jeu est un micro univers avec ses règles propres et nous l'investissons pour voir comment nous en sortir au mieux pour atteindre l'objectif proposé avec les seuls outils que l'auteur met à notre disposition.

 

Comme la plupart des êtres humains j'ai pratiqué le jeu étant enfant et je ne me suis jamais arrêté. Il est fort probable, qu'étant solitaire, je fus fasciné par ses propositions d'activités en groupe et qui était pour moi difficile à mettre en oeuvre. J'ai découvert une fois adulte qu'il existait une culture du jeu et notamment du jeu de société mais que celle-ci était quasi invisible au plus grand nombre. L'image du jeu a été régulièrement entaché de l'image d'une activité puérile et superficielle quand elle n'est pas carrément pathologique.

J'ai donc cherché à la fois à en apprendre plus sur cette sous culture et étant très vite décontenancé devant sa richesse, sa diversité et son importance dans l'histoire de l'humanité. Et puis j'ai ensuite essayé de comprendre ce qu'était vraiment ce que nous nommions "jeu". Quelque chose qui comme le disait Augustin au sujet du temps : il nous semble évident de savoir ce que c'est quand on nous le demande et l'on se retrouve bien en peine quand il faut l'expliquer avec méthode.

Je voulais juste savoir pourquoi je jouais et pourquoi cela m'apportait du plaisir.

J'ai la chance de vivre une époque où le jeu a retrouvé à la fois de la popularité et des lettres de noblesses et en cela le jeu vidéo nous a bien aidé. J'ai donc pu facilement rencontrer des personnes également passionnées de ce sujet et l'on a vu cette culture revenir un peu sur le devant la scène, notamment en France où une poignée de passionnés ont peu à peu démocratisé ce qui semblait autrefois appartenir uniquement au domaine de l'enfance tout en étant désuet.

Quelques années après, on se retrouve quasiment en surproduction de jeux de société.  J'ai connu la création des jeux de rôles, puis celle des cartes à collectionner. Je me sens très chanceux d'avoir pu vivre cette petite résurrection et d'y avoir à ma modeste mesure participé.

 

Pour résumer, le jeu est une culture et une culture millénaire. C'est aussi et avant tout une forme de pensée qui est constitutive des animaux sociaux. On joue pour maîtriser le monde et l'on joue parce que notre esprit est fait pour ça. Notre capacité à envisager des choses qui ne se trouvent pas immédiatement sous notre nez nous permet de nous préparer et de tester nos capacités cognitives. On le fait enfant pour apprendre et se construire mais on continue toute notre vie pour peu que nous ayons la chance de ne pas être complètement absorbé par le travail de notre survie. On le joue d'ailleurs parfois sans en avoir même conscience. 

"Il suffit parfois d'une poignée de gens pour que les choses évoluent."

 

3) Cette culture a évolué depuis que vous le connaissez, qu’est-ce que vous retenez de ses 30ans ?
L’évolution des jeux ? Du marché ? Des consommateurs ? Des éditeurs ?
Que regrettez-vous de l’ « ancien temps » et que souhaiteriez-vous ne jamais revoir de cette époque des années 80/90 dans le monde ludique?


Houlà ! Mince je commence à avoir des questions de vieux ^^

La chose qui me réjouit est la nouvelle popularité du jeu de société et d'avoir eu le plaisir d'y assister et d'y participer. Cela a entrainé une meilleure qualité des jeux et une créativité pétillante. Ensuite nous avons les défauts de nos qualités et inversement. Aujourd'hui nous avons une offre éditoriale plus grande que ce qu'un seul individu peut suivre même si comme moi vous y passez vos journées. Vous imaginez donc bien que la plupart des gens ne voient qu'un petit bout de la partie émergée de l'iceberg. Il faut se résoudre à ne plus pouvoir embrasser la totalité du domaine alors qu'on pouvait le faire autrefois. C'est parfois frustrant pour qui tend à l'exhaustivité.

 

L'énergie créatrice doit donc aujourd'hui être accompagnée d'une plus grande volonté (ou d'une plus grande naïveté) si l'on a un tant soit peu l'espoir d'une visibilité minimum. Une de mes relations qui est auteur de romans policiers m'expliquait le vertige ressenti quand il se rend au salon du livre. À voir toutes ces nouveautés réunies en seul lieu, on se sent assez vite comme la goutte d'eau qui ne fait pas déborder le vase. Les copains de la Bd connaissent aussi bien le truc.
C'est un peu la même chose sur les grands salons de jeu. C'est donc à la fois effrayant et stimulant suivant le côté de la balance où vous vous trouvez.

 

Je ne regrette en général pas grand chose même si comme tout un chacun, il m'arrive d'avoir de la nostalgie mais c'est plus lié à des sentiments personnels que l'évolution des choses.

Pour le marché, je dois dire que cela ne m'intéresse pas plus que ça. J'ai toujours eu peu de goût pour les choses de l'argent et l'argent me le rend bien en général. Tric Trac a eu la chance (et le talent mais les distinguer l'un de l'autre n'est pas toujours si évident quoiqu'en dise certains) d'avoir à la fois un soutien du public et l'aide de professionnels comme des éditeurs qui ont fait en sorte que nous puissions avoir une existence pérenne.
Ca veut dire qu'il existe encore des personnes qui pense que l'information et l'émulation produite par une notion de communauté produit des richesses, à la fois sur les plans créatif et pécuniaire. Avoir des entrepreneurs qui ont la préoccupation du milieu où ils évoluent et pas uniquement celle de leur compte en banque est assez réjouissant. Je ne sais pas si cela durera car c'est souvent une question de personne. Il suffit parfois d'une poignée de gens pour que les choses évoluent.

J'essaye dans la mesure du possible de mettre en avant à la fois une vision culturelle du jeu sans qu'elle ne s'oppose binairement aux contraintes économiques. On peut se moquer gentiment des produits très commerciaux mais il faut garder en tête que des locomotives commerciales (même à faible valeur qualitative) produisent des richesses permettant la créativité d'oeuvres plus difficilement abordables. Du moins dans l'idéal.

Nous avons pu assister à la vie et la mort d'acteurs économiques du secteurs. Le développement du marché du jeu a permis l'émergence de nouveaux pôles de richesses. Forcément, les éditeurs plus riches vont tendre leur énergie vers plus de rentabilité et donc délaisser les créations à faible valeur économique. Et donc (en général), ils deviennent moins créatifs. Mais d'autres prennent la place laissée libre. C'est une évolution assez logique. Le reste est toujours la question de la répartition des richesses... Mais c'est un autre débat ;)

4) Nous parlions d’autisme en OFF, et vous m’avez indiqué à la première question avoir été diagnostiqué très tardivement du syndrome d’asperger, le trouble autistique le plus « bénin ». 
Souhaitez-vous nous expliquer si cela a changé certaines choses dans votre vie ou si plus simplement cela vous a fait prendre conscience de certains de vos réactions lorsque vous étiez enfant ou de votre manière d’être au quotidien?  


Le syndrome dit d'Asperger devrait surement disparaître peu à peu et remplacé par TSA ou Troubles du Spectre Autistique. En gros il existera une graduation qui ira de "presque rien" à "vraiment beaucoup". L'Asperger étant une forme qui va de léger à moyen avec un taux de handicap plus ou moins important.

 

Pour répondre à votre question : oui forcément. 

C'est une chose que je n'avais jamais envisagé car j'avais une image d'Épinal en tête comme quoi les Aspergers étaient tous des petits génies. Je ne me sentais donc pas concerné du tout.

Quand un psychiatre a émis l'hypothèse pour la première fois, j'en fus donc d'abord étonné et je me suis donc mis à défricher le sujet et là ce fut comme une révélation. En découvrant l'autisme Asperger, j'ai compris le pourquoi de ce "diagnostic". Beaucoup d'éléments de ce handicap (je sais que certains Aspies n'aiment pas ce terme) me correspondaient effectivement.

En acceptant cette hypothèse comme valide, j'ai revisité mes souvenirs et certains événements de ma vie ont soudain gagné en sens.

Mais surtout, je me suis senti décomplexé de cette culpabilité que l'on ressent quand on constate que le lien social devient difficile sans qu'on puisse faire grand-chose pour améliorer ça ni comprendre vraiment pourquoi.

Je préviens donc les gens et c'est assez génial parce que beaucoup sont réceptifs et comprennent que dans certaines situations, mon attitude ne signifie pas forcément du mépris ou de l'orgueil car je suis juste passagèrement absent et pas en train d'ourdir de sombres plans ou de snober mes interlocuteurs.

J'ai prévenu mon entourage que de m'envoyer des signes forts non verbaux n'était pas la meilleure technique pour me contacter ^^ Et du coup je pense que les malentendus seront moins nombreux. Si vous me faites les gros yeux et que je continue de prendre les choses à la légère, ce n'est pas obligatoirement par provocation mais parce je suis myope au langage non verbal. Si regarde le plafond, ce n'est pas parce que je ne vous écoute pas ou que vous me lassez. (mais ça peut arriver aussi évidemment^^)

Je suis relativement social mais cela me fatigue beaucoup plus vite qu'un neurotypique. Il faut donc que je me tienne à une sorte d'hygiène sociale qui ne me conduit pas à l'épuisement ou au burnout. Parallèlement, je dois aussi faire des efforts pour alimenter ma sociabilité amicale en donnant des petits signes de vie à mes amis éloignés, ce qui ne me vient pas naturellement à l'esprit et me fait vivre comme un ours ^^ 

Ensuite je ne dois pas non plus tomber dans les clichés et me planquer derrière ça pour tout expliquer. Mais je dois admettre que c'est assez pratique à l'usage. La chance c'est que l'Asperger commence à être connu en France, le malheur c'est que ce pays a un retard énorme par rapport à d'autres (y compris ses voisins proches) et que les personnes dont l'autonomie est réduite ne trouvent pas suffisamment d'aide. Et bien sûr c'est encore pire dans le cas d'un autisme lourd. Non seulement vous vivez en enfer, vos proches aussi et vous vous sentez délaissé par la société qui vous entoure. Nous sommes encore parfois au moyen-âge.

"Le coeur du sujet est les gens qui font des choses."

 

5) L’autisme complexifie la relation à l’autre, mais vous me disiez avoir le goût de transmettre aux autres.
A part évidement les jeux, qu’est-ce qui vous plait dans cette échange à l’autre ? Que souhaitez-vous transmettre ?
J’ai l’impression et n’hésitez pas à me corriger si je me trompe, que Tric trac se tourne d’ailleurs de plus en plus vers d’autres sujets que le jeu : l’histoire, l’art… est ce quelque chose qui vous plait ?
Qu’auriez-vous envie d’explorer comme différents sujets ?

 

On parle souvent de défaut d'empathie concernant les autistes légers mais il me semble que c'est un jugement à l'emporte pièce. Le comportement en groupe implique des synergies qui sont difficiles à maîtriser chez les autistes alors qu'elles semblent aller de soi (du moins souvent) chez les neurotypiques. La faiblesse de l'échange de regard, la difficulté de parler quand c'est son tour, un ton de voix pas forcément bien placé laissent penser aux autres à une sorte d'indifférence. Quand on connait bien des personnes asperger, on comprend ensuite que la préoccupation des autres est très présente mais les formes sont parfois non habituelles. Et même si cela passe par des déceptions, l'échange avec l'autre est souvent très fort et désiré.

Comme beaucoup d'aspis, j'aime comprendre comment fonctionne les choses et quand il me semble avoir saisi quelque chose c'est un grand plaisir que de le partager en espérant que mon point de vue puisse permettre à certains d'en tirer une information utile et le grand plaisir est d'arriver à capter un angle de compréhension qui n'est pas forcément mis en avant. C'est d'ailleurs presque plus facile pour moi de le faire en public parce que je sais ce que je veux mettre en avant, je peux gérer mon rythme... Il faut juste que je fasse attention à ne pas trop couper la parole parce que les idées vont plus vite que la parole ^^

 

Concernant Tric Trac, il faut savoir que Monsieur Phal et moi partageons plusieurs centres d'intérêts et que le jeu en est un parmi d'autre. Nous nous sommes rencontrés dans un autre milieu, celui de l'art et du spectacle. Vous pouvez entendre à Tric Trac des conversations qui vont de la musique à la philosophie et qui sont parfois très animées !

Avant que Tric Trac ne naissent réellement, Phal avait fondé un site multiculturel avec une ambition de départ plutôt locale. Nos contacts et notre goût commun pour le jeu à fait qu'il s'est tourné ensuite vers un site plus spécialisé qui est Tric Trac. Néanmoins nous avons toujours conservé notre goût pour d'autres domaines et quand nous rencontrons des partenaires avec qui nous nous entendons bien, il ne faut pas nous pousser beaucoup pour investir d'autres domaines comme l'histoire, la Bd, les jeux vidéos... Cela nous permet de varier nos plaisirs mais aussi de nous ressourcer. Nous sommes de grands amateur de transversalité ^^

Seulement une journée ne fait que 24 heures alors il faut faire des choix. Le jeu c'est une partie de la culture et peu de gens n'aiment faire qu'une seule chose dans la vie. Seulement pour faire bien cela demande du temps et aussi des moyens.

 

Dès le début nous avons opté pour un angle éditorial humaniste. Le coeur du sujet est les gens qui font des choses. Bien entendu nous parlons de jeux mais aussi des auteurs, des éditeurs et nous avons fait en sorte de mettre des visages en avant avec même parfois un côté people mais comme nous sommes dans le jeu cela reste dans des proportions très raisonnables. De même nous n'avons jamais cherché la neutralité journalistique mais au contraire un ton plus chroniqueur où nous ne dissimulons pas nos personnalités. Il nous semble qu'au contraire, mieux on nous connait, mieux on peut comprendre de quoi nous parlons et pourquoi l'un ou l'autre est plus sensible à certains sujets que d'autres. 

6) Vous vous êtes d’ailleurs connu en école d’art. Que vous apporte l’art au quotidien ?
C’est une manière de réfléchir autrement ? De s’évader du quotidien ? De le pratiquer afin de tendre vers le nec plus ultra en donnant toujours le meilleur de soi-même comme le revendiquait notamment le nom du même groupe ? 


Je ne sais pas si c'est au quotidien mais effectivement cela m'a permis de réfléchir autrement ou du moins d'élargir ma vision du monde. Et c'est toujours agréable.

J'ai eu la chance de connaître une époque où l'on enseignait encore pour en enrichissement personnel global et pas dans l'unique but de former à une profession donnée. Évidemment, on ne sort pas avec un diplôme qui va nous ouvrir les portes dans le monde actif à moins de se consacrer au métier d'artiste et ses vicissitudes ou à l'enseignement.

Il faut donc continuer ensuite à se former à d'autres connaissances.

Si j'avais déjà un goût pour le culturel, je suis arrivé dans une école d'art après un parcours scolaire chaotique qui allait du meilleur au pire et à ce moment là j'étais dans une période plutôt pire ^^

Après avoir détesté l'enseignement et les enseignants, ce fut comme une révélation et j'ai repris vraiment le goût et le plaisir d'apprendre. Je ne connaissais pratiquement rien à l'art et comme c'est un domaine pluridisciplinaire, j'ai pu toucher à la fois à l'histoire, l'esthétique, l'anthropologie avec une part technique de dessin, peinture, sculpture et graphisme. Du coup après avoir été éjecté assez brutalement de la période d'étude secondaire comme un cassos, je me suis retrouvé parmi les bons élèves. C'était une chance à l'époque d'avoir de multiples possibilités de rattrapage pour des étudiants qui avaient connu des difficultés quelqu'en soit la raison. C'est beaucoup plus compliqué aujourd'hui.

Quant à l'évasion du quotidien... Tout dépend de quel quotidien vous parlez. Je préfère qu'on parle de transcender le quotidien plutôt que de s'en évader. À moins d'être né dans un milieu aisé, le quotidien est toujours très présent pour avoir à manger dans son assiette et un toit sur sa tête.

Cela a été une période vraiment enrichissante et à défaut d'avoir offert un métier, nous y avons appris l'adaptation et des méthodologies d'apprentissage qui m'ont permis de bosser dans des domaines très différents. 

Bien sûr il y avait toujours quelques freins sociaux. Beaucoup de gens pensent que l'art est une affaire élitiste et inversement que les cultures populaires ne sont pas dignes d'intérêt pour des esprits éduqués. C'est toujours une source d'étonnement et d'amusement de voir que certaines personnes ont des difficultés à comprendre des intérêts pour des domaines qui leur semblent éloignés. N'étant pas très sensible aux représentations sociales, je suis dérouté de voir combien nos goûts servent à nous construire une image ou une appartenance sans que cela est forcément un rapport avec les qualités intrinsèques d'un domaine d'intérêt. Si le jeu reste une activité de loisir relativement bon enfant, l'art est un domaine beaucoup plus sensible socialement et c'est presque aussi dangereux de parler d'art que de politique ou de religion. Marcel Duchamp est toujours décrié aujourd'hui alors que l'affaire devrait être entendue depuis longtemps. Côté jeu, on sent quand même quelques tensions quand on l'envisage du point de vue culturel. Comme s'il y avait une peur de dépossession quand on envisage un domaine avec plus d'intellectualisme. Personnellement je me refuse d'avoir à choisir entre plaisirs raffinés et plaisirs simple voire même régressifs. 

"C'est un personnage paradoxal, très cultivé capable d'autant de virulence que de générosité désintéressée."

 

7) Votre dernier paragraphe me fait immédiatement penser à Bruno Faidutti, qui tente d’intellectualiser le milieu du jeu par ses idées pertinentes à mon sens qui parfois entrainent des réactions épidermiques auprès de certains, mais tout en créant des jeux d’ambiance complétement farfelus et régressifs pour reprendre votre terme.
Je crois savoir que vous vous appréciez mutuellement, qu’avez-vous envie de nous dire sur la démarche intellectuelle de Bruno Faidutti et sur l’homme en général ?

 

Haha ! Bruno Faidutti sera content d'être un intello du jeu !

C'est un de ceux qui a eu une approche à la fois comme auteur et comme universitaire. Même si cela n'est pas forcément de notoriété publique, il en existe d'autres comme Antoine Bauza, Pascal Bernard ou Leonidas Vesperini (pour ne citer qu'eux parce que j'ai eu l'occasion de travailler aux côté des deux derniers à l'école de jeu vidéo de Valenciennes) qui enseignent également le jeu et notament le Gameplay. La littérature de fond commence à être plus conséquente car on ne trouvait que très peu de choses il y a encore peu. Souvent on ne citait que Huizinga, Caillois et Piaget qui ont pourtant on travaillé sur le jeu par approche transversale. Personnellement c'est Jacques Henriot dont je me sens le plus proche.

Bruno Faidutti est connu surtout pour son approche du chaos dans le jeu qui est parfois décriée par les amateurs de jeux à l'allemande qui n'aiment pas que le hasard soit trop présent dans les jeux. Certains vont même à considérer que les jeux de hasard ne sont même pas des jeux du tout.

Je ne connais pas Bruno Faidutti aussi bien que ça car c'est un homme beaucoup plus réservé que ces écrits parfois polémiques ne le laisse entendre. C'est un personnage paradoxal, très cultivé capable d'autant de virulence que de générosité désintéressée. Ce qui est très rare. C'est une relation étonnante que nous avons car nous partageons à la fois des choses essentielles et nous sommes en désaccord complet sur d'autres points. 

Un des intérêts du jeu de société est que l'on peut faire des rencontres très étonnantes. Le public et les acteurs de ce milieu sont très disparates socialement. C'est une grande richesse tant qu'on ne fait pas trop de chapelles. Mais forcément, l'humain est toujours présent.

Par ailleurs le jeu est évocateur de plaisirs très variés et comme je vous le disais, le farfelu ne s'oppose pas au sérieux. Ce sont juste des aspects différents. Faire une partie de 421 ne demande pas les mêmes capacités que d'être un joueur émérite de Go ou un amateur de jeux mathématiques. Mais l'un ne nie pas l'autre. 

8) Quelles sont les 2 personnes dans le monde ludique que vous appréciez le plus ?
L’une pour ses qualités professionnelles, l’autre pour ses qualités humaines, l’un n’enlevant rien à la première et vice-versa.

Dites donc ! Elle est terrible cette question ! 

N'y voyez pas de mauvaise volonté mais je vais botter en touche. Ce qui est bon signe parce que cela veut dire que je ne peux pas réduire ce nombre de personnes à deux.

Les rencontres ont été nombreuses et continuent de l'être. Du point de vue professionnel, j'ai cette chance de côtoyer de nombreux acteurs du milieu ludique. Certains sont devenus des amis mais je tiens toujours à distinguer la femme ou l'homme que j'apprécie de leurs créations. En fait il est presque plus difficile de travailler avec des amis  car nous prenons des précautions plus grandes pour ne pas que le boulot interfère avec nos relations amicales. Il y a toujours une sorte de préambule qui met la discussion sur le mode privé ou sur celui du boulot. C'est d'ailleurs très amusant et parfois frustrant, sur un festival ou un salon par exemple, de voir que plus de la moitié des infos que l'on échange se passe sur le mode "offline". Le nombre de fois où l'on me dit, "je t'en parle maintenant mais ce n'est pas public." est fréquent. Et c'est d'ailleurs très respectable et une condition importante pour travailler dans un climat agréable. Mais du coup beaucoup oublient de me dire quand le moment est venu de pouvoir en parler publiquement ^^

 

Si vous voulez des noms, je peux vous dire par exemple que mon unique jeu publié le fut grâce ou à cause de Dominique Ehrhard et Philippe des Pallières avec qui je manipulais parfois des prototypes et qui m'ont fait découvrir l'aspect créatif du jeu. J'ai donc fait ce jeu non pas pour l'édition mais pour jouer avec eux et avoir leur avis. Une autre grande rencontre a été celle de Régis Bonnessée que nous avions récompensé au début des Tric Trac d'Or. Parmi les rencontres importantes, j'ai eu la chance de passer un petit moment avec Alex Randolph peu de temps avant son décès. Forcément il y a Monsieur Phal avec lequel je suis en couple tumultueux depuis bien des années et qui continue toujours de m'étonner. Et puis il y a ma chérie qui n'est pas auteure mais joueuse et dont la simple existence ne cesse de m'étonner et de me combler. Bref c'est un aspect très important de ma vie et je ne me lasse toujours pas des rencontres et des personnalités si variées qui compose ce petit monde qui ne cesse de grandir. Bref deux personnes c'est trop restrictif. Je suis plus curieux que ça.

9) Venons-en à votre passé d’auteur, car tout le monde ne le sait peut-être pas, mais vous êtes également auteur.
Pouvez-vous nous expliquer comment cette démarche est apparue chez vous?
Aviez-vous le besoin en tant que journaliste, en tant que critique, de vous confronter à l’exercice d’auteur ou est-ce plus profond?
Est-ce que cela vous a permis de mieux les comprendre, de mieux juger les jeux ?
Enfin, comment avez-vous les critiques, bonnes ou mauvaises sur vos créations, critiques que vous aviez connues dans l’art j’imagine ?


Quand on a publié un seul jeu c'est exagéré de se dire auteur. Comme je le disais plus tôt l'envie est apparue en côtoyant des auteurs de jeux (des vrais ^^).
Une fois lancé, j'ai trouvé cela bien de mener le processus à son terme. Mais l'édition n'était pas mon objectif premier.

 

Effectivement, créer des jeux (j'en ai d'autres mais cachés) était surtout l'expérience d'appréhender un processus dans son ensemble. C'était bien de l'observer chez les autres, c'est encore autre chose que de l'éprouver soi-même. J'ai pu réaliser ainsi que le processus créatif me plait toujours autant et que je suis quasi imperméable aux plaisirs de l'édition quand il s'agit d'une de mes créations.
C'est une chose un peu étrange mais je ne prends pas de plaisir à voir quelque chose que je fais publier. C'est là que je me suis aperçu que je n'étais pas un vrai auteur. Une fois le jeu imprimé, pour moi l'affaire est close et succès ou échec cela m'importe peu. Mes amis auteurs de l'époque m'avaient décrit par avance le plaisir de voir pour la première fois l'aboutissement du travail et celle que l'on ressent quand les premiers joueurs font leurs premières parties.

Hélas je suis hermétique à cela. Je n'en tire ni fierté ni grand plaisir. Bien sûr l'idée que j'ai pu apporter quelque chose de bénéfique à quelqu'un me plait beaucoup. Mais cette partie du processus ne dépend plus de moi. Or ce moteur de plaisir me semble très présent chez les auteurs qui donc ont une grande envie de réitérer. De plus, la plupart de ceux que je connais ont des cartons remplis de projets. Moi si j'ai une idée tous les 5 ans c'est déjà beaucoup ^^
 

C'est un phénomène que j'avais déjà rencontré dans ma courte vie d'artiste. J'en ai même été très effrayé. À l'époque je faisais des happenings et l'un deux avait pour thème le leadership et le pouvoir de l'oration. L'allusion aux discours hitlériens était certes camouflée mais fortement présente. Bref je présentais l'horreur parée de son pouvoir séducteur. Et là où je pensais faire sentir la peur, c'est la séduction qui a pris le dessus.
Ce fut un succès qui me terrifia. Pire encore, ce petit succès très local avait pour un court moment changé mes relations aux autres. Les jeunes femmes étaient plus "conciliantes", on m'a proposé des collaborations ou des projets qui disparaitraient dès que je retournerais dans l'ombre et l'anonymat. Cela m'a rendu complètement malade. Du coup j'ai gardé une méfiance extrême pour tout ce qui met un peu en lumière car je suis complètement démuni devant ces réactions.
Étant incapable de distinguer qui est touché par une qualité intrinsèque d'une création et qui vient profiter de la lumière pour des intérêts égoïstes et égocentrés. Je sais que je pourrais m'en foutre mais je n'y arrive pas. Gagner un peu de l'estime de l'autre pour des raisons qui ne me conviennent pas me terrifie.

À l'inverse, j'ai créé des jeux de presse pour un quotidien national. Croyez-moi sur parole, l'attrait que procure la présence d'un verbicruciste et socialement très modérée ^^
Néanmoins quand je prenais le train, je voyais des dizaines de personnes, penchées sur leur petit jeu pour se changer les idées après le boulot, en attendant de rentrer chez eux. Et là j'ai ressenti un réel plaisir car personne ne pouvait savoir que c'était moi (les grilles de jeux n'étaient pas signées) donc personne ne faisait semblant en se délassant avec ça. La plupart de gens n'imaginent même pas que les jeux de presse sont fait par des êtres humains ^^
J'ai donc ressenti une grand fierté parce que ça fonctionnait sans parasitage social. Un vrai pied !

 

Pour les avis, là encore j'y suis peu sensible surtout si je ne sais pas qui parle. Je vais être très sensible à un interlocuteur que je connais et que j'estime. Un inconnu... À moins qu'il ne fasse preuve d'une éloquence particulière, je ne sais pas trop de quoi il parle. Je ne peux qu'acter son plaisir ou son déplaisir et les deux peuvent être tout aussi pertinents que pas du tout. Je me souviens d'un avis négatif qui disait que le jeu ne fonctionnait pas du tout et donc n'avait jamais été testé. Que dire à cela ? Des amis ont mis des bonnes appréciations ? Que dire à cela ? Dans les deux cas on voit que ces intervenants parlent d'autres choses que du sujet. 

Du coup il est plus simple pour moi de mettre en avant les créations d'autrui. Parfois quand je suis en forme, je montre un aspect ou un angle peu commun. Il me suffit alors de voir qu'une poignée de personne est touchée et je suis ravi. La phrase "Je n'avais pas encore vu les choses ainsi." est pour moi la plus belle des récompenses.

10) Je me suis permis de dire des jeux car j'avais évidement pensé à Skaal, auquel je n'ai pas encore la chance de jouer, mais j'ai été surpris de voir le cheval du samedi soir, un jeu d'expression dans la veine de contrario, et qui doit être bien tordu j'ai l'impression (est-t-il trouvable quelque part?) 
Ce jeu n'a pas été édité? 

Ainsi que Les chevaliers cachochymes de la table ronde (un jeu de magazine?) 

Le Cheval du Samedi soir est un jeu de mélange d'expression qui devait être édité chez Cocktail Games mais un autre jeu un peu similaire à été proposé entre temps à l'éditeur qui l'a préféré parce que les règles étaient finalisées ^^ Il est paru pendant quelques temps dans le magazine Téléstar Jeux.

Le Chevaliers Cacochymes de la Table Ronde est quant à lui un petit jeu de déduction qui avait été publié en encart de feu le magazine JSP. 

Il doit aussi trainer quelque part un jeu sur les Zones Franches en Amérique Latine que j'avais réalisé pour le Comité Catholique contre la Faim mais c'était plus un jeu d'activités créatrices lié par un jeu de pick and delivery dénonçant l'appauvrissement à long terme généré par ses zones franches qui camoufle souvent une nouvelle forme de colonisation économique. Il fut distribué gratuitement comme outil pédagogique.

J'ai encore quelques protos sous le coude mais je suis rarement satisfait. J'ai un projet en court avec Franck Dion que j'admire beaucoup et nous aimerions bien avoir un bébé ensemble mais la période de gestation est interminable avec moi.

Skall

 

11A) C’est pour cette raison de discrétion que vous n’avez pas signé 7 wonders et que vous avez préféré sa chance à un petit nouveau Antoine Bauza ? ;-)

Antoine a parfois besoin d'un petit coup de boost ^^
J'adorerais avoir son talent.

 

11B) Ce désir de ne pas forcément apparaitre au grand jour, était déjà présent dans ce métier de nègre franc maçon ?
Pouvez nous raconter cette période votre vie ?

Oui c'était un des côté qui m'amusait. De fait cela n'a pas duré très longtemps, deux ou trois ans. À l'époque j'étais en train de lire Le Pendule de Foucault de Umberto Eco alors quand j'ai vu une curieuse petite annonce dans un journal où l'on demandait un rédacteur avec quelques connaissances en philosophie, je me suis précipité sur mon téléphone. Je n'avais aucune idée de ce qui m'attendait.
Dès le premier entretien téléphonique mon interlocuteur m'a questionné à la fois sur mes éventuelles croyances et mon appartenance à un groupe franc-maçon ou apparenté. Tout ceci sans me dévoiler son identité et en me fixant un rendez-vous dans un bâtiment d'état à une heure où c'est fermé normalement.
Ma curiosité était trop forte pour refuser ça !


De fait j'ai rencontré un chef d'entreprise qui faisait ses armes dans la franc-maçonnerie et qui, pragmatiquement, avait décidé de "déléguer" ses travaux de recherches. Évidement je n'y connaissais absolument rien et c'était encore une bonne raison qui m'a incité à accepter. J'ai donc écrit quelques textes sur la symbolique maçonne que je découvrais en même temps. Vint ensuite une seconde période où les textes étaient plus politiques. J'avais écrit un texte sur la dévalorisation du travail qui n'allait évidemment pas dans le sens des idées de mon commanditaire mais après quelques réticences, il le présenta et obtint visiblement un certain succès avec un débat très houleux qui le mit en joie. Personnellement, ayant assez peu de temps pour le mettre en forme, je n'étais pas très satisfait.

Il m'a proposé ensuite de continuer à écrire mais pour des sénateurs. Ce qui était amusant c'était que mes idées politiques personnelles n'avaient aucune importance. Seule comptait l'efficacité de l'argumentation quelques soit la direction imposée. C'était un exercice instructif mais plus chronophage et nous ne nous sommes pas entendus sur les tarifs. Ma vie de nègre c'est donc terminée là. Une de mes jolies surprises de l'époque est de m'être retrouvé dans une superbe bibliothèque avec une édition originale d'un ouvrage de Nicolas Flamel ou du moins un de ceux qui lui était attribué car son existence en tant qu'alchimiste est un mythe. Au moins ça me permet de fabriquer un peu d'or quand les temps sont durs ^^

 

La semaine prochaine, nous évoquerons sa jeunesse et ses origines, des inégalités sociales, de ses problèmes de santé, de ce qui peut l'émouvoir dans la vie, de son ancien métier de vendeur de jeux, de celle qui partage sa vie, de Tric trac et bien évidement de son ami de toujours Monsieur Phal....

 

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