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Jeux Viens à Vous Gaetan Beaujannot

Il est le mal aimé du monde ludique... l'homme que l'on critique mais qui a se forger sa place par son travail, sa détermination et son culot.

Depuis 2 ans que j'ai commencé les entretiens Jeux Viens à Vous, bon nombre de professionnels m'ont parlé de Gaetan Beaujannot de manière peu appréciable, en off ou de manière détournée. 
"Malotru, sans gêne, irrespectueux, manipulateur"
Parfois les mots allaient plus loin encore. 

Qui pouvait se cacher derrière un tel homme? 
A un point tel, que j'ai eu l'envie de me faire ma propre idée.

J'ai rencontré Gaetan Beaujannot au festival de Cannes. 
Malgré mes questions parfois directes, le moment que nous avons passé ensemble a été agréable. 

Gaetan a répondu de manière franche, sans détour, avouant certains défauts tout en montrant son amour du jeu et de l'entrepreunariat. 
De sa femme, la pièce maitresse de sa vie, mais également de Forgenext, de sa relation avec les auteurs, les éditeurs

Je ne le jugerai pas ici et je vous laisserait vous faire votre propre idée de l'homme que le monde ludique aime critiquer. 

 



 

1) Gaetan Beaujannot bonjour, aurais-tu la gentillesse de te présenter ?

 

Gaetan Beaujannot, je suis à la fois auteur de jeux, mais surtout agent d'auteurs ! Depuis 7/8 ans maintenant.

 

En couple… pas d'enfant et heureux dans le monde du jeu.

 

2) Que représente le jeu pour toi ? Le fait de jouer et de faire jouer ?

 

Wow ! (Rires)

Et j’ai 2 heures pour rendre ma copie ? ;)

 

C'est vaste comme sujet mais en résumant : du plaisir, du partage et de l'échange.

 

Le faire jouer : je suis pas automatiquement la meilleure personne pour faire jouer, animer des stands etc… Ce n'est pas ma tasse de thé ! C'est un métier à part.

Présenter des jeux aux professionnels du secteur, vendre des concepts à des éditeurs par contre c'est plutôt cool, ça m'éclate.

 

Le fait de jouer

 

Du pur plaisir !

Pour moi c'est essentiel, je n'ai pas une semaine sans jouer, c'est dans mon ADN depuis tout petit. Je suis pas un gamer, je suis un joueur. Une grosse différence pour moi.

 

C'est laquelle ?

 

Un gamer c'est des gros jeux principalement, jouer de manière compulsive et avec une notion de performance parfois. Pour moi c'est n'importe quel jeu, j'aime jouer à tout, peu importe le style !

 

3) Commençons par ton activité par laquelle les gens te connaissent peut-être le plus : celle d'agent.

Tu as apporté avec d'autres un aspect très professionnel, oserais-je même dire commercial.

Tu as même dit lors d'une interview : « Tout jeu est un produit. »

Ce qui, dans le monde ludique ne se dit pas, en tout cas en ON.

Sens-tu ta vision du monde du jeu différente de celle de la plupart des autres professionnels ?

 

Moi, je me sens bien dans mes baskets avec ces termes. Je suis connu pour mon franc parler.

Oui, ça ne se dit peut être pas, ou alors ça ne s'entend pas.

Peut être que certains joueurs ou gamers ne veulent pas entendre ça... car cela fait trop commercial.

 

Côté professionnel, côté éditeurs, celui qui veut en vivre se doit selon moi d’avoir cette démarche là. C'est pas forcément négatif de dire que c'est un produit, une réflexion autour du produit. C'est aller au delà du jeu en lui-même, au delà de la mécanique, avec une vraie démarche créative.

On a pu le voir sur certains de nos jeux comme Flick'em up avec Jean-Yves Monpertuis où l'expérience passe par le matériel et l'univers, tout ce qu'il y a autour de la mécanique.

 

Après, avoir une vision du monde du jeu différent des autres ? Non.

 

Je précise, en fait il y a des éditeurs, peut être moins depuis quelques années, qui préfèrent dire « je suis passionné » que « je suis éditeur, je suis vendeur » .

 

Les deux ne s'opposent pas en fait !

 

Tu es obligé de gagner ta vie...

 

Obligé de gagner ta vie… on a quelqu'un de salarié depuis un an uniquement chez Forgenext et ce n'est pas moi !

Donc ce n'est pas avec ça qu'on gagne notre vie...

Moi je gagne ma vie avec Concept.

 

Je me considère comme passionné mais cela ne s’oppose pas avec avoir une démarche que l’on qualifie de commerciale quand tu veux placer un jeu. Le tout c'est que lorsqu'un jeu est signé, cela doit rester à l'image de ce que veut l'auteur, que tout le monde s'y retrouve, et que le plaisir soit là pour tout le monde, à la fois pour l'éditeur et à la fois pour l'auteur.

 

Ce n'est pas incompatible, au contraire.

 

La méthode de travail de Forgenext découle des expériences professionnelles de Laurent Picard et moi-même. Nous sommes tous les deux issus de sociétés de service. Lui de labo pharmaceutique, moi de SSII (prestation informatique). On a simplement décliné cette approche en y injectant de l’humain.

 

On est reconnu pour cette qualité là, tant mieux. Mais sans passion, ça fait longtemps qu'on aurait arrêté ! Ce n'est pas un business rentable, agent ! C'est difficile pour les auteurs, alors pour un agent…. on a intérêt à être efficace !

 

On y viendra après.

Gaetan en rdv pro avec Forgenext au festival de Cannes 

 

4) Il y a deux ans, dans une interview pour Proxi-jeux, tu disais ne pas vouloir travailler à plein temps avec Forgenext.

Deux ans plus tard, qu'en est-il ? La situation a t-elle évolué ?

 

(Eclate de rire)

 

Oui ! Tu ne crois pas si bien dire… Je rigole parce que ça a changé depuis début décembre en fait...
[Nous sommes en février]

 

Je n'arrivais plus à tout faire et la santé commençait à peser, je travaillais plus de 80 heures par semaine...

Je continue à travailler 80 heures par semaine mais sur un seul sujet. Igor a intégré Forgenext avec pour but d'alléger mes tâches mais au final il est aussi passionné que moi, résultat, on en fait plus qu'avant !

 

Comme la qualité reste la priorité, à un moment il fallait faire un choix car ça allait commencer à peser.

 

Effectivement depuis le mois de décembre, je suis passé à 100% sur Forgenext et ça n'a pas été très très simple.

Ca a même été dur comme décision, mais ça a été une décision réfléchie et raisonnable, ça devenait ingérable physiquement parlant car l’activité de Forgenext, c'est de la folie depuis 2 ans !

"Alors, la question est super bonne en fait !"

 

 

5) Un agent doit, j'imagine, gérer des situations à la fois professionnelles mais avec de l'affectif qui se greffe au fil du temps.

La majorité du temps les professionnels que j'interviewe me disent qu'ils ne mélangent pas décision professionnelle et amitié, mais j'ai tendance à pencher que l'inconscient reste présent pour chacun d'entre nous, qu'on le veuille ou pas.

Comment gères-tu les relations avec les auteurs, les éditeurs ou d'autres professionnels avec lesquels tu travailles?

T'es t-il déjà arrivé qu'on te demande par amitié de « placer » un jeu ? Comment réagis-tu ?

Et d'ailleurs si tu as déjà vu un ami dans une situation compliquée à être plus enclin de choisir peut-être son jeu pour le défendre?

 

Alors, la question est super bonne en fait !

Car moi j'ai un problème, je fonctionne à l'affect...

C'est-à-dire qu'avec les éditeurs, les auteurs, même si j'ai un mode de fonctionnement pro et factuel, l’affect est naturellement présent. Nous sommes humains. Cela va plutôt aller dans le sens de facilitateur. Une chose est sûre, je peux avoir les meilleures relations qu'on veut, que ce soit avec mes éditeurs ou avec mes auteurs, jamais cela ne se fera au détriment d'une des parties car sinon, il faut s’attendre à un violent retour de bâtons.

 

La confiance est primordiale dans notre activité donc il faut aussi rester pragmatique. Il y a des gens avec qui je n'ai pas d'affect et avec qui ça se passe très très bien, ce n'est pas un souci. Mais quelqu'un avec qui ça ne passe pas du tout et qui n'est pas pro, là, on va avoir un souci. C'est très rare dans le monde du jeu, mais cela arrive, ça serait stupide de dire le contraire !

 

Je suis quand même quelqu'un avec… un fort caractère !

Ca ne peut pas passer avec tout le monde. C’est aussi pour cela que la présence d’Igor est primordiale. C'est aussi une des raisons pour laquelle il nous a rejoint. Cela permet de faire la part des choses. Avoir des traits de caractères différents permet de choisir le meilleur interlocuteur pour un projet, une personne… Je n’ai aucun soucis pour me mettre en retrait, pour laisser la place à Igor si c’est au bénéfice de tous.

 

Nous avons aussi des règles de conduite. Un discours qu'on tient depuis le début : on ne prend pas de jeux trop proches ou en doublon dans le catalogue.

 

L'année dernière, on se retrouve dans une situation où j'ai un auteur avec qui je m'entends très très bien, et qui est un très très bon pote, qui m’apporte un jeu mais qui fait doublon avec un autre, eh bien tant pis ! On le refuse. Le premier arrivé était servi, ce n'était pas lui.

 

Si on déroge à cela, que l’on fait du clientélisme envers des auteurs et/ou des éditeurs, cela va nous retomber sur le coin du nez. Il faut donc rester pragmatique.

 

Comment as-tu vécu la situation ?

 

Je n'ai pas eu de soucis avec ça.

Je suis droit dans mes bottes. Je fonctionne beaucoup à l'affect dans le sens où la relation avec l'humain est pour moi super importante mais cela ne veut pas dire que ça doit se faire au détriment du professionnel ou au détriment du reste.

 

Cela peut se traduire par le fait de passer un peu plus de temps avec les personnes en question pour débloquer une situation. Ca reste humain.

 

Car de toute manière ce n'est pas ici qu'on se fera de l'argent, qu'on deviendra millionnaire, alors si on supprime le côté humain des choses, autant s’arrêter.

 

Je le répète : même si la qualité relationnelle que j'ai avec les gens est super importante, ça ne se fera jamais au détriment d'un tiers, quel qu'il soit.

La relation avec l'auteur, un acte primordial.


 

"Pour moi, c'était le moment le plus fort dans ma vie à travers Forgenext."


  

6) Aurais-tu une anecdote marquante drôle ou émouvante qui t'est arrivé en tant qu'agent avec un auteur ou un éditeur ?

 

Pfou !!!!

 

Sans forcément citer la personne...

 

« Le plus marquant » c'est peut être le changement de l'année dernière. Ca a été un moment important dans l'évolution de Forgenext, il y a eu des changements dans la société : j'ai racheté les parts de mes deux derniers associés, dont Laurent Picard, qui est mon binôme originel.

 

Ca a été peut-être l'un des moments de ma vie les plus durs, le jour où je lui ai dit. Laurent était devenu papa 18 mois plus tôt. Sa vie avait changé, ses centres d’intérêts avaient évolué pour se concentrer sur sa famille. Ce qui était logique et que je comprenais. J’avais l’impression qu’il restait pour moi, pour ne pas me laisser seul. Cela commençait à devenir problématique et je craignais que ça ait un impact sur la relation personnelle entre Laurent et moi. Le moment où je lui ai demandé de racheter ses parts c’est comme si je demandais le “divorce”. La genèse de Forgenext c’est essentiellement lui et moi. Sans Laurent, je n’en serais pas là, professionnellement mais aussi humainement.

 

Je pense que ça a été un des moments de vie les plus difficiles pour moi. Quand nous parlions avant d’affect, de professionnalisme et de pragmatisme… Nous y sommes à 100%.

 

Cela a été un sentiment étrange quand Igor m’a rejoint dans les semaines qui ont suivi. Coup sur coup, je me sépare d’un associé qui est avant tout un ami afin de pouvoir avancer... Et je suis rejoint par Igor, qui m'a lancé dans le monde du jeu à la période de VassalForge. Donc deux personnes de valeurs et marquantes à mes yeux.

 

Pour moi, c'était le moment le plus fort dans ma vie à travers Forgenext.

 

Mais sinon comme ça à chaud, j'ai pas d'anecdotes qui me viennent…

 

Après tu as Concept dans le style événement marquant… mais c'est plus autre chose… la remise du Spiel où on a eu une énorme désillusion suite à une incompréhension, mais ce n'est pas Forgenext.

 

Et là tu me regardes avec des yeux bizarres !
(C'est effectivement ce que je suis entrain de faire) 

 

La petite histoire autour du Spiel c'est… alors ça va durer 3, 4 minutes !

On se retrouve en finale au Spiel, y a déjà eu le Kenner (Prix Adulte) qui a été remis. On est devant en première ligne, et complètement sur la droite avec Thomas, le co-fondateur de Repos prod. Et en fait, on voit ce qui se passe derrière le rideau !

On voit 3 statuettes pour le Spiel, et là on entre dans un délire total à base de déduction foireuse... Il y a 3 jeux : Camel up, Splendor et nous :

Splendor a un éditeur, un auteur. Donc 2 statuettes.

Camel up, un auteur, un éditeur. Donc 2 statuettes.

Concept, un éditeur et 2 auteurs. Et là, on se dit : Oh p'tain on l'a gagné !

 

On y a cru pendant 5 à 6 bonnes minutes. Arrive la préparation de la scène, ils viennent avec le présentoir sur lequel il y a la boîte du jeu gagnant du Spiel, le rideau qui cache la boite, se plaque sur celle-ci et on voit clairement que c'est une boîte carré. Il y avait 2 favoris à l'époque c'était Splendor et nous... Splendor a une boîte rectangulaire...

 

Donc là on se dit : Ptain, l'alignement des planètes ! On commence à trépigner sur place en se disant c'est pas possible, c'est trop énorme !

 

Le rideau tombe, Camel up !

 

Et là, je te raconte pas la déception ! Autant j'y croyais pas du tout avant la cérémonie !

Mais là pendant 5 minutes ! C'était bon nous l’avions dans les mains !

 

On découvre qu'il y avait 2 éditeurs sur Camel up : Pegasus et Eggertspiel... d’où les 3 statuettes !

Evidemment on était tous dégoûtés !

 

Repos organise, l’après-midi même, une balade sur la Spree (fleuve qui traverse Berlin), ça a été un super moment. Une balade tranquille entre nous (toute l’équipe Repos prod et les deux auteurs), histoire de laisser redescendre les émotions ! C'était intense, la réaction de Repos prod de remettre tout le monde d'aplomb, c'était génial !

Il y a l'avant, et après, il y a une équipe qui s'est créée, de potes on va dire, en tout cas moi je l’ai vécu comme ça.

 

Voilà mes deux moments importants dans le monde du jeu.

 

Maintenant ce que j'ai envie c'est de faire vivre ça à l'un de mes auteurs avec un jeu Forgenext, c'est tellement énorme cette partie là, ça serait cool d'emmener un jeu Forgenext en finale, au moins en finale !

Pas d'auteurs qui te menacent ?

 

Non, ça se passe plutôt pas mal ! Et on a travaillé avec des auteurs qui avaient de fortes personnalités comme moi !

Non, on n’a jamais eu de gros soucis… Pas de gros clash.

 

 

"j'en ai claqué beaucoup de l'argent dans Forgenext, je continue à en claquer pas mal..." 

 

 

 

 

7) Toujours dans la même interview, j'ai pu ressentir une importance capitale de ton épouse.

 

Oh que oui !

 

Que t'apporte t-elle au quotidien ?

Tu disais que tu n'avais pas d'enfant, est-ce que c'est quelque chose que vous avez décidé d'un commun accord de vous consacrer à vos projets professionnels ou est-ce que cela s'est fait comme ça?

 

Ca c'est fait un peu comme ça, on ne s'est pas consacré à nos projets professionnels, le fait de ne pas avoir d'enfants ce sont des faits de vie quelconque mais on n'a pas priorisé le pro par rapport à la vie de madame et/ou de moi.

 

J'ai commencé avec VassalForge, le passage de VassalForge à Forgenext c'est elle, elle m'a dit : Faut arrêter de faire le con, et arrêter le bénévolat ! (Rires)

 

Ce n'est pas une histoire d'argent, car on n'a pas gagné de l'argent tout de suite, j'en ai claqué beaucoup de l'argent dans Forgenext, je continue à en claquer pas mal... Mais ça s'est fait assez naturellement.

Tous les choix d'organisation, de structure et autres, se sont faits en commun accord. Rien n'est fait dans notre vie sans l'accord de l'autre, y a des concessions de l'un et de l'autre comme dans chaque couple, mais sans ses concessions je ne ferais pas ce que je fais et inversement, mais c'est une clé de voûte dans ce que je fais.

 

Elle n'est pas officiellement dans la boîte mais c'est aussi elle la société, c'est sûr et certain !

Ce n'est pas qu'une aventure de couple mais elle fait partie intégrante de l'aventure.

Sans elle je ne serais pas là... en tout cas je ne ferais pas ce que je fais actuellement.

 

Y a beaucoup de professionnels qui pendant les interviews me disaient être séparés ou en cours de séparation, Croc me disait être l'un des seuls encore avec sa femme depuis le début.

Est-ce que tu penses que si elle n'avait pas participé à l'aventure Forgenext, cela aurait posé des soucis ?

 

Non, parce que je n'aurais pas vécu automatiquement la même chose, parce que déjà y a eu Vassal, ça s'est fait super naturellement !

 

Lorsque j'ai arrêté mon autre activité en novembre, c'est elle qui m'a incité, comme pour Vassal, même si elle aimerait que je sois plus souvent à la maison au final.

 

Forgenext c'est mon bébé, certes, mais pour faire un enfant, il faut être plusieurs. Et pour cela il y a déjà eu Laurent, puis Martine.

Maintenant te dire : est ce que j’arrêterais Forgenext ? C'est impossible. Mais la question ne s'est jamais posée comme cela et ça ne se posera pas comme ça dans l'avenir, je ne m'en inquiète pas en fait. Tant que la passion est là.

 

Faut juste que je fasse la part des choses au niveau de mon temps ! C'est tout ! (Rires)

8) Parlons de ton avenir : tu parlais, encore une fois dans cette interview (merci Proxi-jeux d'ailleurs !) de l'intensité des longues heures de travail, comment vois-tu ton avenir dans les prochaines années ?

Tu te vois continuer ainsi durant encore longtemps ou vois-tu cela comme une intense parenthèse ?

 

Elle est longue la parenthèse ! Ca fait 7 ans maintenant...

 

Tu t'y vois jusqu'à la retraite ?

 

Je n'imagine pas la retraite, je dois t'avouer.

 

J'ai découvert ça dans une de tes interviews où Théo me disait “Workaholic”, je pense qu’il a raison. Je ne me vois pas rien foutre à la maison, ce n'est pas moi.

 

Je ne sais pas où je serai dans deux ans, si tu m'avais dit il y a deux ans que j'aurais arrêté mon activité dans l’informatique, je t'aurais rigolé au nez !

 

C'est pour ça que j'ai souri par rapport à l'interview de Proxi-jeux, où je disais que j'arrêterais jamais l’info, eh bah voilà, y a que les cons qui ne changent pas d'avis !

 

On ne sait pas ce que l’avenir nous prépare, en tout cas ce qui est sûr (pour le moment) c'est que Forgenext je ne suis pas près de le lâcher, il y a Igor qui nous a rejoint et me donne un énorme coup de pied aux fesses, un vrai plus, c'est que le début d’une nouvelle aventure !

 

Et puis on évolue ! Le Forgenext de maintenant n'est plus celui d'il y a deux ans, et celui d'il y a deux ans n'est pas le même que celui d'il y a 6 ans...

 

Même si on est dans l'ombre (ce qui est notre place), si on essaie de se faire le plus discret possible au niveau du grand public car notre objectif c'est de mettre les auteurs en avant en premier, puis les éditeurs, même si cela ne se voit pas, on évolue doucement mais sûrement.

 

On a connu et on connaît des changements qui sont quand même importants.

 

Mon objectif c'est d’avancer, je n'ai pas envie de reculer, je ne te dis pas où je serai dans 10 ans, j'en sais rien !

Mais en tout cas, je serai dans entrepreneuriat. Je serai certainement encore dans le monde du jeu, et on verra bien !

                  La compagne de Gaetan Beaujannot

 

9) J'en viens à une question délicate...

 

Oh là !

 

J'ai eu notamment en off ou de manière détournée dans mes interviews ou en dehors, de nombreuses critiques à ton encontre.

Pas sur ton professionnalisme, qui n'a jamais été remis en cause, mais plusieurs m'ont cité parfois une certaine inélégance dans ta manière d'être.

 

(Rires)

 

C'est quelque chose dont tu as déjà eu des retours, l'expliques-tu par une volonté d'aller de l'avant ?

Acceptes-tu d'ailleurs qu'on puisse te faire cette critique ou te semble-t-elle totalement infondée ?

 

J'ai un fort caractère !

Inélégance… Je ne partage pas. Par contre, je suis cash. Ca c'est sûr...

D'où l'importance d'avoir des gens comme Igor qui rejoignent l'équipe. Ma personnalité peut cristalliser les gens, c’est bien de pouvoir étoffer l’équipe avec des caractères et des profils différents.

"Mais j'essaie de me soigner quand même !"

 

Il est plus diplomate que toi ?

Oui, il est plus diplomate, c'est certain.

 

On travaille avec plusieurs éditeurs depuis longtemps, on est là pour défendre nos auteurs, on n'acceptera jamais que nos auteurs se fassent marcher sur les pieds. L’avantage, c’est que les éditeurs sont aussi cash avec nous. Il n’y a pas de ronds de jambes. Et c’est aussi apprécié. Cela permet d’être efficace et d’avancer. Au final, nos meilleurs ambassadeurs sont nos auteurs et les éditeurs avec qui nous travaillons.

 

Il faut aussi faire la part des choses : il y a des gens (éditeurs comme auteurs) qui n'entendent pas les refus et qui prennent cela à titre personnel. Ils ne comprennent pas toujours notre job mais c’est de plus en plus rare. On a eu beaucoup de rancœurs par rapport à des refus. On n’est pas là à vendre du jeu pour vendre du jeu en fait.

 

Quand je parlais d'évolution, il y a 5/6 ans on était à placer des jeux, maintenant on est plutôt à gérer la carrière de nos auteurs. On veut se concentrer là-dessus et c'est un peu différent dans la manière d'aborder les choses, c'est important.

 

On a régulièrement des retours du type : « Je ne te demande pas de sélectionner mon jeu, je te demande de le pousser vers des éditeurs ». Notre image de marque vient aussi de notre sélection, donc si on prend tout et n'importe quoi, ça ne fonctionne pas !

 

Ca crée donc certaines aigreurs.

 

J’attends aussi qu'on soit très cash avec moi. S'il y a un truc que je ne supporte pas dans la vie c'est : “Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais”.

S’il y a quelqu'un qui arrive et me dit : “Ca ne va pas, pour telle ou telle raison …” Cela me convient parfaitement. Si c'est justifié et qu'on en discute, il n'y a pas de problème ! Au contraire, même.

 

On ne s'est jamais retrouvé avec des éditeurs qui ne veulent pas travailler avec nous à cause de ça. Jamais ! Je sais m'effacer quand il le faut, ma priorité c'est l'auteur.

 

Si à cela on ajoute que le métier d'agent n’a pas une belle image en France, cela permet aussi de comprendre certains éléments. On a l'image en France de l'agent du footeux qui est là pour prendre le pognon. Si on regarde les chiffres de Forgenext, on a mis beaucoup d’argent sur la table, c'est plus du mécénat qu'autre chose...

 

D’un coup, j’ai l’impression de faire mon Loulou Nicolin ! (Sourit)

 

Donc pas de transfert de Bruno Cathala ? (Rires)

Non, il n’a pas besoin de nous !

On a déjà travaillé dans le passé avec des Charles Chevalier, Chris Boelinger qui nous a rejoint récemment, ou encore avec Marc André qui a une forte personnalité aussi. A chaque fois, ça s'est bien passé.

 

Avec chaque nouvel auteur, on les briefe sur nos attentes, nos façons de travailler. Ensuite ils ont la possibilité de travailler soit avec Igor, soit avec moi selon les affinités.

Mais j'essaie de me soigner quand même ! (Sourit)

10) Si tu devais définir en un seul mot, oui un seul, ces personnalités du monde ludique ?

 

Oh là ! Casse gueule !

 

Si ensuite tu veux donner une petite explication, tu as le droit.

 

Ouais, pas de soucis

 

Arnaud Urbon

 

No comment

 

Thomas Provost

 

Bières (Rires)

 

La réputation des belges...

 

J'ai souvenir d’une super soirée avec Thomas Provost et Stéphane Brunel en 2012 à Cannes… Et un autre souvenir de la soirée du lancement de Concept où avec Thomas on continuait à ouvrir des bières à 7h du mat'....

C'était génial !

 

Marc Nunes

 

Dieu

 

Ian Parovel

 

Il y a plein de trucs qui me viennent à l'esprit !

Hum...imaginaire

 

Bony

 

(Rires)

 

Damvix

 

C'est le moment où je l'ai rencontré la première fois.

Notamment le logo de Forgenext crée par Bony 

Olivier Chanry

 

Blackrock !

 

[...]

 

En fait, je l'ai connu grâce à Blackrock chez Alain Ollier, quand je pense à Olivier Chanry je pense à Blackrock.

 

Antoine Bauza

 

Je vais dire Paresse et je vais l'expliquer.

 

Il avait dit une fois que pour être un bon game designer faut être paresseux, pour la simple et bonne raison qu'il faut aller à la substantifique moelle des jeux, et donc en étant paresseux tu vas juste faire ce qu'il faut.

Une bonne manière de laisser reposer les choses est d'aller à l'essentiel.

 

Eric Lang avait été fortement marqué par cette réflexion d'ailleurs.

 

Antoine, pour avoir organisé une conférence avec lui, il a des façons de voir et de créer différentes de la plupart des auteurs...

 

Ouais ! C'est très bien !

Moi je trouve qu'il est impressionnant.

Ce n'est pas la même que la mienne, mais j'adore sa manière d'aborder les choses.

 

Matthieu d'Epenoux

 

Parrain

 

C’est lui qui nous a encouragé à nous lancer, et rien que pour ça, je lui en serai éternellement reconnaissant... J’ai le même problème que lui, parfois je m'emballe, je gueule, je râle, c'est pas là le truc, j'ai du mal à lui en vouloir si on se prend le bec parce que je suis pareil.

 

Il y a Jetlag qui est sorti chez Cocktail Games, estampillé Forgenext, et je suis hyper content d'avoir un jeu Forgenext chez Matthieu parce qu'on ne sait pas faire des jeux pour lui en général (rires).

 

Ce n'est pas une critique, il a des supers jeux, mais simplement on n'y arrive pas !

 

Sophie Gravel

 

Serial entrepreneuse

 

Philippe Des Pallières

 

Monstre sacré

 

Gaetan Beaujannot

 

Oh la là !

 

Sale caractère ! (Rires)

"j'ai besoin qu’il se passe quelque chose autour de la table"

11) Venons-en à ton métier d'auteur.

Ca t'apporte quoi de (co)créer ? Un besoin existentiel ? Une reconnaissance ? Un challenge de réaliser des projets ?

 

Moi en fait je ne me définis pas en tant qu'auteur mais plutôt en tant que co-auteur. J'adore créer mais dans tout !

 

Quand on a fait Concept avec Alain (Rivollet) ou quand j'ai accompagné Jean-Yves sur Flick'em up, pour moi ça m’a apporté une certaine légitimité pour faire les retours à mes auteurs. Je déteste les mecs qui débarquent, m'expliquent la vie : « J'ai jamais fait mais je t'explique comment ça fonctionne! »

 

Concept, c'est aussi Repos, on a bossé beaucoup avec Alain, mais si on a pu être nominé au Spiel, ou avoir le jeu de l'année c'est aussi le boulot de l'éditeur !

 

Ce n'est pas que les auteurs qui font que ! C'est un tout.

Ca me permet donc de justifier certaines choses, on n'a pas la science infuse, on aurait une recette miracle on gagnerait tout, on serait millionnaires, mais ça permet d’avoir une petite légitimité dans le domaine.

 

Maintenant le game design, je le fais au travers des éditeurs ou des auteurs avec qui nous travaillons, ça me suffit amplement. Et je n'ai pas le temps de créer ! Et encore moins tout seul.

 

J'ai découvert l'entrepreneuriat hyper tard. C’est là que je m’éclate le plus. C'est un des plus grands regrets de ma vie, de ne pas avoir fait cela avant.

 

Tu as quel âge ?

 

Heu... Attends je calcule ! Je vais avoir 43 au mois de mai.

 

J'ai découvert ce que c'était de monter sa boite. En fait c'est dans mon ADN ! C'est la meilleure chose qui me soit arrivé dans la vie (après ma femme, bien entendu).

 

Je fais de la créa au travers de la société et le développement d’un nouveau type de business. Ca demande de l’imagination aussi !

C'est quoi ton but ? D'approcher de la perfection avec un jeu ?

 

C'est d'amener une super expérience aux joueurs.

Je me souviens, on avait fait une interview Concept pour Asmodée US y a quelques années, et il y a Alain qui a dit :

« Gaetan c'est surtout quelqu'un qui travaille dans l’expérience de jeu, dans le vécu des joueurs »

 

En fait, je m'en étais jamais rendu compte !

 

Avec Flick'em up, ou d'autres jeux, j'ai besoin qu’il se passe quelque chose autour de la table, peu importe le jeu avec lequel on joue, il faut que ce soit un moment marquant. Ca peut être intellectuellement, sur l'interaction entre les joueurs, sur une mécanique qui est géniale et qui fait que plein de choses se mettent en place dans la tête des joueurs.

 

Qu'est-ce qui fait que tu penses que tu as quelque chose en plus par rapport à d'autres pour apporter les sentiments, les petits trucs qui vont faire que les joueurs vont prendre plus de plaisir avec un jeu que tu as vu ?

 

Le truc en plus ça me dérange, même si ça se justifie dans la question.

C'est plus l'expérience (dans le sens, je commence une peu à avoir roulé ma bosse) qui parle en fait. On a sorti pas mal de trucs, des casse gueules aussi, mais c'est plus en fait des bonnes et des mauvaises pratiques, on amène juste de l'expérience. Après tu amènes tes goûts personnels.

 

Je joue au vieux con, avec mon expérience, mais j'en apprends encore tous les jours. Et heureusement.

 

J'ai été marqué par des discussions de game design avec des personnes comme Bruno Cathala ou Alexandre Garcia chez Libellud, c'est quelqu'un avec qui j'adore parler game design, c'est juste énorme !

 

Je ne pense pas que l’on ait un savoir-faire qui est au-delà de la norme, une patte qui fait que, ou autre, c'est une expérience et certainement de la méthodologie de travail.

                               Une bande mexicaine à Cannes

12) Si tu devais me citer deux personnes du monde ludique, l'une pour ses qualités professionnelles et l'autre pour ses qualités humaines, l'un n'enlevant rien à l'autre et vice versa ?

En expliquant pourquoi.

 

Qualités pro ?

Géraldine Volders

 

[...]

 

Ah, directrice comm' chez Repos prod

Pro jusqu’au bout des ongles.

Il y a quand même pas mal de pros dans le monde du jeu.

 

Après qualités humaines, Régis Bonnessée...

C'est une évidence, et je pense pas que je sois le seul, ni le dernier à le dire.

 

Je pense qu'il a été la personne la plus citée ! (Rires)

 

Tu as Régis, tu as Séb Pauchon que j'adore.

 

Mais la liste des pros, on en a une pelletée !

 

Est-ce que tu aurais un message à transmettre à Matthieu pour le convaincre d'accepter une interview Jeux Viens à Vous ?

 

Offre lui un plateau de fromages !

 

D'accord ! (Rires)

 

Fais lui un plateau de fromages, ça marche ! (Rires)

 

J'essayerai !

13) Si tu devais nous parler d'une œuvre ou d'un auteur important à tes yeux que tu souhaiterais faire découvrir ou redécouvrir, que ce soit en littérature, musique, cinéma, etc... ?

 

Wow !

P'tain c'est chaud...

 

Je suis un grand fan de Pratchett, mais ça c'est classique.

 

Je suis un grand fan de Georges Orwell, 1984... c'est génial !

 

Auteur de jeux, si Marcel-André Casasola-Merkle, je suis fan de Taluva.

 

Je suis un touche à tout en fait, il n'y a pas un truc qui me parle plus qu’un autre.

 

C’est comme en musique, mes goûts vont de la musique classique à certains chanteurs de Rap ou de Slam.

 

Tu n'as pas une œuvre qui te...

 

George Orwell, 1984

 

Je lis énormément et c’est encore pas assez.

 

S'il y a deux bouquins qui m'ont marqué dans ma jeunesse, c'est 1984 et Un sac de billes de Joseph Joffo.

C'est sorti au cinéma il n'y a pas longtemps, ou ça va va sortir [Note : Sorti en 2017]

Tests chez Forgenext

"Si tu cherches la gloire, ne deviens pas agent, change de métier !"

14) Le jour où tu devras quitter le monde du jeu, d’une manière ou d’une autre, que souhaiterais-tu que l’on retienne de toi professionnellement mais surtout humainement?

 

Humainement, ça va être chaud apparemment ! (Nous éclatons de rires!)

 

Humainement, entier, avec mes qualités et mes défauts.

On vit dans un monde où tout doit être lissé, et moi je ne suis pas lisse. Même physiquement, je déborde de partout !

 

Professionnellement, être carré. Je pense être sincère, et pro aussi. Mais suis-je la meilleure personne pour le dire ?

 

Mais je ne cherche pas absolument que l'on retienne qui j'étais dans le monde du jeu sinon je ne serais pas agent !

 

Si tu veux qu'on se souvienne de toi, fais autre chose qu'un métier d'agent. Tu ne peux QUE créer des inimitiés en tout cas en France, où ce genre de métier est en général assez mal vu …

 

Si tu cherches la gloire, ne deviens pas agent, change de métier ! Tu ne peux pas être mis en avant ! Et d’ailleurs, tu ne le dois pas.

 

Si je quitte le monde du jeu, il faut que j'aie une autre aventure. J'irais voyager avec madame, où ? je ne sais pas mais... peu importe…

 

A la rigueur qu'on m'oublie, ça sera aussi bien comme ça ! Je ne cherche pas la gloriole.

 

15) C'est malheureusement la fin de cette entretien, Gaetan, en prenant en compte ta vie professionnelle et personnelle es-tu heureux ?

Oui !

Franc et massif !

Merci à toi Gaetan pour avoir répondu de manière sincère et sans détour 

Je souhaitais publier la réponse de Gaetan à la question de Mr F.Faic car je la trouvai pertinente et intéressante sur différents points.
Pour des raisons qui lui sont propres, Gaetan à souhaité que je ne la publie pas, ce que je respecte.  

Pour ceux qui souhaiteraient soutenir mes entretiens, voici ma page tipeee,  même un petit geste fait plaisir et vous pourrez contribuer à d'autres interviews réalisés sur des festivals (Cannes, Paris est ludique, Essen...) : 

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Merci à mes Tipeeeurs de me soutenir  : Arnaud Urbon, Bruno Faidutti, Emilie Thomas, Nicolas Soubies ,Virgile De Rais, Pierre Rosenthal, et Ludikam! 

 

Pour ceux qui souhaiteraient découvrir les précédents entretiens, mes animations ou suivre ma page facebook  : 

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Saison 1

Yves Hirschfeld
Benoit Forget
Bruno Faidutti 1ère partie
Bruno Faidutti 2ème partie
Naiade
François Haffner 1ère partie
François Haffner 2ème partie
Pierô Lalune
Timothée Leroy
Mathilde Spriet
Sébastien Pauchon
Tom Vuarchex
Vincent Dutrait 1ère partie
Vincent Dutrait 2ème partie
Christophe Boelinger 1 ère partie 
Christophe Boelinger 2ème partie
Régis Bonnessée
Roberto Fraga 1ère partie
Roberto Fraga 2 ème partie
Cyril Demaedg
Bruno Cathala 1 ère partie
Cyril Blondel
Bruno Cathala 2ème partie
Yahndrev 1ère partie
Yahndrev 2ème partie
Emilie Thomas
Sebastien Dujardin
Florian Corroyer
Alexandre Droit
Docteur Mops 1ère partie
Docteur Mops 2ème partie
Arnaud Urbon
Croc
Martin Vidberg
Florent Toscano
Guillaume Chifoumi
Nicolas Soubies
Juan Rodriguez 1ère partie
Juan Rodriguez 2ème partie
Bony
Yannick Robert
Docteur Philippe Proux
Franck Dion 1ère partie
Franck Dion 2ème partie
Franck Dion 3ème partie
Yoann Laurent
Carine Hinder et Jerôme Pélissier
Dominique Ehrhard
Christian Martinez
Maxime Savariaud
Véronique Claude
Shadi Torbey


  

Saison 2 
 

Fabien Bleuze
Serge Laget
Djib 1ère partie
Djib 2me partie
Florian Sirieix
Farid Ben Salem 1 ère partie
Farid Ben Salem 2ème partie
Julien Lamouche
Jean-Louis Roubira 1ère partie
Jean-Louis Roubira 2ème partie
Philippe des Pallières 1ère partie
Philippe des Pallières 2ème partie
Julian Malgat Tome 1
Philippe Tapimoket 1ère partie
Philippe Tapimoket 2ème partie
Théo Rivière
Reixou
Nicolas Bourgoin
Natacha Deshayes
Gary Kim 
Emmanuel Beltrando
Tony Rochon

Thierry Saeys
Lia-Sabine
Igor Polouchine 1ère partie
Igor Polouchine 2ème partie
Bernard Tavitian
Marcus 1 ère partie

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