Organisateur
d'événements ludiques
Jeux Viens à Vous David Bonnifacy alias Bony
Qui ne connait pas Bony le ludonaute, s'exprimant sur le caca d'Imagine?
Non vous êtes sûr?
Et si je vous dis David Boniffacy, cela vous dit quelque chose?
L'auteur de l'hilarant Ouga Bouga, mais surtout l'illustrateur de plusieurs dizaines de jeux notamment pour Ilopeli ou Les Jeux Opla
J'ai eu le plaisir de rencontrer Bony à Cannes par l'internédiaire de Roberto Fraga, nous avons même failli manger tous ensemble au restaurant, mais un certains Nicolas Soubies m'a coupé dans mon élan...
Ce n'est que partie remise, mais en attendant voici son entretien.
J'y rencontre un Bony, drôle, sincère, parfois corrosif, mais attachant.
Nous évoquons son métier d'illustrateur, mais également celui de graphiste, il soumet le logo de Jeux Viens à Vous à un rude test, il nous parle ensuite d'Arnaud Urbon avec qui, il a une relation particulière , de Charles Chevalier, de sa Porsche et des revenus dans le monde ludique, de Lapin, de Florent Toscano, de Tony Rochon en couple avec Nicolas Bourgoin pour l'occasion, de Juan Rodriguez, et de Lilie sa compagne pour qui il tient un discours poignant...
En Goodies :
Bony a eu la gentillesse de réaliser des dessins spécialement pour Jeux Viens à Vous!
Merci à lui
1) Bony, bonjour, aurais tu la gentillesse de te présenter ?
Tu peux m’appeler Bony. Sinon je ne réponds pas.
Je m’appelle David BONIFFACY, Je me fais appeler Bony et j’aime ça parce qu’un pseudonyme c’est souvent mieux qu’un surnom.
J’ai 39 ans, je suis petit, plutôt gros, cheveux gras. Je vis à Poitiers avec Lilie plus un chien et des lapins. Dès que nous aurons terminé de retaper notre maison, nous déménagerons pour la cambrousse pour avoir plus d’autonomie et plus d’animaux de compagnie (voir même des enfants de compagnie si possible).
Professionnellement, j’ai fêté mes 20 ans en tant que graphiste et directeur artistique. J’ai eu mon premier client sérieux à 19 ans. A 24 ans, maitrise en poche, J’ai fondé ma propre agence de communication miniature, Effet TARENTE. 5 ans et puis ce fut la remise en question. Déménagement vers Poitiers. Au début, j’ai vécu ça comme un échec social, incapable de m’adapter à Marseille et ses environs. Et puis finalement, avec mes premiers clients en tant qu’illustrateur de jeux je vis une épiphanie sociale et professionnelle. J’accepte la Vienne et me réjouis de vivre au milieu de ses habitants. J’ai eu, il y a trois ans, un passage à vide, mais depuis le début d’année je suis a nouveau les doigts dans la prise ludique et je compte bien faire sauter la centrale avant de sentir le cochon grillé.
D’un point de vue personnel, je suis flexivore, j’aime ma chérie, la nature, la simplicité (putain on dirait une miss France) et la lucha libre (ouf!.. Ah merde, on dirait une miss Mexique du coup).
Je suis fan de BD, de science fiction et de jeux de société (non mais vraiment fan! genre pas comme le bébé de la biche quoi !!).
Je suis attaché à des valeurs simples : la justice, la conscience de la responsabilité de ses actes, et l’inspiration. Pour être exact : je ne conçoit les gens qui m’entourent que par leur capacité à m’inspirer. C’est un moteur incroyable de trouver qu’une personne a, dans un tout petit coin du cœur ou du cerveau ou de l’estomac, l’énergie de faire quelque chose qui provoque chez toi un “WAOU!”. Avant j’apparentais ça au panache et pour faire ma part, j’étais un guerrier de l’injustice et pas uniquement car je m’impliquais dans toutes les guerres perdues d’avance. ça m’a surtout rapporté des remontées acides. Quand on combats contre des causes que l’on juge sales et nuisibles, on leur fait face, et au quotidien on ne voit plus qu’elles ! Aujourd’hui, je tourne le dos à mes pires ennemis mais ce que je contemple est beau et prometteur. Voila, moi, en Mars 2017.
2) Ca représente quoi le fait de dessiner pour toi ? Un métier ? Une passion ? Un Moyen de t'exprimer ? Comment d'ailleurs as-tu évolué au fil de ces 20 dernières années ?
Dessiner c'est un métier parce que l'on me paie pour ça. Et déjà c'est génial. Des fois j'ai l'impression de voler cet argent tellement mon job est cool. Comprends moi bien, c'est comme si tu aimais lire et que de temps en temps on te dise "si tu finis ce livre, je te file mille euros".
Dessiner c'est aussi une passion parce que lorsque j'en parle je peux être intarissable et lorsque je vois un maître, je peux rester, au contraire bouche bée pendant des heures à l'observer.
Le dessin, tout comme le jeu, est aussi, un exutoire. Un ticket pour s'échapper du quotidien et d'ailleurs on s'y oublie. Pour être plus précis je me souviens de certains cours de dessin documentaire que je suivais le soir à l'école des beaux arts de Poitiers : je pouvais dessiner un caillou ou une pomme de terre pendant trois heures sans lever le yeux et sans respirer (enfin pas autant qu'on le devrait ).
Mon évolution à du, de gré ou de force, être violente. Avant kairn et Ouga Bouga, j'étais un graphiste pur : logo, mise en page...il n'y avait que peu de place pour le dessin dans les projets que je menais. Je dessinais pour mon plaisir et sans avoir jamais appris. Le hic c'est que je me suis vite retrouvé au bout de mes limites, obligé d'apprendre des techniques pour répondre à mes clients. Du coup, passé l'excitation du nouveau contrat je me sentais mal. Un usurpateur. Je promettais au client un manchot qui fait des plongeons acrobatiques mais je n'étais même pas sur de ce qu'était un manchot ni si je savais le dessiner. Alors je me documentais beaucoup, c'est là que j'ai aussi commencé les cours de dessin.
Aujourd'hui je suis plus serein avec tout ça. J'ai fini par comprendre que c'est normal et que ça fait partit du job. Un client fait appel à toi parce qu'il a aimé tes oies sauvages mais il te demande un personnage habillé en steampunk à cheval sur un vélo à remonter le temps. Donc ce job inclut implicitement une période d'adaptation et de découverte du sujet (en l'occurrence la découverte du vélo).
En contrepartie, j'inclus beaucoup plus de dessins dans mes projets purement graphiques, comme si je commençais à décomplexer sur mes techniques de dessinateur. Je décomplexe mais je doute encore beaucoup. C'est pour ça que régulièrement des amis comme Arnaud Demaegd reçoivent des mails alarmistes demandant leur point de vue.
Donc je dirais qu'en huit années de dessin j'ai pris un peu d'assurance au moment de parler avec le client et j'essaie de me faire un peu plus confiance quand je me lance dans l'exécution des dessins tout en sachant que je ne sais sans doute pas encore faire ce que l'on me demande mais que je peux quand même y arriver.
3) Par rapport à ton métier de graphiste, et comment tu l'abordes. J'ai pu voir sur ton site, que tu avais réalisé celui de Forge next. Je n'ai pas compris dans tes propos si tu étais ironique ou pas expliquant que cela avait été un plaisir à concevoir Les logos d'entreprise, pour les illustrateurs sont souvent une manière de « manger », mais certains y voient une autre façon de travailler. Quel intérêt y trouves-tu personnellement ? Comment aborde t-on ce genre de projet ? Peux tu nous raconter la chronologie de ce projet par exemple ? (Les retours avec le client etc...)
Je le dis en toute franchise : j'aime faire des logos. Je trouve qu'il y a quelque chose de beau et de pur dans le logo. La conjugaison des goûts du client et des valeurs de la société.Idéalement, j'évite les compromis, j'ai un point de vu précis sur les compromis : c'est nul! Et des fois, il faut savoir expliquer calmement à l'annonceur pourquoi ça ne ressemble pas du tout à ce qu'il m'a demandé.
Depuis 20 ans, j'en ai fait un paquet des logos. Plus d'une centaine sans doute. Certains cas ont besoin de temps pour leur proposer des choses plus acceptables. Tu me demandais pour Forgenext, et bien c'est exactement... le cas inverse ! Ce fut rapide, un beau coup de katana tranchant dans la jugulaire ! KOWABUNGA ! A l'époque, Je travaillais pour Forgenext en contribuant à un projet désintéressé et humain. L'équipe était agréable et efficace, il y avait Gaetan, la géniallissime Martine, le grand-visou-Laurent, Arnaud que tu connais maintenant mieux que quiconque et Damien. La conception du logo a été fluide et logique : quelques questions techniques a travers un cahier des charge, quelques questions plus personnelles comme "c'est quoi ton film préféré?" ou encore "tu es plutôt lapin ou chaton?". Une première série de propositions et au final, un logo qui a plu à toute l'équipe si ma mémoire est bonne. On y retrouvait un robot chelou (genre Goldorak au réveil) symbolisant l'imaginaire et l'enclume obligatoire rappelant la genèse de la société. D'un autre coté, les clients-auteurs, les clients-éditeurs, eux, ils n'y voient pas forcément ça en premier, mais plutôt la sobriété et le professionnalisme rassurant necessaire à une société comme celle-ci, sans doute grâce aux couleurs (gris soutenu avec des pointes lumineuses de vert) et des formes stables et géométriques... Pour comparaison, ça n'a RIEN A VOIR avec d'autres logos que j'estime présomptueusement réussis également, comme celui de fragames exprimant la folie légendaire et l'extravagance du créateur, Les jeux opla et sa simplicité "pas si simple" quand on le RE-regarde en pensant au jeu de mot contenu dans le nom ou encore le logo de ludibreizh qui tient plus de l'abondance festive ou encore celui de Envie de jouer et sa poésie des mots... comme tu vois, j'adore faire des logos que ce soit pour des jeux, des société, des associations, des évènements, des groupes de musique, des expo...
Bony, ses logos et ....Ses lapins!
Mais plus ça va et plus je me dis qu'il n'y a pas "bon" logo. Qu'ils soient appréciés esthétiquement, amusant, provocateurs, complètement amateurs ou avec une typographie mal choisie et un dessin bâclé LE SEUL CRITERE qui fait un logo réussit, c'est l'exploitation. Plus tu investiras dans ton logo, plus les gens en seront matraqué, plus ils s'en rappelleront. En ce qui concerne les éditeurs de jeux, je prends du recul face à ce dilemme efficacité/exploitation car le logo de l'éditeur n'a pas aussi d'importance que le graphisme et les dessin du jeu lui-même et moins d'importance que la ligne éditoriale. Un éditeur a besoin d'un logo, mais il n'a pas besoin que les clients-joueurs en boutique sachent identifier leur logo. C'est un constat mais ça ne m'empêche pas de me donner à fond a chaque fois. Mon prochain logo me tient particulièrement à cœur, pour un éditeur qui ne veut même pas d'emballage : Ludarden.
4 A) Ton analyse professionnelle, me donne envie de tenter un exercice et de profiter sournoisement de ton expertise. ^^ Prenons le logo Jeux Viens à Vous ! Pourrais-tu l'analyser, nous dire en quoi il correspond à l'image que doit avoir ma société et en quoi il peut être trompeur sur certaines de mes activités auprès par exemple des professionnels ? Une société doit t-elle avoir le même logo pour les particuliers et pour les professionnels ? Comment adapte-on l'image de la société suivant la personne en face ?
Hoho, je suis sculpteur de logo, pas prof et mon avis n'est pas parole d'évangile !
Voila une critique : tu as le logo que tu mérites ! Si tu en est fier et que tu l'arbore, dans ce cas, ce logo est parfait. Et s'il ne respecte pas les règles académiques, c'est peut-être parce que toi non-plus?
Si ta question suivante est "j'aimerai bien voir ce que donne mon logo fait par un autre?", je te répondrai "ahah mon lapin, sors ton chéquier car tout travail mérite salaire." C'est une règle importante sans quoi on ne respecte plus notre travail de graphiste ou d'illustrateur et j'ai déjà bien trop souvent bafoué cette règle.
Maintenant, si tu me demandes juste mon avis, j'ai forcément un point de vue. Ce sera long, douloureux et pas très pro parce qu’il me manque plein d’infos... Mais je peux essayer, C'est comme tu veux.
Pour ce qui est d'adapter ton logo en fonction du client, pourquoi pas, mais est-ce nécessaire Ton entreprise ne change pas, ce sont tes services qui changent. dans ce cas, prévois-toi une iconographie différente que tu placerais sur ton site ou tes devis. Et si tu veux que tes différents services apparaissent sur ton logo, c'est à ça que sert la phrase d'accroche, la "phrase vocation" qui est en dessous. tu n'as qu'a y inscrire les différents services. et le tour est joué. Par exemple, ton entreprise se nomme “JEUX VIENS A VOUS”, pourquoi ne pas avoir une phrase vocation du genre “...pour organiser, démontrer, animer...”. vire à domicile, on s’en doute vu le nom de ta boite et ton logo, et tape dans le sujet.
4 B) Non le but n'est pas de changer mon logo ^^
Et même si je me suis posé la question pour les entreprises afin de faire plus sérieux dans ce cas, le je ferais par le graphiste qui m'a fait l'original
Mais si le challenge d'analyse te tente, moi ça m'intéresse intellectuellement (mais te sens pas obligé si c'est quelque chose qui te semble long et sans intérêt pour toi)
En tout cas tes premières remarques, ne sont pas idiotes du tout !
Je vois dans ton logo beaucoup d'idées : animation, déplacement, sympathie, abondance de jeux, convivialité, "tout-terranisme", dynamisme, nostalgie mais aussi modernité, simplicité. En observant plus loin je dirais aussi que certaines valeurs apparaissent comme le partage et la diversité pourquoi pas même de la tolérance et un peu de "vis-ta-visme" ou de "dolce vita". bref, ça fait beaucoup. On dirait plus une illustration avec un titre. En fait, si on m'avait demandé une affiche pour un festival de jeu itinérant, j'aurais sans doute proposé quelque chose d'approchant. Mais peut-être pas pour un logo.
Pour un logo, j'aurais favorisé une ou deux idées, à toi de choisir auxquelles tu tiens. Par exemple, si cette voiture est un symbole important pour toi, gardons ce modèle, elle est sympathique, peut-être qu'elle n'a pas besoin d'être si cartoon, virons les yeux, la bouche. Les pions, est-ce important qu'ils soient si nombreux variés et colorés? tu as peut-être des animateurs bleus qui bossent pour toi? ou alors s'agit il de ta famille, mais pour éviter le malentendu, supprime les passagers, reviens à l'essentiel. Un truc récurrent qui me laisse froid, ce sont les boites de jeux. trop datées, trop spécifiques et pas assez identifiables au niveau du grand public. on vire. Les initiales, on se doute bien qu'il s'agit de ta voiture, on vire. certains te diraient qu'un logo dans les règles de l'art, ça se conçoit en noir et blanc et en tout petit pour après le décliner en grand et en couleur. Alors on vire les "trop de couleurs". Après je me pencherai sur la police de caractère, en soit, elle est sympa, un chouilla trop connotée western alors qu'il n'y a pas de lien, peut-être la changer et mieux intégrer l'ensemble qui doit faire un TOUT indissociable. texte + visuel = logo.
Il nous reste quoi ? un petit logo compact, un ensemble logique où s'imbrique ton nom une ancienne voiture plutôt classe, avec un rendu moderne et bondissant. Rajoute-lui par exemple un pion sous forme de gyrophare qui clignote sur le toit pour rajouter le coté "animateur d'intervention d'urgence anti-soirée moroses".
ce serait une des pistes que j'aurai exploré parmi d'autres.
Bony vise juste sur le logo Jeux Viens à Vous!
5A ) Tu me parlais d'Arnaud Urbon. Depuis tu as travaillé à plusieurs reprises avec lui dans le cadre d'Ilopeli Que souhaiterais-tu nous dire sur votre façon de travailler ensemble, et de la relation humaine qui j'imagine s'est lié au fil du temps ?
Aujourd'hui je ne bosse plus avec ilopeli, évidemment je le regrette mais est-ce définitif? ce n'est pas à moi de le dire. Je sais juste que je lui dois beaucoup, il m'a permis des choses que beaucoup d'illustrateurs rêveraient de faire, en quelques années j'ai fait des cowboys, des animaux anthropomorphiques, des chasseurs de fantômes, des dinosaures, des lapins, des manchots athlètiques, des dessins ultra fun, d'autres plus sérieux... un panel qui m'a permis de m'éclater.
Jurassik était une étape importante pour moi.
Mon premier Festival de Cannes en tant que dessinateur. Arnaud qui se bousille les chevilles au ski en faisant le jeune devant ses gamins quelques jours auparavant. L'auteur, Charles Chevallier qui renonce a un pourcentage de ses droits d'auteurs pour me le donner. Les premières boîtes ouvertes dans le sous-sol du Palais. Et puis c'était le lancement d'ilopeli. J'avais presque la sensation d'être un associé de la société sans les contraintes chiante comme les réunions ou la compta. Mes premières dédicaces pour des gamins qui étaient épatant de connaissances sur les dinosaures. Notre stand grand comme un placard avec des tables basses trop chouettes. Ma rencontre avec les "grands" du milieu et avec les nouveaux copains de blackrock. Bref tout ça je l'ai partagé avec Arnaud. Et après des années encore, je donnais toujours mon avis même si on ne me le demandait pas.
On a créé des liens c'est obligé. Il ne m'écoute que d'une oreille parce que "je parle beaucoup trop" mais disons qu'il lui arrivait de m'entendre au loin.
Après je suppose que nos chemins se sont naturellement séparés. Je ne pouvais pas décemment prétendre être assez bon pour qu'il me confie tout ses jeux. Et puis ilopeli ne pouvait pas se permettre un salarié pour faire sa communication. J'ai été un peu trop souvent en désaccord sans doute. C'est que je prends de la place !
Mais Pour donner dans le larmoyant sache que je t'en veux. J'aurais préféré ne pas lire ton interview où il a occulté mon implication quand il a parlé d'ilopeli, ça m'a blessé. Je lui ai écrit depuis. J'ai évoqué une liste longue comme ma bite de toooooous les non-dits qui m'ont démangé depuis Hawaiki (une assez petite liste en vrai mais c'est pas la taille qui compte). Mais Arnaud est comme ça. Je n'y vois pas de méchanceté mais des maladresses. Comme quand il présente Sherlock (je crois ) à la tric trac tv, Phal lui demande pourquoi il bosse avec moi, si c'est parce que je suis le moins cher? Arnaud répond "Oui" et, se rendant compte que c'est un sujet un peu sensible il galère en essayant de se rattraper aux branches. C'était drôle, un peu douloureux pour mon Ego mais c'est ça Arnaud.
Je lui souhaite que les choix qu'il fait soient les bons même si il devra vivre avec cette fameuse "petite mais vigoureuse" liste de mes reproches. Blague à part, je suppose qu'il ne se fiche pas totalement de ce que je lui dis mais mes avis ne sont pas toujours éclairés et ne pèsent pas lourd devant la réalité que représente la gestion d'une entreprise et une famille à nourrir.
Bony et Arnaud Urbon
5B) Tu parlais de Charles Chevallier qui a renoncé à une partie de ses droits d'auteur pour toi .
C'est je crois un sujet important dans votre métier, et qui le sera à mon avis de plus en plus vu l'importance que prend actuellement l'esthétisme dans un jeu que ce soit via l'illustrateur ou le graphiste.
Que souhaiterais-tu nous expliquer sur ce sujet, que ce soit dans le passé, le présent et comment vois-tu l'avenir?
Quand Charles a vu la couverture de Jurassik, il a pris conscience que les enfants et leur parents choisiront d’abord un beau tricératop rose avant de voir que le jeu est excellent. Il a donc demandé à Arnaud de réviser son contrat et que je touche une part des pourcentages des ventes.
Pour ce que j’en sais, c’était rare à l’époque mais ça m’a de suite impliqué dans la vie du jeu et de l’éditeur. Plus je communiquerais, plus le jeu ferait de vente...
aujourd’hui,
- Soit tu as un fixe sans droits d’auteurs quelque-soit le nombre de boite vendues, tu ne toucheras rien d‘autre.
- Soit, tu as des droits, tu dois, A L’AVANCE, fixer leur taux et sur quel tarif tu les calcules.
- Soit, tu as un fixe ET un pourcentage. Et quand tout se passe bien, des primes quand le jeu se vend à l’étranger.
Allez, un peu de délation pour rendre le truc concret et palper la diversité des cas :
- quand je dessine Ouga bouga, je touche un fixe et des primes confortables pour l’export, je n’ai pas de droits d’auteurs en tant qu’illustrateur mais je suis aussi co-auteur pour ce jeu alors je touche par ce biais des droits annuels.
- quand je dessine pour Ilopeli, j’ai une petite somme fixe et des droits d’auteurs (et j’avoue ne pas me rappeler pour les primes)
- quand je dessine pour les jeux opla, j’ai une somme fixe au début et les droits commencent à partir de la ré-impression du jeu.
- quand je fais des logos/mise en page/graphisme pour un jeu, je touche une somme fixe, quand ça n’est pas “inclus” dans mon travail d’illustrateur. Pour l’anecdote, j’ai illustré le génial Crazy Time et ce fut une expérience frustrante pour moi car un autre gars a fait la PAO. Du coup je préfère intégrer la PAO dans mon travail d’illustration et m’occuper de tout pour n’en vouloir qu’à moi-même si quelque chose cloche à ce niveau là.
- Les bonus, TOUS les éditeurs avec qui j’ai bossé m’on offert 6 exemplaires minimum du jeu et ce quelque-soit le prix et le nombre de tirages. Et je suis souvent invité sur des festivals AU FRAIS de l’éditeur pour dédicacer ! Et c’est cool ! La contre-partie de dédicacer le plus longtemps possible sur le stand ne me dérange pas, j’y prends du plaisir, c’est dans ces cas là que je m’épanouis, quand je suis impliqué à mort dans le jeu et que l’éditeur m’en remercie en me faisant bénéficier de la réussite du jeu.
Pour moi, la configuration idéale, ce serait un fixe de 3% du prix boutique pour l’équivalent de tout le premier tirage PLUS des primes de ventes à l’étranger, PLUS 3% du prix boutique au ratio des ventes à partir du second tirage. Exemple, un jeu vendu à 15€ tiré à 5000 exemplaires rapporterait : Un fixe de 2500€ à la conception, puis 0.5cts à partir de la 5001eme boite vendue. Je serais ravi de fonctionner comme cela. Evidement cela dépend de l’ampleur du travail de création, mais je parle d’un exemple moyen théorique.
J’espère sincèrement que les perturbations que subit le marché en ce moment aboutiront à une justice à ce niveau là. Nous, dessinateurs, sommes responsables du premier contact visuel qu’aura le public avec la boite. Si l’éditeur était la tempête au dessus du client, nous nous sommes la foudre !
5C) L'argent est un sujet tabou en France, mais je vais te poser la question.
Certains auteurs m'ont dit pour certains ne pas vivre de leur oeuvres mais que les cours par exemple complétaient leur revenus
Acceptes-tu de nous parler de tes revenus?
D'ailleurs pourrais-tu bouger ta Porsche devant l'entrée?
Alors saches que je roule en BX monsieur ! Et pas par passion du vingtage mais bel et bien parce que je vis assez modestement.
les meilleurs années le jeu de société me rapporte environ 9 000€ (sur lesquels je paie des charges) et je complète avec 4 ou 5000 € de travail d’infographiste.
Donc autant te dire que 14 000€ de chiffre d’affaire par an comme seul revenu pour un foyer, ce n’est pas porschisable. C’est aussi pour cette raison que j’avais quitté le milieu du jeu pendant quelques années pour avoir un revenu fixe mais au final, un smic à 1000€ ça ne rapporte pas beaucoup plus et j’aime définitivement le jeu de société, les gens qui les font et ceux qui y jouent, alors j’adapte ma vie à mes revenus comme je le peux.
En moyenne, pour un petit jeu, je suis payé 1500€, et c’est peu, mais je suis content de le faire.
6) J'allais en venir à quelqu'un d'autre mais ta sincérité me touche. Tout en sachant mettre les formes, tu sembles oser parler comme d'autres ne le font pas. Te l'as t-on déjà reprocher dans le monde du jeu ou ailleurs et cela t-il parfois coûter des contrats?
Oui. Mille et une fois. Tout plein de mille et une fois même. De l'auteur de jeu au commerçant. De l'éditeur au président d'association. De l'agent au graphiste... Je te dirais bien qu'ils se reconnaîtront mais il y a peu de chance que leur allergie épidermique à mon comportement leur donne envie de lire tout ça. J'ai eu maille a partir avec chacun des maillons de cette chaîne. Et encore, ici je ne pense qu'à ceux que jai volontairement froissé et j'omet ceux que j'aime et que j'ai froissé par ... manque d'intelligence ?... Ou de diplomatie ? Je reconnais être un peu con.
Alors oui, j'ai perdu sans doute quelques occasions de me taire. Mais c'est du passé et au final, quand je regarde ceux qui ne sont pas fâchés, je me dis que j'ai de la chance d'avoir encore l'affection de ceux-là et j'essaie de me concentrer sur eux. J'aime ces gens.
7) Alors venons en à quelqu'un que j'imagine que tu apprécies...un mec qui répond un peu longuement aux interviews mais tout de même bien sympathique, je veux bien sûr parler de Florent Toscano. Vous avez collaboré plusieurs fois ensemble (Pollen...), comment fonctionnez-vous, qu'apprécies-tu chez Florent ? Quelles sont ses qualités, mais également ses défauts ?
Six jeux, des projets d'entreprise et l'identité visuelle de la société. On collabore efficacement parce que nous nous respectons. C'est un gars cultivé et intelligent mais ce qui me plaît encore plus c'est qu'il défend des convictions bec et ongles contre toute pression consumériste et marketingo-politico-foireuse. Autre qualité remarquable chez lui c'est qu'il s'est entouré de gens formidablement bons et inspirants. Que ce soit Annie, sa maman, Johana Poncet avec qui il a monté les jeux Opla, mais aussi, Alexandre Droit et Fabienne, Nicolas Bourgouin et sa compagne, Tony Rochon, Olivier de Paille, Céline Castan... tous humbles et pertinents. Une sorte de muraille de bons sentiments qui, quand on a la chance d'y pénétrer, vous inonde de bienveillance.
Je ne me permettrai pas de lister les innombrables défauts honteux et horripilant de Florent, mais je peux te parler de certaines anecdotes sur nos "méthodes". Par exemple, j'étais tellement enthousiaste pour Pollen que j'ai quasiment terminé le jeu sans montrer la moindre étape à Florent ou Alexandre. Heureusement que le résultat final leur a plu. Pour il était une forêt ce fut Monsieur Francis Hallé en personne qui me corrigeait mes croquis. Plein de monde s'en foutent mais pour Florent ou moi c'est comme si Marc Veyrat rentrait dans ta cuisine, goûte tes oeufs au plat et rajoutait un peu de poivre en disant c'est très bon. Mais généralement nous essayons de travailler à taton tout en se faisant confiance. Florent n'intervient pas trop sur mes dessins. Il y a plus de discussions autour des titres de couverture par exemple. Mais ce sont des discussions importante car nous devons maintenir une gamme qui est délicate et précieuse. Tous les dessins doivent être documentés, réalistes ou au moins "scientifiquement vrais"... bref on va pas dessiner un lapin qui mange des nuages chez Opla... d'ailleurs qui ferait ça ?
Bony et Florent Toscano
Participer à des projets impliquant Luc Jacquet, Francis Hallé, Claude Laurius ou les plus célèbres manchots empereur de l'antarctique, c'est un honneur et un privilège que je savoure à chaque jeu de cette gamme. Tous ces jeux sont chers à mon coeur car ils parlent de protection de l'environnement et ça me passionne. Des fois c'est même moi le chieur qui va dire à Florent ce que j'aimerais qu'il mette dans les livrets pédagogiques qui accompagnent ces jeux. Comme sur Pom-pom où le temps et les coûts vous ont épargné 36 pages d'annexes au livret.
8A) «Nicolas Bourgouin et sa compagne Tony Rochon» Tu me livres un scoop! ;-)
La ponctuation c'est fichtrement plus important qu'on ne le croit. Une petite virgule et hop, on se retrouve avec un Rochon dans le lit.
J'avoue avoir vilement enlevé ta virgule...
Bony et Tony Rochon
8 B) Plus sérieusement, la nature semble être quelque chose de très important à tes yeux Souhaites-tu nous parler ?
je crois que tu as eu déjà quelques proses sur le sujet et c'était bien mieux exprimé que je ne le ferai.
Je pourrais juste dire que c'est Lilie, ma moitié et ma "guide" qui m'a sensibilisé aux jeux ET a l'environnement. Aujourd'hui : Lilie, Nature, Jeux, ce sont trois mots que je pourrais me faire tatouer sur la peau tant elles font partie de moi... mais je sais! Je vais me faire tatouer un lapin ! Ça symbolisera les trois à la fois.
A ce moment là de l'entretien, Bony me pose 7 questions sur ma façon de travailler lors de mes entretiens
PETIT BREAK EN OFF AFIN DE LUI REPONDRE
9) C'était l'une des prochaines questions... Lilie, elle semble très importante à tes yeux Quel regard pose t-elle sur ton métier ? Est-elle dans le monde du jeu également ou complètement en dehors ? Te fais t-elle penser ou dessiner différemment ?
Lilie partage mon quotidien et ça mérite la légion d'honneur car je peux vraiment être innattentionné et égoïste ce qui provoque des hauts et des bas dans un couple. Et au bout de 13 ans les bas peuvent paraître abyssaux. Mais j'ai décidé que c'était elle que je choisissais alors j'ai toujours persévéré.
Si j'ai arêté le jeu pendant trois ans c'est parce que notre projet de vie stagnait et j'ai accepté de faire plaisir à mon gros con de banquier (Jérôme si tu lis ça : je t'emmerde) afin d'obtenir un prêt. On a pu acheter une maison avec un terrain incroyable que nous retapons en ce moment même. Au début je me persuadais d'avoir fait ça pour elle mais en fait, j'ai fait ça grâce à elle et je m'y plait. Et du coup c'était pas hyper altruiste. C'est compliqué de vouloir combler une personne plus épanouie que sois-même, on a souvent un train de retard.
Lilie m'a fait découvrir Parthenay.
Elle m'a fait entrer pour la première fois de ma vie dans un sex-Shop pour Geek (une boutique de jeux quoi!)
Elle m'a aidé à faire tourner ma première asso dans le sud-est à un moment et dans une région où faire jouer les gens n'était pas une évidence comme maintenant. LUDIK ATTITUDE existe toujours et ils devraient fêter leur 10 ans en septembre.
Elle a des talents d'animatrice et a aussi été là pour le MIPEUL, un projet ambitieux et terriblement sexy qui m'a détourné de tout nos projets de vie pendant cinq ans. Le MIPEUL reste une association singulière et pour cela j'en suis tres fier.
Plus tard, Lilie a même appris à faire des fruits et légumes à l'aquarelle pour m'aider sur Pom-pom (si ça t'amuse je les montre dans l'article sur mon blog ou sur trictrac)
Lilie n'est donc pas du milieu mais elle m'en a ouvert les portes.
Attention : Sans elle je serai sans doute beaucoup plus actif et productif... mais je serai aussi plus seul, plus mal dans mon coeur et sûrement perdu.
C'est pourquoi ce projet de maison avec elle est un engagement envers moi-même à ne pas consacrer tout mon temps à ma carrière aussi cool soit-elle mais à penser aussi à ma vie qui tend à devenir encore plus cool.
Mais Lilie à deux monstrueux défauts :
1. Elle est incapable de porter un masque de lutteur mexicain sans se sentir ridicule.
2. Elle ne choisi JAMAIS Ouga Bouga pour jouer avec des amis.
10) Ma prochaine question est très intime et si tu ne souhaites pas y répondre je comprendrais.
Tu me disais lors de la première question que vous n'aviez pas encore d'enfants (« et des enfants de compagnie si possible »).
Qu'est ce qui à fait qu'après 13 ans de vie commune, vous n'en avez pas ?
Une volonté de ta (votre?) part afin de te consacrer à ton métier ou n'avez vous malheureusement pas réussi à en avoir comme Yahndrev me l'expliquait pour sa part?
Mince j'aurais du la voir venir celle là! Moi qui me disais que tu ne m'aurais pas, que je ne suis pas un lapin de trois semaines et que je n'aurais aucune question qui me fasse hésiter à répondre...
Je trouverais indécent de me plaindre mais nous n'avons pas d'enfant car la vie nous a fait un peu tourner en bourrique et qu'il y a un minimum de précaution à avoir, pour moi, avant de donner naissance à un gamin sans avoir l'impression de lui offrir l'enfer sur terre.
Les conditions...
Une famille qui te soutient?
Un entourage d'amis ?
Un job ?
Être au minima psychologiquement stable?
Un cadre de vie décent ?
Jusqu'à aujourd'hui nous n'avions rien de tout ça. Je sais que ça n'empêcherait pas certains parents de rendre quand même leurs enfants heureux mais pas moi. Et puis, a force, Les choses ont commencé à changer, concernant les deux derniers points surtout. Et j'espère de tout mon coeur que les choses vont continuer à évoluer. Je crois en notre avenir, plus aujourd'hui qu'hier.
On vit un peu en marge avec Lilie. Un dessinateur de jeu et une apicultrice expérimentale sans abeilles (non ça ne veut pas dire qu'elle produit du miel avec ses oreilles), plus de livres et de jeux que de temps pour en profiter, pas de télé depuis 10 ans, on préfère jeûner comme "soin" plutôt que de se gaver de médocs, d'ailleurs ni elle ni moi n'avons vu de médecins depuis deux ou trois ans, le genre à avoir soigné une poule pendant plus d'un an dans un tout petit appartement, je roule en BX... Bref tout ça pour dire que notre seul urgence pour avoir un enfant restera purement biologique et ne sera en aucun cas une pression sociale quelquonque. Yolo peut-être mais tenter de "yolo" en pleine conscience c'est bien aussi.
11) Tu me disais être fan de BD et de Science fiction. Quelle(s) oeuvre(s) sont importantes à tes yeux et pourquoi ?
Dans la ville d'Aubagne où j'ai grandi, il y avait un bouquiniste, Robert, chez qui je dépensais sans compter. Après avoir acheter la moitié de sa boutique en BD, j'ai commencé les livres de SF. Au milieu de mon océan de bouquins de K Dick, Pratchett, Tolkien, Asimov et autre, surnage mon chouchou : DAN SIMMONS. Deux de ses ouvrages ont eu un impact spectaculaire sur moi :
- l'échiquier du mal ou il décrit la souffrance d'un juif échappé de l'holocauste en ayant subit les outrages d'un vampire psychique et qui découvre que cette caste dotés du pouvoir de manipuler les humains comme marionnettes occupe les plus importantes places économiques, médiatiques politiques et religieuses.
- Les cantos d'hypérion C'est sans conteste la MEILLEURE SAGA COSMIQUE jamais écrite, elle enterre Dune en la recouvrant des cendre de star wars. Indescriptible et absolument incontournable pour moi.
Autrement, J'aime la BD en général, mais il faut avouer que j'ai un faible pour les comics américains. j'ai grandi avec un Titan dans une main et Strange dans l'autre, je suis un x-men, je suis un vengeur, je suis un homme araignée, je suis un inhumain... C'est dans mes veines depuis l'age de 6 ou 7 ans. Mon sang s'est un peu épaissi et aujourd'hui il y a quelques BD que je peux relire sans me lasser et que je te suggère de toutes mes forces :
- l'intégrale de l'univers MIGNOLA/Hell boy, avec une mention spéciale pour "BPRD l'enfer sur terre" qui suit l'aventure des membres HUMAINS du BPRD qui essaie de survivre à la fin du monde SANS l'aide de HellBoy.
- BONE de Jeff Smith, a lire avant de sucer son pouce en s'endormant, c'est un terrible compte pour des adultes qui ont 8 ans dans leur tête.
- Y, le dernier homme, une belle Saga, prenante à souhait et cruelle envers l'homme.
- Les légendes de la garde, tout beau tout chaud le souriceau.
- Mutafuckaz, et si le messie de l'humanité était un bâtard, loser, bi-polaire et fan de lucha libre ?
- Okko, évidement mainstream mais jouissif quand même
- Donjon, toute la saga, à lire dans le désordre pour bien brasser son cerveau et se poiler quand même.
- Akira, à lire et relire sans cesse, et vous serez surpris de la profondeur de l'œuvre papier par rapport à l'animé qui était déjà très bon.
- Calvin et Hobbes, parce que, passé l'aigreur du souvenir des cours d'anglais, c'est le duo le plus drôle du monde 2D.
- Julius corentin Acquefacques de Marc-Antoine Matthieu, une mise en Abime fantaisiste du monde de la BD, un Brazil de papier.
- Plage-man de Bouzard, la BD qui m’a donné envie de me mettre un masque
- LUCHA LIBRE de mon presque tonton Jerry Frissen, la BD qui m’a donné envie que le masque soit mexicain
- Nausicaa, la vallée du vent, comme Akira, cette oeuvre mérite d'être lu encore plus que d'être vue.
- Tout Gotlib, parce que c'est le "papa de dessin" de beaucoup de gamins et qu'il nous a tous laissé orphelins.
...
Raaah, voila, fallait pas me lancer sur le sujet.
Toutefois, tous ces ouvrages ont un point commun : la créativité. J'adore lire un auteur inspiré qui se permet de créer des mondes entiers avec tous les détails qu'il faut pour rendre l'incroyable crédible.
12) Toujours dans cette première question, tu exprimais l'importance pour toi de la justice et de la conscience de responsabilité de ses actes. J'imagine que c'est peut être un événement en particulier d'injustice qui t'a marqué au fil de ton enfance ou lors de ta carrière. Ca veut dire quoi pour toi être conscient de la responsabilité de ses actes ? En quoi ça se résume au quotidien ?
J'ai eu une enfance sans trop d'embuches donc ma haine viscérale de l'injustice ça vient plutôt du boulot et du sentiment d'impuissance devant certaines situations qui sont couvertes par souci de ne pas faire de vagues. Depuis, comme tu l'auras compris, j'ai découvert que je n'ai aucun talent de diplomate. Un individu faible, seul face à une majorité d'individus plus forts et plus intelligents à le droit d'avoir raison de temps en temps. Même s'il exprime mal son point de vue.
Pour la conscience et la responsabilité, je ne suis pas philosophe ou psychologue pourtant j'aimerais que les hommes prennent des décisions en réfléchissant à leur conséquences au niveau global plutôt que de penser à un périmètre qui n'excède que rarement le diamètre de leur nombril.
C'est pourquoi j'encourage les jeux Opla, ludarden, blackrock, flipFlap ou même Matthieu d'Epenou (pour le citer au moins une fois ) lorsque tu vois que depuis la première petite boîte carrée en métal il y a sans doute pas loin de dix ans, n'a pas augmenté son prix symbolique et accessible alors que la qualité et le prix de fabrication ne cessent d'augmenter.
13) Je te proposes 10 personnes du monde ludique, et je souhaiterai que tu les définisses en un mot, oui un seul ! Arnaud Urbon, Naiade, Ian Parovel, Christine Deschamps, Tom Vuarchex Mathilde Spriet, Croc, Philippe Des Pallières, Monsieur Phal, Bruno Faidutti
Arnaud Urbon : Mr Cerveau-bouillant
Naiade : Mr Poignet-agile
Ian Parovel : Je ne connais pas... ah si... non j’ai pas envie.
Christine Deschamps : Mme Super-vision
Tom Vuarchex : Mr Foie-de-bois
Mathilde Spriet : Mme Jambe-de-bois
Croc : Mr Mi-Mollet (mais si rapport aux pantacourts même en hiver)
Philippe Des Pallières : Mr Dents-pointues
Monsieur Phal : Mr Trique
Bruno Faidutti : Mr Colon (putain comment tu appelles une private joke que tu es le seul à comprendre?)
14) Souhaiterais-tu nous raconter une anecdote marquante, drôle ou pas, que tu as eu sur un festival avec un professionnel ou un joueur ?
Je suis bavard et megalo et j'ai des tonnes d'histoires sans intérêt. Le dernier festival de Cannes en étant plein. Toutefois je vais te raconter ce qui m'est arrivé à Tours, alors que j'étais invité à dédicacer quelques boîtes de migrato un soir de guinguette organisée par la maison des jeux de Tours, en bord de Loire. Un gars d'une cinquantaine d'années, souriant et discret s'assied et me demande une dédicace pour "Jean". On discute et il me donne son point de vue avisé sur mon travail. Le gars a l'air de bien connaître la partie. Il m'explique très humblement qu'il a lui même collaboré à quelques jeux, notamment "élixir ou tic-tac boum"...!!!... puta de mierdo! C'était JUAN pas JEAN. Je venais de rencontrer le plus humble et généreux des auteurs "dinosaures" parmi ceux qui avaient littéralement inventé le jeu de société moderne. Je ne l'ai jamais quitté ! J'aime sincèrement cet homme dont la rencontre était à l'image du bonhomme : atemporelle apaisante et forte. Depuis je suis avec émotion chacun de ses projets et je ne perds jamais mon temps avec lui.
Je suis un fan-boy et mes rencontres avec les auteurs que j'admire ont toujours été troublantes comme celle avec Yves Renou sans savoir que c'était lui, on jouait ensemble paisiblement à Totem. Ou Roberto et Matthieu qui m'avaient convié à un verre sur la terrasse de leur appartement pendant les 10 ans de trictrac à Damvix. J'étais comme un lapin lâché dans un potager. Pareil pour Sébastien Pauchon, à qui j'ai proposé de m'attacher à sa jambe pendant la cérémonie de l'as d'or il y a 7 ans je crois., il avait très dignement répondu "d'accord".
Et pour tous ces moments et bien d'autres je voudrais en profiter pour remercier des gens qui permettent ces rencontres magique : les organisateurs de festivals comme Julian quand il organisait Ludix, Angélique et Olivier qui participent à l'organisation (notamment au niveau des illustrateurs ) de Ludinord, Éric qui organisait Ludibreizh, un autre Eric de plein les jeux, et Thierry et Étienne du Flip. Ces gens sont tous des amis maintenant. Ils sont le ciment de ce monde du jeu, ils permettent les liens entre les pro mais aussi avec le public.
Une mention spéciale pour toute l'équipe des corsaires ludiques qui sont devenus ma famille, tout simplement.
15 A) Allez avoue, tu as un souci avec les lapins ? ;-)
Si tu m'avais demandé ce que je compte laisser au monde du jeu, je t'aurais, sans aucun doute, répondu "un lapin". En effet, il y en a un de caché dans TOUS les jeux que j'ai illustré. TOUS. Et ils n'ont pas tous été trouvés.
15 B) Nous passons une soirée ensemble mais nous ne nous connaissons pas, préfères-tu faire un canular téléphonique à Florent Toscano ou bien choisir 3 jeux dans le but d'apprendre à se connaître ?
Ca va, j'emmerde Florent tous les jours, alors que je ne joue plus assez souvent. Partons nous découvrir tous les deux, cartes a la main, sur les chemins perdus de l'évasion ludique et intellectuels... ON FAIT UN FIST THEM ALL? Je reçois ma boîte bientôt !!!
16) Le jour où tu devras quitter le monde du jeu, d’une manière ou d’une autre, que souhaiterais-tu que l’on retienne de toi professionnellement mais surtout humainement?
Je ne sais pas ? Je parle beaucoup et ce serait déjà bien si on retenait un ou deux mots parmi les camions-bennes que je déverse. Mais humainement j'aimerais peut-etre que l'on se dise que, jusqu'au bout, j'ai fait de mon mieux pour m'améliorer en tant qu'habitant de cette planète.
Et que j'ai voté Melenchon :)
17) Malheureusement, c’est déjà la fin de cet entretien, Bony, en prenant en compte, ta vie professionnelle et personnelle, es-tu heureux ?
j'ai déjà obtenu mes badges du mérite pour les 7 pêchers capitaux et j'ai la naïveté d'un trou de balle fraîchement lubrifié en pleine journée portes ouvertes à la fistinière... Donc je dirais que malgré mon dénis, mes colères, mes tracas passés et à venir, j'ai DÉCIDÉ d'être heureux.
Je te remercie de ta gentillesse, de ta sincérité et reste comme tu es!
La semaine prochaine, pour raison juridique et par demande de mon invité, l'entretien sera publié uniquement sur Jeux Viens à Vous
Pour ceux qui souhaiteraient soutenir mes entretiens, voici ma page tipeee, même un petit geste fait plaisir et vous pourrez contribuer à d'autres interviews réalisés sur des festivals (Cannes, Essen...) :
Merci à mes Tipeeeurs de me soutenir : Arnaud Urbon, Bruno Faidutti et Emilie Thomas, Nicolas Soubies et dorénavant Virgile De Rais
Pour ceux qui souhaiteraient découvrir les précédents entretiens, mes animations ou suivre ma page facebook :
http://www.facebook.com/jeuxviensavous/
Yves Hirschfeld
Benoit Forget
Bruno Faidutti 1ère partie
Bruno 2ème partie
Naiade
François Haffner 1ère partie
François Haffner 2ème partie
Pierô Lalune
Timothée Leroy
Mathilde Spriet
Sébastien Pauchon
Tom Vuarchex
Vincent Dutrait 1ère partie
Vincent Dutrait 2ème partie
Christophe Boelinger 1 ère partie
Christophe Boelinger 2ème partie
Régis Bonnessée
Roberto Fraga 1ère partie
Roberto Fraga 2ème partie
Cyril Demaedg
Bruno Cathala 1 ère partie
Cyril Blondel
Bruno Cathala 2ème partie
Yahndrev 1ère partie
Yahndrev 2ème partie
Emilie Thomas
Sebastien Dujardin
Florian Corroyer
Alexandre Droit
Docteur Mops 1ère partie
Docteur Mops 2ème partie
Arnaud Urbon
Croc
Martin Vidberg
Florent Toscano
Guillaume Chifoumi
Nicolas Soubies
Juan Rodriguez 1ère partie