Organisateur
d'événements ludiques
Jeux Viens à Vous Olivier Ruel
2 ème partie
La semaine dernière je vous présentais la première partie de mon entretien avec Olivier Ruel, ancien joueur professionnel de Poker mais surtout de Magic the gathering.
Vos retours ont été très positifs sur l'entretien mais surtout sur la personnalité d'Olivier dont beaucoup se souviennent comme un mec gentil et très sympathique.
Dans cette seconde partie, Olivier continue avec une belle sincérité à s'exprimer sur le japon, Alexandre Peset, Gabirel Nassif, Farid Meraghni, Raphael Lévy, Franck Canu, sur la triche à Magic mais également à propos d'Alain Damasio et de la question des migrants...
10) Je ne sais pas si tu te souviendras de cette carte...je parle bien de cette carte spécifiquement.
La carte en elle-même est un bon souvenir puisque j'en jouais 4 dans mon premier top 8 au Championnat de France (en 1999 je crois).
Quand à CE Diminishing Returns là, spécifiquement, j'avoue que non.
Une carte qui a vécu...sous un frigo!
Effectivement, championnat de France 1999 à Dijon.
Tu en cherchais une quatrième pour compléter ton deck, tu es venu juste avant le début du tournoi à toutes les tables en demandant si quelqu'un en avait une.
Je l'ai trouvée dans mon classeur, mais elle était dans cet état pitoyable après un séjour de plusieurs semaines sous mon frigo .
Tu as regardé la carte d'un air dubitatif, et tu es parti voir le head judge pour savoir si la carte était jouable.
Il t'a dit ok, et tu as fais quart de finale (ou demi) avec.
Ce championnat de France 99 a marqué bon nombre de joueurs, une anecdote sur celui-ci, ou sur un autre tournoi qui t'aurais peut être plus marqué si cela n'a pas été le cas pour toi ?
Et bien, pour commencer, merci beaucoup à toi ! Je te paye un verre quand tu passes vers Lille pour la peine !
J'avais fait quart, et de mémoire je m'étais fait écraser par Antoine Ménard. C'était un tournoi étrange, où beaucoup de bons joueurs s'étaient exclus d'eux-même en jouant un jeu combo Dark Ritual-Yawgmoth's Will qui, grâce à un trou dans les règles, donnait mana infinie à son auteur. Simplement, le Head Judge (Cyril Grillon de mémoire) les avait déboutés, préférant l'esprit du jeu à une anomalie dans les règles.
J'avoue qu'entre cet événement étrange et la rapidité de ma défaite en quarts, je n'ai pas pleinement profité de ma performance.
J'ai cru que j'allais pouvoir te sortir une réponse de moins de 25 lignes, mais bon, puisque tu me tends si gentiment une perche, une anecdote ce sera.
On est en 2001, un vendredi d'octobre. J'ai 20 ans et je reprends la fac dans 3 jours. Pour la première fois de ma vie, je me dit qu'aller faire un GP hors d'Europe pourrait être une cool expérience, ça tombe bien, il y en a un à Montréal dans un mois. Je vais dans un cybercafé, check le calendrier, la date exacte du GP et file dans mon agence de voyage la plus proche. Les prix sont exorbitants, c'est con, j'étais bien motivé.
Puis je réalise avoir vu un GP le lendemain, à Shizuoka. Je demande à tout hasard le prix des billets, ils sont raisonnables mais un peu au-delà de mon budget. Et là, va savoir pourquoi, je me mets en tête que je peux en choper un moins cher à l'aéroport. J'appelle ma mère, obtient sa permission de louper la rentrée, rentre chez moi, prépare mon sac en vitesse et fonce à Charles de Gaule.
Une fois sur place, les vols pour Tokyo sont un peu chers, je demande donc à l'hôtesse si elle n'a pas des tarifs jeunes ou étudiants. "Non... mais on va vous en créer un".
**WARNING : ceci n'arrive pas dans la vraie vie**
Les choses se goupillent bien ? Ce n'est qu'un début. Je n'ai pas la garantie de pouvoir rejoindre Shizuoka avant le début du tournoi puisque mon vol arrive dans la soirée à Tokyo. Pas grave, dans le pire des cas, j'ai "juste" une semaine de vacances au Japon. J'arrive sur place, je fonce à la gare et chope le dernier train pour Shizuoka où j'arrive à minuit. Ce que je ne sais pas alors, c'est qu'au Japon, on ne peut pas retirer d'argent avec une carte visa européenne, hors City Bank ou bureau de poste. Je dois donc arriver jusqu'au site (à deux heures de marche de là), trouver un logement et m'inscrire sans un sou. La troisième personne à qui je demande mon chemin me dépose sur le site. Sur place, je me résous à passer la nuit dehors (bonne combo avec l'avion et le décalage horaire pour être frais).
Arrivent alors deux voitures de joueurs qui sortent cartons, couvertures et oreillers et s'installent devant l'entrée. Au bout de quelques minutes, l'un d'entre eux vient me parler. Il ressemble fort à Tsuyoshi Fujita, le SEUL Japonais que je connais et que j'ai rencontré un mois plus tôt à l'Invitational. Nan, c'est trop gros, je dois confondre, d'autant qu'il ne semble pas me reconnaître. Au bout d'un moment il me demande si je connais Antoine Ruel. Bah c'est-à-dire que c'est mon frangin !
"OOOOH OLI!!! It's me! Tsuyoshi!!!!"
Là-dessus il m'invite à le rejoindre, ses potes et lui me font une petite place pour une nuit courte mais fort agréable, et je commence le tournoi avec le sentiment que rien ne peut m'arriver. J'ai besoin d'une demi-finale (sur genre 400 joueurs) pour rentrer dans mes frais. Après un premier jour moyen, je signe un perfect jour deux pour rallier le top 8 où je m'incline en demi-finales. Pas grave, le voyage est remboursé et il me reste un petit plaisir. Seules deux personnes savent que je suis au Japon, ma mère, à qui j'ai spécifiquement dit de ne pas prévenir Antoine (bien trop envie de l'appeler pour lui dire "Hey! Ca roule ? Moi aussi merci, je suis au Japon, je viens de gagner un GP") et Jean-Fred D'Oste, que j'ai appelé depuis mon agence de voyage pour qu'il check la ville du GP, que je n'avais pas mémorisée.
J'appelle donc Antoine :
"- Allo Antoine (huhuhu)
- Ouais, t'as gagné ta demi ?
- Euh non, je me suis fait défoncer
- T'es naze"
Mais saloperie ! Mon effet de surprise !! Antoine était évidemment passé par Ostelen et avait appris par Jean-Fred mes plans pour le week-end.
Deux choses sont ressorties de ce voyage : le début d'une relation très forte avec le Japon et les joueurs japonais d'une part, et le renforcement de l'idée selon laquelle la vie est bien plus drôle quand on préfère l'improvisation à l'organisation, l'inconnu à la facilité. Petit à petit, j'ai pris plus ou moins consciemment l'habitude de laisser une petite marge de risque et d'inconnu pour créer des situations chaotiques et m'y confronter. Je pense que j'ai longtemps été très bon pour me mettre dans des situations compliquées, mais que j'ai rarement eu à en payer le prix car j'étais encore meilleur pour résoudre les crises que pour les provoquer.
Effectivement c'était Cyril Grillon.
J'avais oublié ce scandale avec Dark Ritual-Yawgmoth's Will. Manu Vernay et Philippe Mongauze il me semble s'étaient notamment fait exclure.
11) Je ne pensais pas parler du Japon mais vu que tu me tends la perche.
Il y a depuis environ une quinzaine d'année, un engouement sur la culture asiatique et notamment celle du Japon.
Je t'avoue que malgré le fait d'avoir été bercé par Dragon ball, et sans avoir absolument rien contre, je n'ai pas eu cette curiosité ou l'envie d'en savoir plus.
Qu'aurais-tu envie de nous dire justement sur le japon ou les japonais ? Qu'est-ce que tu apprécies chez eux ?
Perso j'ai grandi devant la 5 puis le Club Dorothée, Les Chevaliers du Zodiaque, Olive & Tom, Dragon Ball, Ranma 1/2 etc. avant de lire les mangas papiers, de commencer à voir des films nippons, à découvrir la gastronomie locale (ou tout du moins la vision française de celle-ci). Du coup, j'ai toujours baigné de cette culture et été très attiré par ce pays si proche et si loin à la fois.
Puis j'ai eu la chance de partir là-bas à 20 ans et ça a été un coup de foudre immédiat. Tout me semblait si nouveau et si familier à la fois, les gens étaient si prévenants quand bien même leur niveau en anglais était le plus souvent exécrable. Je crois d'ailleurs que c'est sur ce point que s'est construit cette belle complicité avec les nippons : pour moi qui accorde beaucoup d'importance au feeling, à l'énergie que dégage la personne en face de moi, une communication non-verbale peut être très épanouissante. Dans le cas de ma familiarité avec les japonais, ce qu'on appelle généralement la barrière de la langue a au contraire été un pont entre eux et moi. A quoi bon s'embarrasser du verbal quand on s'entend aussi bien en s'en tenant au strict minimum ? D'autres joueurs comme mon frère ou Guillaume Matignon te diraient sans doute la même chose.
Aujourd'hui encore je suis un très gros consommateur de mangas et j'ai des amis japonais qui sont venus l'an dernier dans le nord pour mon mariage. Tiens, d’ailleurs, en parlant mangas, je ne joindrais pas le lien à ma réponse, ça ne serait pas très légal me semble-t-il, mais pour ceux qui ont joué à Magic fin 90, je recommande hautement le manga" Destroy all Humankind, they can't be regenerated". Pas que ce soit le meilleur manga de tous les temps, loin s'en faut, seulement 5 chapitres, mais ça a un beau côté nostalgique à base d'"Armure empirée", de "Gloom" et de Corpse Dance-Glob Gnomes et je prends beaucoup de plaisir à le lire.
Corpse dance-glob gnomes... ah toute une époque ! Cartes qui ont permis d'ailleurs à la Power team, mon équipe de gagner les championnats d'île de France !
Du coup, profitons-en pour passer à la question le plus le moins !
12) La question le plus le moins...
La plus belle combo ?
Si on peut appeler ça une combo, je me souviens d'une game que je ne pouvais plus décemment gagner, où mon adversaire avait joué Oblivion Ring sur mon propre Oblivion Ring. Plutôt que d'aller chercher une très faible proba de victoire, j'ai enchaîné un paquet de plays qui ont dû paraître particulièrement stupides à mon adversaire, dans le but d'arriver à la situation où je pourrais jouer un troisième Ring sans qu'aucun autre permanent ne soit présent sur table. Et, si la règle a je crois changé depuis, à l'époque les trois Rings se removant à tour de rôle, on était pris dans une boucle infinie et la partie s'est terminée en match nul. Puis j'ai gagné l'extra-game et le match.
Pour moi il n'y a rien de plus gratifiant qu'une victoire obtenue en pensant outside the box.
La combo la plus merdique que tu as vu ou joué ?
Hmm... Ah si j'en ai une pas mal. C'est arrivé à Raphaël Lévy, aux Championnats du Monde à Sydney (en 2001 si ma mémoire est bonne). Son adversaire pose Sneak Attack, tape un rouge et l'active. Raph s’apprête à concéder quand son adversaire révèle Phage. Raph relit la carte, lui dit que s'il ne s'abuse il vient de se suicider, l'autre appelle un arbitre, arguant qu'un Judge a validé sa combo avant le tournoi. Évidemment le rulling va en faveur de Raph qui remporte la game. Une combo merdique c'est une chose, mais là on tutoie le divin : une combo qui te fait perdre instantanément.
Meilleur deck que tu as joué ?
CAL au GP Bilbao, au GP Pékin et aux Worlds à Yokohama qui ont suivi. A la base, il y a un deck rouge-vert Seismic Assault-Life From the Loam-Mitard créé par Makihito Mihara. Je connaissais le format sur le bout des ongles, et j'ai fait le meilleur build de ma carrière.
A 23h la veille, j'ai décidé d'y ajouter Dark Confidant, Duress et Cabal Therapy. J'ai fait 15 games tout seul, vu que ça tournait et ça m'a suffit. Dans la foulée je remportais Bilbao, perdait en 1/2 sur une énorme boulette à Pékin et faisait 4 victoires 2 draws dans la portion étendue des Worlds. Le deck était extrêmement fort et en plus, vu qu'il était tout nouveau, personne n'y était vraiment préparé.
"Moi et tsuyoshi Fujita, ne me demande pas ou j'avais chopé ces lunettes!"
Plus mauvais deck que tu as joué ?
Alors ça il y en a eu un paquet! En compétitif, je dirais un deck Bant Combo en bloc construit Odissée. Le jeu était basé sur la combo entre Mirari's Wake et Time Strectch, il n'était franchement pas si mal (j'ai fait 4-2 au jour trois des worlds avec) mais ne pouvait absolument pas battre le jeu le plus joué du format, UG Madness. Autant dire que pour accepter de perdre quasi d'office contre 25% de la salle, tu as intérêt à être trèèèès fort contre tout le reste. Là, je faisais plutôt 50/50 contre le reste du field, donc c'était un choix profondément débile. Encore que ça n'en fait pas un deck faible, juste inadapté à un metagame, mais c'est surtout ça l'histoire de mes choix de jeu en tournois.
Je ne choisis pas des mauvais archétypes, et même quand c'est le cas je les bosse assez pour pouvoir me défendre avec, mais je prends davantage en considération le plaisir que je prends en jouant que la place du deck qui m'intéresse dans un metagame donné.
Et le plus mauvais deck que tu as vu en face de toi ?
Alors ça ne devrait pas compter parce qu'il s'agit de limité, et que j'en ai joué et affronté des centaines de jeux merdiques en type 3, mais je vais te dire la dernière ronde suisse du Gran Prix Porto 2000. Antoine est déjà dans le top 8, je le rejoins si je remporte ma table. Ca tombe bien, je suis en finale. Bob Maher (alias Dark Confidant), qui vient de paumer contre mon adversaire, vient me voir et m'explique que je n'ai qu'à jouer des lands et des sorts pour m'imposer. Puis il regarde mon sideboard, voit deux créatures 1/2 pour deux, et me dit "Ca, tu rentres, c'est plus gros que toutes ses bêtes". Et en effet, mon adversaire, qui était à 2-0, jouait un deck remplit de 12è picks, 1/1 pour 1, 2/2 pour 3 etc. Comment avait-il gagné ses deux matchs ? Aucuuune idée.
C'était assez bizarre comme match, l'impression de jouer contre un enfant sans aucunement ressentir la tension dramatique d'une rencontre pour le Top 8.
Meilleur joueur ?
Dur à dire, je crois que je n'ai jamais affronté ni vu jouer Finkel, et Budde est certainement le pro contre lequel j'ai les meilleures stats en carrière, mais aux vues de leurs stats, ce sont les deux que j'ai envie de mettre en avant.
Ensuite, si on parle de skills pures, les deux joueurs qui me viennent en tête son Farid Meraghni et Katsuhiro Mori. Deux drôles de loustics ces deux-là, des talents évidents mais sans doute un peu trop instables pour atteindre les sommets auxquels ils auraient pu prétendre.
Pire joueur ?
Hmm...
Option A) j'élude,
option B) je balance une private joke sur quelqu'un, option
C) j'humilie quelqu'un.
Je vais donc choisir un mix des trois en disant Raphaël Lévy, mais pas le Raph des tournois, celui des tests. Raph, c'était le mec qui ne teste presque pas, qui gratte des jeux au dernier moment, qui perd le gros de ses games de test (non sans revenir tout le temps en arrière), mais qui a tellement de talent qu'il est extrêmement régulier dans la performance. J'aurais pu l'inscrire dans la réponse précédente d'ailleurs, si son investissement à l'entraînement avait été à la hauteur de son talent, je suis convaincu qu'il aurait fait une carrière façon Budde ou Finkel.
Le joueur le plus sympa ?
Bordel il y en a tellement:-) . Si je ne dois en citer qu'un, ce sera Alex Peset. L'année où je remporte le France (2003 je crois) il termine 3è. Puisqu'on est tous les deux dans l'équipe de France et que notre équipier, Gabi (Nassif), n'est pas dispo, on se programme un mois ensemble à New York puis San Francisco. S'en suivront un déménagement à Lille, 5 ans de coloc, la création d'un magazine, un ptit chat et beaucoup de belles aventures. Je profite du fait que mon fils ne sache pas encore lire pour le dire, mais au classement des rencontres qui ont changé ma vie, Alex est certainement en première place.
Le moins sympa ?
Alors c'est une réponse que je vais nuancer, mais assurément Tom Guevin. Je dis nuancer, parce que le mec relève plus du cas pathologique du connard de base. Mais bon, un mec qui te trashtalk à longueur de partie (mais vraiment de A à Z) sous l’œil complaisant des arbitres qui le considéraient comme une sorte de Mc Enroe et encourageaient la chose, qui ment aux arbitres, etc.
Je me souviens d'une partie en Troll à deux têtes où Antoine et moi affrontons son frère et lui. A un moment, après avoir lâché un removal de masse sur nos créatures, il lance "Haha j'ai l'impression d'être les Allemands sur la France en 42 !"
Il fallait voir les réactions des trois autres : son frère en mode "Et merde, il a recommencé", Antoine "Attends... j'ai bien entendu là?" et moi en mode rien à foutre, je connais l'animal, je préfère me concentrer sur le match.
Le joueur pro le plus investi ?
J'ai essayé de l'être pendant des années. Comme je le disais plus tôt, j'ai vite compris que j'étais doué mais qu'il y avait bien plus doué que moi, donc qu'il fallait toujours que j'en fasse plus que les autres pour les rejoindre aux sommets puis m'y maintenir. Aujourd'hui je n'en sais sincèrement rien, je ne suis plus trop les coverages.
Le joueur pro le plus what the fuck ?
Il n'a pas été pro pendant longtemps, mais difficile de ne pas citer Farid à nouveau. On parle d'un mec qui dispute son premier tournoi et gagne un Pro Tour un an plus tard sans que ça ne choque personne qui le côtoie régulièrement. Un mec qui au Poker commence sa journée avec 30 dollars, finit à 30 dollars mais en a eu plusieurs milliers entre les deux sans à nouveau que ce soit une surprise. Et globalement, autant que je puisse juger de ce qu'il était il y a dix ans, c'était comme ça dans tout.
Et je parle là d'un mec sans filtre, pour le meilleur et pour le pire, ce qui pouvait le rendre imbuvable comme adorable selon la personne en face de lui et le timing.
Gabriel Nassif, Olivier Ruel et Alexandre Peset
13) Comment définirais-tu en un mot, oui un seul, chacune des personnes suivantes :
Gabriel Nassif : Américain
Kai Budde : Juggernaut
Bertrand Lestrée : pionnier
Emmanuel Beltrando, Cajus von engelmann : facilitateurs
Richard Garfield : manitou
Franck Canu : vicelard (et ce n'est pas péjoratif :-) )
Amiel Tenenbaum : bière
Jon Finkel : icône
Eric Vinh : gâchis
Olivier Ruel : grand enfant (oui je sais, ça fait deux mots)
Je me permets tout de même une ou deux petites précisions. Concernant Gab, je mets "Américain", car je trouve qu'il a créé un pont entre les joueurs français et américains de la même manière que moi avec les Japonais.
Pour Vinh je parle de gâchis uniquement sur le plan Magic. En terme de skills pures il était bien au-dessus du lot dans la génération Ostelen et en jouant autant que nous il aurait certainement eu une carrière brillante.
Amiel enfin, est quelqu'un que je trouvais un peu trop grande gueule et assez agaçant au début, puis que j'ai appris à connaître et à beaucoup apprécier, mais avec qui je n'ai pas gardé de lien. Du coup je mets bière, parce qu'Amiel, si tu passes par là, ça me ferait très plaisir qu'on aille s'en boire une à l'occase !
14) Tu as répondu Vicelard pour Franck.
Il possède une réputation sulfureuse.
D'un côté le joueur chevronné, présent chaque jour à Ostelen enchaînant les tournois, avec une hargne incroyable, un côté vicelard effectivement afin d'être plus malin que son adversaire en trouvant des manières psychologiques mais légales de prendre le dessus sur son adversaire par le trashtalk ou grâce à la psychologie humaine.
De l'autre, une réputation de tricheur abusant de tour de passe-passe (Double side, des terrains se dégageant alors qu'ils ne le doivent pas, etc..)
Mais restant pour moi tout de même quelqu'un d'attachant (attachiant ?).
Tu as été toi-même à une époque exclu de compétition pour triche. Me viennent donc plusieurs questions.
14 A) Toi qui a connu Franck, que souhaiterais-tu nous dire justement sur son comportement à l'époque, du comportement filou à celui moins légal ?
Déjà, il y a une question de contexte. Il faut voir qu'on parle d'une époque et d'un environnement dans lequel les comportements antisportifs étaient encouragés et récompensés. Aujourd'hui, des mecs de cette époque se feraient DQ cinq fois par tournoi pour des plays ou des comportements qui étaient alors monnaie courante. Franck faisait partie de ceux qui profitaient de cet état de fait. Un exemple des plus marquants tient dans un jeu basé sur Yawgmoth's Will et Urza's Bauble. Le but n'était pas tant de générer du card advantage, que de coller des warnings à tout bout de champ à l'adversaire qui aurait omis de te rappeler de piocher pour Buble à son upkeep. Sacrément tordu quand tu y penses, d'autant plus que ça fonctionnait, les warnings et les game loss tombaient les uns après les autres.
Mais cet état d'esprit, s'il a tiré les joueurs vers le bas éthiquement parlant, les a aussi tiré vers le haut en terme de niveau de jeu. Ceux qui subissaient se devaient d'être vigilants, mais ceux qui agissaient ainsi progressaient également. Ils apprenaient non seulement à être particulièrement attentifs à tout ce qui se passait dans la partie, mais aussi à penser "outside the box", à aller chercher des solutions là où elles n'étaient pas supposées exister. Et l'ensemble de tous ces facteurs mettaient Franck, pour parler de lui, dans un état d'esprit "tout pour la victoire" qui le rendait très très fort mentalement et faisait de lui un meilleur joueur.
En sortant de cet univers-là et en démarrant sur le circuit pro, on a découvert , presque avec étonnement, qu'un environnement compétitif pouvait également être sain, là où à Ostelen la compétition supplantait par moment l'aspect "jeu" à proprement parler de Magic.
Joueur professionnel : Un métier sérieux
14 B) A moins que tu souhaites en parler de toi-même, je ne te demanderai pas si tu as effectivement triché.
Par contre, j'aimerais que tu nous parles de ce que tu as pu rencontrer au fil de tes années au haut niveau.
Gabriel me racontait dans son entretien, que vous étiez persuadé tous les deux à l'époque que la triche était normale et généralisée notamment aux états-unis comme c'était le cas en France.
Qu'as-tu envie de nous dire de par ton expérience sur ce qu'il faut faire ou non pour obtenir un avantage sur son adversaire que ce soit de manière légale ou non et ce que tu en as vu ?
C'est marrant, quand j'ai lu cette phrase de Gab ça ne m'a rien dit. Aujourd'hui, je me dis que c'est typiquement le genre de conneries que j'ai pu raconter à des Français qui découvraient les PT ou les deuxièmes jours de GP, type : "Tu joues contre...? Ah... Merde... Fais gaffe à son nombre de cartes en mains, et puis à ses land drops, et surveille le bien quand il mélange" quel que soit l'adversaire. Je me souviens que je trouvais ça drôle à l'époque, mais c'était un peu connard de ma part en fait quand j'y repense ! Pour ce qui est de l'anecdote de Gab, je pensais sans doute vraiment ce que je disais, selon la logique débile suivante :
- Autour de moi, pas mal de gens grugent ou font des trucs très limite.
- Je joue bien, je suis fort (le genre de certitudes qui s'envole assez vite quand tu réalises l'écart avec les mecs du dessus), or beaucoup de mecs font des meilleures perfs que moi.
- La remise en quesquoi ?
=> TOUS DES GRUGEURS !
Pour ce qui est de ma suspension, de ses causes et de ses conséquences, je t'avoue que je n'ai pas particulièrement envie de revenir en détail dessus. Par contre je peux te dire que pour ce qui est de faire des trucs borderlines poussé par ma soif de victoire, je n'en suis pas forcément fier mais j'en connais aussi un rayon. Un exemple tout con : dans le temps, mater un pick de ton voisin pendant un draft de coûtait un warning. A ce prix-là, je peux te dire qu'à plusieurs reprises je ne me suis pas gêné. Quand tu vois ce que l'information te rapporte pour un coût aussi modique, c'était tout de même tentant. Je me suis fait DQ d'un GP pour avoir maté la main de mon adversaire pendant tout le match à travers ses lunettes de soleil. Bon, il se trouvait que j'avais le droit, mais la DQ ne me choque pas pour autant, c'était encore plus anti-sportif de ma part que con de la part du mec en face.
Quand je suis revenu de ma suspension, il était évident que je serais épié à la loupe, et j'ai dû faire avec. Pas avec le fait d'être clean de chez clean, ça ça allait, mais de compenser ce petit moins en terme de rage de vaincre que représentaient les comportements limites. Tiens, mon adversaire mélange son deck de façon à ce que je puisse tout voir ? Non ! Fais gentiment remarquer à monsieur ce qu'il est en train de faire et concentre-toi sur le jeu et juste sur le jeu !
Du coup plus d'entraînement encore, plus d'application, plus de concentration à l'entraînement comme en tournoi. Je ne fréquente plus le PT aujourd'hui, mais si tu veux un avantage, tu vas aller le chercher à la loyale. Teste mieux et plus, trouve de bons partenaires d'entraînement, remets-toi en question régulièrement, trouve les leviers qui t'amènent à monter en motivation et active-les aussi souvent que possible. Tu veux un edge ? Sois meilleur que ton adversaire, fut-ce le temps d'un match que tu as mieux préparé que lui.
15) Pourrais-tu nous parler d'un auteur ou d'une œuvre importante à tes yeux, que ce soit en littérature, théâtre, cinéma, jeu, etc... que tu souhaiterais faire découvrir ou redécouvrir à mes lecteurs ?
Je vais même te parler de plusieurs, mais je vais faire court pour chacun (sinon tu ne vas pas avoir une nouvelle réponse de 20 lignes mais de 20 pages).
Livres
- La Horde du Contrevent, d'Alain Damasio. Pas la peine d'en faire un dessin, vu le genre de public que tu dois viser, celles et ceux qui liront ces lignes l'auront déjà lu où en auront au moins entendu parler. Les autres vous pouvez vous rendre dans la bibliothèque la plus proche.
- Autoportrait de l'auteur en coureur de fond, d'Haruki Murakami. J'apprécie déjà beaucoup Murakami à la base, mais cette biographie centrée sur la pratique de la course à pied a énormément raisonné en moi et changé ma vision de la pratique du sport.
- L'enfant bleu, d'Henry Bauchau. L'histoire d'une femme qui travaille dans un hôpital de jour et d'un jeune adolescent très perturbé. En travaillant ensemble ils s'apprivoisent l'un l'autre mais s'apprivoisent également eux-mêmes. Comme dans le cas du livre de Murakami, celui-ci est entré dans ma vie au meilleur moment, celui où j'ai commencé ma formation de thérapeute. Il montre toute la violence mais aussi toute la beauté du travail, chez le soignant comme chez le soigné.
BD/Mangas
-Watchmen d'Alan Moore, même commentaire que pour la Horde.
-Hikaru no Go de Takeshi Obata & Yumi Hotta, l'histoire d'un gamin hanté par un fantôme génie du go qui va l'initier au jeu avant de le voir monter petit à petit les échelons. C'est à la fois un manga formidable d'intensité, d'émotions, qui parvient à nous passionner d'un jeu qu'on ne connaît pas ou peu. Mais c'est aussi un univers qui me rappelle sur pas mal de points mon expérience de joueur de Magic, du statut de néophyte à celui de professionnel.
Jeu
-Footmania chez ludodélire. A la base, c'est une sorte de Monopoly où tu achètes des joueurs plutôt que des propriétés puis tu disputes des matchs contre les autres joueurs, et c'est un jeu mythique de mon adolescence. La suite, c'est il y a quelques années quand, avec mes colocs fans de foot comme moi, on achète plein de paquets panini du monde entier, et on customise le jeu en collant des photos de vrais joueurs sur les cartes :-)
-Super Metroid sur Super Nes. Cette ambiance, ces musiques, Mama mia !
-Chrono Trigger, toujours sur Super Nes. Merci à Alex Rivière de me l'avoir prêté récemment, le jeu est absolument incroyable, et je le recommande fortement à tous ceux qui, comme moi, sont passés à côté dans le temps car il n'était jamais sorti en Europe. Pour la petite histoire, c'est un RPG qui intègre des voyages spatio-temporels et une intrigue qui s'étale sur 4 ou 5 époques.
Théatre
J'y vais très peu donc je ne serais pas forcément de très bon conseil, mais j'ai très très envie d'aller voir Blanche Gardin, l'autre femme de ma vie. La première étant Charline Vanhoenacker, ma femme est en 3.
Série
Six Feet Under, le quotidien d'une famille de croque-morts que tout sépare à l'exception des névroses et de l'omniprésence de la mort dans leur quotidien. Puis je ne veux pas spoiler, mais c'est sans doute la série dont j'ai préféré la fin.
Domino's Ligue 2 : un feuilleton hebdomadaire prenant où je suis chaque semaine la lutte de mon club de cœur, le Fc Sochaux-Montbéliard, pour ne pas sombrer plus bas encore.
WWE NXT : un feuilleton hebdomadaire prenant où je suis chaque semaine des hommes en slip se foutre sur la gueule avec des storylines plus ou moins cohérentes.
Album
From a Basement on the Hill d'Elliott Smith, sans doute objectivement pas son meilleur album, mais c'est celui par lequel je l'ai découvert. Ensuite j'ai appris qu'il était mort (de façon sordide à souhait d'ailleurs), du coup j'ai eu le temps de rattraper toute sa discographie dans le désordre.
Film
Ca dépend tellement des périodes... Tiens, je vais citer le dernier que j'ai vu : "La sociologue et l'ourson" un documentaire sur les mois de débats à l'assemblée nationale du mariage pour tous. La mère du réalisateur est sociologue spécialisée des questions de la famille et à chaque fois qu'elle prend la parole dans le doc, elle est représentée sous la forme d'une marionnette en peluche, au même titre d'ailleurs que tous les personnages apparaissant dans les histoires qu'elle raconte pour éclaircir son propos. C'est très drôle, émouvant, éclairant et toujours très pédagogique. J'ai hâte que mon fiston grandisse pour le lui montrer !
16) Nous avons parlé de ta vie égocentrée de joueur de Magic, puis de ta vie centrée maintenant cette fois sur l'épanouissement de ta famille.
J'ai senti, à tort ou à raison, un besoin pour toi désormais d'altruisme ou du moins d'éthique, notamment peut-être par ton travail en biocoop.
Nos campagnes se désertent en oiseaux, depuis 30 ans, les élites se cooptent entre elles pour rester au pouvoir, 90% des médias sont détenus par quelques milliardaires, les militants écologistes sont fichés S.
Comment vois-tu l'avenir pour tes enfants et que tu souhaiterais-tu leur laisser comme message pour les années futures ?
Liste peu encourageante et pourtant non-exhaustive que tu dresses ici. Tu peux rajouter la montée des nationalismes qui, selon le sens de l'histoire, mènera certainement à des guerres à un moment où à un autre. Ou cette tendance à toujours se construire dans l'opposition, à chercher le clivage, notamment en politique (gilets jaunes, migrants etc.), à chercher la facilité en permanence plutôt que de s'appuyer sur des convictions. Politiquement parlant, à appliquer des mesures court-termistes nécessairement inefficaces, sortes de pansements sur des plaies béantes, pour répondre à cette logique absurde du tout, tout de suite. Les plans à long terme ce n'est pas très vendeur pour les électeurs, si on applique une mesure efficace dans 20 ans, qui sait si ce n'est pas l'opposition qui en récoltera les fruits ? Autant ne rien faire !
Aujourd'hui on refuse des bateaux de migrants, on préfère laisser crever des gens plutôt que de les secourir. Quand on n'est pas capable de (ou qu'on ne désire pas) venir en aide à quelques centaines de personnes, outre le côté inhumain de la chose, comment prépare-t-on la suite ? Dans quelques dizaines d'années, c'est par millions qu'il faudra que les pays du nord s'apprêtent à accueillir les réfugiés climatiques, c'est aussi cette transition là à laquelle on répond aujourd'hui de la pire des manières.
Comment, dans ce cas, répondre à ces problématiques de façon individuelle ? En acceptant la dure réalité sans jamais sombrer dans le fatalisme, en apportant sa petite goutte d'eau, en faisant sa part. En réfléchissant long-terme et collectif, en ne répondant pas aux appels à la haine, en passant des messages d'amour, de respect et de tolérance à la génération à venir et en espérant qu'elle fasse de même avec les suivantes. Ca serait déjà un bon début :-) .
Olivier et sa compagne au Japon
17) Olivier, c'est malheureusement la fin de cet entretien, en prenant en compte ta vie professionnelle et personnelle, es-tu heureux ?
Je suis dans une phase un peu compliquée, mais pour autant, oui, je suis vraiment heureux. J'ai une femme et un bébé que j'aime, des amis précieux bien que je ne vois pas suffisamment, un boulot dans lequel je m'épanouis et j'entame des études qui me passionnent. Je sens que ma vie évolue, doucement mais sûrement, vers davantage de fluidité et de cohérence. Comment ne pas être heureux dans ces conditions ? :-)
Merci à toi pour cette interview, j'y ai pris beaucoup de plaisir, et merci à ceux qui ont pris le temps de lire mes loooooongues réponses !
Merci à toi Olivier pour le temps pris et ta sincérité.
Pour ceux qui souhaiteraient soutenir mes entretiens, voici ma page tipeee, même un petit geste fait plaisir et vous pourrez contribuer à d'autres interviews réalisés sur des festivals (Cannes, Paris est ludique, Essen...) :
Merci à mes Tipeeeurs de me soutenir : Arnaud Urbon, Bruno Faidutti, Emilie Thomas, Nicolas Soubies ,Virgile De Rais, Pierre Rosenthal, et Ludikam!
Pour ceux qui souhaiteraient découvrir les précédents entretiens, mes animations ou suivre ma page facebook :
http://www.facebook.com/jeuxviensavous/
Saison 1
Yves Hirschfeld
Benoit Forget
Bruno Faidutti 1ère partie
Bruno Faidutti 2ème partie
Naiade
François Haffner 1ère partie
François Haffner 2ème partie
Pierô Lalune
Timothée Leroy
Mathilde Spriet
Sébastien Pauchon
Tom Vuarchex
Vincent Dutrait 1ère partie
Vincent Dutrait 2ème partie
Christophe Boelinger 1 ère partie
Christophe Boelinger 2ème partie
Régis Bonnessée
Roberto Fraga 1ère partie
Roberto Fraga 2 ème partie
Cyril Demaedg
Bruno Cathala 1 ère partie
Cyril Blondel
Bruno Cathala 2ème partie
Yahndrev 1ère partie
Yahndrev 2ème partie
Emilie Thomas
Sebastien Dujardin
Florian Corroyer
Alexandre Droit
Docteur Mops 1ère partie
Docteur Mops 2ème partie
Arnaud Urbon
Croc
Martin Vidberg
Florent Toscano
Guillaume Chifoumi
Nicolas Soubies
Juan Rodriguez 1ère partie
Juan Rodriguez 2ème partie
Bony
Yannick Robert
Docteur Philippe Proux
Franck Dion 1ère partie
Franck Dion 2ème partie
Franck Dion 3ème partie
Yoann Laurent
Carine Hinder et Jerôme Pélissier
Dominique Ehrhard
Christian Martinez
Maxime Savariaud
Véronique Claude
Shadi Torbey
Saison 2
Fabien Bleuze
Serge Laget
Djib 1ère partie
Djib 2me partie
Florian Sirieix
Farid Ben Salem 1 ère partie
Farid Ben Salem 2ème partie
Julien Lamouche
Jean-Louis Roubira 1ère partie
Jean-Louis Roubira 2ème partie
Philippe des Pallières 1ère partie
Philippe des Pallières 2ème partie
Julian Malgat Tome 1
Philippe Tapimoket 1ère partie
Philippe Tapimoket 2ème partie
Théo Rivière
Reixou
Nicolas Bourgoin
Natacha Deshayes
Gary Kim
Emmanuel Beltrando
Tony Rochon
Thierry Saeys
Lia Sabine
Igor Polouchine 1ère partie
Igor Polouchine 2ème partie
Bernard Tavitian
Marcus 1ère partie
Marcus 2ème partie
Gaetan Beaujannot
Jean-Michel Urien
Michel Lalet 1ère partie
Michel Lalet 2 ème partie
Michel Lalet 3ème partie
Christophe Raimbault
Gaelle Larvor / Nam-Gwang Kim
Stefan Feld
Saison 3
Catherine Watine
Jean-François Feith
Nadine Seul 1ère partie
Nadine Seul 2 ème partie
Guillaume Lemery 1 ère partie
Guillaume Lemery 2 è me partie
Jérémie Fleury Tome 1
Aurore Matthey
Richard Garfield
Rémi Amy
Eric Jumel
Hadi Barkat
Roméo Hennion
Clément Leclercq
Blaise Muller
Claude Leroy 1ère partie
Claude Leroy 2 ème partie
Marie Cardouat 1ère partie
Marie Cardouat 2ème partie
Gabriel Nassif 1 ère partie
Gabriel Nassif 2 ème partie
Grégoire Sivan
Saison 4
Julien Sentis
Bertrand Arpino 1 ère partie
Bertrand Arpino 2 ème partie
Olivier Ruel 1 ère partie