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d'événements ludiques
Jeux Viens à Vous Tony Rochon
Que dire de Tony Rochon?
Un gars qui ne paye pas de mine en apparence, discret, mais également sympa et talentueux, travaillant souvent avec les mêmes (Blackrock, Opla) mais pas que, Tony est devenu au fil du temps un illustrateur reconnu du monde ludique.
Avec Tony, nous évoquons ses 3 activités professionnelles, l'illustration bien évidemment, sa maison d'édition Loustik, les femmes, son expérience en tant qu'assistant réalisateur, Alain Ollier et Florent Toscano, ses qualités et ses défauts mais également une grand-mère polémique...
1) Tony bonjour, aurais-tu la gentillesse de te présenter?
Oh que oui !!! Et je vais essayer de ne rien zapper...
Je suis un auvergnat pur souche né il y a 43 ans à quelques jours de Noël, papa de deux enfants de 10 et 13 ans.
Enfant plutôt "énergique" (pour ne pas dire plus) dès mon plus jeune âge, ma mère après moultes tentatives infructueuses a enfin trouvé le moyen de me canaliser : me mettre entre les mains une feuille, un crayon et une gomme. Peu onéreux, mais terriblement efficace...
Oui, je l'affirme haut et fort : "Maman, c'est de ta faute si je suis devenu illustrateur !!!"
Côté scolarité, je me suis naturellement tourné vers des filiales artistiques : école d'Arts Appliqués Saint-Géraud à Aurillac et les Beaux-arts de Clermont-Ferrand.
S'ensuivent le service militaire et diverses formations : dessin animé, PAO...
Ma première expérience professionnelle a comblé mes rêves d'enfance : j'ai été éboueur pendant quelques mois... Puis assistant réalisateur à Paris sur une série animée nommée "Argaï, la prophétie", je suis depuis 18 ans Graphiste web, salarié dans diverses sociétés clermontoises.
Ce travail ne me satisfaisant pas d'un point de vue créatif, je me suis inventé une 2ème vie : illustrateur de jeux de société. Depuis 11 ans, j'ai travaillé avec plusieurs éditeurs : Blackrock, Jeux Opla, Blue Orange, Paille, Grosso Modo, Pink Monkey, Belugames, Cocktail Games, Act In Games, Ilopeli, Scorpion Masqué, Jeux Jeandel...
Il y a 9 ans, j'ai créé ma maison de livres pour enfants Loustik. Etre son propre éditeur, c'est quand même le pied en terme de création :-)
Je réfléchis actuellement à me lancer totalement dans le graphisme indépendant... WIP, comme on dit...
Voilà un petit résumé de ma vie, sans trop rentrer dans le pourquoi du comment...
2) Que représente le dessin pour toi? Une passion? Une manière de t'exprimer? Un métier?
Ouch, direct en deuxième question, à peine échauffé…
Pas simple…
Le dessin représente 40 ans de ma vie, mais je n’ai jamais réfléchi à cette question…
Une passion, forcément. Je ne passe pas ma vie à dessiner sans qu’il y ait une sorte de fascination, d’addiction à toute forme de représentation graphique quelle qu’elle soit : peinture, dessin, sculpture, perspective…
Je fais ma journée de travail, je m’occupe du dîner, de la maison et des enfants, ensuite, lorsque la maison est calme, je peux dessiner jusqu’à 3, 4 heures du matin et me lever à 6h30, 7j/7.
Les week-ends, je les passe à dédicacer sur les divers salons du livres et de jeux. Le plaisir est là et ne me quitte pas. Il y a là-dedans quelque chose d’un peu mystique que je n’explique pas...
Une manière de m’exprimer… Je ne pense pas, du moins, pas dans le domaine du jeu de société… C’est plutôt une manière d’exprimer ce que l'auteur n’arrive pas à représenter. Bien sûr que j’ai un style graphique, mais je dois l’adapter au mieux pour coller à ce que souhaite l’auteur. On est en quelque sorte l’intermédiaire entre l’auteur et le joueur.
Dans l’illustration de livres, je choisis mes textes et je les adapte à mes dessins, c’est une approche complètement opposée, beaucoup plus personnelle.
Un métier, NON !!! Lorsque je considérerai le dessin comme tel, j'arrêterai tout de suite, c’est que je n’y prendrai plus de plaisir...
Tony avec 2 auteurs, Laurent Mathoux et laurent Léonard
Je rajouterai que c’est avant tout énormément de travail, de persévérance et d’abnégation… Avant de prendre véritablement de plaisir à dessiner, il faut tout savoir dessiner dans toutes les techniques. Chaque illustrateur est plus à l’aise dans un domaine (personnage, ville, vaisseau, voiture, paysage…). Du coup, on est obligé de travailler nos défauts pour avoir un rendu homogène, écouter et accepter les critiques (et ce n’est pas simple).
Perso, j’ai des défauts partout, c’est ce qui rend mon travail homogène :-)
Je n’ai jamais considéré « savoir dessiner » comme du talent ou quelque chose d’inné. Derrière chaque illustrateur se cache un forcené de travail.
3) Tu es donc obligé d'avoir 2 activités professionnelles alors que tu es tout de même un illustrateur avec un fort bagage derrière lui.
Comment expliques-tu que le monde ludique ne suffise pas afin de te faire vivre pleinement ?
Mais d'ailleurs est-ce que quelque chose que tu regrettes ?
Trois activités, même... Graphiste web à temps plein en tant que salarié, illustrateur de jeux et illustrateur/éditeur de livres pour enfants.
Mon travail salarié est exclusivement financier, il me permet de payer la maison et les charges mensuelles.
Le côté illustration de jeux et de livres, c'est mon petit plaisir, ma petite bouchée d'oxygène. Il me permet d'aller au cinéma, acheter mes livres, faire plaisir aux enfants et partir en vacances.
Ce sont 2 parties de ma vie très distinctes et indispensables pour mon équilibre.
C'est très difficile de vivre uniquement de l'illustration de jeux. C'est un travail très long, la conception d'un jeu peut s'étaler sur plusieurs années parfois (pas en continu, bien sûr), avec de multiples demandes de modifications. Quelques fois, il y a carrément des changements de thème qui te font tout refaire depuis le début.
Du coup, si tu ramènes tout ça à un tarif horaire, tu pleures...
D'ailleurs, je ne sais pas s'il y a beaucoup d'illustrateurs qui vivent exclusivement du jeu en France, ils doivent se compter sur les doigts de la main... Beaucoup son multi-tâches (graphiste, coloriste, illustrateur, BD, jeux..).
Le fait que je n'aime pas démarcher joue aussi un peu, je pense... Tous les jeux que j'illustre me sont proposés.
Je pourrais (peut-être) bosser plus, mais je suis incapable d'aller sur un stand éditeur pour montrer mon boulot et proposer mes services. Ca me met très mal à l'aise.
Je ne regrette pas du tout...
Bien sûr que j'aimerais ne faire que ça...
Mais bon, c'est quand même super agréable de faire partie du microcosme ludique !
4) Trois activités effectivement, autant pour moi !
Effectivement un professionnel du monde ludique m'avait informé en OFF que très peu d'illustrateurs réussissaient à vivre de leur métier, qu'ils étaient obligés de donner des cours ou de réaliser d'autres activités à côté.
Qu'est ce que tu aimes justement dans ce microcosme ludique ? Les rencontres ? Les sorties en festival afin de te changer de ta vie quotidienne? Une certaine reconnaissance ?
Bon, ça passe pour cette fois... :-)
Je déteste travailler seul dans mon coin, c'est le meilleur moyen pour moi de m’embouser et stagner.
J’envoie souvent mes dessins finis ou en cours à des amis pour savoir ce qu’ils en pensent. Le regard extérieur de mes proches est très important pour moi. Ca me conforte parfois, m’aide à gommer quelques imperfections souvent.
Du coup, j'ai aussi besoin de beaucoup d'échanges avec les différents auteurs et éditeurs.
Il y a 11 ans sortait mon premier jeu (Garçon ! chez Blackrock), je ne connaissais rien ni personne dans le monde ludique. Aujourd'hui, je me rends compte que j’ai tissé des liens avec beaucoup de personnes, qu’ils soient joueurs (grosse bise à Julie et Nicolas), éditeurs, animateurs, illustrateurs, boutiques ou organisateurs.
Ma relation avec Alain de Blackrock ou Florent des jeux Opla entre autres dépasse de loin le cadre du « travail ».
Florent Toscano et Tony Rochon n'ont encore pas pris leurs médicaments hier soir!
J'aime l'ambiance générale qui règne dans ce milieu. Je fréquente beaucoup les festivals de musique métal et je leur trouve beaucoup de similitudes avec les festivals de jeux... Les gens y sont détendus, souriants, ouverts à la discussion, prêts à déconner ou prendre un verre (ou deux).
Je trépigne d’impatience à l’idée d’aller sur des festivals, revoir années après années les mêmes passionnés qui font vivre les chaleureux "petits" Chamboultou, Vendanges ludiques, Ludix, Ludiquest, Ludinord… et les "grands" Cannes ou Essen que l’on pourrait croire trop grands et plus froid.
Une certaine reconnaissance ? Non, heureusement... Ca me fait très plaisir quand les gens viennent me voir parce qu’ils apprécient mon travail, mais c’est quand même assez rare :-)
5) Au contraire que ne supportes-tu pas dans le monde ludique ?
Euh… ben, rien.
Allez nous ne sommes qu'entre nous, tu peux te lâcher... ;-)
Ah, fallait le dire !!!
Puisqu’on peut tout dire, je ne supporte pas les illustrateurs plus doués que moi, et il y en a un paquet !!! Ils m’énervent…
6 A) Plus sérieusement, venons-en maintenant à ta maison d'édition de livres pour enfants : Loustik.
Je vois sur le site que tu travailles uniquement avec des femmes. Hasard ou volonté ?
Alors là, travailler avec des femmes, c’est ni une volonté, ni un hasard…
La littérature jeunesse est un domaine très majoritairement féminin. Sur 20 textes que je reçois, 19 sont écrits par des femmes, c’est comme ça, je n’y peux rien. Elles ont une sensibilité et une clarté d’écriture que nous, mâles, n’avons pas.
Et puis, ça fait un contre-pieds au monde ludique où je bosse exclusivement avec des hommes…
Et ne me fais pas dire que les hommes sont plus doués pour inventer des jeux !!!
6 B) Comment une petite maison d'édition arrive-t-elle à se faire connaître en dehors du secteur local ?
Tu confies cette partie à quelqu'un ou tu as appris un autre métier, celui de « démarcheur » auprès des boutiques/des distributeurs ?
D'ailleurs, explique-nous comment cela fonctionne !
La littérature jeunesse fonctionne exactement comme dans le jeu : Un auteur écrit, envoie le texte à un éditeur, si ça lui plaît, il déniche un illustrateur, un imprimeur et un distributeur s’il ne l’est pas lui même… C’est simple, sauf que je ne fonctionne pas du tout de la même manière :-)
Etant éditeur, illustrateur, graphiste et que je ne fais pas de distribution, je dois simplement trouver un auteur et un imprimeur.
Mon travail à temps plein ne me permettant pas de démarcher correctement les librairies, je fais beaucoup de dédicaces en salon ou en marché de noël. Je fais régulièrement des interventions en école ou des lectures dessinées avec Virginie, une amie conteuse.
J’ai eu un parrain rugbyman pendant quelques années, Jamie Cudmore, international canadien, joueur de Clermont (réputé pour être le joueur le plus violent du championnat), ça m’a permis de faire parler de Loustik en faisant de la comm’ décalée. On s’est bien marré :-)
Je suis en train de réfléchir à développer le côté commercial pour toucher d’autres régions, mais ce n’est pas encore pour tout de suite...
Erratum :
Je ne bosse pas qu’avec des filles, d’abord !!!
"N’importe quoi ! », mon dernier livre a été écrit par Florent Toscano, également auteur et éditeur de jeux. Flo, en plus d’être un ami, a une plume très drôle qui colle bien avec l’esprit Loustik. Ce livre est la genèse de notre dernier jeu « POC ! », il explique comment 4 familles d’animaux se défient dans un concours de sauts alors qu’aucun n’a des capacités physiques extraordinaires..
Loustik, la maison d'édition parrainée par Jamie Cudmore, rugbyman de Clermont-Ferrand
7) Avant de revenir plus longuement sur tes amis lyonnais, une question afin de te taquiner un peu, mais qui révèle peut être une certaine tendance de notre monde actuel.
Quand tu me dis que les femmes ont une sensibilité et une clarté d'écriture que les hommes n'ont pas, mais que tu n'oses le dire pour les hommes dans le monde ludique...cela ne révèle t-il pas un certain féminisme qui s'élève actuellement ?
La première affirmation sera de bon ton, tant dis que l'autre sera immédiatement vilipendée ?
Ah merde, la colle !!!! Pris en flagrant délit de féminisme…
Ne dis rien à ma mère, s'il te plaît…
Je pense vraiment ma première affirmation.
Pour la deuxième, j’ai dit que je ne l’avais pas dit, je n’ai pas dit que je ne le pensais pas !!! Enfin, j’me comprends…
8) Pour en revenir à ta maison d'édition, elle s'adresse aux enfants.
Un bon nombre de personnes, notamment dans le monde ludique pense que les enfants aiment tout ce qu'on leur propose, et donc n'importe quel jeu.
Une idée à laquelle, je suis farouchement opposé par-ce que j'ai pu vivre en animation.
Qu'en est-il dans le monde de l'illustration et plus généralement dans l'univers littéraire ?
Tous les enfants adorent tes dessins ? Ou bien as-tu déjà eu des remarques cinglantes ?
Alors, là, je ne suis pas du tout d’accord avec ce bon nombre de personnes - que ce soit dans le monde littéraire ou ludique d'ailleurs. Je joue avec mes enfants depuis qu’ils sont tout petits, il y a des jeux qu’ils ont testé une fois et auxquels ils ne veulent pas rejouer parce qu’ils n’ont pas aimé et d’autres dont ils ne se lassent pas.
Sur les salons du livre, les parents laissent très souvent le choix à l'enfant de choisir son livre. Ce sera Son livre, avec Son prénom et Sa petite dédicace en couleurs dessus. Et lorsqu’il a fait son choix, il est très difficile de lui faire changer d’avis… Même si parfois les parents ne sont pas d’accord :-)
J’ai le souvenir de parents qui voulaient acheter des livres à leur enfant qui ne voulait pas des miens… Ils ont insisté, encore et encore, sans succès.
J’ai le droit de temps en temps à des "j’aime pas", mais les critiques ne vont pas plus loin du côté des enfants.
Je ne sais pas s’ils adorent mes dessins, mais il apprécient énormément me voir dédicacer leur livre. C’est mon petit moment privilégié sur les salons.
Les remarques les plus cinglantes viennent des adultes en fait....
J’ai illustré un livre qui parle de la maladie d’Alzheimer, "ma mémé, je l’aime !", dont Aurélie Vaissier est l’auteure. J’adore vraiment ce livre !
Aurélie travaille en maison de retraite et se retrouve confrontée à plein de petites anecdotes qu’elle a retranscrit de manière très drôle et pleine de tendresse. Le livre parle de la relation privilégiée d’un enfant avec son arrière grand-mère qui perd peu à peu la tête.
Certaines grand-mères, rien qu’en regardant mon dessin de couverture, s’identifient à elle et réagissent mal. Certaines me disent que je ne suis pas gentil avec les anciens, d’autres que ma mémé et moche. Une dame m’a même insulté sur un salon, que je devrais avoir honte de publier cette m***, etc... Quand j’y repense, j’avais pris cher. Je l’ai laissée cracher son venin, mais au bout d’un moment, le libraire qui m’accueillait en a eu assez et l’a mise à la porte.
C’est le quotidien d’un illustrateur, certaines personnes adorent notre travail, certaines le détestent… Il faut faire avec.
J'espère avoir l'occasion de découvrir un jour cet ouvrage polémique alors :-)
Sur le même thème, je me permets de citer « Les giboulées Mam'zelle Suzon », un livre jeunesse très émouvant.
9) Aimerais-tu nous faire découvrir ou redécouvrir à ton tour d'une œuvre ou d'un auteur important à tes yeux que ce soit dans le domaine littéraire, musicale, ludique ou autre ?
Si vous avez quelques heures de libres et que vous aimez les BD, je vous conseil de lire 100 bullets, écrit par Brian Azzarello et dessiné par le génialissime Edouardo Risso.
C’est un polar d’une quinzaine de tomes selon les éditions.
Le pitch : L’agent Graves permet à des gens ordinaires de se venger en leur donnant une mallette contenant une arme, 100 balles non identifiables et des preuves indéniables de méfaits… Un énorme dilemme se présente alors à ces personnes.
La première lecture du premier tome m’a laissé un peu indifférent, je n’ai pas su capter toute la subtilité de la série. Normal, la véritable intrigue et la mise en place progressive d’une véritable conspiration ne vient que plus tard dans la série.
Sur le conseils d’un ami, je me suis replongé dedans et PAN ! La GROSSE claque ! J’ai dû relire l’intégralité de la série pour vraiment comprendre toutes les subtilités…
Tony et sa grand-mère polémique
10) Et si tu devais me citer deux personnes du monde ludique, l'une pour ses qualités professionnelles et l'autre pour ses qualités humaines ?
L'un n'enlevant rien à l'autre et inversement.
Eh merde…
Je les ai déjà citées précédemment : Alain Ollier et Florent Toscano pour leurs qualités humaines ET professionnelles.
C’est Alain qui m’a permis de devenir illustrateur de jeux de société. On s’est connu il y a une vingtaine d’années par le biais de mon cousin et du foot. Blackrock n’existait pas encore, je ne jouais jamais aux jeux de société quand il m’a proposé d’illustrer un jeu qu’il était en train de créer : "la Grande échappée". J’ai fait des premières illustrations absolument catastrophiques.
"La Grande échappée" deviendra 10 ans plus tard "Leader 1"… A partir de là, Alain a tenu à ce que ce soit moi qui illustre tous ses jeux, Garçon !, Huuue, The Boss… Sans son soutien, je n’aurais jamais percé dans ce milieu. Même s’il s’est un peu éloigné de Blacrock, je continue à le voir régulièrement pour des soirée jeux et pour des projets en commun… Il a toujours la parole juste, c’est un sage...
J’ai rencontré Florent Toscano au festival Chamboultou qu’il organisait à Ussel. Après une tentative d’interview dessinée complètement foirée, il s’est rendu compte que j’étais plus à l’aise avec des pinceaux qu’avec la parole.
Dans la foulée, il m’a proposé d’illustrer "Hop la bille ». Ca a tout de suite accroché avec Flo, on a le même humour tout pourri que nous seuls comprenons. Ont suivis « Hop la Puce », « Hop le j’ton » et « Poc » (en attendant « Hop la suite »). J’adore sa manière de gérer les jeux Opla avec sa démarche économique qui est vraiment pour lui une ligne de conduite de laquelle il ne dévie jamais…
Il n’y a qu’à jeter un coup d’œil sur les gens qui l’entourent et l’accompagnent pour se rendre compte de la belle personne qu’il est… Tous les salons sur lesquels je suis invité, je les passe sur son stand, ce gars a une imagination débordante et un cœur gros comme ça.
Depuis peu, il s’est découvert un talent d’écrivain. Tu penses bien que j’ai sauté sur l’occasion pour éditer son premier livre : « N’importe quoi ! ».
Ce sont vraiment deux personnes avec qui je me sens utile, qui font que je me sens à ma place dans le monde ludique...
11) Si tu devais définir en un seul mot chacun, oui un seul, ces personnalités du monde ludique ?
Je vais essayer pour ceux que je connais ou fréquente…
les autres, je me garderai bien de donner mon avis...
Matthieu D’Epenoux : extraterrestre ludique
Vincent Dutrait : talent pur
Marie Cardouat : sensualité
Bony : mon binome
Gaetan Beaujannot : glacial
Yoann Laurent : EH, YO !!!
Tony Rochon : Bosseur
Igor Polouchine, Bruno Faidutti, Ian Parovel, Tom Vuarchex : Je connais pas personnellement
12) Tu disais avoir été assistant réalisateur sur une série animée.
C'est une expérience qui a été intéressante professionnellement ? Tu n'as pas eu l'envie ou l'opportunité de recommencer dans ce domaine ?
D'ailleurs, dans l'avenir, quels projets souhaiterais-tu voir aboutir ?
Ca a été ma 2éme expérience professionnelle après éboueur :-)
Lors d’une formation layout (étape entre le storyboard et l’animation dans le dessin animé), j’ai fait la connaissance de Jean-César Suchorski, un réalisateur sur des séries animées. Lorsqu’il a été embauché pour réaliser « Argaï la prophétie », il m’a appelé pour me demander si je voulais être son assistant. M’étant promis de ne jamais bosser sur Paris... j’ai tout de suite accepté :-)
Je me suis donc retrouvé du jour au lendemain petit bougnat à Paris dans une chambre de bonne de 8m², avec chiottes sur le palier, sans douche et sans frigo. J’ai quand même réussi à prendre une licence de foot, histoire d’avoir une hygiène corporelle correcte.
Le décor ainsi planté, ça peut paraître un peu morose, mais le boulot a été vraiment génial. J’ai touché à tous les domaines du dessin animé (création de perses, d’objets, de véhicules, de décors, storyboard, layout, animation…) mise à part la colorisation car j’étais une quiche en photoshop à l'époque. Une ambiance très détendue sur le lieu de travail avec des concours de ping-pong tous les midis. Je pouvais bosser 12h par jour, je m’en foutais, j’étais bien - et puis je n’étais pas pressé de rentrer dans ma chambre…
Au début, on bossait dans le sud de Paris, dans un petit immeuble entre Rooster (qui réalisait « Les sales blagues » de Vuillemin) et les studios Marc Dorcel (que je ne te présente pas, petit coquin). Nous avons déménagé après quelques mois dans les studios à Aubervilliers où se tournaient toutes les grosses émissions de l’époque : Tapis rouge, Taratata, Secret Story… J’allais me chercher un coca au distributeur et je croisais Nagui, Drucker, Maria Carey, Goldman, Dève… Le soir, on pouvait assister aux émissions. C’était rigolo :-)
Quand la production d’Argaï s’est terminée, Jean-César m’a proposé de repartir sur une autre série avec lui, mais j’ai refusé. Je n’ai jamais réussi à me faire à la vie parisienne, j’avais le mal du pays. J’avais besoin de retrouver ma famille, ma chérie de l’époque, mes amis et mon Puy de Dôme.
Dans l’avenir (très proche), je souhaiterai développer Loustik, ouvrir un atelier graphique où j’organiserai des formations et des ateliers de création de livres, de jeux, de dessins animés, donnerai des cours de dessin… Un lieu vivant, rempli d’enfants et de parents...
Ce qui implique quitter mon boulot à temps plein qui m’use lentement, mais sûrement.
13) C'est quoi qui t'use, de gérer trois activités prenantes ? Le boulot en lui-même ? Beaucoup de professionnels du monde ludique sont séparés ou en cours de séparation à cause de l'implication dans leur travail, les festivals etc... Comment gères-tu d'ailleurs ta vie de famille à côté de cela ?
Gérer 3 activités, non... Je suis plutôt du genre hyper actif. Je déteste ne rien faire le soir ou les week-ends. Il faut toujours que je bouge. Du coup, ça me va très bien d'avoir beaucoup de boulot. C'est mon taf à temps plein qui m'use, aucune créativité, j'ai l'impression de faire du copier/coller toute la journée, c'est déprimant... Des années que ça dure. Du coup, j'ai de plus en plus souvent des envies d'ailleurs...
Personnellement, je suis séparé de la mère de mes enfants. Est-ce que mon rythme de vie y a joué un rôle ? Je ne pense pas. Elle participait beaucoup à mes activités graphiques, on avait créé Loustik ensemble, elle écrit toujours certains de mes textes et dédicace encore avec moi en salon. Par contre, depuis, j'ai beaucoup de mal à garder une copine à cause de ce rythme de vie. Quand je rentre à 19h, je mange, m'occupe des loulous et retourne bosser, souvent jusqu'à 2/3h du matin. Je me rends bien compte que vivre à mes côtés, ça ne doit pas être simple...
Qu'est ce qui te fait privilégier l'activité professionnelle plutôt que la vie personnelle ? L'argent ? Le besoin de création ?Le dessin est-il un échappatoire ? Ce n'est pas un choix volontaire en fait... J'ai du boulot, des gens me font confiance, donc je le fais... Et les seuls moments que j'ai de libres, ce sont les soirs et les week-ends. Tant que je n'ai pas fini ce qu'on m'a demandé, je bosse.
Par contre, je m'interdis d'amener mes crayons et mon ordi en vacances. J'ai besoin de coupure nette pendant cette période.
Je fais aussi pas mal de divertissements à côté : concert, ciné, soirée entre amis... Je ne suis pas non plus un ours qui ne sort jamais de sa caverne :-)
L'argent motive un peu parfois, quand le boulot n'est pas super intéressant. Et ça arrive de temps en temps... Mais c'est pas ce qui me pousse.
Besoin de création, bien sûr !!!! Partir d'une feuille blanche et aboutir à un jeu, un livre, pfiou !!!!! C'est super grisant. Dès que je finis un projet, j'ai tout de suite envie de remettre le couvert avec un autre dans la foulée.
Le dessin est pour moi un moment reposant, je pose le cerveau et je ne pense à rien, juste à mon trait. Je prends mon temps et j'évacue le stress de la journée.
Mes proches me disent souvent : "arrête de dessiner et repose-toi !". Ben, c'est ce que je fais, mais en dessinant :-)
J'en ai d'autant plus besoin maintenant que je ne fais plus de sport. J'ai fait du sport toute ma vie et suite à des soucis de genou, j'ai dû arrêter du jour au lendemain. Je ne peux plus me défouler physiquement, je compense avec le dessin...
C'est pas tout à fait pareil, mais j'y trouve un certain équilibre.
14) Le jour où tu devras quitter le monde du jeu, d’une manière ou d’une autre, que souhaiterais-tu que l’on retienne de toi professionnellement mais surtout humainement?
Tant que ce n'est pas les pieds devant...
Professionnellement, rien de spécial...
Humainement, j'espère que les gens avec qui j'ai travaillé se souviendront de moi en se disant "putain c'était cool, on se marrait bien avec l'autre couillon !!!"
15) Tiens au fait, quelle question dans les interviews t'emmerde le plus ?
« Tony, cite-moi 3 qualités et 3 défauts défauts qui te caractérisent... »
C'est naze...
Tony. Cite-moi 3 …
16) C'est malheureusement la fin de cet entretien, Tony, en prenant en compte ta vie professionnelle et personnelle es-tu heureux ?
J’aime à penser que ce sera mieux demain :-)
Je te le souhaites pleinement Tony!
Pour ceux qui souhaiteraient soutenir mes entretiens, voici ma page tipeee, même un petit geste fait plaisir et vous pourrez contribuer à d'autres interviews réalisés sur des festivals (Cannes, Paris est ludique, Essen...) :
Merci à mes Tipeeeurs de me soutenir : Arnaud Urbon, Bruno Faidutti, Emilie Thomas, Nicolas Soubies ,Virgile De Rais, Pierre Rosenthal, et Lukikam!
Pour ceux qui souhaiteraient découvrir les précédents entretiens, mes animations ou suivre ma page facebook :
http://www.facebook.com/jeuxviensavous/
Saison 1
Yves Hirschfeld
Benoit Forget
Bruno Faidutti 1ère partie
Bruno Faidutti 2ème partie
Naiade
François Haffner 1ère partie
François Haffner 2ème partie
Pierô Lalune
Timothée Leroy
Mathilde Spriet
Sébastien Pauchon
Tom Vuarchex
Vincent Dutrait 1ère partie
Vincent Dutrait 2ème partie
Christophe Boelinger 1 ère partie
Christophe Boelinger 2ème partie
Régis Bonnessée
Roberto Fraga 1ère partie
Roberto Fraga 2 ème partie
Cyril Demaedg
Bruno Cathala 1 ère partie
Cyril Blondel
Bruno Cathala 2ème partie
Yahndrev 1ère partie
Yahndrev 2ème partie
Emilie Thomas
Sebastien Dujardin
Florian Corroyer
Alexandre Droit
Docteur Mops 1ère partie
Docteur Mops 2ème partie
Arnaud Urbon
Croc
Martin Vidberg
Florent Toscano
Guillaume Chifoumi
Nicolas Soubies
Juan Rodriguez 1ère partie
Juan Rodriguez 2ème partie
Bony
Yannick Robert
Docteur Philippe Proux
Franck Dion 1ère partie
Franck Dion 2ème partie
Franck Dion 3ème partie
Yoann Laurent
Carine Hinder et Jerôme Pélissier
Dominique Ehrhard
Christian Martinez
Maxime Savariaud
Véronique Claude
Shadi Torbey
Saison 2
Fabien Bleuze
Serge Laget
Djib 1ère partie
Djib 2me partie
Florian Sirieix
Farid Ben Salem 1 ère partie
Farid Ben Salem 2ème partie
Julien Lamouche
Jean-Louis Roubira 1ère partie
Jean-Louis Roubira 2ème partie
Philippe des Pallières 1ère partie
Philippe des Pallières 2ème partie
Julian Malgat Tome 1
Philippe Tapimoket 1ère partie
Philippe Tapimoket 2ème partie
Théo Rivière
Reixou
Nicolas Bourgoin
Natacha Deshayes
Gary Kim
Emmanuel Beltrando