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d'événements ludiques
Jeux Viens à Vous COMER
L'acte de vandalisme consiste à détruire, dégrader ou détériorer volontairement le bien d'autrui.
Sont considérés comme actes de vandalisme :
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Les tags, les graffitis et autres inscriptions non autorisées sur un mur, dans le métro, sur un bus...
S'il n'en résulte que des dommages légers, la peine maximale pour avoir fait un tag ou un graffiti est :
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de 3750 € d'amende,
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et d'un travail d'intérêt général, qui peut consister en la réparation des dégâts causés sur un équipement public.
Un dommage léger est un dommage nécessitant peu de réparation, avec des dégâts superficiels. Par exemple, si la peinture est effaçable.
En cas de dommage important, un tag ou un graffiti est puni jusqu'à :
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2 ans d'emprisonnement
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et 30 000 € d'amende.
Vandale ou artiste? Malade ou personne responsable de ces actes?
Cet semaine je rencontre COMER, auteur de Marqué à vie, 30 ans de graffiti "vandal" et tagueur depuis plus de 30 années.
L'adolescent rebelle est devenu père de famille, artiste reconnu vivant de son travail mais tout en gardant une âme d'enfant qui lui fait relier le graffiti au jeu lui-même.
A travers un échange épistolaire toujours basé sur le respect, nous parlons de son amour du graffiti, de son évolution au fil des années, d'islam, de ses rencontres, de ses déboires avec la justice, de la responsabilité du tagueur au niveau pénal mais également en tant que père...
A vous de juger... ou pas!
1) COMER, bonjour, auriez-vous la gentillesse de vous présenter ?
Je suis connu dans le milieu du graffiti sous le nom de : COMER OBK
Ayant commencé le graffiti en 1987, je fais partie de ce que l'on appelle la "seconde génération" de graffiti artiste, en France et surtout à Paris.
Durant pas mal d'années (près de 30 ans) j'ai exercé un graffiti dit "Vandal" dans les rues, sur les voies de chemins de fer, dans et sur les wagons des métros et des trains de la région parisienne. Ce qui a fait de moi un activiste assez acharné.
Outre le fait d'avoir été mis en examen dans l'une des plus grosses instructions judiciaires (largement médiatisé en 2002) concernant le graffiti sur train et Metro, en 2010 j'ai été le premier graffiti artiste à sortir un livre sur le phénomène du graffiti en complète indépendance (auteur, éditeur, distributeur) appelé : PARIS CITY Graffiti, mais également le premier français à sortir (en 2017) un récit autobiographie sur le phénomène, appelé : Marqué à vie ! 30 ans de graffiti "vandal" ... toujours 100% indépendant.
"On n'est pas si loin du jeu finalement"
2) La seconde question porte habituellement sur ce que représente le jeu pour mes invités. Je vais donc la décliner pour vous.
Que représente le tag pour vous, et le fait de taguer ?
Pour moi le Tag est vraiment la base de ce qu'on appel de manière plus généraliste "le graffiti" !
Son action est rapide, efficace, énergique ! C'est bien plus speed qu'un graff, pour lequel on a forcément besoin de plus de matériel : une bombe, un marqueur, une pierre (avec lequel on fera des rayures), voir le geste du doigt sur de la crasse ou de la givre... tout est bon pour marquer, taguer le plus possible dans le plus d'endroits possibles.
On n'est pas si loin du jeu finalement. Un jeu dans lequel on marque le fait d'être passé par là.
Une sorte de jeu de piste avec d'autres joueurs en quelque sorte ?
Je dirais plus un jeu ou le plus d'endroits possibles doivent être visés. Le but : être vu le plus possible ;-)
3) Je dois vous avouer qu'effectivement la présence du jeu est très présente dans votre ouvrage.
On peut y lire un apprentissage de règles comme ne pas toyer par exemple (taguer par dessus un autre graffiti) ce que vous ferez au tout départ puis vous deviendrez tel un enfant qui apprend les règles à devenir respectueux des codes établis, vous en viendrez même à les apprendre à d'autres comme votre beau-frère.
Ces règles ont été essentielles dans votre vie pour vous structurer en tant qu'adolescent puis en tant qu'homme alors qu'en soit, le tag/graffiti franchit des règles établies par la société, celles de la loi ou l'interprétez-vous autrement?
En soi le graffiti (tel qu il est dicté dans le dictionnaire) semble être de définition une transgression. Donc hors règle de bienfaisance. Cependant et au même titre que le matraquage publicitaire (sauvage ou non) qu'on nous impose dans nos villes, le graffiti y trouve et impose sa place. A la seule différence “sans dépenser un rond”.
Après les règles qui gèrent le graffiti sont plutôt des règles liées au respect, puisque la principale et la plus importante est celle de respecter celui de l'autre. Les règles qui outrepassent le graffiti sont des règles qui m'avaient déjà été inculqués à travers mon père.
Le reste, ma construction, s'est plutôt faite “avec” le graffiti et non “à travers” je pense.
Où se trouve la nuisance visuelle?
4) Azyle dans une interview expliquait que cela devenait de plus en plus difficile d'être à la fois tagueur et de devoir expliquer à ses enfants qu'il faut respecter la loi.
Vous êtes vous-même également père de famille.
Comment gérez-vous cette dichotomie du papa graffeur ? Quels ont été les mots que vous avez eu avec vos enfants par rapport à votre condamnation ?
En fait, mes enfants sont nés avec et dans “l’ère” du graffiti. Ils ont donc toujours vu et connu les graffitis sur les murs. De même qu'ils ont toujours vu des graffitis chez moi, sur des toiles par exemple.
Ma fille (la plus grande) lorsqu'elle avait 1 ou 2 ans, en regardant par la fenêtre de la voiture et voyant des graffiti, m’a fait cette réflexion :
« Papa yegade, pareil le même qué papa »
Ce qui marque vraiment le fait que pour eux le graffiti est normal, sans appréhension du bien ou du mal ...
Sur le graffiti je n'ai donc pas cherché à leur donner le ton de la légalité ou de l'illégalité dans ce que je faisais, même si avec l'âge ils ont compris que tout support n'était pas louable ;-) (leurs mères leur ont aussi donné le ton).
Concernant le rapport à la condamnation, mon fils est trop petit pour en avoir eu vent et ma fille pas au courant dû au fait que cette condamnation n'a absolument pas impacté nos vies, donc aucune raison de lui en parler.
Entre temps elle a lu le livre et je pense qu'elle a assez de recul pour comprendre que ce que j'ai fait n'était pas bien vis-à-vis de la loi mais franchement démesuré vis à vis des « dommages » causés !
Les chiens ne faisant pas des chats, il paraît ;-)
5) Vous évoquez dans votre ouvrage l'addiction de votre activité, tel un toxicomane ou un alcoolique.
Ces derniers sont aidés dans des centres spécialisés et certains motivés réussissent à s'en sortir, même si je sais par expérience pour avoir travaillé en psychiatrie que bien souvent une addiction est remplacée par une autre.
5 A) Aviez-vous réellement l'envie à cette époque d'être aidé ?
Sincèrement ? Non !
Car durant tout ce temps même si j'ai clairement conscience de mon addiction, je n'ai pas eu l'impression d'être « malade », mais plutôt de participer à quelque chose pour et au sein de la culture Hip Hop avant tout.
Et puis j'avais besoin de reconnaissance plus que de dépendance au début ;-)
5 B) Vous vous êtes, depuis, si j'ai bien compris votre livre, tourné vers la religion de votre épouse.
Est-ce que cela a été en quelque sorte votre voie de secours ou vous aviez décidé de toute manière d'arrêter en quelque sorte vos « conneries » afin d'apporter une stabilité que votre épouse vous demandait en professionnalisant votre passion vers des activités légales mais peut-être plus ennuyeuses à vos yeux ?
La religion est une chose sur laquelle je me suis penché quasi en même temps que le graffiti (à quelques années d'intervalle). Je m'en suis éloigné car effectivement elle n'était pas du tout en adéquation avec toutes les conneries que je pratiquais (hors graffiti) mais je l'ai toujours gardé au coin de ma tête (de mon cœur). Et lorsque j ai rencontré ma femme actuellement, qui est de confession musulmane, ça a été le déclic !
Par contre, même si j'ai de nouveau lié des liens spirituels, je n'ai pas pour autant lâché le graffiti. Au delà de la dépendance (du graffiti), c'est une chose indispensable à ma vie, à la survie ou du moins à celle du personnage qu'est COMER ;-)
Le côté « artistique », je le prends vraiment comme un job et le dissocie de toute façon du graffiti tel que je le conçois et tel que celui-ci m'apporte mon quotidien d’adrénaline..
Là où elle a eu raison c'est qu'effectivement ce que je fais (sur toile notamment) semble plaire. Et franchement, aujourd'hui je ne vis que de « mon art » et je préfère de loin bosser de ma passion que pour des cons.
Dégradation de l'artiste Azyle : Pathologie psychiatrique ou Oeuvre d'art?
"La religion est une démarche spirituelle propre à chacun et n'appartient qu'à chacun."
6) Mc Jean Gab'1 disait « La religion n'est pas un sprint mais une course de fond, ceux qui la pratiquent n'en font pas tout un boucan.».
6 A) Vous ne m'avez pas l'air d'un sprinteur, mais auriez-vous envie de nous dire simplement avec vos mots ce que cela vous a apporté dans votre vie en tant qu'homme ? Une sérénité ? Une raison de vivre ? Une conduite de vie ?
La religion m'a apporté un apaisement spirituel dans une certaine mesure. En tout cas une hygiène de vie plus pure, plus tolérante, plus respectueuse, plus cadrée.
Au début, les raisons de m'y attacher étaient nombreuses : d'un coté la recherche de quelque chose de fort qui pouvait me "cadrer" ou me recadrer (car j'avais le sentiment de ne plus l'être au sein de mon cocon familial).
De l'autre, répondre à plein d'interrogations que j'avais sur la (les) religions. Mais aussi et ça je pense que ça à été un point décisif : le fait que déjà les médias n'arrêtaient pas de "cracher" tous les mots (maux aussi) sur la religion qu'est l'islam. Comme je l'évoquais dans mon livre j'ai toujours détesté les injustices et être musulman fin 80' début des années 90' semblait causer des injustices. C'était un peu une forme de provocation de plus que je menais, même si j'ai finalement été très vite happé par les textes.
Ensuite dans le cours de ma vie, elle c'est représentée à moi (en rencontrant ma femme) et cela m'a paru une évidence, car au final, même si je l'avais lâchée en partie, je ne l'avais jamais oubliée. Et c'est là qu'elle a pris vraiment tout son sens (le calme, l'apaisement, la tolérance que j'évoquais en début de réponse).
Effectivement Jean Gabin a raison dans sa phrase, ce n'est pas un sprint et je ne pense pas qu'il faille en "faire tout un boucan". La religion est une démarche spirituelle propre à chacun et n'appartient qu'à chacun.
Avant la sortie de mon livre, peu de personnes que je côtoyais hors de mon entourage, savaient que j'étais de confession musulmane. Si j'en ai touché mot dans ce livre, c'est qu'il fallait que j'explique certaines choses et les pourquoi de ces choses. Il fallait aussi remettre des choses dans leur contexte (socialement par rapport à une période) et je ne pouvais pas passer à mon sens à coté.
Mais ce fut rédigé anecdotiquement et absolument pas pour montrer du doigt ma direction spirituelle.
6 B) L'islam subit de nombreuses attaques médiatiques depuis le 11 septembre et notamment sur la violence qu'il véhiculerait que ce soit dans le Coran ou la soit disant non remise en question des musulmans selon la sphère médiatique.
Pour avoir lu en partie le Coran, il y a effectivement certains textes forts, violents même, mais comme toutes les autres religions monothéistes.
Mais cette violence ou ce prosélytisme je crois que je ne l'ai jamais croisé autour de moi.
Comment vivez vous ces critiques qui j'imagine doivent vous toucher ?
L'islam subit de nombreuses attaques médiatiques depuis bien plus longtemps que le 11 septembre 2001. J'ai de clairs souvenirs de certains titres et unes des journaux des années 80' et 90' "l'islam qui fait peur, fanatisme religieux, faut il se méfier de l'islam" ...
Sans compter les intérêts et les enjeux économiques qui se cachent derrière cette "guerre de religion" - Le pétrole notamment.
Comme vous le soulignez justement, aucun des musulmans de nos entourages respectifs ou que nous pouvons côtoyer ne montrent une quelconque radicalisation des idées. Certes certains textes (sourates) du Coran parlent de jihad ou même de lapidation, tout comme la Torah qui invite les israélites à "... partir en guerre contre les autres nations..." ou à "... exécuter le peuple de Madian...".
Certains textes de la bibles résonnent de la même façon, seulement et heureusement, l'interprétation de tous ces textes est majoritairement prise avec recul, tolérance et intelligence. La "radicalisation" est donc présente dans toutes ces religions. Elle n'est que le fruit de détracteurs et non celle (majoritaire) de ses propres croyants.
Vous aurez donc compris que toutes ces critiques me touchent mais n'ébranlent pas ma foi, sachant en plus que j'ai l'étrange sensation (sentiment) que tout ceci (les attaques comme ils appellent ça) est manipulé et sert à des fins d'intérêts financiers dans un premier temps, religieux dans un second.
6 C) Pensez-vous que l'islam doive également se remettre en cause et réaliser tel le catholicisme son « Vatican 2 » afin d'apporter une image plus claire pour ceux qui le critique ou pensez-vous que la très grande majorité des musulmans est après tout comme la majorité des chrétiens, effacée de ces batailles de textes et vit simplement sa religion personnellement ?
Ma réponse à votre question tient implicitement sur les dernières lignes de ma réponse en point B. Donc non ! Je ne pense pas que l'islam doit se remettre en cause, car pour moi, ce n'est pas une question de religion, mais d'humain.
6 D) Pensez-vous également que les représentants médiatiques de l'islam sont toujours bien choisis, je prends en exemple Hassen Chalghoumi qui parle au final très mal le français et ne donne pas à mon sens une bonne image de ce que sont les musulmans aujourd'hui en France ?
Dans la mesure où pour moi tout ceci est orchestré (voir réponse B), il est évident que du point de vue des intérêts "politiques" (du moins de l'image qu'ils veulent transmettre de l'islam aux Français), les représentants sont bien choisis (lol).
Pour ma part, évidemment que non ! Tout comme nos présidents au pouvoir, ce ne sont que de vulgaires pantins !!
"Comme beaucoup, il y a bien longtemps que je ne crois plus en la justice."
7 A) Dans le mariage de Figaro, Beaumarchais fait dire à l'un de ses personnages qu'une peine de justice doit avant tout être comprise.
Vous parliez de dommages causés par votre condamnation, quelles ont été les conséquences de cette condamnation sur votre vie et qu'en avez-vous compris ?
Outre l'éternité d'un procès qui s'éternise (quasi 12 ans de procédure, ce qui engendre certains dommages moraux de soi mais aussi de ses proches) et la (les) somme(s) ridicules qui finalement ont été requises (1200€ me concernant)... Je pense que le plus marquant a été de voir une fois de plus la supercherie qu'est le système judiciaire, ne se basant pas sur des faits factuels de droits, mais essayant tant bien que mal d'imposer sa décision en fonction de pressions exercées par des organismes d'état sur le tribunal.
Comme beaucoup, il y a bien longtemps que je ne crois plus en la justice. Il faut juste connaître la bonne personne à mon sens. Dans ce procès, le goal n'était pas de nous aider à arrêter en tapant le portefeuille, mais plutôt de gagner de l'argent facile. Tout comme je ne crois pas que mettre des radars soit pour la sécurité des gens, mais plutôt pour récolter de l'argent facile.
7 B) Quelles devrait être selon vous le rôle de la justice auprès des tagueurs ?
Laisser faire ? Condamner différemment ? Vous n'avez pas envie de vous imaginer de l'autre côté de la barrière ?
A mon niveau par exemple, juridiquement parlant ils n'avaient aucune preuve matériellement constituée qui prouvait que les faits reprochés s'étendaient sur la prescription. A partir de ce moment-là, j'aurais dû être tout simplement relaxé ! Pas donc besoin par le tribunal d'examiner les divers "devis" (que la partie civile avait rédigé elle-même etréalisé à partir de photos récupérées sur les magazines, sur les vidéos... ).
Parlons maintenant du délit ou plutôt des prescriptions que visent ce "délit".
D'un coté les services des transports urbain affirment médiatiquement qu'ils ne cessent de faire des progrès dans l'efficacité du nettoyage et notamment grâce au "film protecteur" qui ne laisse plus une trace. De l'autre ils prétendent s'appuyer sur les articles 322.2 et 3 pour demander des dommages et intérêts massifs sous prétexte que leur matériel serait abîmé (dégradation lourde).
Pourquoi une telle importance ? Car si le pelliculage ne laisse plus une trace sur les wagons (dégradation légère), la sanction est non seulement d'ordre "contraventionnelle" (une simple contravention), mais en plus la prescription est d'un an (ce qui finalement à été retenu par le tribunal à notre encontre, car faire un procès contre 1 avocat est simple, mais ça l'est moins lorsqu'il s'agit de 30).
Par contre, si le graffiti laisse une trace (dégradation lourde), la cela devient du pénal, donc prescription de 5 ans et amende plus lourde forcément qu'une simple contravention.
Néanmoins, il est clair que dans la mesure ou l'on veut être juste, on ne peut pas "laisser faire". Par contre on se doit en justice d'adopter la sanction au délit. Si dégradation lourde : Pénal. Si dégradation légère : contravention ! Voilà qui est déjà plus juste ;-)
Ensuite je pense que si jamais il y avait une réelle intention d'entreprendre de nous faire stopper le graffiti, nous aurions pu être suivis "psychologiquement" (un peu comme on fait suivre des alcooliques ou autres addicts à une quelconque substance) dans la mesure où dès le début la juge d'instruction nous a considéré comme des malades nous obligeant dans notre instruction à ne plus prendre les transport en commun, car selon elle "à la vue d'un wagon on ne peut s'empêcher de mettre notre nom".
A t-elle tout à fait tort ?
Je vais me faire « l'avocat du diable », mais n'avez-vous pas ce besoin instinctif, compulsionnel d'y mettre votre nom, le sentiment de gâcher une occasion si vous ne le faites pas ?
Ce qui perd un tagueur, n'est-ce pas ce besoin d'aller toujours plus loin dans la visibilité, le danger, l'adrénaline que cela lui engendre ? Ce qui engendre d'ailleurs des périodes où le tag prend toute la place dans la vie de la personne ?
D'ailleurs, un tagueur raisonnable est t-il vraiment un tagueur selon vous ?
Oui, effectivement il y a un réel côté addictif à marquer sa marque partout où l'on passe et dans cette mesure il est important d'avoir toujours son "matos" sur soi ;-)
Personnellement, je ne peux pas sortir sans mon marqueur dans la poche. Le cas contraire (oubli) c'est à ce moment là que se présente les meilleures occasions, ce qui revient à ce que vous disiez en amont ;-)
Le tagueur ne se perd pas vraiment en agissant ainsi. Enfin, oui il se détache de la dite "vie sociale classique" mais en contrepartie, il gagne des points dans une une autre vie, dans un autre monde, dont il pense maîtriser tous les éléments ou du moins dont il est son propre auteur de notoriété.
Donc effectivement, à ce moment-là le tag devient une véritable addiction et prend une place très (très) importante dans la vie du tagueur. Jusqu'à souvent avoir une sensation même de rejet de sa véritable identité, pour laisser place juste à celle de son blaze.
Concernant la notion de raisonnable. Dès le moment où un individu marque de son nom, de son pseudo les endroits où il passe, cela devient un tagueur. Ensuite, on parlera de notion de "cartonneur" si celui-ci en met partout le plus possible dans le plus d'endroits possibles. Si le tagueur se cantonne à poser des tags de temps en temps, il ne sera qu'un tagueur parmi tant d'autres et son nom ne sera sûrement même pas retenu par ses propres paires, donc très peu d'intérêt à mon sens.
Etre vu, connu mais surtout reconnu
8) Le tag se pratique bien souvent en bande.
Vous racontez dans votre livre comment vous avez été trahi par votre meilleur ami qui vous a dénoncé à la justice.
Beaucoup se font attraper de cette manière et ce depuis des générations. On se rappelle de Sheek vers 1987 qui avait été dénoncé à la RATP, vous évoquez également le cas de O'Clock très actif à l'époque mais qui a donné également de nombreux autres tagueurs lors de votre procès.
Vous avez continué pourtant à taguer avec votre ex beau-frère dont vous êtes resté proche.
Pourtant dans votre ouvrage, vous mettez en avant tous les membres de vos différents crews.
Au final, après toutes ces années, cela ne vous semble t-il pas une erreur de taguer à plusieurs plutôt que seul, ou bien est-ce selon vous contre nature et le crew est finalement inévitable surtout dans la période de jeunesse où les tagueurs sont souvent le plus actif ?
Avec les années on s'aperçoit que la confiance n'est jamais une chose véritablement acquise (exemple de SAMSEY mon ami d'enfance).
Taguer seul, ou tout simplement bouger seul, amène beaucoup d'avantages. Celui d'avoir plus de place, celui de faire beaucoup plus attention en comptant que sur soi et soi seul, celui de se sentir moins "vulnérable", plus en force, celui aussi de limiter "les balances" effectivement.
Cependant, et surtout à mon époque, où j'ai commencé, le "crew" était important ! Il faisait office de famille. En tout cas, me concernant mon crew était et est toujours plus qu'un simple crew. Ce sont les oncles de mes enfants tout comme je suis l'oncle des leurs.
Je pense juste qu'il faut savoir choisir ses partenaires et surtout en avoir le moins possible. Car moins il y a de gens au courant de ce que tu fais, moins tu risques de te faire balancer. Mais comme dit plus haut (et mon exemple est le bon) le risque zéro n'existe pas !
9 A ) Vous affirmez continuer le graffiti vandal, n'avez-vous pas peur des conséquences auprès de la justice après avoir subi un procès ayant duré sur plusieurs années ?
Non absolument pas. Tout simplement car en matière de justice, tant que le délit n'est pas constaté ou ne m'est attribué, je peux dire ce que je veux, je ne risque rien. En gros il faudrait que la justice ou les enquêteurs apportent la preuve de ce que je « prétends » avancer pour me refaire passer devant les tribunaux.
9 B) Y a t-il quelque chose de libératoire à pouvoir le clamer haut et fort ou n'est-ce pas au final trop « facile » alors que les tagueurs vivent dans l'ombre de leurs signature tel Bruce Wayne et son identité secrète ?
Le clamer haut et fort a sûrement un côté provocateur plus que libératoire. En l'occurrence si je l'ai mentionné dans mon livre c'est avant tout pour faire comprendre au système et aux lecteurs qui ne sont pas dans ce trip, le côté addictif du phénomène, voire même maladif.
Beaucoup d’entre nous aurons bon être réprimandés, condamnés voire incarcérés, rien ne pourra les arrêter. Les calmer un temps tout au plus ;-).
COMER (à droite) lors de l'émission GET BUSY
10) Vous critiquez certains ouvrages qui selon vous mettent en avant les « copains ». Auriez-vous envie de nous en dire plus à ce propos ?
Quel(s) ouvrage(s) conseillerez-vous alors ?
La critique que je formulais sur les ouvrages que je site de "complaisance", reflétait une certaine réalité de l'époque.
J'ai cité des titres dans le livre en guise d'exemple, mais tous ceux de l'époque (et là je parlerais plus des magazines) étaient de la même trempe.
L'époque en question se situe entre la fin des années 90 (là où nous avons décidé de créer notre propre livre) et 2010 (l'année où est sorti mon premier ouvrage : PARIS CITY Graffiti).
Pour ce qui est des livres ou magazines qui sont sortis dans ces périodes-là, il n'est pas langue de bois de constater qu'ils regorgent quasi entièrement de photos liées aux activités de ceux qui faisaient ces livres et magazines ou de leurs proches.
Avec un peu plus de maturité et d'objectivité, j'ai pris conscience bien après que ces mêmes "auteurs" se confrontaient à plusieurs difficultés.
La première : courir et parcourir la ville ou les banlieues (car c'est de là principalement d’où sortaient les plus grosses productions) pour prendre les photos.
La seconde : sortir les photos (je rappelle que nous n'étions pas à l'ère du numérique mais à celui de l'argentine qui était très onéreux).
La troisième : L'égocentrisme des graffeurs (qui faisait en sorte de ne pas vraiment s'intéresser aux autres ou ne pas avoir de relation avec d'autres, car "concurrent").
Donc prendre les propres photos de ses graffs ou récolter celles de ses potes était plus évident. Seulement, bien moins objectif pour représenter le terrain !
J'estime effectivement qu'à partir du moment ou l'on fait un ouvrage qui porte, de par le titre, sur les graffitis parisiens on se doit de ratisser large et donc de se bouger. Ce qui veut dire que j'ai compris les pourquoi du comment de ces livres et magazines de complaisance mais je n'en conçois effectivement pas la forme.
11) Pourriez-vous nous parler de deux rencontres importantes à vos yeux dans le monde du graffiti/tag, l'une pour son côté « professionnel » dirons-nous et l'autre pour son côté humain ? L'un n'enlevant rien à l'autre et vice versa.
Se limiter à deux rencontres est tellement difficile... J'ai rencontré tellement de gens différents, qui m'ont apporté ou pas des choses tellement différentes (professionnellement / humainement). La question est hard je dois l'avouer !
Pour le coté professionnel je parlerais de CREY 132 et de JUNGLE RAID DOG - Mes partenaires de taff, puisque depuis trois ans je vis (enfin survivre serait nettement plus adapté) du graffiti et de mon art.
CREY 132 est de ma génération. Il est issu de la culture graffiti et même si à contrario de moi, lui durant prêt de 30 ans n'a fait quasi que du graffiti de décoration ou autorisé, il n'empêche que nous partageons les mêmes valeurs du HIP HOP.
Il m'a fait rencontrer JUNGLE RAID DOG qui est un peu plus âgé que nous et avec qui il bossait déjà. JUNGLE RAID DOG est plutôt un "street artist". Mais ses valeurs humaines ainsi que son talent m'ont touché et nous avons commencé à bosser tous les trois ensemble vers 2016. Ils m'apportent depuis un cadre "artistiques’" et moi de la "street crédibilité". On se trouve bien complémentaires et surtout on rigole en partageant de bons moments de vie !
Concernant le coté humain c'est trop compliqué ... Les membres de mon groupe OBK m'ont apporté énormément... DUNK un bon binôme et un lien fraternel ... ASTONE, EKLA, HOME de vraies amitiés... NAKE un regard différent sur ma vie...
Bref pas facile de choisir une personne en particulier vraiment !
12) Pourriez-vous nous parler d'une œuvre (littérature, musique, peinture, ludique...) ou d'un auteur que vous souhaiteriez faire découvrir ou redécouvrir aux lecteurs ?
Je vous parlerai alors d'un personnage dont, pour moi, l’œuvre et la créativité ont été exceptionnelles : Hector GUIMARD
Et comme l'heure est à l'information facile; pour ceux qui ne connaissent pas ce grand nom de l'art nouveau, je leur laisserai le soin de chercher qui est ce Monsieur.
13) Le jour où vous devrez quitter le monde du jeu, d’une manière ou d’une autre, que souhaiteriez-vous que l’on retienne de vous en tant que professionnel mais également en tant qu'être humain?
Sur ce point je reprendrai simplement les dernières lignes de mon autobiographie : " Que Monsieur et Madame tout le monde retienne mon nom serait excellent, mais je serais déjà amplement satisfait, flatté, si mon milieu retenait de moi, de mon nom, de mon blaze, surtout, celui d'un acteur acharné au service du Hip Hop, au service de sa culture...
14) Malheureusement, c’est déjà la fin de cet entretien, COMER, en prenant en compte, votre vie professionnelle et personnelle, êtes-vous heureux ?
Si le fait d'être heureux est d'avoir et de toujours kiffer sa (la) vie, alors oui je le suis amplement. Et pour tout vous dire, s’il fallait la refaire je la reprendrais exactement telle qu’elle est sans hésiter.
Bon, en toute objectivité, j'essaierais quand même de changer certaines choses en ce qui concerne ma vie privée et je tâcherais de sortir des fat cap encore plus gros que ceux de l'époque pour "marqué(er) à vie !" les gens ;-)
COMER, merci pour le temps pris à cet entretien.
Pour ceux qui souhaiteraient soutenir mes entretiens, voici ma page tipeee, même un petit geste fait plaisir et vous pourrez contribuer à d'autres interviews réalisés sur des festivals (Cannes, Paris est ludique, Essen...) :
Merci à mes Tipeeeurs de me soutenir : Arnaud Urbon, Bruno Faidutti, Emilie Thomas, Nicolas Soubies ,Virgile De Rais, Pierre Rosenthal, Ludikam et Majax!
Pour ceux qui souhaiteraient découvrir les précédents entretiens, mes animations ou suivre ma page facebook :
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Saison 1
Yves Hirschfeld
Benoit Forget
Bruno Faidutti 1ère partie
Bruno Faidutti 2ème partie
Naiade
François Haffner 1ère partie
François Haffner 2ème partie
Pierô Lalune
Timothée Leroy
Mathilde Spriet
Sébastien Pauchon
Tom Vuarchex
Vincent Dutrait 1ère partie
Vincent Dutrait 2ème partie
Christophe Boelinger 1 ère partie
Christophe Boelinger 2ème partie
Régis Bonnessée
Roberto Fraga 1ère partie
Roberto Fraga 2 ème partie
Cyril Demaedg
Bruno Cathala 1 ère partie
Cyril Blondel
Bruno Cathala 2ème partie
Yahndrev 1ère partie
Yahndrev 2ème partie
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Sebastien Dujardin
Florian Corroyer
Alexandre Droit
Docteur Mops 1ère partie
Docteur Mops 2ème partie
Arnaud Urbon
Croc
Martin Vidberg
Florent Toscano
Guillaume Chifoumi
Nicolas Soubies
Juan Rodriguez 1ère partie
Juan Rodriguez 2ème partie
Bony
Yannick Robert
Docteur Philippe Proux
Franck Dion 1ère partie
Franck Dion 2ème partie
Franck Dion 3ème partie
Yoann Laurent
Carine Hinder et Jerôme Pélissier
Dominique Ehrhard
Christian Martinez
Maxime Savariaud
Véronique Claude
Shadi Torbey
Saison 2
Fabien Bleuze
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Djib 1ère partie
Djib 2me partie
Florian Sirieix
Farid Ben Salem 1 ère partie
Farid Ben Salem 2ème partie
Julien Lamouche
Jean-Louis Roubira 1ère partie
Jean-Louis Roubira 2ème partie
Philippe des Pallières 1ère partie
Philippe des Pallières 2ème partie
Julian Malgat Tome 1
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Philippe Tapimoket 2ème partie
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Michel Lalet 2 ème partie
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Saison 3
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Nadine Seul 2 ème partie
Guillaume Lemery 1 ère partie
Guillaume Lemery 2 è me partie
Jérémie Fleury Tome 1
Aurore Matthey
Richard Garfield
Rémi Amy
Eric Jumel
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Roméo Hennion
Clément Leclercq
Blaise Muller
Claude Leroy 1ère partie
Claude Leroy 2 ème partie
Marie Cardouat 1ère partie
Marie Cardouat 2ème partie
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Gabriel Nassif 2 ème partie
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Saison 4
Julien Sentis
Bertrand Arpino 1 ère partie
Bertrand Arpino 2 ème partie
Olivier Ruel 1 ère partie
Olivier 2 ème partie
Léonidas Vesperini 1 ère partie
Léonidas Vesperini 2 ème partie