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Jeux Viens à Vous Carine Hinder / Jerôme Pélissier

Après une trentaine d'entretiens individuels dans le monde ludique, l'envie de me renouveler s'est présentée 
Il existe des couples dans le monde ludique, alors après tout, pourquoi ne pas les interroger? 
Vous pourrez donc lire de temps à autres des entretiens de professionnels en couple dans la vie privée mais également dans la vie professionnelle. 

Carine et Jerôme sont tous les 2 illustrateurs, ils ont notamment illustrés Dixit Mémories. 

Je leur ai donc proposé de répondre à mes questions mais de manière séparée et en leur demandant de ne pas parler de l'interview ensemble, afin d'obtenir si possible des réponses pertinentes et permettant de comprendre leur différent caractère.  Ce sera à vous de juger si le pari est réussi

 

Une fille...

 

1) Carine, bonjour, aurais-tu la gentillesse de te présenter? 

Je suis Carine Hinder, illustratrice de 37 ans, et maman de 2 beaux garçons. Je vis en région parisienne. Mon univers est naïf joyeux, doux et enfantin, j'aime dessiner pour les plus jeunes et leur transmettre des émotions à travers mes dessins. 

Je travaille chez moi dans mon petit atelier, pour la série animée, la communication, l'édition et le jeu. Je ne m'ennuie jamais, chaque jour est un nouveau défi d'illustration: c'est très excitant. J'ai une chance de dingue de vivre de ce merveilleux métier !

Sinon j'aime bien manger, et donc cuisiner. Je passerais ma vie dans la nature à l'observer, à crapahuter partout, j'adore jardiner (surtout ce qui se mange tu l'auras compris) et fabriquer des trucs. C'est marrant de fabriquer des trucs, surtout si on peux les manger après. Et puis j'aime voyager et rencontrer des gens... toujours de beaux moments !

 

2) Je t'ai proposé cette entretien à toi et Jérôme ton mari
Lui aussi illustrateur, ton compagnon de vie, et le père de tes enfants.
Pourrais-tu nous le présenter à ton tour?

Jérôme, c'est la belle personne qui partage ma vie depuis près de 15 ans. On s'est rencontré à l'école Estienne et on ne s'est jamais quitté. C'est un homme doux, patient et à l'écoute des autres, qui a un talent fou, et c'est aussi un super papa et mari !

Il aime bien manger, et ça c'est super.

Quoi qu'il entreprenne, il va au bout et se donne les moyens d'y parvenir... je suis toujours admirative de sa volonté mais aussi de sa capacité incroyable à analyser et comprendre les autres. On a beaucoup travaillé ensemble et j'adore partager mes projets professionnels avec lui, parce que ça se passe toujours à merveille ! On se complète admirablement bien.

                                                                   Jerôme Pélissier

 

3) Tu me disais travailler dans ton atelier.
Plusieurs illustrateurs m'ont expliqué la difficulté d'exercer son métier à domicile car la coupure est difficile à effectuer.
Comment fais-tu pour ta part, sachant que Jerôme est également illustrateur ?
A t-il également son atelier à la maison ?
Faites-vous garder les enfants la journée pour pouvoir travailler ou prenez-vous chacun votre tour de garde ?
As-tu pensé à rendre un atelier à l'extérieur pour exercer ton métier et quelles ont été les raisons de ton choix actuel ?

Tu soulèves une grande question avec le travail à la maison et la garde des enfants. Dans travail à la maison, il y a "travail", ce qui est donc totalement incompatible avec toute autre activité. D'ailleurs, garder ses enfants est un travail en soi.  

Je travaille donc chez moi, dans mon bureau, et seule ! je n'ai jamais voulu rejoindre un atelier auprès d'autres artistes, peut être un jour si la solitude me pèse ? Je pense que j'ai le caractère pour bosser seule: très indépendante et solitaire. J'aime le silence, je bosse avec le chant des oiseaux et c'est tout. J'ai mes petites habitudes: Pause café-chocolat de 10h, pause 13h avec 30 min de sport, petite marche dans le jardin et jardinage dès qu'il fait beau. parfois je lance un gateau pour le soir, ça sent bon toute l'après midi, j'adore.

Quand Jérôme bosse près de moi, ce qui arrive rarement, c'est une autre ambiance. Lui il lui faut du bruit: la télé, la musique... On n'a pas le même rapport au silence mais ça pimente mes journées monacales !!! 

La coupure avec la vie privée est assez simple aussi: dès que les enfants ont quitté la maison, je me met au travail. Je suis une bosseuse du coup je ne m’arrête que lorsqu'il est l'heure d'aller les retrouver. Donc nos enfants rythment ma journée et m'obligent à avoir des horaires fixes et réguliers (sinon crois moi je travaillerais 15h par jour). ça se complique par période de rush, ou je dois retourner sur mon poste de travail le soir et/ou le week end, mais je m'arrange pour nous éviter ça le plus possible. 

 

4) Tu me disais avoir un univers naif, joyeux, doux et enfantin.

4 A) Te compare t-on parfois à à Marie Cardouat ? ;-)

Oh non je n'aurais pas cette prétention !

4 B) J'ai pu voir tes dessins en noir et blanc, un peu plus sombre ou inquiétant, as-tu parfois des envies « d'aller voir ailleurs » esthétiquement parlant j'entends ?

Oui, tout  le temps ! J'aime bien essayer différentes techniques, différents univers... mais ça reste souvent dans mes travaux personnels car je manque de temps pour aboutir certaines idées.


4 C) Tu parlais d'émotions à transmettre, qu'est ce que tu aimes transmettre justement à celui qui regarde ton dessin ?

Des émotions, quelles qu'elles soient ! Pour moi c'est LA raison pour laquelle je fais ce métier... Émerveiller des enfants avec de belles images, les faire rire, les faire frémir, ou rêver, c'est simplement magique ! En faisant des images on s'adresse à beaucoup de personnes, beaucoup d'enfants, et on communique avec eux. C'est un pouvoir que même des rois n'ont pas ! 

C'est vraiment important pour moi de faire passer de l'émotion !!!

 

5) Tu me disais travailler dans la série animée, la communication, l'édition, et le monde ludique.
Pourrais-tu me détailler ce que chacun de ces domaines t'apporte en tant que professionnel ?
Et ce qu'il te manquerait si tu ne faisais que ce domaine?
Tu as évidement le droit de répondre l'argent pour la communication ! ^^

Travailler dans différents domaines permet déjà de travailler avec beaucoup de personnes différentes. J'attache de l'importance aux liens que je tisse avec mes collaborateurs et clients et à l'harmonie de nos échanges. Comme ça se passe toujours très bien, et que je suis très curieuse, j'aime vraiment rencontrer de nouvelles personnes à travers mon activité !

Au delà de ça, chaque domaine a ses propres contraintes: dans l’édition par exemple je vais être soucieuse des compositions, de la cohérence avec le texte... alors que dans la série animée je suis amenée à penser en volume (en 3d) et penser à la production. En ce moment je réalise une illustration pour un puzzle et je dois mettre un maximum de détails, demain je réalise un jeu de société ou les personnages sont fabriqués en bois et je dois réussir à faire quelque chose de sympa avec les contraintes du fabriquant... A chaque fois ça change, l'univers est différent, les contraintes aussi. Bien que ce soit toujours du dessin, c'est hyper excitant de varier les supports, les techniques, et les types de projet car je dois sans cesse me renouveler.

Ma motivation dans tout ça n'est pas financière, mais relève du plaisir de dessiner et d'échanger. D'ailleurs je précise au passage que mes images réalisées en communication étaient bien aussi fun à réaliser que mes boulots dans les autres domaines (mais mieux payées c'est un fait).^^

Si je devais cesser mon activité dans l'un de ces domaines, cela me rendrait certainement un peu triste, mais ce serait pour un autre défi, probablement génial. En fait je sors de cette situation puisque nous venons d'avoir un beau petit bébé qui m'a obligé à cesser mon activité pendant plus de 6 mois ! C'était un beau défi !!! Maintenant je reprends mes crayons avec enthousiasme !

                             Une illustration plus inquiétante

 

6) Franck Dion expliquait à une conférence où tu participais également qu'il avait du accepter en début de carrière des tâches alimentaires, mais qu'il avait la chance maintenant de pouvoir faire seulement ce qu'il lui plaît
J'imagine que tu es également passé par cette période, qui n'est absolument pas honteuse selon moi, mais qui peut l'être parfois pour certains professionnels.

Peux tu nous raconter par quelles étapes es-tu passé et peut être certaines commandes que tu as accepté et comment on concilie plaisir, éthique, et nécessité d'autant plus avec deux enfants .

J'ai un parcours un peu atypique si bien que je n'ai pas vraiment eu de déconvenue de ce type. Je ne me comparerais d'ailleurs pas à lui, il est tellement talentueux (coucou Franck!) !!!

En 2002, à la sortie de l'école, je suis devenue animatrice 3D pour des sociétés de jeux vidéos. En 2008 j'ai ouvert un blog BD pour me remettre au dessin, ça me manquait. C'était pour m'amuser, je racontais en BD des anecdotes de vie sans autre but que de me faire marrer et me remettre au dessin. Mais un jour, j'ai été repéré par une éditrice (coucou Maya !) qui m'a proposé d'illustrer un roman. Je l'ai fait avec un grand bonheur ! Puis j'en ai fait d'autres et sans que je m'en rende vraiment compte j'accumulais les livres en plus de mon CDI. La société dans laquelle j'étais salariée a malheureusement rencontré des difficultés et a du fermer... je me suis lancée illustratrice freelance à 100% aussitôt, c'était il y a 4 ans. J'avais donc déjà des clients, quelques livres publiés,  je n'ai pas rencontré de difficultés à créer un réseau.
 

Mais c'est sur que certains contrats que j'ai accepté étaient parfois peu engageants (pas de droits d'auteurs, très mal payés, etc...), surtout au début. J'ai fait quelques livres sans droits d'auteurs... mais bon ça me faisait des références ! 
 

Je constate aujourd'hui qu'on ne me demande presque plus de faire des livres en collaboration avec d'autres auteurs, et qu'on me propose d'illustrer des livres assez prestigieux, ça me flatte beaucoup ! Ce qui me plaît le plus c'est qu'on me rappelle, ça signifie pour moi que la collaboration s'est bien passée et c'est vraiment important. Je veille à pérenniser ces rapports la avant tout. Je vis correctement avec mon revenu d'illustratrice, et je n'ai pas eu trop de souci d'éthique au cours de mon parcours heureusement. Je constate toutefois que les héros sont masculins pour la plupart, blancs, et que les filles restent en second plan...  

 

7 A) A quoi est-ce dû selon toi ce manque de fille et de couleurs ?
Aux auteurs qui sont également blancs et masculins ?
A notre culture, et des a priori que nous avons tous ?


Je pense que c'est inconscient dans de nombreux cas, les auteurs veulent rendre leurs personnages crédibles dans des situations crédibles... un policier sera donc plutôt un homme, un serveur plutôt une femme, etc... les éditeurs savent aussi que les filles sont habituées à s'identifier aux héros masculins tandis que l'inverse est mal toléré. Pour les couleurs c'est la même problématique.
Et puis il y a aussi la contrainte de la vente: les clients veulent souvent un produit très typés  car ils veulent être sur que ça s’adressera bien à leur petit garçon-fille. C'est une réalité, qu'on l'aime ou pas... Et les enfants eux mêmes, nourris par ces clichés, sont en demande de produits assez stéréotypés. Heureusement, il y a de tout sur les étalages, et j'ai la chance d'avoir travaillé surtout sur des titres mixtes, ou j'apporte toutes les couleurs que la terre nous offre.



7 B) Pour tout t'avouer, quand je pense féminisme, au premier abord je me dis « Il y a eu énormément de progrès, le monde n'est pas comparable à y a 100 ans voire 50 ans et l'égalité absolu va se faire dans les prochaines décennies, en me disant elles (les féministes) me font parfois un peu ch... »
Et puis quand je laisse ma pensée aller plus loin que mon instinct, je me dis qu'au final je ne connais pas et ne connaîtrais jamais ce que vit une femme au quotidien, ces comportements différents, toutes ces petites choses, ces allusions, le positionnement de la femme dans la culture française....
Souhaites-tu nous en parler ?

Je vais vous parler de ce qui m'est arrivé hier: 

On me demande de faire 4 cosmonautes pour des avatar d'un jeu mixte. Je réalise 2 hommes et 2 femmes et les envoie à mon éditeur. Gêné, il me réponds que ce sujet a été débattu en réunion et qu'il n'est pas envisageable pour un garçon d’être incarné par un personnage féminin. Lui n'est pas de cet avis non plus mais ça vient de plus haut. ça me désole mais je vais tout de même réaliser 4 cosmonautes masculins sympa. Aucune fille ne se sentira lésée car aucune fille ne saura ce qui s'est passé en amont, mais moi je le sais. Pourquoi incarner une femme serait négatif alors que le contraire non ?! Pourquoi une cosmonaute c'est bizarre ?! 


Quoi qu'il en soit d'autres personnes m'ont expliquée qu'il était très compliqué de faire passer les femmes à l'extérieur (pirate, aventuriers, ou quoi que ce soit qui se passe dehors) et que ces dernières  sont réservées à l'intérieur.

Je suis féministe, une cosmonaute c'est aussi cool qu'un cosmonaute et l'un ne devrait pas primer sur l'autre... 
Je fais attention à ce que je dessine et ce que je ne dessine pas, dessiner c'est communiquer. Si les filles ne se voient qu'au second plan, qu'à des taches subalternes, ou toujours la pauvre petite qu'on doit venir sauver, comment vont elles grandir ? Pourquoi laisser penser qu'un avatar ou déguisement féminin est avilissant pour un garçon ? Quelque chose m’échappe.

Visiblement, le féminisme a encore besoin d’être défendu, non ?!

 

 

8) Comment vis-tu ce genre de compromis d'ailleurs ?
As-tu parfois refuser de réaliser certaines illustrations car cela ne correspondait pas à tes valeurs  ou « cela fait partie du job »?

Lorsqu'il m'arrive de constater un point qui n'est pas en accord avec mes valeurs, j'essaie d'en parler. Par exemple avec les cosmonautes, j'ai dessiné plus de personnages que demandé, en incluant des personnages féminins. J'ai expliqué que si tous les personnages étaient masculins j'avais peur que les filles se désintéressent de notre produit. Mon client avait donc la possibilité de changer d'avis ou de rester sur son choix. 
Comme toujours je remonte mon point de vue sans chercher à l'imposer ou à faire un quelconque chantage. Et si mon point de vue, même bien argumenté, ne fait pas l'unanimité j'ai tout de même le bénéfice d'avoir essayé. Heureusement, ces événements là sont rares !

 

9) J'ai découvert à l'occasion de cet entretien ton ancien blog « mipou», qui je dois l'avouer est très drôle.
http://mipou.unblog.fr
Tu parles de toi, de Jérôme, de la vie en couple, de désir d'enfant, de sexe de manière drôle et désinhibé, de ton chat.
J'ai passé un excellent moment à lire les pages de ce blog
As-tu pensé à réaliser un ouvrage de BD avec tes petits soucis du quotidien ?


Ah merci ! Mipou est mon premier blog, je l'ai laissé actif pour me permettre de voir l'évolution de mon travail... et de ne pas oublier ces premiers dessins car ils ont été les prémices d'une belle aventure. 
j'aimerais beaucoup faire une BD, avec Mipou, mais surtout en jeunesse. C'est un projet que je rêve d'aboutir en effet. C'est ambitieux et demande du temps, alors j'y vais par étape: je suis en train de terminer un projet de série d'albums illustrés jeunesse.

 

10 A) Comment fonctionner vous avec Jérôme au niveau du travail.
Vous disiez lors de la conférence de Ludinord que vous vous partagiez les tâches, lui plus à la couleur, toi au dessin.
Travailler en couple c'est quelque chose qui n'a rien d'évident.
Comment arrivez-vous à dissocier relation professionnelle et relation familiale ?
Le faites-vous d'ailleurs ?
Est-ce difficile de ne pas parler que de dessin à la maison?


Lorsque nous travaillons ensemble sur un projet commun, ça se passe toujours très bien. J'adore collaborer avec lui: il est souple, à l'écoute et très talentueux ! On a d'ailleurs travaillé ensemble sur un court métrage dès que nous nous sommes rencontrés à l’école !  Et nous avons continué:  dans la société de jeu vidéo lexis numérique, nous étions cote à cote durant plusieurs années (nous avions 1m d'écart entre nos 2 ordinateurs). J'étais animatrice 3D, il était DA et infographiste... et ce fut des années très agréables malgré les mises en garde de nos proches ! 
Travailler en couple est donc pour moi une belle expérience, que j'aime renouveler le plus possible.

Aujourd'hui, nous nous partageons le travail en fonction de nos points forts : moi j'aime faire les crayonnés, les esquisses, et lui s'épanouit dans la mise en couleurs. C'est ce que nous avons fait pour l'extension de dixit et la série d'imagiers paru chez langue au chat éditions. Pour notre album Pierre et le taxi, paru chez hemma éditions, il a écrit l'histoire et moi je l'ai entièrement illustré en tenant compte de ses remarques et ses attentes.
Lorsque nous travaillons séparément, on se consulte (encore!) pour avoir un avis franc et constructif. Parfois les critiques sont salées, mais on n'en prend pas ombrage. Le recul de l'autre et sa critique sont des aides très précieuses en création.

Nous ne distinguons pas vraiment le travail et la vie personnelles car notre travail est aussi une passion, et nos idées ne sont pas aux 35h... On parle de notre travail à tout moment, mais c'est avec plaisir et enthousiasme.  


10 B) As-tu un exemple d'une situation où vous n'étiez pas d'accord et les discussions que vous avez-pu avoir  ?
Faites vous appel à une tierce personne (chef de projet, proche...) pour vous mettre d'accord sur des décisions à prendre ?

Je ne me souviens pas avoir eu un tel désaccord. Si nos points de vue divergent, on argumente et, en bonne intelligence, on prends une décision. Jamais nous n'avons eu la nécessite d'un arbitrage par un tiers. 



10 C) Vous aviez déjà parlé de vos qualités techniques.
Quelles sont les qualités professionnelles plus psychologiques (calme, diplomatie...) de Jérôme qui permettent de compléter les tiennes?
Inversement quelles sont tes qualités complétant celles de jérôme


Les qualités de Jérôme sont nombreuses et je sais que je ne suis pas la seule à le penser pour avoir côtoyé ses collègues ! Jérôme est un excellent leader: il est calme, à l'écoute, empathique. Il sait communiquer et trouver les bons arguments. C'est aussi une personne qui réfléchit beaucoup avant d'entreprendre. Je ne vous parlerais même pas de son talent, que j'admire vraiment.

 

Moi je suis plus spontanée, positive et instinctive. Fonceuse et enthousiaste pour tout, je réfléchis moins et passe vite à l'action. Je suis douce dans mes contacts et très souple : je n'hésite pas à faire des modifications quand on me le demande, car j'estime mes collaborateur et leurs points de vue. 

Nous avons 2 profils très différents, mais nous nous complétons très bien !

10 D) Une question qui peut sembler plus difficile a priori, mais j'aimerai l'évoquer si tu acceptes d'en parler
Pourrais-tu nous parler de vos défauts professionnels respectifs ?


Jérôme n'a pas de défaut ! Et il ne m'a même pas payé pour l'affirmer, je le pense sincèrement. 

Moi, mes qualités sont mes défauts : ma jovialité et ma spontanéité peuvent me rendent trop familière. Mon enthousiasme débordant est mis à rude épreuve quand un projet est annulé... avec le temps et le soutien de Jérôme, j'apprends à modérer mon caractère.

 

11) Je te proposes 10 personnes du monde ludique, et je souhaiterai que tu les définisses chacun en un mot, oui un seul !
Régis Bonnessée, Franck Dion, Christine Deschamps, Mathieu d'Epenoux, Christophe Boelinger
Yannick Robert, Vincent Dutrait, Yves Hirschfeld, Bruno Faidutti, Croc


Régis Bonnessée: Le rencontrer, le remercier

Franck Dion: Talent, bière et copain !

Christine Deschamps : Talent, bière et copain !

Mathieu d'Epenoux : Coucou !

Christophe Boelinger : Le rencontrer, le remercier !

Yannick Robert : Talent ! (respect pour ceux qui font du tradi )

Vincent Dutrait : Talent et technique impressionnante !

Yves Hirschfeld : Coucou ! 

Bruno Faidutti : merci pour ces supers jeux ! citadelle <3

Croc : L'age des dieux ! 



12) Nous passons une soirée ensemble mais nous ne nous connaissons pas, préfères-tu faire un canular téléphonique à Jerôme un verre de Saint Véran à la main ou bien choisir 3 jeux dans le but d'apprendre à se connaître ?

 

N'ayant pas de portable (si c'est encore possible en 2017), je ne pourrais pas faire le canular... ça tombe bien car il est bien trop malin pour se faire avoir et moi j'aime bien jouer avec des copains, un verre de St Véran à la main !


Et du coup quels seraient les 3 jeux que tu choisirais dans le but d'apprendre à se connaitre? :) 

Sans hésitation je commencerais par un loup garou de thiercelieux ! J'adore ce jeu, on brise facilement la glace en y jouant, et je le trouve très révélateur des personnalités de chacun.
Enfin, si le but est d’apprendre à se connaitre, je te laisserais le choix des autres jeux ! (mais si tu hésites je te proposerais des jeux de cartes type président, belote, ou même un uno ?!)

                                            Séance de dédicace



13) Le jour où tu devras d'une manière ou d'une autre quitter le monde du jeu et celui de l'illustration, que souhaiterais-tu que l’on retienne de toi professionnellement mais surtout humainement?

Un jour, j'ai reçu un mail d'une lectrice qui disait que mes illustrations lui avait donné de quoi rêver, s'évader, et s'émerveiller le temps d'une lecture. Son mail m'a énormément touché car c'est précisément ce que je souhaite transmettre à travers mes dessins.
Je crois que nos dessins reflètent précisément ce que nous sommes, alors j'espère que je laisserais le souvenir d'une personne douce, joyeuse, généreuse et bienveillante, avec qui il est agréable de travailler.



14) Malheureusement, c’est déjà la fin de cet entretien, Carine, en prenant en compte, ta vie professionnelle et personnelle, es-tu heureuse ?

TO-TA-LE-MENT !

Merci pour cet entretien !!!

 

Un gars...

 

1) Jerôme, bonjour, aurais-tu la gentillesse de te présenter? 
 

Bonjour, Je m'appelle Jérôme Pélissier, il me reste quelques jours de sursis avant d'avoir 40 ans. 

Je suis lead artist à ubisoft et illustrateur freelance. J'ai deux garçons et un chat. Ma compagne, Carine Hinder,  est une illustratrice de génie, c'est mon modèle au quotidien (ça c'est pour la faire culpabiliser si elle n'a rien dit de gentil sur moi ).

 

2)Comme elle n'a effectivement rien dit de gentil sur toi, pourrais-tu nous parler de ses défauts  professionnels et personnels? ;-)
 

Terrain bien trop glissant, elle est est parfaite !:-) Next


3) Une femme parfaite? Fichtre! ^^
Cette remarque machiste pour en parler... du machisme.
As-tu constater au fil des années la différence de comportements lors de discussion avec un professionnel pour une commande par exemple, et lorsque c'était Carine, éventuellement pour le même travail. 


Je ne vois rien de machiste à dire que toutes les femmes sont parfaites :).

Je ne l'ai pas constaté personnellement, l’édition jeunesse est assez épargnée je pense par ce phénomène. Mais le simple fait de l'existence cette question me prouve qu'on a encore du chemin à parcourir : on ramène très souvent une professionnelle au fait qu'elle soit une femme.

                                     Carine


4) Penses tu par contre qu'un homme ait la même approche et la même sensibilité professionnelle qu'une femme , et en quoi diffère t'elle selon toi? 


Aucun illustrateur, qu'il soit homme ou femme, n'a la même approche, ni la même sensibilité artistique. A la question est ce que d'une manière générale on peut dépeindre le portrait type d'un illustrateur masculin en comparaison avec une illustratrice et y trouver des différences notables et pertinentes?...Je n'en sais absolument rien, peut être. Il faudrait faire une étude sociologique poussée pour y répondre intelligemment et  éviter de tomber dans les clichés du genre: "oui une femme c'est plus sensible, donc elle va utiliser beaucoup de rose et faire beaucoup de petits cœurs dans ses images"

N'étant pas sociologue, et ne côtoyant pas assez de collègues hommes ou femmes pour établir un échantillon représentatif qui me permettrait de me baser  uniquement sur ma minuscule  expérience de la vie, je ne peux argumenter plus :-)

 

5) Tu me disais être Lead artist ubisoft, pourrais-tu expliquer au profane que je suis en matière de jeu vidéo, en quoi consiste ton travail au quotidien ?

Je gère une équipe de 5 artistes et suis responsable de tous les assets 2D produits dans mon équipe (concepts arts, character design, interface utilisateur, props etc..)

Pour résumer, je dessine 70% du temps, et pour le reste je manage mon équipe (conseils, contrôle de qualité, suivi de direction artistique, partage de connaissances etc..)

Ça n'a pas l'air raconté comme ça, mais c'est passionnant!


 

6 A) Manuel Rozoy m'expliquait que le jeu vidéo avait un côté très hautain par rapport au jeu de société, comment le ressens-tu toi qui travaille pour les 2 ?

Ça fait 14 ans que je bosse dans le jeu vidéo et je n'ai jamais noté autre chose qu'une vraie passion pour TOUTES les formes de jeu de la part de mes collègues. le midi par exemple la boite se scinde en 2, ceux qui jouent en réseau et ceux qui testent des jeux de plateaux. Je connais d'ailleurs des anciens collègues et amis qui ont quitté le jeu vidéo pour fonder leur boite de jeu de société: devil pig game, et ils ne sont pas une exception!

 

 Dans les écoles de jeux vidéos où j'ai pu faire des interventions, on  fait jouer les élèves aux jeux de société car c'est la meilleure source d'inspiration concernant les mécaniques de jeu.

 

Tous les collaborateurs  que j'ai  rencontré (et ils sont très nombreux!)sont la plupart de gros  joueurs de jeux de société, on fabrique même des protos papiers de nos idées de certains jeux comme si ils étaient destinés au jeu de société, car on considère que de bonnes mécaniques de jeu devraient pouvoir se jouer sans programme.

Autre exemple, dernièrement on réfléchissait à un jeu de cartes à la heartstone, notre première démarche a été de tester de véritables  jeux de cartes (Bang, citadelle, 7 wonders ...). Enfin il nous arrive fréquemment d'organiser des soirées jeux de plateaux.

 

Alors je serais très curieux  de connaître l'expérience de Manuel Rozoy qui lui a donné le sentiment que le jeu vidéo regarde de haut le jeu de société, car c'est à des millions de kilomètres de ma propre expérience. Vraiment.

6 B) Comment tes collègues t'en parlent t-ils d'ailleurs ?

On partage nos expériences de jeu, on s'organise des parties de jeu de société, bref ils m'en parlent comme n'importe quel  passionné de jeu sous toutes ses formes. Pendant la pause du midi il y a même un groupe qui joue exclusivement à des jeux de société, chacun amène sa dernière découverte. On a également un groupe de partage à ubisoft dédié aux  jeux de société.



6 C) Enfin qu'est ce que t'apporte le jeu de société que ne t'apporte pas le jeu vidéo et inversement ?
 

En tant que joueur dans ma pratique du jeu vidéo je suis clairement un solitaire, c'est un moment agréable que je ne partage pas. Quand je joue à un jeu de plateau c'est avant tout pour partager du temps avec des potes: bière, curly , pizzas et colons de Catane 

En tant que professionnel  c'est l'exact inverse: le jeu de société m'apporte moins de contraintes lourdes, l'aspect marketting est moins agressif également, je me sens plus libre dans mes créations, je peux travailler seul chez moi tranquillement... le jeu vidéo m'apporte en revanche le travail en groupe, travailler dans un open space avec un objectif commun, partager les bons moments et les galères...c'est très enrichissant professionnellement.


7 A) C'est important pour toi de travailler en dehors du domicile ?
Et quand cela t'arrive d'illustrer chez toi, travailles-tu de la même manière ?

 

80% de mon temps je le passe à dessiner dans les locaux d'ubisoft, alors dessiner à la maison sur d'autres projets est un espace de liberté artistique dont je ne pourrais pas me passer. J'en profite pour explorer mes propres univers, travailler d'avantage en tradi par exemple.



7 B) Qu'est ce que cela peut changer d'avoir les enfants ou ton Carine à côté de toi ?

Impossible de dessiner lorsqu'il y a mes enfants, d'une part parce qu’ils me sollicitent à chaque seconde, et d'autre part parce que j'ai besoin de passer du temps avec eux quand ils sont là (je passe trop de temps au travail, les moments de partage avec mes enfant sont trop rares). Je le fais quand ils sont à l'école ou gardés...c'est à dire très rarement  depuis la naissance du second. La plupart du temps je dessine pour mes projets durant ma pause du midi à Ubisoft ou le soir.

 

Quant à Carine elle m'apporte une chose très précieuse pour un illustrateur: le recul sur mes images, elle pointe les qualités et les défauts ce qui me fait gagner un temps fou pour obtenir la qualité que je souhaite (seul, il faut que je laisse reposer une image pendant presque un mois pour en voir tous les défauts et pouvoir les corriger). On s'échange pas mal de conseils, de découvertes artistiques, ce qui nous fait progresser bien plus vite. C'est un sacré atout.

Je lui envoie même certaines de mes productions que je fais à Ubisoft pour avoir un retour immédiat.

8) Travailler en couple n'a rien d'évident.
Comment arrivez-vous à dissocier relation professionnelle et relation familiale ?
Le faites-vous d'ailleurs ?
Est-ce difficile de ne pas parler que de dessin à la maison?


On s'est rencontré en école d'art, la passion du dessin nous a tout de suite rapproché. C'est forcément un sujet de conversation récurrent et ce n'est pas du tout un problème au contraire! Quand on travaille sur un même projet nos tâches respectives sont très claires, on connait nos points forts et nos faiblesses (elle excelle en dessin et moi en couleur), ça se passe donc plutôt bien.



9) Qu'est ce que cela représente quoi pour toi justement de dessiner ?
Une passion ? Un métier ? Un exutoire ? Une façon de s'exprimer ? Le pouvoir de donner vie à des objets, des personnages, ou des situations ?

 

Le dessin et moi c'est une longue histoire, c'est devenu une passion dévorante dès l'âge de 7 ans,  à la question "qu'est ce que tu veux faire plus tard?" je n'ai toujours eu qu'une seule réponse "dessiner". Je ne savais pas alors quels étaient les métiers qui  permettaient de vivre du dessin, on cherchait souvent à m'ôter cette fixation de la tête arguant que les débouchées étaient trop rares. La route a été longue et difficile,  le doute omniprésent: "ne devrais je pas chercher un vrai métier?" ...

Alors que représente pour moi le fait de vivre de ma passion aujourd'hui? C'est juste indescriptible, j'ai le sentiment d'avoir tenu ma promesse à un petit gars de 7 ans et ça n'a pas de prix.

 

10) Imagine, un vieux taré t'emmène dans une DeLorean, tu croises ce petit garçon de 7ans, que lui dirais-tu sur son avenir ?

Rien! surtout ne rien dire! L'incertitude est un moteur trop précieux pour se motiver à progresser. 

 

11) Je te proposes 10 personnes du monde ludique, et je souhaiterai que tu les définisses chacun en un mot, oui un seul ! Manuel Rozoy, Bony, Vincent Dutrait, Yannick Robert, Bruno Faidutti Croc, Régis Bonnessée, Jean-Louis Roubira, Franck Dion, Mathieu d'Epenoux 
 

Manuel Rozoy : Designer

Bony : Superbony

Vincent Dutrait: "Fantasyste"

Yannick Robert: Peintre

Bruno Faidutti : Citadelles!<3

Croc : Rôliste

Régis Bonnessée : Pro

Jean-Louis Roubira : Inspirant

Franck Dion : Pote!

Mathieu d'Epenoux : Editorio

12) Nous passons une soirée ensemble mais nous ne nous connaissons pas, préfères-tu faire un canular téléphonique à Carine un verre de Saint Véran à la main ou bien choisir 3 jeux dans le but d'apprendre à se connaître ?

Le jeu de société sans hésitation. j'ai toujours considéré le jeu comme un excellent moyen de connaitre les gens en soirée, quand on joue on oublie très souvent de conserver notre masque social, le naturel s'impose naturellement, ce qui n'est pas le cas quand on a un verre de saint
Véran à la main. Là on préfère se donner de la contenance parfois factice

 Et du coup, quels seraient les 3 jeux que tu choisirais ?

- colons de catane (sans doute mon jeu préféré)

- code names  (mon coup du cœur du moment)

- et dixit (pas de démagogie, un jeu auquel j'adore jouer: l'illustration est au cœur de la mécanique de jeu, je ne peux que être fan)


 

14) Le jour où tu devras quitter le monde du jeu, d’une manière ou d’une autre, que souhaiterais-tu que l’on retienne de toi professionnellement mais surtout humainement?

Je quitterais le monde de l'illustration et du dessin sereinement si j'ai pu transmettre ne serait ce que 5% de ma passion à quiconque aura vu mes images. Inspirer les autres, leur donner des émotions, les plonger dans mon univers, c'est ce pour quoi je fais ce métier. Je ne l’arrêterais jamais de mon plein gré, seulement si des circonstances exceptionnelles l’exigent, bref jusqu'à ce que la mort nous sépare :-)


 

15) C'est la fin de cet entretien, Jerôme en prenant en compte, ta vie professionnelle et personnelle, es-tu heureux ?

Très.

Merci pour cet interview Emmanuel. Désolé de ne pas avoir été toujours très réactif!


 

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Yves Hirschfeld
Benoit Forget
Bruno Faidutti 1ère partie
Bruno Faidutti 2ème partie
Naiade
François Haffner 1ère partie
François Haffner 2ème partie
Pierô Lalune
Timothée Leroy
Mathilde Spriet
Sébastien Pauchon
Tom Vuarchex
Vincent Dutrait 1ère partie
Vincent Dutrait 2ème partie
Christophe Boelinger 1 ère partie 
Christophe Boelinger 2ème partie
Régis Bonnessée
Roberto Fraga 1ère partie
Roberto Fraga 2ème partie
Cyril Demaedg
Bruno Cathala 1 ère partie
Cyril Blondel
Bruno Cathala 2ème partie
Yahndrev 1ère partie
Yahndrev 2ème partie
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Florian Corroyer
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Docteur Mops 1ère partie
Docteur Mops 2ème partie
Arnaud Urbon
Croc
Martin Vidberg
Florent Toscano
Guillaume Chifoumi
Nicolas Soubies
Juan Rodriguez 1ère partie
Juan Rodriguez 2ème partie
Bony
Yannick Robert
Docteur Philippe Proux
Franck Dion 1ère partie
Franck Dion 2ème partie
Franck Dion 3ème partie
Yoann Laurent

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