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Jeux Viens à Vous Juan Rodriguez 2ème partie
La semaine dernière je vous présentai le début de mon entretien avec Juan Rodriguez.
Voici la seconde partie où nous évoquons longuement Charlie Hebdo et ses membres, Philippe Val, l'attentat, les critiques parfois reçues par le journal, Pandas dans la brume, la bande dessinée à l'origine créée par le regretté Tignous, l'ami de Juan, le canard enchainé, Charb, mais également Décrocher la lune son nouveau jeu avec Fabien Riffaud...
7A) Je t’ai demandé en OFF si tu acceptais de parler plus longuement de Charlie Hebdo et tu as gentiment accepté.
Tu me disais que tu ne travaillai plus là bas lors des attentats depuis déjà plusieurs années, mais que tu avais gardé contact avec certains des membres.
Que représente cette génération pour toi en tant que professionnels mais également en tant qu’amis?
J’étais évidement lecteur occasionnel de « Hara Kiri » et de « Charlie Hebdo » première époque. Quand « Charlie » c’est arrêté après l’émission « Droit de réponse » je me suis senti coupable comme bien d’autres de trouver que ce qu’ils faisaient était important et de ne pas avoir apporté mon soutien, sous forme d’abonnement ou d’achat régulier. Toutes ces personnalités m’impressionnaient et j’étais admiratif des provocations qu’ils orchestraient régulièrement pour éclairer les problèmes. Quand plus de 10 ans plus tard « Charlie » est ressorti je me suis tenu prêt. Tignous m’avait prévenu des évolutions au sein du journal « La Grosse Bertha », mais quand ils se sont tous barrés ça c’est fait si vite qu’il n’a pas eu l’occasion de m’appeler. « La Grosse Bertha » sortait le jeudi et en moins d’une semaine ils ont relancé « Charlie » qui était en kiosques le mercredi ! Les personnes qui étaient à la maquette venaient de la publicité et ne comprenaient pas et n’acceptaient pas tous les changement de dernière minute qu’une équipe bouillonnante devait pouvoir effectuer. Je suis venu au bout de 3 mois comme une éventuelle solution qui a durée 10 ans.
Il y avait parmi les créatifs au sein du journal, au début tout au moins, deux groupes : celui des anciens et les plus jeunes. Les anciens étaient tous très aguerris aux fonctionnement de la presse, aux réactions des médias et à ce qui était publiable. Ils étaient très professionnels et n’étaient pas avare d’anecdotes et de souvenirs poignants. Le rythme hebdomadaire est très prenant et occupe quasiment tout l’espace. Entre les conférences de rédaction et les bouclages qui duraient 3 jours, le temps filai et donnait l’impression de vivre ensemble. L’expérience déjà bien entamée à « La Grosse Bertha » a rapidement forgé les plus jeunes qui sont devenus très incisifs et efficaces. Tout en gardant une joie de vivre et la conscience de l’importance pour la collectivité de ce qu’ils faisaient. La profondeur des sujets était aussi importante que l’angle avec lequel on allait pouvoir en faire rire. Cabu cherchait toujours « l’éclat de rire en couverture ». Il avait la manie de vouloir « faire vrai journal », ce à quoi on lui répondait qu’il fallait qu’on invente le notre, ce qui était d’ailleurs le cas.
Cherchez le Juan !
C’était une vrai famille, ça allait plus loin que des collègues de travail. L’équipe pouvait aussi bien s’engueuler sur la Bosnie et participer à un Paint Ball que j’organisai chez moi.
Je crois qu’un journal génère un esprit de corps et que rapidement les rapports entre les gens sont subordonnés aux intérêts du journal. Il pouvait y avoir débat sur les perceptions de l’actu ou les objectifs du journal, mais globalement une fois la décision prise ça devenait la décision de chacun. Il y avait malgré tout des tensions et nous avons été certains à nous faire traiter de gauchistes par Cabu, et ce n’était pas une tentative d’humour cette fois là, même si ça nous a fait bien rire…
7B) Certaines personnes pensent que le journal allait parfois trop loin et qu’il pouvait blesser certaines personnes notamment dans leur croyance, comprends-tu cette critique, avez-vous parfois regretté après coup certains dessins ou certains propos, ou cela s’est toujours fait sans la volonté de nuire, voire ces critiques t’énervent?
Par rapport à ceux qui pensent que le journal allait trop loin et que cela pouvait blesser. Cette critique est nulle et montre bien la tentative de plaire à tout le monde de la plupart des médias actuels. Le politiquement correct que l’on nous inflige est insupportable et aliénant. On peut penser ce qu’on veut mais pas l’exprimer sinon ça choque. Le journal n’avait pas vocation a être lu par tous et personne n’a jamais été obligé de le lire. Si tu est trop sensible, que ton niveau d’humour ne va pas jusque là, que tu n’es pas d’accord avec les idées du journal, ne le lit pas et n’empêche pas ceux qui apprécient d’en profiter.
Pendant que j’y était le problème ne se posait pas, les ventes n’étaient pas énormes et les médias relayaient rarement des contenus du journal. Les nombreux procès étaient tous gagnés et le sentiment que l’on n’avait pas le droit de s’interdire de parler de quoi que ce soit, surtout si ça dérangeait, était très fort.
A partir de la publication des caricatures de Mahomet, est-ce qu’ils ont regretté certains dessins ? Je ne le crois pas, j’en suis même persuadé. Ce sont les autres journaux qui n’ont pas défendus la liberté d’expression face à la menace intégriste et « Charlie » c’est retrouvé tout seul en première ligne.
Tignous et Juan après un bouclage du Journal
Avec Luz
7C) Vois-tu un changement entre les premiers membres d’’Hara Kiri, Cavanna, Professeur Choron, et le Charlie Hebdo des attentats ?
La différence entre la première période « Hara Kiri », Cavanna, Choron et le « Charlie » récent est la dimension politique plus assumée maintenant. Il y avait d’après ce qu’on ma raconté une anarchie plus débridée avec Choron et Cavanna et comme j’ai pu le constater moins de laisser faire avec Val. Ce dernier avait d’ailleurs très peur des débordements, l’alcool était absent du journal et les délires trop créatifs était refrénés…
7D) Tu n’es pas le premier collaborateur de Charlie Hebdo à dire que Philippe Val gâchait le plaisir, voire des mots plus durs à son encontre.
Considères-tu que Val puisse se considérer comme Charlie selon l’idée que tu t’en fais toi?
Je pense que Val a eu une bonne influence sur l’orientation du journal de sa « reprise » jusqu’à « l’affaire Siné » même s’il a pourri le quotidien de tous pendant qu’il était là, et même après son départ. Il a forcément été décideur sur la publication des caricatures de Mahomet, mais il est sûr que l’équipe était d’accord avec lui.
Je ne me sens pas très qualifié pour décider qui est « Charlie » ou pas, mais à la manif du 11 janvier il était plutôt seul… et il n’est pas resté plus que les chefs d’états…
8) Tu parlais de « Pandas dans la brume », peux-tu parler de cette bande dessinée pour ceux qui ne connaîtraient pas, créée l’origine par Tignous et adaptée l’année dernière pour la télévision par Thierry Garance et toi-même.
Une volonté pour toi de faire perdurer ton amitié avec Tignous, malgré le drame ?
L’amitié plus forte que la mort ?
Pendant toute ma période « Charlie », je bossais dans les locaux du journal le dimanche et le lundi. C’était des journées intenses et je ne rentrai pas chez moi le dimanche soir car j’étais à 1h15 d’autoroute. J’allais donc souvent squatter les canapés des copains. C’est au cours d’une de ces soirées que Tignous me montre la BD sur laquelle il travaillait pour « L’écho des Savanes », c’était les Pandas !
Ses pandas sont sympa, très humains mais un peu cons. Ils ne sont plus que 1 600, ils vont disparaître… En attendant, ils commentent des tas de trucs sans jamais vraiment les comprendre et mettent en perspective le monde qui nous entoure. Les Pandas de Tignous, c’est nous !
Pandas dans la brume...
Avec Thierry Garance nous avions fini depuis peu « Maurice et Patapon » et nous cherchions d’autres sujets pour développer un concept de Dessin de Presse Animé. Nous avons commencé immédiatement à réfléchir avec Tignous et à voir avec l’éditeur et notre producteur. Ça a été très long, il y a eut de nombreuses péripéties. L’album de la BD est sorti entre temps… Nous avons réalisé des animatiques, des premiers essais, des prises de son avec Sofia Aram, Gustave Kervern et François Rollin. Nous avons, surtout Thierry, réalisé avec un Tignous enthousiaste, la Bible des personnages et des décors…
Donc le projet avançait, Tignous étant débordé avait demandé à Rollin d’écrire les scénarios, un rendez-vous devait être fixé courant janvier 2015 pour lancer la production…
Après son assassinat, quand nous avons commencé à reprendre pied, la question c’est imposée : qu’est-ce qu’on fait ? Et la réponse a été unanime : on continue. Pour Chloé comme pour nous tous, on ne pouvait pas abandonner et baisser les bras. Nous aurions eut la sensation de trahir la confiance de Tignous. Nous nous sommes remis à la tâche et l’exigence était encore plus forte car d’une certaine façon nous l’imaginions penché sur nos épaules…
Évidement, je pense à lui et à la fierté qui aurait été la sienne. Je suis souvent trop ému au moment des projections publiques et j’en perd mes moyens, je le revois du coup entrain de se foutre de moi…
Je l’aimais vraiment bien au delà de ce que je croyais et je suis devenu depuis les attentats beaucoup plus sensible et attentif à mes sentiments.
Chloé Verlhac (sa femme) a la volonté de perpétuer l’œuvre de Tignous, en parlant de lui, en éditant des livres, en organisant des expositions… Et avec elle, je m’y emploi aussi avec les « Pandas dans la brume » et « Les Poilus ».
À Groland avec Thierry Garance
"Je n’ai que dégoût pour ceux qui se prétendent journaliste et ne font que défendre les intérêts de leurs financiers de patron, soit à peu près tous. "
9) Que penses-tu de la polémique qu’a subi le canard enchaîné après les révélations sur l’affaire Fillon ?
Certains médias ou journalistes ont même affirmé que le canard enchaîné traînait dans la boue François Fillon, en disant que les révélations allaient trop loin ?
Que penses-tu de cette désolidarisation ?
Je n’ai pas suivi cet aspect du Pénélope Gate.
Mais je vois pas où il peut y avoir polémique. Si tu es un journal d’information libre (pas à la solde de grands groupes financiers) et que tu détiens une info vérifiée et même reconnue par Fillon (puisqu’il s’en « excuse » après coup, comme Cahuzac, « désolé de m’être fait prendre »), tu dois le cacher au public parce que c’est sale ? Ou c’est pas le bon moment ? L’idée c’est : laissons passer l’élection et, s’il est élu, la période d’immunité dans la foulée, et soyons dirigé par des gens qui se considèrent au dessus des lois et qui méprisent la populace… ?
Les médias qui se désolidarisent du « Canard Enchaîné », parce que ce dernier fait sont travail, ont le même comportement que vis à vis de « Charlie » à la publication des caricatures de Mahomet du journal danois ! Est-ce que Fillon va lancer une fatwa contre le « Canard » ? Et quelles en seront les conséquences ?
Je n’ai que dégoût pour ceux qui se prétendent journaliste et ne font que défendre les intérêts de leurs financiers de patron, soit à peu près tous.
10) Peux-tu décrire en un mot, oui un seul ces 10 personnes
Didier Jacobee, Charb, Sylvie Barc, Tignous, Cabu,
Tom Vuarchex, Fabien Bleuze, Yves Hirschfeld, Ian Parovel, Croc
Didier Jacobee : la ténacité
Charb : la dérision
Tignous : l’amitié
Cabu : éclat de rire
Tom Vuarchex : la vivacité
Fabien Bleuze : le bon goût
Yves Hirschfeld : l’acteur
Ian Parovel : mystère ? (je n’ai pas encore le plaisir de le connaitre)
Sylvie Barc : le passé
Croc : Le pilier
Juan parraine quelques jeunes auteurs en devenir
11) Tu as été l’époux de Sylvie Barc, l’auteure de Shabadabada mais surtout vous avez eu 3 enfants ensemble.
C’est quelque chose qui lie à jamais 2 êtres, malgré une séparation .
Tu as été jusqu’à lui laisser la place dans le monde ludique, ce que je trouve très noble de ta part.
Que souhaiterais-tu nous dire sur Sylvie, quelqu’un qui est somme toute assez discrète, sur l’auteure mais également sur la personne humaine ?
Rien.
12) Nous arrivons dans le dernier tiers de l’entretien, que souhaiterais-tu dire sur Charb.
Tant de choses ont été dites par des gens qui ne le connaissent pas forcément, certains ont même été à dire qu’ il avait emmené Charlie Hebdo avec lui dans sa chute.
Que souhaiterais-tu dire sur son entêtement, mais peut être mais sur l’homme en général tout simplement?
Quelle chute ? Quel entêtement ? Conneries ! Il a été cohérent avec ses convictions et n’a pas cédé aux pressions qui voulaient que le journal abandonne son combat au quotidien pour la liberté d’expression. Si le courage de défendre ces concepts avait été équitablement réparti entre de nombreux médias, les cibles auraient été trop nombreuses. Là il y a eu une focalisation sur « Charlie » du fait du renoncement des autres « garants » de la liberté d’expression. Ensuite les commentaires et critiques de ceux qui ne risquent rien n’ont aucune valeur.
Il s’est pleinement épanoui à « Charlie ». Pour lui ce journal a été son axe de vie. Un hebdomadaire est extrêmement prenant, et lui il y écrivait, dessinait, rewritait certains textes, organisait une grosse partie du journal… Pendant que j’y étais, il s’est parfois opposé à Val sur certains positionnement politiques mais toujours avec un certaine douceur et ironie, en préservant le journal avant tout.
C’était un ami passionnant et touchant, avec un humour pince sans rire constant. Il avait toujours un regard particulier qui lui permettait de mettre en lumière les travers de chacun avec drôlerie et quelques grincements. Que ce soit dans notre travail hebdomadaire pour le journal, nos essais autour du dessin animé, nos soirées alcoolisées (il buvait peu) ou nos parties de paintball c’était vraiment quelqu’un !
Nous avions commencé à développer ensemble différentes petites action de promotion de « Maurice & Patapon », très tôt, bien avant de penser au dessin animé. Nous étions chez moi à bosser sur le premier site internet de M&P en 2001 et nous avons vu la seconde tour du World Trade Center s’effondrer. En comprenant pleinement que le Monde venait de changer.
Bref je l’adorais…
D’autres questions sur mes amis morts ? ;-)
Juan, attention ! Certains vont encore dire que je fais du sensationnel !
13)Ton nouveau jeu Décrocher la lune, sortira bientôt, un jeu très poétique,
Deux questions me viennent : Que représente pour toi la poésie ? Un moyen de survivre ?
Enfin, ce serait quoi pour toi décrocher la lune ?
J’essaie de déceler la poésie des objets, des situations, des rapports humains, de l’art, de la science (le quantique c’est fabuleux!)… Je crois que c’est le regard qui crée la poésie, un peu comme le pas de côté de Gébé dans « l’An 01 ». C’est une attitude et une recherche constante qui permettent de sublimer le quotidien (surtout) et l’exceptionnel (aussi), en lui donnant un lustre et une profondeur qui est hélas souvent absent. Il faut aussi que le sujet ai une certaine douceur interne, on évoque rarement la poésie de Giger (pourtant il y en a une, je crois…). Il me semble que cela se fait naturellement, car jamais je me dis « tiens, on va faire comme ça, c’est poétique ! ».
Pour « Décrocher la Lune » la poésie est intrinsèque au sujet, la Lune, les échelles… Le simple fait d’avoir avec Fabien choisi cette piste de réflexion aux prémices du projet aboutit « fatalement » à un récit et un ressenti poétique. Surtout avec une certaine ellipse présente car la poésie est souvent plus forte dans l’œil qui regarde que dans la tête qui conçoit. Il faut laisser de la place pour que le spectateur devienne acteur en apportant sa propre perception des choses et les projets qui mettent trop les points sur les « i » enferment l’imaginaire.
Pour moi décrocher la Lune ça serait de réussir encore à mener à bien des créations comme « Les Poilus » et « Décrocher la Lune »… Chaque jeu que je crée qui trouve son public et qui rend les gens heureux, qui les émeut, qui les transforme un petit peu est une immense réussite que je ressent profondément. Si en plus le jeu peut rester un peu et ne pas disparaître balayé par la déferlante des nouveautés c’est une victoire incroyable.
Juan et Fabien Riffaud, impatients...
Décrocher la lune devant Gibraltar
Prototype des poilus
Cet homme est recherché par la police du plaisir pour cause de bons jeux!
Jeu de rôle par Sylvie Barc et Juan Rodriguez
Illustration de rêve de dragon
Juan assoiffé à Paris est Ludique
14) Enchaînons avec la fameuse question Matthieu d’Epenoux !
Une soirée ensemble, mais nous ne nous connaissons pas ou très peu, je te propose de jouer à 3 jeux dans le but d’apprendre à se connaître, lesquels me proposes tu et pourquoi ?
Ou bien préfères-tu faire des canulars téléphoniques à Matthieu d’Epenoux, un verre de Saint Veran à la main ?
J’aime bien discuter en buvant de bons vins. Si on connait déjà nos interlocuteurs c’est potentiellement plus profond que d’essayer de se découvrir. Et c’est vrai que la plupart des jeux révèlent des aspects de nous même que le code social masque habituellement.
Donc, je commencerai par une partie de « Dixit » qui va nous révéler comment fonctionne nos imaginaires et quelles en sont les convergences.
Je poursuivrai par un petit « Intrigue » qui nous permettra de nous impliquer et de jouer des masques et des manipulations. J’aurai bien pensé à « Diplomatie » mais c’est un peu trop long pour une soirée et peut-être bien trop violent.
Et je finirai par un « Poilus » qui va nous montrer comment chacun tient compte des autres et joue en pensant à créer des ouvertures pour ces comparses. En effet si tu ne penses qu’à tes possibilités personnelles tu fais perdre le groupe.
Avec tous ça la soirée sera bien remplie et si en plus on a gardé le vin de l’autre facette de cette proposition il est fort probable qu’elle ai été bien agréable.
15) Le jour où tu devras quitter le monde du jeu, d’une manière ou d’une autre, que souhaiterais-tu que l’on retienne de toi sur le plan professionnel mais également humain?
J’ai déjà quitté le « Monde du Jeu » (dans le sens microcosme des éditeurs, distributeurs, auteurs, animateurs et plus globalement, aficionados et professionnels) pendant un peu plus de 15 ans et on a pas retenu grand chose de moi pendant cette période.
Par contre certains des jeux que j’avais co-conçus ont continué de vivre et c’est à travers eux que mon retour c’est opéré, au début. Il a quand même fallut que je fasse mes preuves, à nouveau, pour être pleinement accepté.
Et puis, à partir du moment ou l’on parle d’un « Monde du Jeu » l’aspect personnel et professionnel sont intimement liés surtout depuis la peopolisation qui c’est opéré depuis quelques années.
Pour moi le jeu est un mode d’expression artistique comme un autre et à ce titre je pense qu’il faut l’aborder avec ambition et profondeur. Et du coup j’essaie de tout faire pour que certaines de mes créations durent un peu au delà de moi. Je suis pas sûr d’y arriver mais c’est clairement mon objectif, la durée…
Sur l’aspect humain, je n’en sais vraiment rien. J’aime bien qu’on m’aime, et globalement j’aime bien les gens, c’est déjà pas mal, le maintenant me suffit largement.
Juan, l'une de ses filles, Céline, et 2 de ses petites filles, Léa et Sarah
16) Malheureusement, c’est déjà la fin de cet entretien, Juan, en prenant en compte, ta vie professionnelle et personnelle, es-tu heureux ?
Avec la chance que j’ai d’avoir une vie familiale sereine et intense, des relations amicales fortes, et de profiter de l’activité de mon choix sans obligation de résultat, je serai bien difficile et capricieux si je n’étais pas heureux.
Et même si la douleur des deuils sont des épreuves, elles mettent l’accent sur le moment présent et son côté fugace. Elles nous apprennent à savourer le plaisir que l’on a, sur l’instant, mais s’en contenter béatement ne peu en aucun cas suffire.
Heureusement qu’il est toujours possible d’améliorer des trucs, d’être plus attentionné vis à vis de ses proches, de créer des choses qui touchent encore plus les gens…
La recherche d’affection et de création sont de puissants moteurs…
Juan je te remercie infiniment pour le temps et ta gentillesse
La semaine prochaine, un amoureux transi de Juan et Clyde
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