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Jeux Viens  à Vous Gary Kim

Semaine du festival international du jeu oblige, je me dois de vous présenter un invité international.
Il nous vient de Corée du sud et vous le connaissez sous son patronyme occidental, Gary Kim. 

 

Grâce à la collaboration de Gaelle Larvor, une expatriée travaillant depuis 2 ans pour une entreprise ludique coréenne Korea Boardgames, j'ai pu réaliser l'interview de Gary Kim. Gaelle effectuant la traduction entre nos 2 langues si éloignées. 
Elle a également permis d'apporter des notes explicatives afin de vous permettre de mieux comprendre certains points spécifiques culturels. 
Je me dois donc de lui rendre un grand hommage ici , Gaelle ,Merci! 

 

Je souhaite également remercier Alice Bodin, qui est désormais depuis quelques semaines ma correctrice (sauf cette semaine) afin que la lecture de ces entretiens soit de meilleure qualité. Alice, Merci! 

Cet entretien a donc eu une saveur particulière, pour 3 raisons : 
Un auteur mondialement connu et d'une culture totalement différente de la nôtre. 
Un entretien réalisé en "trio" 
Cet entretien se réalise dans le cadre de la série Legends of Luma et de son second épisode Nomades. 
Legends of Luma dont je vous reparlerai bientôt.  

 

Je dois vous avouer que la culture asiatique m'est totalement inconnue et que je ne ressens pas de besoin irrémédiable de la connaître comme il est bon ton actuellement de le faire. 
J'ai donc découvert Gary, son travail, ses idées, sa façon de vivre et de voir le monde de manière naive (au sens premier du terme). 

 

Gary nous parle de sa découverte du jeu de société, d'Emmanuel Beltrando l'éditeur de Koryo, du projet Luma et des Ludonautes Anne-Cécile, Cédric et Ian, de sa manière d'élaborer un jeu, de la culture asiatique, du conflit entre les deux Corées, et d'une rumeur persistante sur son hamster...




1) Bonjour Gary, auriez vous la gentillesse de vous présenter?

 

Bonjour, je m’appelle Gary Kim. Je suis Coréen et habite à Séoul avec ma femme, ma fille et mon hamster. Et aussi original que cela soit, je travaille en tant qu’auteur de jeux de société.

 

Comme vous le savez, habituellement les auteurs créent des jeux en parallèle de leur occupation principale. Pour ma part, ma principale activité est de donner des cours sur la création ludique, ou encore de concevoir des jeux sur demande, en général pour des entreprises avec un but précis. Mais l’activité qui me procure le plus de satisfaction est bien sûr avant tout de créer des jeux pour le simple plaisir de jouer, comme Koryo, Abraca...What?, The Hare & The Tortoise, Rising 5, Nomads ou encore Cannon Buster.

 

Puis le soir je joue principalement à des jeux de plateau ou des RPG. Un peu. Un peu beaucoup. (Je poste souvent sur Instagram les jeux auxquels je joue. @garykimgames, n’hésitez pas à regarder!)

 

 

2) Que représente pour vous le fait de jouer, et de faire jouer? 

 

Ce que représente pour moi le fait de jouer? Mmm... difficile à dire...

Depuis ma plus tendre enfance jusqu’à environ 9-10 ans j’ai principalement joué à des jeux japonais qui s’appelaient « Jolly Games Series », des jeux de roll & move. Avec 3 amis qui habitaient dans le quartier, je pense qu’on a bien dû essayer 300 jeux de ces séries-là (à l’époque un de ces jeux coûtait 1000 won*, donc c’était possible). Et puis en rentrant au collège je me suis familiarisé avec les jeux de console et d’ordinateur, et petit à petit les jeux de société aussi. Une fois la vingtaine passée et mon service militaire terminé*, il se trouvait justement qu’une ferveur pour les boardgame cafe venait de s’emparer de la société coréenne.

 

C’est à ce moment-là que j’ai joué pour la toute première fois à Catan. Je me rappelle avoir écouté les explications de règles en somnolant pendant une bonne demie-heure, mais une fois la partie commencée tous mes sens étaient en éveil, et je fus plongé dans le jeu tout le long. Quand je me remémore le passé, les parties jouées sont toujours de joyeux souvenirs.

 

Après cette expérience marquante, je me suis interéssé à de jeux très variés. Je me souviens qu’à cette époque j’aimais particulièrement joué à Acquire, Formula Dé et tous les jeux de la 18XX series. Même quand j’ai travaillé au sein d’une entreprise, je trouvais toujours du temps pour une ou deux parties. Pendant les workshops* notamment. J’emportais toujours quelques jeux dans mes bagages et passais la journée -voire la nuit!- à expliquer les règles à mes collègues. Et c’est bien évidemment le cas encore aujourd’hui. Mais j’ai peut-être un peu digressé.. en résumé, pour moi jouer fait partie de mon quotidien, c’est un acte naturel.

 

Quant à ce qui est de faire jouer les autres, il me semble que c’est une chose très particulière. Le fait même que quelqu’un quelque part est en train de jouer à un jeu que j’ai créé, c’est quelque chose qui me surprend toujours et en même temps me rend extrêmement fier. Et je pense que c’est le cas pour n’importe quel auteur. J’imagine que c’est aussi ça qui motive un auteur à continuer son expérience créative malgré la difficulté, n’est-ce pas?
 

*) 1000 won = moins de 1 euro actuellement. En vérité les jeux Jolly Games Series étaient des jeux japonais que les éditeurs coréens se contentaient de "photocopier" pour ensuite les fabriquer en Corée avec du papier/carton de moindre qualité et pour un prix beaucoup plus bas. Si jamais tu as besoin d'une photo ou quelque chose dans le genre je pense qu'on doit avoir quelques-uns de ces jeux dans notre réserve.

*) Gary mentionne son service militaire. En Corée il est obligatoire pour les hommes, qui le font en général avant de rentrer à l'université. Sa durée a beaucoup changé ces dernières années mais à l'époque cela devait être 2~3 ans je pense.
 

 *) workshop = Un week-end entre collègue, en général dans un endroit plutôt relaxant comme pas loin de la mer ou de la montagne. C'est un week-end pour discuter boulot, mais en même temps faire des activités ludiques de groupe pour renforcer la cohésion d'équipe et gérer les conflits accumulés au cours de l'année dans une ambiance plus détendue.

3) Vous avez déjà travaillé avec des français notamment Emmanuel Beltrando, sans langue de bois quelles sont selon vous les différences fondamentales que vous avez pu voir entre coréens et français que ce soit au niveau du travail ou dans la manière de vivre, de voir la vie en général ?

Il est vrai que suite à la sortie de mon jeu Koryo par Manu (Emmanuel Bertrando) beaucoup de mes jeux ont été édités en France (merci Manu!).

Pour ce qui est de mes impressions... je dirais que les Français semblent prendre plus le temps de faire les choses, alors que les Coréens font tout très vite. Je pense aussi qu’en apparence les Français ont l’air plus décontractés, et les Coréens plus professionnels. Alors que intérieurement, c’est plutôt l’inverse.

Ceci dit, de par mon experience je crois que cela dépend plus des différences entre personnes que des differences entre « Français » et « Coréens »

Signature de contrat entre Gary et Emmanuel Beltrando 

 

 

4) Je vous ai contacté dans le cadre du projet Luma, bien que j'avais depuis longtemps envie de venir vers vous afin de vous poser certaines questions.

4 A) Pouvez-vous nous dire par quelles circonstances vous êtes arrivé dans l'aventure Luma ?
Qu'est ce qui vous a plu dans ce projet et peut être également fait peur car c'est un projet très ambitieux ?


Il s’est avéré que Cécile et Cédric de chez Ludonaute ont apprécié mon jeu Play Jeju, sorti chez Happy Baobab, et semblent l’avoir trouvé assez compatible avec le project Luma. Ils m’ont donc contacté, et ce fût bien sûr pour moi un plaisir d’accepter.

 

Personnellement, je n’avais rien à craindre. Je sais que Cédric et Cécile sont des professionnels comme l’est Ian (ndlt: Ian Parovel) et je leur fais confiance pour publier un jeu de qualité, donc je n’ai jamais eu aucune inquiétude.

4B) Qu'en retenez-vous à l'heure actuelle au moment où le jeu va sortir en France à quelques jours d'Essen ?

 

Je dirais que plus que n’importe quel autre projet que j’ai fait, le projet Luma est vraiment celui par lequel j’ai pu sentir la force du rôle éditorial. Notamment en suivant tout le processus par lequel sont passés Cédric, Cécile, Ian (et toutes les autres personnes que je ne connais pas) pour incorporer Play Jeju dans le projet, et en quelque sorte le faire renaître sous la forme de Nomads.

 

J’ai été vraiment impressionné par tout l’effort et le professionnalisme qu’ils y ont concentré, et bien sûr extrêmement reconnaissant. Je fûs très heureux aussi de découvrir les grandes et belles décorations murales pour Nomads au côté de O Captain! sur le stand de Ludonaute à Essen.

Il y avait des pions personnages de Nomads en acrylique, et des mugs des personnages de tout le projet Luma. Et Cécile, Cédric et Florian (l’auteur de Oh Captain!) ont même eu la gentillesse de me faire un peu de place pour tenir une séance d’autographe. Ce fût très agréable, et surtout un moment privilégié pour pouvoir échanger avec les professionnels et autres amis joueurs. Si la chance se présente de retravailler sur ce type de projet, je pense être partant.

 

5) Justement si vous deviez les définir tous les 3...

5 A) Comment définiriez vous Cédric ?

5 B) Comment définiriez vous Anne-Cécile ?

J’ai rencontré Cédric et Cécile à Essen en 2015 - avec notamment Bruno Cathala - au cours d’un repas organisé par Vincent (Dutrait) à l’hôtel. Après avoir passé un agréable dîner, nous avons fait quelques parties de jeu. Et il se trouve que j’avais apporté le prototype de Rising 5. C’était une version bien loin du jeu actuel, avec énormément de problèmes. Malgré l’heure tardive et la fatigue accumulée, Cédric et Cécile sont restés pour tester le jeu. Grâce à leurs précieux et honnêtes retours, une fois rentré en Corée j’ai pu améliorer le jeu et en faire ce qu’il est aujourd’hui.

Je leur suis donc vraiment reconnaissant de m’avoir accordé leur temps, et ça reste pour moi un très bon souvenir.



5 C) Comment définiriez vous Ian ?

Quant à Ian, on se connaît depuis un moment déjà puisqu’il a travaillé sur Koryo, mon premier jeu édité en France. Il vient souvent en Corée, et est toujours souriant et de bonne humeur.

 

Donc pour résumer je dirais que ce sont tous les trois des personnes d’une grande gentillesse, très professionnels, et que je serais heureux d’avoir plus souvent l’occasion de travailler avec

Et si vous deviez leur trouver un défaut chacun ? :-)

 

Je pense que pour ça il est d’abord nécessaire que l’on apprenne à se connaître un peu plus (rires).

 

6)Comment définiriez vous votre manière de créer ?

6 A) Cherchez-vous avant tout une mécanique ? Une sensation ? Une histoire ?

 

Il m’arrive parfois de commencer par la mécanique, et parfois par le thème. Pour Nomads /Play Jeju par exemple, ce fut d’abord la mécanique. L’idée m’est venue des jeux de type mancala, en transformant les graines par des jetons qui s’empilent.

A l’inverse, pour Present (nldt: A ma connaissance jeu sorti uniquement en Corée) j’ai commencé d’abord par le thème pour ensuite trouver une mécanique adaptée.

Mais dernièrement j’ai l’impression que mes idées naissent plutôt d’un « concept » que d’une mécanique ou un thème. Ce fut le cas pour Rising 5, pour lequel l’idée de départ était de créer un jeu où les joueurs puissent jouer en utilisant un genre de dispositif commun.

                 Nomades, le second tome de la série Legends of Luma

 



6 B) Pourriez-vous nous raconter par quelles réflexions ou sentiments passez-vous lors de la création d'un jeu ?

Quand j’étais plus jeune je ne me souciais que de savoir si mon jeu était amusant ou pas, mais maintenant je pense que je prend plus d’éléments en compte. Et j’ai l’impression que plus tu comprends comment le monde du jeu fonctionne, plus ça s’exacerbe. Personnellement, je me questionne beaucoup sur le pourquoi créer tel ou tel jeu. Pour quel type de joueur est le jeu, pour quel ligne éditorial et pour quel éditeur, combien le jeu va-t-il coûter... bref, ce genre de questions.

Mais sinon, j’essaie toujours de m’imposer un « nouveau challenge ». Par exemple on a pu voir l’arrivé de jeux de société pour portables etc, moi ce que j’aimerais bien essayer comme nouveau challenge c’est les jeux de type « legacy ». Mais peut-être que je m’y prends trop tard...


 

7) Comment fonctionnez-vous avec les éditeurs d'ailleurs ? Vous disiez avoir été ravi que votre jeu s'adapte au projet Luma.

7 A) Certains auteurs ne souhaitent pas que l'ont touche au thème qu'ils ont pu trouver, voire certains ont des difficultés à accepter la pâte d'un éditeur ?

Je suis du genre à respecter l’opinion des professionnels du marché, donc les éditeurs, tout particulièrement pour les jeux dont l’idée de départ est venue d’une mécanique. Car pour être honnête s’il s’agit d’un jeu qui prend ses origines dans un thème précis, cela m’étonnerait que l’éditeur y touche.

 

7 B) Etes-vous un auteur qui s'adapte facilement, lâchez-vous facilement votre bébé pour qu'il grandisse avec l'éditeur ?

 

Oui. Encore une fois, les éditeurs sont pour moi des professionnels et il est normal qu’ils modifient le jeu pour qu’il corresponde aux critères du marche visé. Ils sont plus expérimentés que les auteurs pour cela

 

8 A) Une rumeur court en France sur le fait que vous ne concevez pas vos jeux vous même mais que votre hamster ferait tout le travail à votre place... Mythe ou réalité ? ;-)

 

Mystère...

8 B) Plus sérieusement, vos jeux se caractérisent par une tactique simple mais efficace, que ce soit dans Koryo, Choson ou Abracadabra, des petits effets s'enchaînant au fil de la partie, vous avez des jeux références qui vous ont amené dans cette direction ?

J’adore Dalmuti. Une carte pour le chiffre 1, deux cartes pour le chiffre 2... je trouve ça presque « artistique » en un sens. Et c’est pour ca que j’utilise souvent ce système.

Mais si ce n’était que ça, mes jeux ne seraient qu’une copie de Dalmuti n’est-ce pas?

C’est pourquoi j’ai rajouté des effets correspondant à chaque chiffre. J’aime énormément les jeux de cartes à effets.

 

D’ailleurs, je joue majoritairement à des LCG (ndlt: Living Card Games, similaire à des jeux de cartes à collectionner). Dans ce genre de jeu quand tu joues une carte souvent un effet s’active, un peu comme par magie. C’est plutôt sympa non?

9) J'aimerai que vous me définissiez ces 10 personnes en un mot, oui un seul !

Emmanuel Beltrando: Reconnaissance.

Vincent Dutrait: Proche.

Benoit Forget: Romantique.

Marie Cardouat: Charmante.

Matthieu d'Epenoux: Espresso.

Antoine Bauza: Brillant.

Bruno Cathala: Extraordinaire.

Bruno Faidutti: Honorable.

Matthieu Leysenne: Chaleureux.

Gary Kim: Incertain.

                 Rising 5, un jeu de Gary Kim illustré par Vincent Dutrait

 

10) Quand je pense Corée du Sud, je pense inévitablement à Corée du Nord, certainement parce que les médias nous en parlent constamment.

Comment vous en Corée, vivez-vous cette situation, est ce quelque chose de familier voire que l'on oublie en tant que coréen, ou bien ressentez-vous vraiment une tension quotidienne ?

Effectivement, la Corée est malgré le cessez-le-feu officiellement toujours en guerre. Mais je pense qu’on le vit différemment selon les générations. La génération qui a connu la guerre dans les années 50 ressent cette tension que vous mentionnez, alors que les générations suivantes ressentent plus d’empathie envers les citoyens Nord-Coréens et leurs terribles conditions de vie.

11) Je dois vous avouer quelque chose Gary... contrairement à beaucoup de français, et évidemment sans n'avoir rien contre, je ne suis pas attiré plus que cela par l'Asie... Pourquoi ? Je ne sais pas... Que voudriez-vous me dire pour tenter de m'attirer un jour vers l'Asie et plus particulièrement vers la Corée du sud ?

 

Hmm... En fait, quand on parle d’Asie j’ai l’impression que les Occidentaux pensent d’abord au Japon, qui a une identité culturelle forte. Comment dire... par exemple les premières images qui leur viennent à l’esprit semblent être « ninja », « sakura », « kimono »... des éléments japonais, en somme.

 

La Corée c’est un peu différent. Je ne sais pas trop, mais je dirais que le charme de la Corée c’est peut-être la rapidité des choses? Ou que la sécurité publique est bien établie? La beauté des femmes coréennes? Et surtout de la nourriture super bonne!

 

12) Si vous deviez me citer 2 personnes du monde ludique, l'une pour ses qualités professionnelles et l'autre pour ses qualités humaines, l'un n'enlevant rien à l'autre?

 

C’est bien sûr difficile de ne choisir que deux personnes.

Mais si je devais vraiment, je choisirais les deux personnes qui me soutiennent le plus, à savoir Kevin Kim (Mandoo Games) et Jade Yoo (BoardM).

 

J’ai choisi ces deux-là parce que ce sont les personnes qui m’ont le plus soutenu et vers qui je peux toujours me tourner pour me conseiller quel que soit le sujet. Et principalement aussi parce que je considère qu’ils ont tous les deux une incommensurable passion pour leur métier, qui les fait aller toujours de l’avant.

13) Quelle est votre plus grosse erreur stratégique lors d'une partie de jeu de société ?
 

Je joue assez mal. En effet, je suis le type de joueur qui joue pour « explorer » un jeu, et non pas pour gagner. C’est-à-dire que j’aime jouer pour avoir un avant-goût du jeu dans son ensemble. Donc plutôt que d’adopter une stratégie qui me mènerait vers la victoire, je préfère faire des choix qui me paraissent plus amusants. Et c’est sûrement pour ça que dans des parties à 4 joueurs je termine en général 3ème ou dernier.

14) Imaginez une soirée ensemble, mais nous ne nous connaissons pas ou très peu, je vous propose de jouer à 3 jeux dans le but d’apprendre à se connaître, lesquels me proposez vous  et pourquoi ?  Ou bien préférez-vous faire des canulars téléphoniques à Matthieu d'Epenoux, un verre de Saint-Véran à la main ?

 

Bien sûr la seconde option me tente plus ;-).

Mais je ne crois pas que Mathieu et moi soyons suffisamment proches pour que je me permette. Alors va pour les jeux!

Trois jeux pour apprendre à se connaître... D’abord, il nous faudrait commencer par Dixit. Puis pour trouver nos points communs passer par un petit Unanimo. Et si on finit la soirée par What’s it to ya? je pense qu’on en aura appris un peu plus l’un sur l’autre.

15) Pourriez-vous nous parler d'un auteur ou d'une œuvre importante à vos yeux, que ce soit en littérature, théâtre, cinéma, jeu etc... que vous souhaiteriez faire découvrir ou redécouvrir à mes lecteurs ?

J’adore les livres autant que les jeux de société. J’en achète même plus, en réalité.

 

Niveau auteurs, j’aime bien Paul Auster, Haruki Murakami ou Paulo Coelho, et le livre que j’ai le plus lu dans ma jeunesse a probablement été Gatsby le Magnifique de Fitzgerald.

 

Je ne sais pas si ces romans ont eu une influence sur ma facçon de créer des jeux, mais probablement un peu sur ma façon de vivre?

 

D’ailleurs mon film préféré est Jerry Maguire, avec Tom Cruise, et il m’a pas mal aidé dans la vie. L’introduction de début du film est un peu longue, mais quand elle se termine il y a cette réplique: « J’avais 35 ans, et je me lançais dans la vie ».

Et il se trouve que je suis moi-même devenu auteur de jeux à plein temps à 35 ans. A mes débuts j’ai appris le métier en jouant aux divers jeux de Reiner Knizia. J’ai été marqué par sa capacité à inventer une seule mécanique et à l’utiliser de diverses facons.

 

Mais de nos jours j’ai l’impression qu’on a de moins en moins affaire à des auteurs avec leur singularité qu’à des influences entre jeux. Le canadien Flight Fantasy Games notamment semble donner la tendance. Je crois que le fait que le public s’est habitué aux différentes mécaniques pousse à réfléchir plus à d‘autres aspects, comme la thématique.

Test de jeux entre Gary et "Manu" Beltrando

16) Le jour où vous devrez quitter le monde du jeu, d’une manière ou d’une autre, que souhaiteriez-vous que l’on retienne de vous professionnellement mais surtout humainement?

En tant qu’auteur, j’aimerais bien que les gens puissent acheter mes jeux en se disant « Si c’est un jeu de Gary Kim, je suis au moins sûr que ça ne sera pas mal ». Sinon je serais content qu’on pense de moi « C’est une personne qui a aidé et inspiré les auteurs coréens qui lui ont succédé ».

17) C'est malheureusement la fin de cet entretien, Gary Kim, en prenant en compte votre vie professionnelle et personnelle êtes vous heureux ?

 

Je suis heureux. Je pense même que la période qui s’étend de mes 35 ans à aujourd’hui est la plus heureuse de ma vie. Quelqu’un a dit qu’il suffit d’avoir un travail, de l’amour et de l’espoir pour avoir du bonheur. J’exerce un métier que j’aime, j’ai une famille que j’aime, et plein de choses que j’aimerais faire à l’avenir. De ce fait on dirait bien que je remplis ces critères.

 

Donc oui, je suis heureux!

Merci infiniment Gary d'avoir pris le temps de cet échange à trois. 
Encore merci à Gaelle.

 

 

La question de Mr F.Faic

Monsieur F.Faic est un professionnel du monde ludique souhaitant garder l'anonymat et posant chaque semaine une question plus ou moins caustique à mon invité. 

 

Raaah bordel Gary, j'espère que vous parlez ma langue parce que, en tant que bon creti-- que bon français, je n'ai pas envie de faire le moindre effort pour me faire comprendre.

Et puis, après tout, la France est le centre de l'univers ludique. Eeeettt voici ma question en lien avec cette bien trop longue introduction : Avant de pondre "le lagomorphe et le reptile en carapace" (je refuse d'appeler ce jeu le lièvre et la tortue) chez Purple brain, vous rouliez pour Moonster games où vous avez succédé à Kim Sato (réel avatar ou grosse mythe... On s'en Beltranfout) à Jun Sasaki, Yoshihisa itsubaki, Ryo kawakami, Yoshida Masanori ou Christophe Hermier.

 

Alors, premièrement, est-ce que vous ne vous sentez pas de complexé devant cette quasi majorité d'auteurs Français et, deuxièmement  d'après vous, si nous importons des talents d'auteurs en France, ne devrions-nous pas être moins arrogants et importer également la création graphique pour rafraîchir l'aspect du paysage ludique européen qui tend à s'uniformiser ?

Tout d’abord, je suis très fier de pouvoir réaliser cette interview comme nombre de vos auteurs français l’ont fait.

 

Bien évidement, je vous envie d’en avoir autant. Mais je suis persuadé que les auteurs coréens seront de plus en plus nombreux, car la Corée a elle aussi son lot de jeunes auteurs amateurs de talent.

Concernant votre deuxième question, plutôt que l’importation de la création graphique en elle-même, je dirais que ce qui importe est de trouver ce quelque chose qui donne à un jeu tout son brillant, comme un diamant au milieu des autres jeux.

Si ce quelque chose est en partie le graphisme, alors oui il faut chercher l’artiste qui saura réaliser un travail qui fait la différence.

Et ce qu’il soit en France ou dans n’importe quel autre pays.
 

La semaine prochaine, pas d'entretien mais un compte rendu du festival que vous attendez tous! 

Pour ceux qui souhaiteraient soutenir mes entretiens, voici ma page tipeee,  même un petit geste fait plaisir et vous pourrez contribuer à d'autres interviews réalisés sur des festivals (Cannes, Paris est ludique, Essen...) : 

Ma page Tipeee 
 

Merci à mes Tipeeeurs de me soutenir  : Arnaud Urbon, Bruno Faidutti, Emilie Thomas, Nicolas Soubies ,Virgile De Rais  et Pierre Rosenthal! 

 

Pour ceux qui souhaiteraient découvrir les précédents entretiens, mes animations ou suivre ma page facebook  : 

http://www.facebook.com/jeuxviensavous/
 

Saison 1

Yves Hirschfeld
Benoit Forget
Bruno Faidutti 1ère partie
Bruno Faidutti 2ème partie
Naiade
François Haffner 1ère partie
François Haffner 2ème partie
Pierô Lalune
Timothée Leroy
Mathilde Spriet
Sébastien Pauchon
Tom Vuarchex
Vincent Dutrait 1ère partie
Vincent Dutrait 2ème partie
Christophe Boelinger 1 ère partie 
Christophe Boelinger 2ème partie
Régis Bonnessée
Roberto Fraga 1ère partie
Roberto Fraga 2ème partie
Cyril Demaedg
Bruno Cathala 1 ère partie
Cyril Blondel
Bruno Cathala 2ème partie
Yahndrev 1ère partie
Yahndrev 2ème partie
Emilie Thomas
Sebastien Dujardin
Florian Corroyer
Alexandre Droit
Docteur Mops 1ère partie
Docteur Mops 2ème partie
Arnaud Urbon
Croc
Martin Vidberg
Florent Toscano
Guillaume Chifoumi
Nicolas Soubies
Juan Rodriguez 1ère partie
Juan Rodriguez 2ème partie
Bony
Yannick Robert
Docteur Philippe Proux
Franck Dion 1ère partie
Franck Dion 2ème partie
Franck Dion 3ème partie
Yoann Laurent
Carine Hinder et Jerôme Pélissier
Dominique Ehrhard
Christian Martinez
Maxime Savariaud

Véronique Claude
Shadi Torbey


  

Saison 2 
 

Fabien Bleuze
Serge Laget
Djib 1ère partie
Djib 2me partie
Florian Sirieix
Farid Ben Salem 1 ère partie
Farid Ben Salem 2ème partie
Julien Lamouche
Jean-Louis Roubira 1ère partie
Jean-Louis Roubira 2ème partie
Philippe des Pallières 1ère partie
Philippe des Pallières 2ème partie
Julian Malgat Tome 1
Philippe Tapimoket 1ère partie
Philippe Tapimoket 2ème partie
Théo Rivière
Reixou
Nicolas Bourgoin

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