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Jeux Viens à Vous Marie Cardouat 

1ère partie

Il parait que les femmes aiment se faire désirer.  
C'est le cas pour Marie Cardouat! 

Il aura fallu près de 2 ans et demi afin de pouvoir publier cet entretien mais c'est dorénavant chose faite. 
Entre sa vie d'illustratrice et celle de jeune maman, Marie repoussait sans cesse ses réponses, non par mauvaise volonté mais parce qu'elle ne trouvait pas le temps de me répondre comme elle le souhaitait.

Nous nous étions finalement vu l'année dernière lors du Festival de Cannes. Un an plus tard, voici la première partie de cet entretien où Marie se dévoile comme professionnelle mais également comme femme et maman.

Cet entretien a donc une saveur particulière, pour sa longévité mais également pour cette rencontre au festival de Cannes où j'ai pu échanger durant une heure avec une illustratrice touchante et pleine de talents.


Merci Marie. 
 

 

1) Marie Cardouat, bonjour, auriez-vous la gentillesse de vous présenter ?

  Bonjour, je suis illustratrice depuis 10 ans maintenant. Je travaille de chez moi, à Paris, où j’ai mon petit atelier.
Je n’étais pas « destinée » à en faire mon métier au départ, puisque "bonne élève » à l’école et ne sachant trop que faire, après un bac scientifique j’ai fait une prépa HEC (qui prépare aux écoles de commerce !). Mais c’est là que j’ai réalisé que ce n’était pas du tout ce que je voulais faire, je ne me sentais pas à ma place, et grâce à des parents qui m’ont comprise et soutenue, j’ai pu trouver ma voie. 

J’ai toujours fait du dessin et des réalisations manuelles mais jamais je n’avais sérieusement pensé en faire un métier... J’ai fait un virage à 180°, pour faire un an à l’atelier de Sèvre à Paris où j’ai préparé les concours aux écoles d’art, et 1 an après j’ai pu intégrer les arts déco de Strasbourg, une école en 5 ans. Durant ce cursus j’ai fait un échange d’une année à l’université de Montréal où j’ai énormément appris.
J’ai fini les arts déco en 2006, suis rentrée à Paris et j’ai été immédiatement projetée « en free lance » dans ce métier.

Ca a été dur au début, comme pour beaucoup. Mon rêve était d’illustrer des albums jeunesse. J’ai finalement commencé avec des petits contrats, d’illustration de plaquettes etc, mais mon grand « départ » a été avec l’illustration de cartes postales, aux Editions des Correspondances avec qui je travaille encore aujourd’hui, 10 ans après. Cela m’a permis d’une part de commencer à pouvoir gagner un peu ma vie, et d’autre part d’enrichir un vrai book et d’avoir des illustrations en nombre à présenter.

J’envoyais toujours des books aux éditeurs de livres jeunesse et répondais aux annonces que je pouvais voir passer. C’est comme cela que j’ai envoyé, comme une bouteille à la mer, mon book à un éditeur qui cherchait par le biais d’une petite annonce un illustrateur pour faire un jeu de cartes….ce jeu c’était Dixit.
Ce fut « ma première fois » dans le monde du jeu de société, duquel j’étais totalement étrangère. Une rencontre extra avec l’auteur et l’éditeur ; un travail passionnant, qui m’a permis de travailler pendant 6 mois non stop... et évidemment, cela a changé beaucoup de chose par la suite. 

Depuis, je continue toujours d’illustrer des jeux, mais je n’ai pas abandonné les cartes postales ni les albums jeunesse, et j’aime assez l’idée de travailler sur des supports aussi éclectiques qu’une couverture de livre, des marque pages, des affiches ou encore des jeux. Cela rend mon métier d’autant plus passionnant !

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L'atelier de Marie Cardouat. 

 

 

Nous nous mettons à nous tutoyer

2) Que t’a apporté le dessin dans la vie à part un métier qui te sied plus que le commerce ?

Et bien avant tout le privilège, voire le luxe, de faire un métier qui me passionne, en soit c'est déjà énorme je dirais. Comme je le disais plus haut je ne m'ennuie jamais, et la variété des supports sur lesquels je peux travailler (jeux de société, papeterie, albums, affiches, etc...) me permet de voir les choses sous un autre angle à chaque fois.

Chaque nouveau projet, c'est l'occasion de raconter une nouvelle histoire aux gens à qui l'on s'adresse ; de les faire rêver ou voyager, de communiquer avec eux. Si j'arrive à transmettre une émotion, un ressenti à travers mes images, j'ai tout gagné...

C'est un métier où l'on est assez isolé (en tous cas dans mon cas puisque je travaille seule chez moi), dans sa bulle, mais où finalement la communication se fait indirectement avec les gens. Et lorsque quelqu'un m'écrit pour me dire qu'une image l'a touché, l'a rendu heureux, honnêtement je ne connais pas récompense plus motivante et épanouissante.

Personnellement j'essaie plutôt de transmettre quelque chose de positif à travers mes images... en fait je n'essaie pas, je n'arrive juste pas à faire des images "torturées", même si cela peut aussi beaucoup toucher. Je pense que cela vient juste de mon tempérament, j'aime à croire que le monde reste beau, surtout quand des événements du monde "réel" tendent à nous faire croire l'inverse.

C'est ma "barrière de protection" en quelque sorte : plus c'est inquiétant et laid autour, plus je voudrais montrer et partager la poésie et la beauté des choses, ou en tous cas montrer le monde tel qu'il devrait être : coloré, poétique, malicieux, pétillant même ! Si ça permet à au moins une personne de ressentir de l'apaisement, du soulagement ou tout autre sentiment positif, alors mon travail n'est pas complètement vain. 

 

3) Nous sommes le 16 novembre 2016 lorsque tu me réponds à cette question, soit 3 jours après l’anniversaire des attentats du Bataclan.
Est-ce à cela que tu penses quand tu parles de monde inquiétant et laid ou à d’autres choses ?
En tant que parisienne, est-ce que ces attentats ont changé ta vie au quotidien ?

C'est vrai que les attentats de Paris, 1 an après, restent très présents dans les esprits et évidemment font partie de ce qui ne rend pas le monde joli... mais il y a aussi tout un contexte, on va dire social ou politique, je ne sais trop comment l'appeler, un peu inquiétant qui s'installe un peu partout (on vient de le voir avec les élections aux USA, et on verra ce que donnent les présidentielles en France)... sans vouloir faire de politique, c'est quand même difficile de ne pas voir un peu partout fleurir des pensées extrêmes, et avec de moins en moins de complexes.

Concernant les attentats, oui bien sûr j'y pense, je m'inquiète, je pense à ma fille, à mon enfant à venir... en revanche même si c'est difficile d'oublier ça, en tant que parisienne cela n'a en rien changé mes habitudes : je sors toujours dans les cafés ou les bars, je vais toujours au théâtre ou à des concerts et je prends toujours le métro... comme beaucoup j'imagine, quand j'assiste à un spectacle dans une salle fermée je ne peux pas m'empêcher d'y penser, mais pour autant il ne m'est jamais venu à l'esprit de m'enfermer chez moi ou de m'empêcher de faire quoi que ce soit. Ce serait d'après moi une grosse erreur, et le but n'est pas de céder à la panique mais au contraire de profiter de la vie, où que l'on soit, au maximum...

 

Je ne veux pas transmettre à ma fille la peur de sortir ou de faire des choses, je veux qu'elle soit aussi insouciante que j'ai pu l'être petite. Et je continue à avoir envie de voir tout ce qu'il y a de chouette et de joli, encore plus même, et de transmettre ça à travers mon travail, autant que faire se peut :)

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Les terrasses parisiennes

4) Tu nous parles de pensées extrêmes de plus en plus présentes.
Il y a en France, j’ai l’impression, deux visions : l’une avec une population voulant se protéger d’une menace mais surtout j’ai l’impression d’un changement abrupte qu’il soit culturel, sociétal, économique, scientifique, avec une société changeant de plus en plus rapidement, brutalement, ce que certains ne supportent pas, à tort ou à raison, et qui parfois se lient aux idées extrêmes que l’on retrouve également dans des partis dits de gauche, et puis de l’autre des personnes peut-être d’un autre milieu dit plus ouvert, souhaitant ces changements de sociétés, et une fracture se crée entre ces deux populations, l’une dite plus traditionnelle et l’autre dite moderne.
Les médias et les politiques envenimant bien souvent cette fracture.
Comment vois-tu cela, et est-ce que le dialogue, la communication entre individus de terrain, en dehors de tous médias, en dehors de tous partis n’est pas la solution ? Ou bien ne vois-tu qu’une issue sombre dans les années futures ?


Ta dernière question m'a un peu laissée perplexe dans le sens où il y a déjà une forme de réponse dedans, mais sans rentrer dans des débats politiques ou idéologiques, ce qui n'est absolument pas mon domaine, je dirais juste qu'il s'agit avant tout d'humanité, et que parfois dans l'actualité ou même au quotidien, oui il est triste de constater un manque flagrant d'humanité, d'écoute entre les gens, une agressivité latente (il suffit de lire parfois les commentaires sur n'importe quel forum où les gens se "lâchent" en toute impunité, dans l'anonymat c'est tellement plus facile de cracher son venin quand on est derrière son écran) qui me laissent perplexe.

 

Ceci étant dit, cela ne résume heureusement pas non plus l'humanité dans son ensemble et c'est toujours un peu plus compliqué que cela ; par ailleurs les pensées extrêmes, les attentats, l'agressivité, la bêtise en général, tout cela existe depuis toujours, c'est juste qu'aujourd'hui on en parle plus, on a d'autres outils qui « propagent » le bon comme le mauvais (pas mal le mauvais quand même) avec les réseaux sociaux, et on a accès à tout avec les médias comme tu disais qui sont de plus en plus présents et augmentent ce côté « anxiogène » qui rend les gens de plus en plus méfiants, c'est un peu le serpent qui se mord la queue.

Mais je reste une vraie optimiste et bien sur, j'ai de l'espoir pour le futur ! Il y a toujours des contre-exemples, des gens courageux, intelligents, humains tout simplement, qui nous montrent que tout est possible, que la bonté existe encore, le respect aussi... C'est juste que ce ne sont pas forcément ceux-là qui sont le plus mis en avant.
Je crois en plein de choses belles et nous avons tous des rêves et des envies, il suffit juste de s'écouter un peu. Après on n'est pas chez les Bisounours, donc il faut aussi être réaliste et conscient de ce qui peut nous attendre mais je veux croire que la vie que je vais offrir à mes enfants sera belle malgré tout, et pour cela avant tout leur apprendre le respect des autres, l'humanité, car cela commence déjà par là : transmettre à nos enfants les bases pour qu'ils deviennent eux aussi les personnes courageuses, humaines, à la pensée indépendante qui inspirent les autres et donnent l'exemple. Ça fait un peu discours de miss là non ? « Le monde est beau, la guerre c'est moche ». Bon voilà.

 

 

 

5) Revenons à ton activité professionnelle et notamment le jeu qui t’a fait connaître : Dixit. Un jeu qui t’a fait connaître mais a sûrement marqué ton image auprès des éditeurs.
Est-ce que Dixit a été seulement du positif ou t’a-t-il empêché d’obtenir certains projets qui demandaient un univers peut être moins enfantin ?
Aurais-tu le désir d’ailleurs d’aller parfois dans des univers complètement différent ou pas du tout ?

  C'est vrai que Dixit est très "marqué" dans ce style à la fois naïf et onirique, mais en même temps c'est vraiment le mien... Après, naïf ne veut pas forcément dire enfantin... disons que je suis plus à l'aise dans des univers poétiques, et c'est vrai que j'ai toujours été plus attirée par l'illustration jeunesse, cela se ressent forcément dans mon travail, j'aime travailler les couleurs, amener si possible quelque chose de pétillant, de frais, ou de la douceur... mais Dixit ne m'a rien empêché de faire, au contraire, il m'a fait connaître et m'a apporté plein d'autres projets, dans le milieu du jeu en tous cas !

Après il y a aussi une question de technique : en l'état travaillant à la peinture je suis parfois un peu "enfermée" dans un univers c'est vrai... c'est la raison pour laquelle je travaille, quand j'ai un peu de temps, à me "diversifier" un peu, sans abandonner la peinture bien sur. La tablette, même si je ne maîtrise pas du tout pour le moment, me permet quand même d'aller parfois vers certaines choses qui sont difficiles à la peinture, et ça fait du bien aussi de changer un peu. Le changement de technique apporte forcément un renouveau, tout du moins une nouvelle fraîcheur dans sa production (même si ça ne va pas changer fondamentalement mon style non plus bien entendu).
 

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Marie en séance de dédicace

 

 


 

Du coup pour revenir à cet univers dans lequel on me connaît, les éditeurs ne penseront pas à m'appeler pour faire un jeu de zombies, mais bon ce n'est pas vraiment ce que je recherche à tout prix non plus... il en faut pour tous les illustrateurs et toutes les envies ! Ceci étant dit j'ai fait Steam Park qui certes est un jeu sur les parcs d'attraction donc qui évoque l'amusement et la fraîcheur, mais ce n'est pas spécialement enfantin... de même que "...And Then we held Hands" de chez Ludicreations, un peu moins connu certes, mais un jeu à deux très intimiste, très adulte, stratégique, sur les émotions.
Je ne me sens pas frustrée par rapport à ce que l'on me commande (ou pas) et si vraiment je ne ressens pas l'univers dans lequel on souhaite me faire travailler, je préférerai dire que je ne suis peut-être pas la personne qu'il faut pour ce projet plutôt que de m'embarquer sur quelque chose qui ne me correspond pas.

 

Le seul univers vraiment différent que j'aimerais un jour aborder, en tous cas que j'envisage souvent, c'est l'univers érotique ; je pense qu'il y a des choses vraiment intéressantes à faire, en tous cas cela me parle. Après, je n'ai pas de projet précis et ce n'est pas le genre de projet que l'on me commandera mais c'est la grande liberté de mon travail, je peux travailler pour moi et faire mes propres essais. Je ne sais pas encore comment, quel sujet exactement, ni si je montrerai quoi que ce soit au public là-dessus, mais c'est un thème qui me trotte dans la tête depuis quelques temps déjà. Après, tout est une question de dosage, de style vers lequel se diriger pour ce genre d'univers justement... en tous cas pour l'instant je ne fais qu'y penser :)

 

 



6) Aurais-tu aimé par exemple travailler sur Kamasutra de Bruno Faidutti?

Je ne sais pas si j'aurais eu envie de travailler ce thème dans le cadre d'un jeu de société, mais ça aurait pu être une idée oui !

J'aime beaucoup la direction qu'a prise David Cochard pour les illustrations de Kama Sutra, cela reste soft, mignon, sans vulgarité.

Il y a quelques temps j'avais fait une illustration en réaction aux propos de JF Coppé, qui se déclarait choqué par un livre jeunesse, "Tous à poil" de Claire Franek et Marc Daniau. D'après lui c'était un très mauvais exemple, alors que justement le propos du livre était de décomplexer sur la nudité, et d'amener un peu d'humour sur les personnages que l'on croise au quotidien (la maîtresse, le policier, etc). Bref ça m'avait inspirée, j'avais fait une petite bonne femme qui se déshabillait, avec un petit panneau "Tous à poil" (je te la mets en PJ) ; rien de très « sexualisé » ou « érotique » en fait, mais ça m'a donné envie d'en faire d'autres. Par la suite Martin Vidberg avait créé sur son blog une galerie où tout le monde pouvait poster un dessin en rapport avec le thème "Tous à poil", pour réagir à cela, dédramatiser la chose et puis s'amuser un peu.


C'est après ça que je me suis dit que j'aimerais bien faire quelque chose, une série d'images par exemple, qui se rapporte au corps, et pourquoi pas à l'érotisme, mais encore une fois pour l'instant rien de concret, juste une petite boule d'idée qui roule dans ma tête qui deviendra - ou pas - un projet futur, le jour où j'aurai le temps, l'envie, le bon projet.

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7) J'aimerais évoquer quelqu'un avec qui tu es très ami je crois, Ludovic Maublanc, avec qui tu as réalisé dernièrement Hop !
Ludovic est quelqu'un de très discret dans le monde ludique malgré sa production importante.
Réaliser un jeu ensemble, ça a été avant tout un plaisir de copains ?
Que partagez-vous ensemble ?

Ha bon pas de transition entre le Kamasutra et Ludovic Maublanc ? :D
Je précise que je plaisante bien sur, je ne voudrais pas alimenter une rumeur supplémentaire ;)

Ludovic, oui c'est une des belles rencontres dans ce milieu. Après je ne vais trop dire de mots gentils sinon il va avoir la grosse tête !
Mais bon, c'est vrai, on s'est tout de suite entendus, on a tout de suite bien rigolé, et nous avons passé beaucoup de temps en festival ensemble, mangé pas mal de pizzas, joué et rigolé à chaque fois que nous avions l'occasion de nous voir, beaucoup moqué l'un de l'autre aussi, dans les festivals, les rencontres ludiques comme les ludopathiques, les apéros.

Je ne sais pas pourquoi il a tout de suite compris mon potentiel de ridicule, et je suis naturellement devenue une source de moqueries, amicales on va dire :p

Du coup quand on a eu l'occasion de faire Hop avec Funforge, évidemment on a été trop contents de travailler ensemble sur un jeu pour la première fois... et au départ en effet tout est parti d'un délire de copains, en fin de journée en festival où nous jouions bêtement avec des punch boards... on s'est mis à se les lancer et à essayer de les rattraper avec le doigt (en embêtant au passage tous ceux qui jouaient sérieusement, eux, autour de nous)... et puis par la suite, Ludo a eu l'idée de relier cette idée à une autre qu'il avait depuis un moment, l'idée de monter dans le ciel avec des ballons... c'était plus pour rigoler, mais au final c'est devenu un vrai jeu, et je suis très fière qu'il ait vu le jour comme ça, chez Funforge en plus... Cela a mis du temps finalement à voir le jour, mais franchement je ne suis pas déçue du résultat et ça a été une aventure vraiment chouette, humaine et aussi professionnelle parce que j'étais aussi pour la première fois un peu auteur aussi... même si je reste définitivement illustratrice, c'était intéressant de faire de petites incartades dans le rôle d'auteur.

Donc voila, ce qu'on partage ensemble c'est surtout de bonnes tranches de rigolades, beaucoup de moqueries, et de la pizza aux frites (surtout pour lui). Dernièrement, vie de famille oblige, j'ai été moins présente dans les festivals, et donc un peu plus en retrait du milieu ludique, on se voit donc beaucoup moins... mais bon le cœur y est, c'est ce qui compte !

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                                    Ludovic et Marie avec leur prototype au Festival de Cannes 2013
 

 


 

Reprise de l'entretien au Festival de Cannes 2018


8) Tu me disais en OFF que tu étais sur le point d'accoucher, c'était donc il y a quelques mois
Nous avons eu nos aînés à quelques jours d'intervalles, il y a environ 2 ...maintenant 3 ans ! . (Rires)


Je pense que c'est ta plus longue interview ! (Rires)

Tu as battu Roberto Fraga !



Qu'a provoqué en toi le fait de devenir mère, qu'est-ce que cela a vraiment changé humainement mais également professionnellement ?

Professionnellement, ça m'a confortée dans mon attirance pour tout ce qui est relatif à l'enfance, car j'ai toujours voulu faire de l'illustration jeunesse.


Le fait d'avoir des enfants donne encore plus envie d'en dessiner et de dessiner pour eux !
Je n'ai pas changé mes thématiques mais ma manière de travailler, elle, a énormément changé parce qu'en ayant des enfants, on ne peut plus avoir son emploi du temps comme on l'avait auparavant.


Avant c'était plutôt midi-3h du matin, et maintenant on est un peu obligé de se caler sur les horaires, d'avoir des journées un peu plus standard.
 

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    Quand activité professionnelle et vie privée se mêle....

 

 

Humainement, ça change ta perception de la vie, ta perception des priorités, ta... Forme ! (Rires)
Tu te mets à t'inquiéter pour des choses qui ne t'avaient jamais traversé l'esprit.

Tu deviens responsable d'une ou plusieurs personnes qui dépendent de toi, j'avais jamais pensé avant aux choses comme la maladie, la mort... Le fait d'avoir des enfants... leur vie, la mienne... si on disparaît...
C'est très gai ce que je dis mais bon ce sont des choses qui travaillent un peu quand on a des enfants.
Mais ça t'apporte aussi un peu de bonheur, sinon ça serait dommage d'en faire ! En fait c'est une source d'émerveillement permanent... Ils t'amènent de la fraîcheur, des questions incroyables...
Ils avancent en écrasant tout sur leur passage sans aucun scrupule !

Donc ça change un peu tout... mais en même temps tu essayes de ne pas tout changer dans ta vie !

La première, je n'ai pas eu l'impression que ma vie changeait, on arrivait à sortir, à la faire garder facilement, etc.
Le deuxième , lui, a un peu tout chamboulé au niveau de la fatigue, de la forme physique, il a mis du temps à faire ses nuits, le deuxième a été beaucoup plus dur à gérer.

Nous on s'est dit quand tu as deux enfants, tu te dis qu'un seul c'est facile en fait !
 


Ah ouais ! Mais je crois que ceux qui en ont trois, se disent que c'était facile avec deux !

Je me suis fait la réflexion en me disant : « Mais qu'est ce qu'on faisait avant ?! » même avec un tu peux t'organiser... mais deux... tout s'est compliqué dans ma tête alors que je suis sûre que ça ne l'est pas tant que ça avec du recul, mais quand on est fatigué, qu'on a le premier à gérer qui est encore petit, c'est tout cela qui s'accumule et tout devient une montagne, même prendre le train, les faire garder...
J'ai toujours voulu en avoir trois mais bon comme quoi on revoit les choses au fur et à mesure :D

La première année du deuxième pour moi a été très compliquée... du coup le travail s'est ralenti énormément, je ne pouvais pas travailler comme je le souhaitais, aussi vite que je l'aurais voulu. Le jour j'essayais de récupérer de la fatigue de la nuit, mon rythme était complètement bouleversé... le moral c'était pas mal en dents de scie, forcément !

Dans ma tête, j'ai toujours l'impression d'avoir 25 ans ! Le deuxième m'a mis un vrai coup de vieux !
Tout d'un coup je me suis vue vraiment comme un parent, enfin comme un parent comme on le voit de l'extérieur quand on est soi-même enfant ! Je me vois dans une maison à faire des choses de « grand » mais dans ma tête je sais pas, ça ne colle pas... pour moi je suis toujours l'enfant. Mais non ! (Rires)
Il faut prendre ses responsabilités, ça a ses bons côtés aussi mais... ça te ramène au temps qui passe...

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                                                    Illustration de Geneviève Godbout

8 B) Maintenant que le second est né, as-tu encore l'envie de travailler ? Comment comptes-tu gérer ton travail dans les prochains mois, prochaines années ?

Ah oui c'est sûr, j'ai envie de continuer de travailler !
J'ai eu l'occasion de profiter de garder le deuxième durant plusieurs mois, avec grand plaisir mais je me suis rendue compte que pour moi c'est essentiel d'avoir une vie à moi aussi, avec mes occupations.
L'équilibre c'est d'être là pour ses enfants et en même temps de travailler pour soi, pour moi c'est vital !


Certains se sentent épanouis en tant que parent au foyer, je trouve ça admirable, mais moi j'ai besoin de faire d'autres choses pour m'épanouir et me sentir bien.


La chance que j'ai c'est de choisir mes horaires, (enfin mes enfants les choisissent) (Rires) et mes projets donc ça facilite quand même grandement les choses... ça me permet de garder une certaine liberté.

 

 



9) Tu es l'épouse de Philippe Nouhra je crois, avec lequel tu as travaillé également au sein de Funforge, puisqu'il en est le gérant.
Pour avoir eu l'expérience c'est quelque chose de particulièrement délicat a gérer.


C'est vrai !

Comment conciliez-vous vie personnelle et travail  ?
Quand certaines décisions sont à prendre pour un jeu, comment se passaient les «  négociations?  »
Tu acceptais facilement ses décisions ou vous les preniez ensemble  ?



La suite de notre entretien la semaine prochaine! 
 

Pour ceux qui souhaiteraient soutenir mes entretiens, voici ma page tipeee,  même un petit geste fait plaisir et vous pourrez contribuer à d'autres interviews réalisés sur des festivals (Cannes, Paris est ludique, Essen...) : 

Ma page Tipeee 


 

Merci à mes Tipeeeurs de me soutenir  : Arnaud Urbon, Bruno Faidutti, Emilie Thomas, Nicolas Soubies ,Virgile De Rais, Pierre Rosenthal, et Ludikam! 

 

Pour ceux qui souhaiteraient découvrir les précédents entretiens, mes animations ou suivre ma page facebook  : 

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Saison 1

Yves Hirschfeld
Benoit Forget
Bruno Faidutti 1ère partie
Bruno Faidutti 2ème partie
Naiade
François Haffner 1ère partie
François Haffner 2ème partie
Pierô Lalune
Timothée Leroy
Mathilde Spriet
Sébastien Pauchon
Tom Vuarchex
Vincent Dutrait 1ère partie
Vincent Dutrait 2ème partie
Christophe Boelinger 1 ère partie 
Christophe Boelinger 2ème partie
Régis Bonnessée
Roberto Fraga 1ère partie
Roberto Fraga 2 ème partie
Cyril Demaedg
Bruno Cathala 1 ère partie
Cyril Blondel
Bruno Cathala 2ème partie
Yahndrev 1ère partie
Yahndrev 2ème partie
Emilie Thomas
Sebastien Dujardin
Florian Corroyer
Alexandre Droit
Docteur Mops 1ère partie
Docteur Mops 2ème partie
Arnaud Urbon
Croc
Martin Vidberg
Florent Toscano
Guillaume Chifoumi
Nicolas Soubies
Juan Rodriguez 1ère partie
Juan Rodriguez 2ème partie
Bony
Yannick Robert
Docteur Philippe Proux
Franck Dion 1ère partie
Franck Dion 2ème partie
Franck Dion 3ème partie
Yoann Laurent
Carine Hinder et Jerôme Pélissier
Dominique Ehrhard
Christian Martinez
Maxime Savariaud
Véronique Claude
Shadi Torbey


  

Saison 2 
 

Fabien Bleuze
Serge Laget
Djib 1ère partie
Djib 2me partie
Florian Sirieix
Farid Ben Salem 1 ère partie
Farid Ben Salem 2ème partie
Julien Lamouche
Jean-Louis Roubira 1ère partie
Jean-Louis Roubira 2ème partie
Philippe des Pallières 1ère partie
Philippe des Pallières 2ème partie
Julian Malgat Tome 1
Philippe Tapimoket 1ère partie
Philippe Tapimoket 2ème partie
Théo Rivière
Reixou
Nicolas Bourgoin
Natacha Deshayes
Gary Kim 
Emmanuel Beltrando
Tony Rochon

Thierry Saeys
Lia Sabine
Igor Polouchine 1ère partie
Igor Polouchine 2ème partie
Bernard Tavitian
Marcus 1ère partie
Marcus 2ème partie
Gaetan Beaujannot
Jean-Michel Urien
Michel Lalet 1ère partie
Michel Lalet 2 ème partie
Michel Lalet 3ème partie
Christophe Raimbault
Gaelle Larvor / Nam-Gwang Kim
Stefan Feld


Saison 3

Catherine Watine
Jean-François Feith
Nadine Seul 1ère partie
Nadine Seul 2 ème partie
Guillaume Lemery 1 ère partie
Guillaume Lemery 2 è me partie
Jérémie Fleury Tome 1
Aurore Matthey
Richard Garfield
Rémi Amy
Eric Jumel
Hadi Barkat
Roméo Hennion
Clément Leclercq
Blaise Muller
Claude Leroy 1 ère partie
Claude Leroy 2 ème partie

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