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d'événements ludiques
Jeux Viens à Vous Marcus 1 ère partie
Level one, vous connaissez?
Si vous êtes accro aux jeux vidéo alors vous connaissez forcément Marcus.
Journaliste dans l'univers du jeu vidéo depuis 30 ans. Il est en quelque sorte le grand tonton de Squeezie
Cet entretien a été réalisé au festival international des jeux de Cannes.
Tentant de nous isoler afin d'enregistrer notre entretien, nous nous perdons à l'orée d'une salle immense pleine de seniors concentrés dans un tournoi de scrabble duplicate.
Un silence incroyable règne alors dans ce lieu. Une autre manière de vivre le festival de Cannes.
Nous rebroussons alors chemin et nous installons dans un couloir perdu du Palais où de jeunes ados passerons une vingtaine de fois en criant « C'est Marcus ? »
Connu pour sa gentillesse, et malgré son planning chargé Marcus prendra le temps de répondre durant une heure et demi à toutes mes questions sans en éviter aucune.
Dans cette première partie, nous évoquons son histoire, sa notoriété auprès des geeks, de la difficulté d'être indépendant et des choix à réaliser, de la cinquantaine qu'il a franchi et de la lassitude qui peut s'installer, de sa rencontre avec Monsieur Phal, de Questions de merde spécial geek, de la bande dessinée, de sa timidité passée et d'un certain Raymond à qui cet entretien est dédié.
Tu préfères que je t'appelle Marc ou Marcus ?
Marcus.
Dans la vraie tu peux m'appeler Marcel ! ;-)
Non Marcus, les gens me connaissent sous ce nom là, même mes amis m'appellent Marcus.
1) Marcus bonjour, aurais-tu la gentillesse de te présenter ?
Je m'appelle Marcus, tu commences déjà très fort !
Et ça fait 30 ans cette année je crois que je suis journaliste spécialisé dans le jeu vidéo, c'est une formule un peu classe pour dire que je suis payé pour jouer, c'est quand même le métier du bonheur. J'ai commencé dans la presse écrite comme Micro News, Tilt, Consoles + etc qui n'existent plus pour la plupart aujourd'hui et puis je me suis retrouvé assez vite sur Canal + sur une émission qui s'appelait Cyber flash qui parlait de jeux vidéos dans les années 90/95 à une époque où les jeux vidéos, internet n'intéressaient pas grand monde. Et puis Canal+ a décidé de créer une chaîne de jeux vidéos qui s'est d'abord appelée « C : » et ensuite Game one.
Sur Game one j'ai crée une émission qui s'est appelée Level one qui consistait à jouer à un jeu dans les conditions du direct en 20 minutes en commentant ce que je faisais. En général c'était le premier niveau parce que c'est le plus représentatif. Et à la fin de l'émission le spectateur savait s'il avait envie d'acheter un jeu ou pas. En fait sans le savoir et sans le vouloir j'ai inventé le lets play, qu'aujourd'hui tous les youtubeurs utilisent, l'activité phare sur internet, car aujourd'hui n'importe qui peut faire son émission de télé.
A l'époque il fallait être dans une chaîne et j'avais la chance d'être sur la seule chaîne au monde de jeu vidéo ; il n'y en avait ni aux états-unis, ni au japon . Je suis le premier gars sur terre qui a eu l'idée de se filmer et de raconter des conneries en jouant à un jeu vidéo ! (Rires)
Depuis ça été repris par plein de gens et voilà !
Donc beaucoup de gens me connaissent grâce à cette émission, Level one, un peu plus tard sur Game one j'ai crée Retro game one, la première émission de retrogaming, qui donnait envie aux vieux cons comme moi de retrouver les jeux de leur enfance et donnait surtout envie aux jeunes de découvrir les jeux préhistoriques de mon époque. La plupart des gamers me connaissent car à l'époque internet n'existait pas, ils n'avaient pas le choix, s'ils voulaient voir du jeu vidéo y avait que Game one et y avait quasi que moi à l'antenne en boucle parce que les émissions étaient rediffusées sans arrêt. Les pauvres ils ne pouvaient pas y échapper !
Je suis un peu le Michel Drucker du jeu vidéo en fait ! (Rires)
Le mec est là depuis 40 ans et tu ne peux pas y échapper ! T'allumes ta télé, il est toujours dedans !
J'ai de la chance, les gens ont beaucoup d'affection pour moi car j'ai accompagné leur enfance, leur adolescence. Un jour un gars m'a dit t'es mon Casimir ! Ca fait très plaisir !
Et voilà depuis 30 ans je fais ce métier et j'ai jamais lâché ! Toujours un plaisir de le faire et un plaisir de rencontrer les gens qui me remercient pour ce que j'ai fait pour eux alors que je n'ai rien fait, j'ai juste fait le con devant une caméra en jouant à des jeux vidéos, c'est génial! Voilà en gros qui je suis.
Marcus joue depuis vraiment très longtemps!
2) Que représente le jeu pour toi ? Le fait de jouer et éventuellement le fait de faire jouer ?
C'est un lien social pour moi le jeu, le jeu vidéo et le jeu de société, c'est quelque chose qui se partage avant tout. Evidemment il y a des jeux où l'on joue tout seul, mais même quand tu joues tout seul, t'en parles à d'autres gamers, tu partages ton expérience, des astuces etc...
Mais fondamentalement, le premier jeu que j'ai eu c'était Pong, c'est un jeu de société, on jouait en famille avec mon papa, ma maman, ma tata, ma sœur, celui qui perdait allait faire la vaisselle, c'était assez rigolo. Donc le premier jeu le plus basique, y a un score, y a 2 joueurs, on voit qui gagne à la fin, c'est quelque chose qui se partage donc pour moi c'est ça le jeu. Je m'ennuie dans les soirées où on est là juste à dîner et à manger, j'ai toujours besoin de sortir un jeu de plateau, des manettes et qu'on aille se friter un petit peu.
Moi les soirées blanquette de veau où on papote de l'avenir du président de la république ça m'intéresse pas, je m'en fous. J'ai envie de jouer, de m'amuser avec mes amis, ma famille et puis les joueurs que je rencontre sur les salons, donc pour moi c'est quelque chose qui se savoure et se partage entre amis et qui crée des liens même !
Le jeu du Loup-garou par exemple, tu peux jouer avec des gens qui n'ont jamais touché un jeu de société de leur vie, qui n'aiment pas trop ça et ils vont passer une soirée géniale et ça va briser la glace entre une dizaine de gens qui ne se connaissent pas, tout d'un coup le fait de s'assassiner la nuit entre loup-garous va faire que ça va créer des liens et qu'après la soirée est partie et que tout devient fluide et sympa.
"dans le meilleur des cas tu vas lui demander : Il va faire beau demain? "
3) Je ne suis plus le jeu vidéo depuis très longtemps m'étant arrêté avec la N64 mais tu représentes si j'ai bien compris quelque chose de très important dans le monde du jeu vidéo, une icône, d'autant plus avec le rétro gaming, comment vis-tu cette « starification » qui reste à une échelle moindre par rapport à d'autres activités artistiques mais qui j'imagine doit engendrer certaines conséquences.
Au festival geek de Belfort, j'ai pu voir les gens faire la queue pour faire une photo avec toi, cela est-il parfois oppressant ou le vis-tu plutôt bien ?
Je le vis très bien ! (Rires)
Tu m'as vu sur un salon qui est un nid de geek ! C'est-à-dire que sur un salon comme la Necronomi'Con, tout le monde regardait Game one quand il était petit, donc 90% des gens qui sont là me connaissent.
On a l'impression que je suis Justin Bieber ! (Rires)
Tout le monde veut sa petite photo avec moi etc, mais la réalité de la vraie vie quand je sors dehors, sur une semaine, peut être 3 fois dans la semaine des mecs vont me reconnaître dans le métro, vont me faire un grand sourire, venir me parler, c'est très agréable car comme on est geeks, moi comme eux, on a des choses à se dire.
Le mec qui fait la météo sur France 2 , tout le monde le connaît mais tout le monde s'en fout ! Si tu le vois demain dans la rue tu vas faire « Ehh ! » mais tu connais même pas son nom, on te l'a imposé depuis des années, que tu le veuilles ou non tu l'as vu et dans le meilleur des cas tu vas lui demander « Il va faire beau demain ? » (rires)
Le pauvre, c'est à se flinguer comme notoriété ! C'est horrible ! Tout le monde te connaît mais ça sert à rien.
Moi peu de gens me connaissent mais les gens qui me connaissent, pour moi, c'est l'élite de la nation, c'est les geeks, c'est des gens qui sont curieux, cultivés, qui partagent des choses entre eux, qui aiment s'amuser, etc... C'est pas les gens qui regardent la télé réalité qui n'a aucun intérêt ou ce genre de choses.
Le terme « star de la télé réalité » me fait mourir de rire !
C'est quand même des gens inutiles, qu'on aura tous oublié dans 2 semaines parce qu'ils n'ont rien crée, ce n'est qu'un physique, toujours le même en plus, complètement stéréotypé, ça n'a aucun intérêt . Ces gens ne créent rien, ne servent à rien, sont même des mauvais exemples pour la jeunesse qui pense qu'il suffit de se mettre devant une caméra pour connaître la gloire et la fortune. C'est absolument pas le cas car ils finissent tous comme des épaves dans quelques années quand on les a oublié et ils le vivent très mal.
Donc je préfère être connu pour quelque chose que j'ai crée, j'ai inventé des choses, j'ai fait des émissions qui ont fait plaisir à des gens, je comprends qu'on vienne me dire « Ca nous a plu, on a aimé, merci pour tes émissions. » Y a peu de métiers où les gens viennent te remercier. Quand t'es expert comptable, on vient pas te dire « Oh Berthier, le bilan comptable du deuxième semestre, une merveille ! » (Rires)
Donc c'est très agréable, d'autant plus agréable que je me sens très proche des gens, contrairement aux youtubeurs qui sont des gens très jeunes, et qui attirent des gens jeunes qui ont 15 ans, qui sont des fans hystériques comme on peut en avoir pour le rock, qui n'auront pas de respect, ils vont leur sauter dessus en leur disant « Vas-y fais pas ta star ! » sans dire bonjour.
Ca m'arrive jamais ça !
Les gens sont très respectueux, certains même me vouvoient alors que moi naturellement j'ai tendance à les tutoyer, mais très vite les gens ne me prennent absolument pas comme une star, ils me prennent comme le vieux pote qui depuis 20ans leur conseille des jeux vidéos. Tu peux le voir sur les salons, il n'y a pas à briser la glace, elle est brisée d'entrée ! Ils sont tous sympas et souriants, y a absolument pas le côté star. Je m'organise pour dédicacer un maximum de gens, de prendre le temps de le faire, pas juste signer un poster ou un livre, mais parler 5 minutes/10minutes du dernier Star Wars, de Game of thrones, du dernier jeu vidéo, du bon vieux temps de l'amiga etc... j'aime ce contact.
Non Marcus n'est pas geek! Il aime juste faire le ménage de manière ludique.
Est-ce que c'est facile d'avoir toujours le sourire ?
On a tous des soucis au quotidien, est ce que parfois tu es en festival et tu penses à ta famille ? Est ce que c'est facile d'avoir toujours la patate ?
Je suis vraiment d'un naturel joyeux, vraiment c'est sincère.
Dans une année, il y a un jour où je me réveille et où rien ne va, je me cogne les pieds dans un meuble, la console est en panne, là je sens que ça va être une journée de merde, je ne suis pas bien, déprimé et là je me recouche en général, ou j'allume ma borne d'arcade et je reste à la maison, mais c'est une fois par an. Je suis plutôt sympathique de nature, c'est pas le fait d'être animateur télé, c'est ma nature depuis toujours, j'aime faire rire les gens, depuis tout petit, et en même temps j'étais timide, du coup je le faisais par le biais de la bande dessinée.
C'est jamais pesant, sur un salon je vois peut être 600 personnes dans une journée, sourire et discuter avec 600 personnes et avoir un vrai contact avec 600 personnes, même si c'est 2 ou 3 minutes avec chacun, j'ai quand même un vrai contact, il y a un vrai petit moment qui se passe. Et chaque moment est unique.
Même si 80% des gars viennent en me disant « Ah je te regardais quand j'étais petit !» C'est pas original, je sais mais ça me fait plaisir de me dire que je suis un bon souvenir pour ces gens, chacun m'explique comment il me regarde, certains c'est le matin devant leur bol de céréales, il y en a qui sont gardiens de nuit et qui regardent Game one la nuit, j'aime bien moi savoir comment ils vivent ce qu'on fait, ils ont des reproches parfois, ils disent « Y a plus de Retro game one », ils ont envie que ça revienne, moi aussi. Je me bagarre après chaque festival avec les gens de Game one pour refaire cette émission.
Je vais te donner une image que tous les gens comprendront, en tout cas tous les gens mariés.
Le jour de ton mariage, tu vas voir tous les gens que tu aimes, ta famille, tes amis, les gens que t'as pas vu depuis longtemps, des oncles et tantes que tu adores mais que tu vois jamais, ils sont peut être une centaine, tu vas pas pouvoir dans une journée passer plus de 4/5/10 minutes avec chacun. Chaque moment avec chacun va être génial, tu vas sourire de toutes tes belles dents avec chacun, tu vas te coucher à la fin de la soirée complètement crevé, des crampes dans les joues tellement tu as souri mais tu auras passé 100 bons moments avec 100 personnes que tu aimes vraiment.
Moi c'est ce que je vis sur un salon.
Tous les gens qui viennent me voir, il y a des exceptions, certains sont parfois asociaux, certains qui ne sentent pas très bons parfois, (Rires), mais l'image du geek qu'on a est très rare en fait !
"Préviens quand t'es mort !"
4) Justement, j'y viens, aurais-tu une anecdote marquante drôle ou émouvante qui t'est arrivée que ce soit dans un festival ou ailleurs ?
Par exemple mon plus gros fan à 94 ans. Il s'appelle Raymond.
Il vient chaque année me voir à la Paris games week, il a des mains pleines d'arthrite, il ne peut pas jouer, mais son neveu joue et lui regarde, il lui donne des conseils, etc
Chaque année c'est un plaisir de le retrouver, de papoter, une année il m'a amené un jeu de cartes, il m'a dit « Tiens si y a une panne d'électricité ou si ta console tombe en panne, ça ça marche toujours ! » Donc voilà c'est un vrai joueur. Il m'aime beaucoup, moi aussi à force. Et chaque année, à la Paris games week, je vois beaucoup de monde mais j'attends toujours ce jour où Raymond va venir. Y a 2 ans il est pas venu, j'ai eu très peur car à 94 ans tu te dis...J'espère qui lui est rien arrivé ! J'étais vraiment pas bien.
Et cette année il est venu...j'ai dit « Raymond tu m'as fait peur ! » Il était dans la queue et c'est moi qui l'ai vu, c'est moi qui me suis levé et qui suis allé vers lui direct, on est tombé dans les bras l'un de l'autre ! « Raymond tu m'as fait peur ! Préviens quand t'es mort ! »
Il me dit : « Mais je suis pas mort ! » (Rires)
C'est un plaisir de le voir chaque année et on papote. Il y a des gens qui viennent me voir tout le temps, à Cannes là, il y a une fille Aline et son fiston Ewan ils viennent me voir tous les ans. Ca devient mes petits chouchous, y a des gens comme ça parfois ils font même plus la queue, ça devient des potes.
J'ai un super contact avec les gens, plus avec certains qu'avec d'autres, c'est très rare d'avoir un truc négatif ! C'est très rare d'avoir l'image classique qu'ont les gens du geek, le gros qui ne se lave pas, qui a des boutons plein la figure, qui n'a pas d'amis et pas de conversation, ce modèle là en réalité n'existe pas, c'est un cliché qui a été inventé un peu par les médias, notamment par la télé, ils ont peur de nous. Quand tu branches ta console, tu ne regardes plus la télé.
Ils sont aussi peut-être dilués par la masse de gens...
Oui c'est vrai.
5) Tu es depuis 30 ans journaliste dans le monde du jeu vidéo, et si j'ai bien compris en indépendant.
Travailler en freelance soumet à une certaine pression, tu es marié, je sais pas si tu as des enfants...
J'ai un bébé depuis 10 mois, Charles.
Félicitations !
Merci !
Es-tu passé par des périodes compliquées ? Y a-t-il eu des moments où tu as hésité à continuer dans cette voie, où cela ne t'apporte pas plus de stress que cela ?
Tout les matins je me lève en me disant : « Mais quelle chance j'ai de faire ce métier ! De faire quelque chose que j'aime, de faire le con à la télé ou ailleurs, même dans l'écriture des textes des bouquins, je mets des vannes, j'ai un vrai plaisir à faire mon métier. Jamais je me suis dit « Ca me fait chier, j'ai pas envie ce matin. »
Jamais jamais !
Je ne fais que des trucs passionnants et avec des gens que j'aime, c'est un milieu de passionnés, personne dans le jeu vidéo ou en tout cas dans ceux que je connais n'est là pour le fric ou le pouvoir : il y en a assez peu à notre niveau, donc les gens sont là par passion.
Non Marcus n'est pas geek. Il a juste des goûts bizarres pour s'habiller!
"Vous êtes gentils mais à partir d'aujourd'hui, Astérix, Tintin, Luky Luke et les Schtroumphs et tous nos jeux sont supers."
Est-ce que tu as déjà eu une émission ou un contrat qui se termine, et tu te dis « Faut vite que je retrouve quelque chose ! » ?
Est-ce que tu essayes de te diversifier au maximum, sans parler de plan de carrière?
Je n'ai pas de plan de carrière.
Par exemple en 2002, Game one a été racheté par Infogrames qui faisait que des jeux de merde, ils faisaient tout le temps le même jeu (Astérix, Lucky luke....) en changeant le personnage, c'était censé être destiné aux enfants mais c'était 1000 fois trop dur mais ils s'en foutaient.
Il y avait Astérix ou Lucky Luke sur la pochette, ils étaient sûrs d'en vendre tant d'exemplaires donc ils ne se fatiguaient pas à faire un jeu original.
Pendant 4 ans j'ai testé des jeux dans Level one. Pour moi c'est une émission critique qui sert à dire : « Voici un jeu, je vous le présente et je vais vous dire si moi j'ai envie d'y jouer ou pas. Et surtout vous allez vous en rendre compte par vous-même. Et surtout vous allez vous en rendre par vous-même. Puisque vous allez voir 20 minutes du jeu et donc vous décidez vous même. Je vous donnerai mon avis à la fin. » Mon avis pour les Infogrames, il y en a qui étaient bien mais si vous aimez Tintin, pour 60 euros, achetez vous les albums de Tintin mais pas ce jeu !
Et évidemment quand Infogrames est arrivé, ils ont dit : « Vous êtes gentils mais à partir d'aujourd'hui, Astérix, Tintin, Luky Luke et les Schtroumphs et tous nos jeux sont supers. Et tous les gens qui vont nous passer de la pub, leurs jeux seront super et on va les mettre en avant. Ils faisaient carrément des propositions de contrats aux éditeurs : si vous nous passez de la pub, Marcus vous fera un Level one, on mettra de bonnes notes à vos jeux pour que vous ayez un maximum d'exposition.
Les mecs vendaient de l'éditorial ! Ce qui est inacceptable pour un journaliste, moi je ne suis pas publicitaire, je suis journaliste. Durant 3 ans de Game one au début, j'ai installé ma sincérité, mon honnêteté, j'envoyais pas quelqu'un acheter un jeu si je pensais pas que le jeu valait le coup. Jamais personne m'a dit : « Ohlala j'ai été acheté tel truc, tu en avais dit du bien c'était pas terrible ! » Ca ne m'est jamais arrivé.
Et là ça allait m'arriver avec Infogrames, donc j'ai été obligé de démissionner. Etant journaliste c'est facile, quand ton entreprise est rachetée par une autre boîte, tu as une clause de cession qui te permet de démissionner avec les indemnités de licenciement correctes, avec le chômage derrière etc... Donc j'ai pas réfléchi plus que cela, je voulais pas travailler avec eux, y a eu un moment de stress car je ne savais pas ce que j'allais faire derrière mais je ne pouvais pas rester. J'aurais perdu ma réputation je crois, car les gens se seraient dit : Marcus c'était un gars sympa mais maintenant c'est le gars à la solde d'Infogrames et des fabricants de jeux vidéos, il nous vend de la merde en usant de la confiance qu'on lui accorde pour nous fourguer des merdes. Et je ne voulais pas qu'on dise ça de moi !
Ca a été un vrai crève cœur de démissionner, je n'étais pas seul, presque toute la rédaction a démissionné, au moins je ne partais pas tout seul mais bon c'était la fin d'un truc, et je n'avais aucune idée de ce qui allait se passer ensuite. Alors évidemment quand tu dois bouffer, que tu as une maison à rembourser, il faut quand même faire gaffe ! Il y a le chômage dans un premier temps qui te permet de tenir, bon très vite j'ai retrouvé du boulot donc ça c'est bien passé mais j'ai eu 2 ans... pas de traversée du désert parce que j'ai continué à travailler mais en tout cas 2 ans où je n'étais plus à l'antenne.
2 ans pendant lesquels Infogrames a tellement bien réussi son coup qu'ils ont fini par quasiment couler Game one, se couler eux-mêmes tellement ils étaient mauvais, à se mettre en bourse pour essayer de gagner du fric, mais en fait le cours de l'action a chuté de manière vertigineuse car ils n'ont fait que des mauvais choix et ont fini par fermer. Et donc par lâcher Game one, repris par MTV, les gens MTV eux, m'ont dit : « On a envie de travailler avec toi, on voit qu'on est en procès avec toi ».
J'avais déposé la marque Level one, et ils (Infogrames) m'avaient fait un procès en dépôt frauduleux de marque donc j'étais en procès avec eux mais ils ne pouvaient pas prouver qu'ils avaient inventé Level One vu qu'ils étaient arrivés 4 ans après la création de l'émission. Ils ne pouvaient pas dire que ce n'était pas moi le créateur de l'émission !
Bref, j'étais sur de gagner mais un procès c'est long, et j'ai été en procès durant 1an et demi, au bout d'un an et demi, Infogrames a enfin lâché Game one, les gens MTV m'ont dit : « On annule le procès, on te rachète les droits de l'émission pour être clean et on essaye de travailler ensemble. »
C'est là qu'on a commencé à travailler Retro Game one, à partir sur des bonnes bases, avec des gens sains et qui savent ce que c'est que la télé. Les gens MTV savaient très bien que si tu mens aux spectateurs, ne serait-ce qu'une fois, ta réputation est foutue et ils ont pas joué à ça !
"Les gens pensent que je suis Jean-Pierre Foucault"
6) Tu as dépassé la cinquantaine, le jeu vidéo évoque à tort ou à raison la jeunesse, la passion.
J'imagine qu'avec le temps tu ne vis pas les choses de la même manière. En tant que professionnel, on ne vit pas le jeu de la même manière , est-ce ton cas également ? Est-ce que tu es déjà passé par une certaine lassitude, une envie d'être dans quelque chose de plus calme ?
C'est vrai que lorsqu'on fait ce genre de métier, c'est tellement passionnant que ta vie privée y passe. Tu as toujours un truc à faire, un salon, aider des potes, des gens qui débutent, ça s'arrête jamais, ça bouffe sur le temps que tu peux avoir même pour jouer pour soi. Un journaliste joue moins longtemps qu'un mec lambda.
Le mec qui va acheter Assassin's screed 50 euros, va le plier de fond en comble. Moi faut que je le teste, mais derrière j'ai aussi Horizon Zero down , Moonster hunters et Zelda, je vais pas pouvoir y jouer plus de 5 ou 6 heures parce qu'il faut avancer sur les autres jeux. Effectivement tu as complètement raison, un journaliste ne vit pas la même chose qu'un joueur de jeu vidéo.
Je l'ai bien vu quand j'ai écrit mes livres sur l'histoire du jeu vidéo : 70-90 c'est le moment où j'ai été un joueur normal. J'ai commencé, je crois, en 89 le jeu vidéo donc tout ce que je raconte c'est des souvenirs de gamer normal, mais j'ai eu une difficulté car à partir de 95 je suis professionnel et donc là j'ai une autre posture, je suis un journaliste, j'ai 10 jeux sur mon bureau que je n'ai pas payé, et je vais devoir les tester dans des conditions particulières. Je n'ai pas la même affection pour ces jeux-là que celle que j'avais quand j'étais ado, la période où tu te donnes le plus, et où je payais mes jeux 60 euros et crois moi que j'allais les replier dans tous les sens ! (Rires)
Ta vision en est changée forcément, c'est difficile de ne pas être blasé, moi j'essayais de ne pas l'être, pendant longtemps, même journaliste j'achetais mes jeux moi-même, c'est-à-dire que je laissais les jeux à la rédac et si le jeu me plaisait vraiment je l'achetais. L'idée que j'avais à travers ça, c'est de me dire « Est-ce que vraiment ce jeu je l'achèterais ? » A chaque fois que j'écrivais un test, je me posais la question : « C'est sympa comme jeu mais est-ce que je suis prêt à sortir 60 euros pour ça ? » Et finalement y a peu de jeux où tu es prêt à sortir 60 euros... Donc j'en testais beaucoup mais je gardais toujours ça à l'esprit !
Mais sinon non, c'est tellement passionnant que je n'ai jamais eu envie d'arrêter ou de me reposer. Maintenant que j'ai une petite femme et un enfant c'est sûr que ça commence à me travailler... Tu vois je suis là à Cannes pendant 5 jours, je vais pas les voir, le week-end prochain je suis à Epinal pour un festival, je vais pas les voir du week-end. Je rentre mardi, je vais tourner pour Game one mercredi. Jeudi je vais préparer mes émissions pour No life, vendredi je vais tourner pour Micromania un reportage sur le Nintendo lab, et vendredi soir je prends le train pour Epinal et je ne rentrerai que dimanche soir.
Pour moi dans ma vie, ça fait 3 semaines que j'ai pas eu un jour de repos, et que je suis un peu loin de ma famille. Physiquement quand tu as 50 ans ça commence a être pesant et moralement aussi... Mais je suis tellement soutenu par les gens que je croise sur les salons que j'oublie vite ! Je vais pas dire que j'oublie vite mon fils ! (Rires)
Mais j'ai tellement de gens qui vont me parler de trucs qui m'excitent en plus ! Là tout à l'heure on me parlait du dernier Star Wars, faut pas me parler de ça ! Il y en a pour une heure !
Je n'ai jamais pensé à lever le pied, et là je t'avoue que je commence à y penser. Il faut dire, comme tu disais, quand tu as une bouche de plus à nourrir faut rentrer des sous ! Contrairement à ce que les gens pensent, les télés du câble et du satellite paient très très mal, donc si je compte mon salaire de Game one plus celui de No life, je n'arrive même pas à un salaire de prof pour te donner une idée. Les gens pensent que je suis Jean-Pierre Foucault et que je suis pété de tune. Le fait de faire des salons, de travailler pour Micromania me permet de compléter et d'avoir un revenu digne d'un mec de 50 ans qui fait dans le jeu vidéo depuis 30 ans et pas du mec qui vient de commencer y a 15 jours.
Mais je suis obligé de le faire. Si je faisais que Game one et No life, j'aurais le salaire d'un prof, ce qui est correct mais loin de ce que les gens s'imaginent de l'univers de la télé ! Hier un mec me dit : « Je pensais que t'étais pété de tune et que tu faisais les salons pour te faire plaisir ! » Je lui réponds : « Bah oui ça me fait plaisir d'aller à la rencontre des gens mais c'est aussi une source de revenu également. »
Marcus quand il était encore plus jeune!
7) Tu as participé au jeu Questions de merde spécial geek, comment s'est passé cette collaboration avec le Droit de perdre et as-tu envie de renouveler ce genre d'expérience dans le monde du jeu de société ?
Je découvre le monde du jeu de société depuis 5 ans, depuis que je suis membre du jury. En fait c'est assez marrant, il y a un spectateur qui m'a envoyé un mail commun avec Monsieur Phal et qui nous a dit : Monsieur Phal, Monsieur Marcus je ne sais pas si vous vous connaissez mais moi je suis fan de vous deux et je pense que vous devriez vous rencontrer car vous avez le même humour et vous faites chacun la même chose dans vos domaines respectifs .
Je connaissais Tric trac pour ses fiches de jeux, mais je n'avais jamais vu qu'il y avait des vidéos. Je regarde les vidéos de Monsieur Phal et je me dis : « Mais qui est cet imbécile ?! Je l'aime déjà ! » (Rires)
Effectivement, on a le même humour de merde et la même façon de voir la vie, le jeu vidéo et tout en général. Alors on a proposé à ce spectateur d'aller dîner tous les 3, évidemment le courant est passé immédiatement, entre nous 3 d'ailleurs. A partir de là, on est devenu potes avec Phal, j'ai travaillé un peu avec lui de temps en temps, il nous a filé quelques coups de main sur No life également et il m'a dit : « Est-ce que tu veux faire partie du jury de l'as d'or à Cannes ? ».
Je n'ai vraiment pas beaucoup de temps, on a vraiment des métiers où c'est très dur de trouver par exemple ici 5 jours, limite bénévolement, il y a une petite contribution mais c'est très léger, c'est très difficile dans mon emploi du temps, mais j'aime Monsieur Phal et les gens du jeu de société.
Je suis très content de découvrir cet univers qui ressemble beaucoup à ce qu'était le jeu vidéo y a 30 ans, c'est très familial, c'est des petites équipes. Pour faire un jeu il faut un créateur, un illustrateur, peut-être 2, 3 ou 4 personnes... ça commence à devenir un peu plus imposant mais pour faire Assassins scred, y a 300 personnes chez Ubisoft qui travaillent pendant 4 ans. De mon temps pour faire un jeu comme Frogger, la grenouille qui traverse la route s'ils étaient 2 c'était le bout du monde ! Les choses ont changé.
Le jeu de société est pratiquement à cette étape là de l'évolution par rapport au jeu vidéo, du coup c'est très familial et très sympathique et je découvre chaque année de nouvelles personnes .
J'ai eu la chance de rencontrer Bruno Cathala, Philippe des Pallières, Hervé Marly, des gens que j'admire par leur jeu, et au off un soir je croise Yves et Fabien, créateurs de Taggle qui est un jeu que j'adore, ils viennent me voir et me disent « On te regardait quand on était petits, on adore ce que tu fais » Et ils me disent qu'ils sont les créateurs de Taggle, je dis « C'est pas vrai ?! Je vous en vends des centaines à chaque fois que des amis viennent à la maison, je crois que vous me devez de l'argent ! » (Rires)
On s'est très bien entendu et François, l'éditeur du droit de perdre nous a appelé moi et mon ami Mathias (Lavorel), avec qui j'ai écrit des Retro gameone, pour nous proposer de faire un questionnaire de merde spécial geek car lui n'est pas du tout dans l'univers geek, il ne connaît pas les références, il savait que je les connaissais, et moi vu le peu de temps que j'avais, je ne pouvais pas le faire tout seul !
Donc je lui ai proposé tout de suite de travailler avec Matthias, il y avait plus de 150 questions à écrire, honnêtement tout seul je n'aurais pas pu. On a écrit la moitié chacun et comme Mathias a le même humour que moi, ça colle très bien . Ca a été très drôle à faire, on en a fait bien plus de 150, on a gardé les 150 préférées mais on a du faire le double ou presque ! Ca a été super agréable à faire . Ce n'était pas un calcul, c'était un truc rigolo à faire, sympa, ça ne rapporte pas beaucoup de sous non plus donc c'était un kiff, et l'idée d'avoir un jeu de société édité, c'est un truc assez étonnant pour moi !
C'est plus un truc entre copains, et je sais que ça fait marrer les gens, je l'ai fait jouer avec des youtubeurs (joueur de grenier, Benzaie etc...), quand tu es avec des gens comme ça qui ont de la répartie tout d'un coup ça devient génial !
C'est un quiz où y a pas de réponses valables, toutes sont bonnes. Tu peux avoir « Pour quel produit Wonder woman pourrait t-elle faire de la pub? » Alors t'as tous les machos qui vont répondre : « Des produits ménagers ! Les bonnes femmes à la cuisine ! »
Et joueur du grenier y répond : « Amazon! »
Y a des éclairs de génie donc ce jeu fonctionne, et peut donner lieu à des vannes extrêmement extraordinaires . Ca fonctionne, ça fait plaisir à plein de gens, je le vends ici, je le dédicace, plein de gens repartent avec, et reviendront me voir je pense en me disant « On s'est bien marré » Mon but est atteint, super.
8) Tu t'es lancé dans la bande dessinée, que je n'ai pas eu l'occasion de découvrir, mais j'aimerai savoir ce que t'apporte cette autre activité ?
Une manière de couper avec le jeu vidéo ? Un moyen de diversifier vos activités professionnelles ? Un défouloir ?
(Rires)
C'est un accident !
Encore un truc incroyable, même un des plus beaux trucs qui me soient arrivés dans ma carrière. Ca commence en 77, j'ai 11 ans, je pars en vacances à Juan les Pins avec mes parents, on m'offre un recueil de Strange avec Spiderman etc à lire pendant les vacances, c'est tellement bien que je lis tout dans la voiture pendant le trajet ! Arrivé à Juan les Pins j'ai plus rien à lire !
Mais des j'ai des crayons de papiers, de couleurs et des feuilles A4, je plie les feuilles de papiers A4 en deux pour faire un petit livret et je commence a dessiner une BD case par case, sans faire de synopsis, comme un enfant de 10 ans le ferait, tu développes ton aventure. Je crée un personnage qui s'appelle l'intrépide car... il est très intrépide !
Copié sur Spiderman, Ironman, d'ailleurs je crois qu'à l'époque Ironman c'était l'intrépide Ironman ! Il y avait l'incroyable homme araignée et l'intrépide Ironman, ils avaient tous des qualificatifs... Je fais le voleur vert, le super vilain qui vole des bijoux, ils se balancent des lasers dans la gueule, il y a des robots géants, tout ce que j'aimais à l'époque.
Ca faisait 7 pages mais je n'ai jamais fini l'intrépide, il est dans les griffes d'un robot géant et on ne sait pas comment ça va finir et je ne le sais toujours pas à ce jour car je n'ai pas la suite !
Je mets ça dans un tiroir, moi je garde tout, c'est donc resté très longtemps dans un tiroir, et puis 40 ans plus tard, j'ai fait une émission sur Spiderman, et je raconte mon histoire de l'intrépide, et je vais scanner les dessins pour les mettre sur facebook et pour que les gens puissent lire ses aventures.
Ca a fait un buzz pas possible, les gens qui m'aimaient bien ont adoré, et ont commencé à m'envoyer des dessins de l'intrépide, des figurines repeintes pour ressembler à l'intrépide, des intrépides en pixels, etc... Des mecs ont fait des jeux vidéos !
Un dessin animé de 12 minutes en image de synthèse, un truc de fou ! J'ai plus de 400 hommages à l'intrépide ! Et parmi tous ces gens, y avait Guillaume Lapeyre et Rémi Guérin les cérateurs de la BD City Hall, les créateurs du scénario, qui m'avaient envoyé un super dessin en me disant : « Si tu as besoin d'aide pour la suite, nous on peut t'aider».
On s'est rencontré, et comme ils travaillaient pour Ankama et que c'est une boîte que j'aime bien et dont j'ai la chance de connaître le patron, j'ai appelé Tot, je lui ai dit : « Il m'arrive un truc de dingue... »
Il me dit : « Oui j'ai vu ! »
Je lui ai dit que j'aimerais le publier et il m'a dit ok, on le fait !
Et résultat, 40 ans après, mon petit bonhomme de merde d'un garçon de 10ans se retrouve à la Fnac à côté d'Ironman grâce à la magie de l'ordre alphabétique !!
Je sais pas si t'imagines le bonheur que c'est pour moi ! C'est génial ! Un conte de fées ! C'est arrivé grâce à la gentillesse des gens, quand je te dis que j'aime mes fans, je ne fais pas ma Céline Dion, j'ai un vrai contact avec eux et un vrai plaisir et ils me le rendent bien.
9) Tu expliquais dans une interview être à la base très timide, tu as depuis développé une belle aisance oratoire.
Qu'est-ce qui t'a aidé ? Le jeu de rôle ? Les années ?
J'étais assez timide étant ado, pas beaucoup de copains, pas le mec populaire...
Avec un pote, on était fan de BD et de Gotlib, on a commencé a faire un petit journal qu'on a commencé a vendre dans la cour de l'école, mon papa faisait les photocopies en douce à son travail ! (Rires)
Le truc s'appelait Jérémie car à l'époque c'était un prénom ridicule, aujourd'hui je signe plein d'autographes à des gens qui s'appellent Jérémie mais à l'époque c'était comme Bertrand ou Gonzague !
On s'est rendu compte qu'on faisait rire des gens, même en étant timides, on a commencé a être un peu plus populaires. Le fait d'être caché derrière une petite BD et faire rire les gens, tu y prends goût très vite, évidemment !
C'est du spectacle ! Mais je n'osais pas parler en public par exemple, je n'osais pas appeler au téléphone par exemple.
J'étais dans la presse écrite, et j'aimais faire des vannes, j'étais un gros fan d'Audiard, je lisais les San Antonio, l'écriture ça me passionne, je faisais le malin avec mes petites copines de l'époque avec des lettres rigolotes...
La presse écrite m'a permis d'être diffusé partout en France, parfois j'allais dans les Pyrénées, dans la plus petite librairie du village et y avait mon magazine MicroNews avec mon texte !
C'était impressionnant de se dire que j'étais lu dans toute la France. Il n'y avait pas d'histoire de notoriété, à l'époque les journalistes n'étaient pas mis en avant.
Quand GamOne est arrivée, Canal nous a dit : il faut parler de jeux vidéos.
L'habitude à l'époque c'était de filmer un jeu et de faire un montage avec les meilleures séquences, souvent avec les cinématiques, c'est plus spectaculaire mais ça ne ressemble pas au jeu, ça ne représente pas les temps de chargement avant la cinématique et le petit bonhomme en bouillie de pixels. Tu prends un Final Fantasy de l'époque, même ceux qu'on adore, les 7, 8 c'est une bouillie de pixels dégueulasses dans des décors magnifiques, avec des cinématiques magnifiques, mais quand tu reviens au jeu, c'est un écran fixe avec un petit bonhomme en pixels qui se déplace, il y a un écran noir et un temps de chargement jusqu'à l'écran suivant etc... C'est insupportable !
Du coup je voulais montrer ça, j'ai dit : On montre un jeu vidéo, on fait comme on fait à la maison, assieds-toi à côté de moi sur le canap', on joue pendant 20 minutes et dans 20 minutes tu sauras si tu as envie d'acheter ce truc ou pas. Et c'est ça le principe de Level one.
Qu'est-ce qui fait que j'ai pu me mettre devant une caméra alors que j'étais trouillard ?
A l'époque on tournait ça dans un tout petit bureau de 10m2 , il y avait une table avec la régie, le réalisateur Pierre Boulet et Greg un ingénieur du son qui étaient mes potes et avec qui on rigolait tout le temps. Ils étaient juste en face de moi à 2 mètres, je faisais le jeu, je faisais des vannes pour eux, et les faire rire, mais quand tu fais de la télé, tu essayes de faire les choses propres, et donc de pas entendre des rires derrières, donc mon projet c'était de faire rire ces deux là !
Plus j'avançais, plus j'essayais de lancer des vannes, Greg l'ingénieur du son le mot qui le faisait rire c'était Gourdin, tu regarderas, il y a beaucoup de LevelOne où je dis « je vais prendre quoi comme arme ? Un gourdin ! » Et là t'entends pouffer derrière !
En fait, tu oublies la caméra ! Tu fais juste le con avec 2 potes, il y a peut -être des milliers de téléspectateurs mais au moment où tu le fais tu es avec 2 potes, ça devient donc naturel, comme il y avait 4 émissions par semaine, bah tu prends le rythme ! Tu ne te poses plus de questions.
"moi il ne peut rien m'arriver."
Quand tu commences à aller sur des salons et t'apercevoir que plein de gens te regardent, tu te rends compte de l'ampleur que ça prend, mais tu le vois pas au début. Ca m'a donc permis de prendre de l'assurance. Et puis, ensuite d'être toujours en terrain conquis ! Toujours avec des amis en face, y compris quand je monte sur scène à la Japan expo où c'est une salle avec 3000 personnes, où même là au festival où on est dans la salle de la remise de la Palme d'or. Tu m'aurais dis ça petit, j'aurais dit impossible !
Mais les gens à la Japan expo me regardent depuis qu'ils sont tout petits, me connaissent et savent que je ne suis pas très bon aux jeux vidéos, et ils me le pardonnent volontiers ou au contraire ça les fait rire. Si je me plante, c'est pas grave ! Ca va les faire rire, il peut rien m'arriver ! Tu vois ce que je veux dire ?
Quand tu es acteur de théâtre tu peux te planter, moi il ne peut rien m'arriver. Ma nature c'est d'improviser, c'est ce que les gens aiment. Ici, il y a moins de gens qui me connaissent, mais je n'ai pas eu peur. Le seul moment où j'ai le trac c'est quand je vais en terrain non conquis !
Par exemple dans une émission de télévision, de débats de France 2 ou ailleurs pour essayer de défendre un peu le jeu vidéo, où je sais qu'on va nous tomber dessus et nous traiter de drogués, d'épileptiques et de gens violents etc... C'est un peu déstabilisant car tu n'es pas chez toi, mais je m'en fous car j'ai des arguments ! Mais j'ai toujours une petite appréhension.
10) Croc me disait être l'un des seuls dans le monde du jeu de société a être encore avec son épouse, nombres de professionnels étant séparés pour différentes raisons : passion trop prenante, déplacement, manière de vie actuelle... Comment ton épouse vit-elle ta vie faite de test de jeux, de déplacement en festival, etc... Elle t'accompagne comme certaines femmes d'auteurs ou continue t-elle sa vie ?
Non non tout va bien avec ma femme ! (Rires)
Elle est pas geek, elle aime bien Mario kart et 2-3 trucs mais elle comprend très bien. Evidemment elle râle toujours un peu quand je ramène des nouvelles figurines et que j'en ai des millions. Elle me soutient, vraiment, elle ne me dit jamais que je suis relou avec mes trucs. Elle sait très bien que quand je joue c'est pour le boulot, bon j'en joue un peu parfois... (Rires)
Le test est déjà fait, et l'émission également mais j'ai envie de continuer de jouer encore un peu à Assassin's creed, je dis que je vais travailler mais en fait.... Bon elle le sait donc ça va ! (Rires)
Parfois je prends le temps de jouer pour moi, pas pour le boulot, mais y aucune différence visuelle...
Elle m'encourage et puis c'est ce qui paye la maison, et la bouillie du fiston! Donc elle comprend très bien. Mais elle essaye aussi de me limiter : « C'est vraiment indispensable que tu y ailles là ? C'est mal payé. » Et moi « Oui mais c'est des petits étudiants c'est leur premier festival, ils comptent sur moi ! »
Elle sait que je connais mon métier, je sais ce que je fais, je ne calcule pas mais je ne fais pas non plus les choses au hasard non plus, j'essaye toujours d'aider les gens, car j'ai découvert que quand tu es gentil avec les gens, un jour ou l'autre, les gens sont gentils avec toi et t'aident quand il le faut.
Autant être gentil et puis c'est ma nature !
Mais si je n'aime pas quelqu'un, je ne vais pas vers lui par contre. Ca fait 10 ans que je suis avec ma femme, maintenant on a un petit bébé,tout va bien ! Je suis étonné que tu dises que les mecs du jeu de société soient tous divorcés, c'est peut-être la société en général...
Un joyeux événement pour Marcus!
C'est ce qu'on disait avec Croc, mais il y en a beaucoup qui me disaient : je vais en festival chaque semaine, et au bout d'un moment, faut aussi faire attention.
Tu veux dire que ça bouffe trop la vie... je ne suis pas sûr que ça soit lié à l'activité.
Ma femme est prof d'anglais, dans ses classes sur 30 élèves t'en as 25 dont les parents sont divorcés ou remariés.
Quand on était petit, c'était l'inverse !
La société a changé, tu changes de partenaire, tu vas sur Meetic tu en retrouves un dans la semaine, tu as l'embarras du choix !
Les gens ont l'illusion du marché de l'amour... je trouve ça lamentable. Et je dis ça alors que j'ai rencontré ma femme sur Meetic ! (Rires)
Mais on était dans des belles conditions, c'était sympa, et je n'en abusais pas, je cherchais vraiment quelqu'un qui me corresponde, je préférais être anonyme, elle ne savait pas que j'étais animateur télé. Je préférais ça plutôt qu'une personne qui me connaissait et que ça soit faussé, quand tu fais de la télé les gens t'aiment bien pour l'image que tu renvoies, pas forcément pour toi.
Moi, j'avais envie de quelqu'un qui m'aime pour ce que je suis. Après je ne suis pas très différent entre la télé et la réalité, tout le monde le dit !
Je ne pense pas tricher, je sais que je ne suis pas bon aux jeux vidéos, j'assume !
Et puis ça me rend sympathique auprès des gens mais ce n'est pas calculé. Les animateurs à la télé, ils sont toujours plus beaux, plus riches, ils ont les dents blanches, moi j'ai les dents jaunes et du bide, bah je vais pas faire photoshoper mes photos pour les fans !
11) Une question un peu délicate mais j'ai pu voir lors d'interview que tu n'avais pas de langue de bois donc je me permets de te poser la question. Croc me disait l'année dernière lors de son entretien qu'il avait été très en colère après toi lorsqu'il avait appris que tu n'avais pas essayé Time Stories en tant que Jury mais que tu avais fait confiance ace que t'avais dit les autres membres. Ce qui avait crée une petite polémique dans le microcosme ludique. Ton arrivée en que jury, apporte je pense une médiatisation auprès d'un autre public...
Marcus me coupe.
La suite la semaine prochaine...
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Merci à mes Tipeeeurs de me soutenir : Arnaud Urbon, Bruno Faidutti, Emilie Thomas, Nicolas Soubies ,Virgile De Rais, Pierre Rosenthal, et Ludikam!
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Saison 1
Yves Hirschfeld
Benoit Forget
Bruno Faidutti 1ère partie
Bruno Faidutti 2ème partie
Naiade
François Haffner 1ère partie
François Haffner 2ème partie
Pierô Lalune
Timothée Leroy
Mathilde Spriet
Sébastien Pauchon
Tom Vuarchex
Vincent Dutrait 1ère partie
Vincent Dutrait 2ème partie
Christophe Boelinger 1 ère partie
Christophe Boelinger 2ème partie
Régis Bonnessée
Roberto Fraga 1ère partie
Roberto Fraga 2 ème partie
Cyril Demaedg
Bruno Cathala 1 ère partie
Cyril Blondel
Bruno Cathala 2ème partie
Yahndrev 1ère partie
Yahndrev 2ème partie
Emilie Thomas
Sebastien Dujardin
Florian Corroyer
Alexandre Droit
Docteur Mops 1ère partie
Docteur Mops 2ème partie
Arnaud Urbon
Croc
Martin Vidberg
Florent Toscano
Guillaume Chifoumi
Nicolas Soubies
Juan Rodriguez 1ère partie
Juan Rodriguez 2ème partie
Bony
Yannick Robert
Docteur Philippe Proux
Franck Dion 1ère partie
Franck Dion 2ème partie
Franck Dion 3ème partie
Yoann Laurent
Carine Hinder et Jerôme Pélissier
Dominique Ehrhard
Christian Martinez
Maxime Savariaud
Véronique Claude
Shadi Torbey
Saison 2
Fabien Bleuze
Serge Laget
Djib 1ère partie
Djib 2me partie
Florian Sirieix
Farid Ben Salem 1 ère partie
Farid Ben Salem 2ème partie
Julien Lamouche
Jean-Louis Roubira 1ère partie
Jean-Louis Roubira 2ème partie
Philippe des Pallières 1ère partie
Philippe des Pallières 2ème partie
Julian Malgat Tome 1
Philippe Tapimoket 1ère partie
Philippe Tapimoket 2ème partie
Théo Rivière
Reixou
Nicolas Bourgoin
Natacha Deshayes
Gary Kim
Emmanuel Beltrando
Tony Rochon
Thierry Saeys
Lia-Sabine
Igor Polouchine 1ère partie
Igor Polouchine 2ème partie
Bernard Tavitian