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Jeux Viens à Vous Djib 1ère partie

J'ai eu l'envie d'en savoir plus sur Jean-Baptiste Reynaud alias Djib lors de la publication de ses articles de Clash of Rage  sur Tric trac.
Son approche me plaisait. 

 

Djib est à la fois quelqu'un de simple, discret, professionnel mais aimant également partager son amour du dessin. Ce fût très agréable d'échanger avec lui sur les différents sujets abordés. 
 

Dans cette première partie, nous avons parlé de son métier d'illustrateur, de l'école Emile Cohl, de Manu Larcenet, de Clash of Rage, de ses enfants et de son rôle de père, de son service militaire chez les chasseurs alpins et de sa vision sur les attentats...




1) Djib, bonjour, auriez vous la gentillesse de vous présenter? 

Bonjour Emmanuel ; oui, pas de soucis : je suis quelqu'un de plutôt gentil en général 

Je m'appelle Jean-Baptiste Reynaud, mais j'utilise le pseudo Djib pour toutes mes activités d'illustrateur/concept artist freelance. 
Côté "Etat civil", je suis né le 11 septembre 1977, je suis marié, j'ai deux enfants.

Jusqu'à l'âge de 18 ans, j'ai grandi dans un petit village du Forez, à 850 mètres d'altitude, dans le calme et le bon air des vaches. Puis, un Bac Littéraire en poche, j'ai suivi les 4 ans du cursus de l'école d'art Emile Cohl, à Lyon.

J'en suis sorti diplômé en 1999 pour aller direct sous les drapeaux, chez les Chasseurs Alpins de Bourg Saint-Maurice. 10 mois plus tard, j'ai décroché mon premier travail : un poste de concept artist salarié chez Eden Games, à Lyon aussi, sur un jeu vidéo "fantasy" (Kya : Dark Lineage). J'y suis resté 7 ans, en apprenant notamment la 3D sur le tas, et en continuant d'améliorer mes compétences d'infographiste 2D.

En 2007 donc, l'oiseau quitte son nid douillet, et je passe freelance.


 Au départ, je travaille pas mal pour Black Book Editions, avec qui je fais mes premières armes dans le secteur du jeu de rôle  (Chroniques Oubliées, Polaris, Shadowrun), puis avec Asmodee (COPS, Hell Dorado, INS/MV), et Paizo (Pathfinder). En parallèle, je participe régulièrement au magazine des univers fantastiques Chaudron magique, chez Milan (une sacrée aventure, très formatrice aussi), tout en commençant, en 2008, à donner des cours d'anatomie artistique dans une école d'art.

Depuis 2013, je travaille désormais essentiellement pour le secteur du jeu de société : tout d'abord sur Ultimate Warriorz, avec Guillaume Blossier (là aussi, une superbe première expérience de JDS), puis sur La Nuit du Grand Poulpe ( Superlude), Sabordage (Origames), Titan Race (Funforge), Schotten-Totten (Iello), les Aventuriers du rail : mon premier voyage (Days of Wonder), Wizards Wanted (Mattel), Clash of Rage (La Boîte de jeu),...

Voilà. En gros. Un parcours assez "classico-classique" pour l'instant. :)

Et toi, Emmanuel, histoire que l'on soit à "armes égales", aurais-tu (osons le "tu", soyons fous) aussi la gentillesse de te présenter ? :)

Je joue le jeu et me présente à Djib en OFF

 

2) Qu'est ce que cela représente quoi pour toi justement de dessiner ?
Une passion ? Un métier ?  Un exutoire ? Une façon de s'exprimer ? Le pouvoir de donner vie à des objets, des personnages, ou des situations ?


C'est un peu tout ça, j'imagine. (Merci d'ailleurs, de me poser la question, car ce n'est pas toujours évident de prendre le recul nécessaire par rapport à son métier, son "art".) Je vais tâcher de répondre dans l'ordre :

Concernant la passion... Je ne saurais pas trop dire pourquoi, mais j'ai un peu de mal avec le fameux terme "métier-passion". Assez tôt, en 3ème, je savais que je voulais faire des études de dessin. J'étais un élève moyen, et donc, il n'y avait qu'en dessin que je "brillais" un peu plus. Je ne me suis donc jamais vraiment interrogé sur mon orientation future ; ce n'est pas que j'étais "arrogant" sur mes capacités futures à embrasser une carrière artistique, mais plutôt comme si c'était une évidence naturelle, que je ne savais faire que ça de plutôt bien. C'est entre autres pour cela que je te parlais de parcours assez "classico-classique".
 

Tu sais sans doute ce que c'est : tu es gamin, tu fais un truc à peu près potable, et puis quelqu'un autour de toi te dit quelques mots sympas, t'encourage un peu, alors tu continues, pour "jouer", et tu vois que les gens ont l'air content, peut-être même sont-ils admiratifs, que ça te fait du bien quelque part, que ça te flatte. Alors tu continues encore et encore (c’est que le début…), tu t'améliores, jusqu'à ce que ça fasse vraiment partie de toi, que ça devienne un peu ce "truc à toi" qui te fait exister aux yeux du monde, de tes parents, de tes potes, de tes copines,...

Donc, oui, une passion au départ, mais aussi une manière de dire "Hé ho, je suis là, j'existe, regardez ce que je sais faire !"
 

Et bien sûr, un mode de communication, d'expression. J'étais un ado plutôt introverti ; dans une certaine mesure, le dessin m'a permis de communiquer avec les autres, de montrer ce que je pouvais être/ce que je ressentais, via ce que je dessinais, les univers que j'aimais, etc... Il y a encore des choses qui me sont plus faciles d'exprimer par le dessin que par l'écrit ou la parole, même si je n'ai plus trop de temps (on ne va pas s'en plaindre !) pour travailler sur mes projets personnels. 
 

A mes yeux, c'est également un refuge, sans aucun doute. S'évader dans ses univers ou ceux des autres, s'abandonner dans le boulot, continuer de s'inventer ses petits mondes, comme quand on était gosse,...

Et pour finir, c’est un métier, de toute évidence. Un vrai, que j'aime, que j'ai la chance de pouvoir pratiquer. Pour lequel je me suis formé, auquel je me suis accroché, et qui me permet aujourd'hui d’en vivre, de payer mes factures, mes impôts, de partir en vacances en famille, ... Un métier qui a son (gros) lot de travail, de contraintes, d'angoisses, de "sacrifices" parfois, même si il y a bien pire que de dessiner des "p'tits mickeys" à longueur de journées. Et puis des joies, quand on a des retours positifs sur son travail, quand on voit et prend dans ses mains sa première boîte de jeu/son premier bouquin avec ses illustrations dedans, quand on rencontre des gens passionnés, des collègues, des "fans", avec qui on partage, on échange...

Projet personnel



3) Tu as étudié à l'Emile Cohl, école de dessin à Lyon, où sont passés notamment Vincent Dutrait et Jérémie Fleury.
Que voudrais-tu nous dire sur cette école et ce qu'elle a pu t'apporter durant les 4 ans que tu y as passé ?


En fait, pour situer un peu, je ne m'étais pas tellement renseigné à l'époque sur les écoles d'art de ma région. D'une part, parce qu'en 1992, on en trouvait beaucoup moins qu'aujourd'hui et il n'y avait pas Internet (eeeet ouais....), et d'autre part, parce que j'avais eu de très bons échos d' Emile Cohl venant de connaissances de mes parents et de mon prof de dessin en collège. En 3ème, j'avais également récupéré une plaquette de l'école lors d'un forum des métiers, et j'ai profité d'une journée Portes ouvertes, dans les tous premiers locaux de l'école, pour confirmer mon impression : c'était là-bas que je voulais étudier le dessin !
Des dessins affichés de partout sur les murs, un labyrinthe de petites pièces, des mezzanines toutes en bois, une ambiance "cocon bas de plafond", des salles de modèles vivants, des tas de gens "comme moi" qui étaient là pour étudier le dessin, bref... Moi qui n'avais jamais vraiment appris le dessin auparavant, ni pris de véritables cours, j'étais sur un petit nuage...

 

Pour rentrer à Cohl, il fallait avoir le Bac, un petit dossier de dessins, et passer un entretien avec le directeur d'alors, un des fondateurs de l'école, Philippe Rivière. J'ai été admis en Prépa, et...j'ai fait un emprunt étudiant. Les études à Cohl coutaient déjà chères à l'époque (C'est une école privée avec diplôme reconnu par l’État) et s'étalaient sur 4 ans.  Avec mon premier job dans le jeu vidéo, j''ai donc mis environ 5 ans à rembourser ce prêt. Mais j'ai surtout eu la chance d'avoir des parents qui m'ont soutenu dans ce choix d'études, qui m'ont payé une partie de mes études ; cela n'aurait pas été possible sans leur soutien, sans leur confiance.

Tout ça pour dire que j'étais un peu en mode "Terminator" pendant ces 4 ans ; l'échec n'était pas autorisé ni même envisageable:) 
Je n'ai quasiment rien vu des nuits lyonnaises pendant mes 2 premières années d'études, je bossais quand mes colocs jouaient à l'Appel de Cthulhu dans la cuisine qui jouxtait ma chambre. Bref, un rythme et une tournure d'esprit assez scolaire, mais qui m'a permis de tenir et d'encaisser le mode de fonctionnement de l'école : 1 exercice/note par jour, un affichage quasi-quotidien des notes, 8 heures de dessin par jour, 4 jours 1/2 sur 5, un classement affiché à chaque fin de trimestre, plus de 40 élèves par classe, etc... C'était donc très intense, et il n'était pas rare de voir des élèves jeter l'éponge en cours de route...


Mais j'ai énormément appris ; j'ai appris à observer, à calibrer mon "œil" avec ma main et mon cerveau (l'acte de dessiner est souvent beaucoup plus "cérébral" qu'on ne le pense...), à répondre à des contraintes techniques, de temps,...L'enseignement était/est hyper complet : dessin documentaire, modèle vivant, perspective, animation, modelage, B.D, graphisme/typographie, infographie,...

Et surtout, le cours le plus fondamental à mes yeux, celui qui m'a vraiment appris à gérer des personnages et des créatures : l'anatomie artistique.

Projet personnel, Pages blanches

 

En découvrant ce cours, cela m'a un peu fait le même effet qu'avec mes cours de grec ancien : l'apprentissage d'un langage crypté, étrange (sterno-cléido-mastoïdien, huméro-stylo-radial,...), une matière "à part", un autre "truc à moi" secret et quasi magique...

Notre prof, Michel Lauricella, (http://www.fabrica114.com/presentation.php) qui exerce encore aujourd'hui sur Paris, était un véritable passionné, un fondu de morphologie : il réalisait de gigantesques écorchés hyper précis au tableau noir, avec différentes craies de couleurs, nous expliquait toute la mécanique du corps humain et d'autres vertébrés, nous expliquant les différences, les similitudes entre nous, les félins, les onguligrades, les vertébrés volants,...Il m'a transmis ce virus, cette soif de comprendre le corps humain, le fonctionnement de son appareil locomoteur, la précision et l'extrême beauté de son organisation, la passion de l'anatomie comparée.  Je n'étais pas l'élève le plus doué en dessin réaliste, mais j'étais assez calé sur l'aspect théorique. Et j'essaie aujourd'hui d'appliquer et de transmettre cet enseignement à mes élèves, du mieux que je le peux.
En plus de l'importance capitale, à mes yeux, de cette matière pour toute personne désirant exercer une activité de dessinateur, d'animateur, de modeleur, elle permet aussi, pour sa propre culture générale, de mieux se connaître, de mieux connaître son corps, celui des autres. De réaliser que nous sommes aussi des êtres de chair et d'os, un organisme vivant qui évolue, vieillit, porte les marques du temps, avec ses possibilités, ses limites ; un organisme hyper complexe, beau, étonnant, mais fragile aussi, construit sur le même schéma de base que le plus petit animal vertébré ou le plus gros. ça aide à relativiser, je trouve, à trouver un peu sa place, sans se mettre au dessus de tout.

Bref, tout ça pour dire que, pour moi, l'enseignement à Cohl a été dur mais très bénéfique. Des études d'art et un diplôme ne sont absolument pas obligatoires pour embrasser une carrière d'illustrateur (Miguel Coimbra (SmallWorld, 7 Wonders, Sea of Clouds,...), par exemple, est un parfait autodidacte, et il démontre tous les jours son incroyable talent). Mais en ce qui me concerne, ça m'a permis de découvrir des tas de choses au sein d'une structure. Bien sûr, les études d'art ne sont que le début d'un long parcours, on en apprend tous les jours, même après 10, 20, 30 ans de carrière, mais je ne pense pas qu'à l'époque j'aurais eu la maturité nécessaire pour apprendre tout cela tout seul.

Et puis, pendant ces 4 ans d'études, je me suis aussi construit humainement au contact de mes amies/amis de promo et d'ailleurs, de mes colocs, etc.. On partageait nos influences, nos coups de gueules, nos fous rires. C'étaient des années très riches, denses, à tous points de vue ; une bonne partie de ce que je suis aujourd'hui découle de cette période.

Projet personnel, Space lobster

 

4) Tu me disais qu'après Emile Cohl, tu fais ton service militaire chez les chasseurs alpins.
C'était un choix de ta part ?
Les artistes sont très souvent antimilitaristes et tentaient d'échapper au service militaire.
Qu'as tu retenu personnellement de cette période ? Que t'as apporté l'armée dans ta vie professionnelle mais également personnelle ? 


C'est un peu plus complexe que ça, mais oui, c'était un choix assumé.

J'ai fais mes "3 jours" en 1999, pendant les derniers temps du service militaire obligatoire : ça correspondait surtout à la fin de mes études, à la préparation de mon diplôme, à la fin de 2 superbes années de coloc', 4 ans d'études intenses, à un contexte familial, sentimental un peu tendu, etc...Peut-être que je sentais un tournant à l'échelle personnelle, mais aussi à une échelle plus globale, dans cette fin de siècle pré-11 septembre 2001.

Je n'avais pas vraiment de contact ou de moyens pour me faire "porter pâle", ni vraiment d'envie de faire objecteur de conscience pendant 2 ans. Au fond de moi, j'avais peut-être envie de me "brusquer" un grand coup, de me lancer un "défi", de prendre le large, de "débrancher un peu le cerveau", voir de faire de la provoc' aussi, un peu...

Et puisqu’à priori, il fallait y passer, alors j'ai demandé à faire un service "physique" en effet. Quitte à faire un service militaire, je ne voulais pas passer mes 10 mois à glander derrière un bureau et à boire des bières le soir en comptant les jours qui passent ; je caricature, mais j'ai des potes pour qui ça a été ça... Du coup, quand le recruteur m'a demandé si je savais skier, j'ai dit oui. Finir chez les Chasseurs Alpins ne m'a donc pas surpris :)

Mais je ne pense pas que cela fasse de moi un bourrin pro-militariste pour autant. Je ne sais pas si les artistes sont naturellement antimilitaristes, mais le fait est que la thématique martiale est largement représentée dans la culture "geek" et le secteur de l'Entertainement : jeux vidéos, jeux de rôle, jeux de figurines, jeux de société (en pourcentage moindre pour ce dernier secteur),... Ces thématiques guerrières peuvent même être un gagne pain pour certaines entreprises et/ou artistes, qui peuvent cependant avoir des opinions totalement pacifistes dans la vie de tous les jours. J'en fais partie.

Bref, encore une fois, je ne parle que de ma propre expérience, et je connais des gars pour qui le service militaire a été une catastrophe, du temps de perdu, un gâchis à tous les niveaux. En ce qui me concerne, avec le recul, j'ai dû avoir de la chance, je ne sais pas, mais j'en retiens au final une expérience positive à plusieurs niveaux.

Déjà, mon Quartier (ma caserne) était situé au-dessus de Bourg Saint Maurice, dans un petit village typique du coin ; tout autour : des champs et des vaches comme seuls murs...Il y a pire comme cadre. Là-bas, j'ai pu rencontrer et être confronté à des tas de personnes que je n'aurais, je pense, jamais rencontré autrement : on venait tous des quatre coins de la France, avec des niveaux d'étude complètement différents, des milieux sociaux différents, des religions différentes aussi, et pourtant, pendant 10 mois, on était tous dans la même galère. Une forme de mixité sociale, en somme. On était tous dans le même panier, des appelés, balancés là, dans ce milieu particulier, mais pas si différent que ça du "monde extérieur". Un condensé de société, presque. Au départ, je pense que j'idéalisais un peu le truc : que l'Armée était un milieu fondé sur le mérite, que ceux qui bossaient dur étaient récompensés, etc... Mais je me suis très vite rendu compte que ce n'était finalement qu'un reflet, un micro-milieu, comme le reste, et qu'il fallait apprendre à jouer avec les règles, si peu logiques soient elles.

Comme dans le "civil", appelés comme engagés, il y avait son lot de bourrins, de malhonnêtes, de xénophobes, d'homophobes, de sexistes (et le Sergent haineux envers les appelés, cumulant toutes ces "qualités", n'est pas une légende)...mais aussi de gens droits, bosseurs, tranquilles, respectueux, pleinement conscients de leur mission, de leur devoir, etc...Des gens ni forcément meilleurs, ni pires, pas forcément belliqueux, et surtout au delà de toute caricature.

J'ai aussi appris à vivre en collectivité, certes essentiellement masculine, avec ses mauvais côtés, mais aussi ses bons.  Après mes 3 semaines de classes, on m'a catapulté instructeur à mon tour : en gros, apprendre à d'autres nouveaux appelés comme moi ce que j'avais appris pendant ces 3 semaines en faisant semblant d'avoir de l'autorité. Tout cela avait des airs de jeu de rôle Grandeur Nature finalement :) Mais mine de rien, étant d'un naturel réservé, ça m'a bizarrement appris, un peu, à "gérer un public" ; quelque part, ça m'a servi plus tard pendant mes cours : savoir se poser devant un public, placer sa voix, transmettre, se faire entendre, etc...

J'ai aussi pas mal dessiné ; les journées n'étaient pas toutes intenses, et j'en ai profité pour bosser sur mes univers personnels, pour mon plaisir. Et bien sûr, m'étant vite fait repéré, on m'a recruté là-bas pour faire des cartons d'invitations, des dessins pour des t-shirts officiels, des tatouages persos, etc...

Projet personnel, Monstres

 

Et puis, physiquement, j'ai fait des choses que je n'aurai jamais fait avant non plus : le 7ème bataillon des Chasseurs Alpins était réputé pour être un bataillon très physique, et étant instructeur, je refaisais donc "mes" classes tous les 2 mois. J'ai traversé en autres la Vanoise en long, en large et en travers ; "mangé" du dénivelé en peaux de phoque, en raquettes, à ski, à pied, par - 15°C, par 30°C,... J'ai vu des paysages magnifiques, skié dans de la poudreuse cristalline en faisant la première trace,... Bref, j'ai fait une cure de sport au plein air pendant 10 mois :)

Alors, oui, j'ai aussi appris à me servir d'un FAMAS, à tirer à balles réelles, mais ce n'est pas ce que je retiens le plus. Même si, gérer la responsabilité d'avoir une arme létale entre les mains, ça marque, forcément. Encore aujourd'hui, quand je me ballade en famille, tranquillement, dans un lieu très touristique, et que je vois un groupe de militaires lourdement armés qui patrouille, je ne peux pas m'empêcher d'avoir de l'appréhension. Certes, cela vous rappelle brutalement le contexte actuel, et je devrais me sentir en sécurité de savoir ces militaires français, hommes et femmes, qui se placeraient devant moi et ma famille si des fous armés débarquaient brusquement. Mais j'ai tout de même un premier mouvement de recul. Puis, raisonnablement, je me calme, et je ne peux que faire confiance à ces professionnels. Ils maitrisent eux aussi leur métier.

Enfin, j'ai passé le réveillon 1999-2000 au Quartier ; nous étions d'astreinte suite aux alertes de tempête. Le bataillon a envoyé pas mal de personnel, engagé comme appelé, dans les Landes notamment, pour aider à dégager les arbres tombés, les dégâts subis. Et puis, il y a eu le naufrage de l'Erika (Merci qui ?!) ; le plan Polmar est déclenché, et ma compagnie est envoyée en Bretagne pour une première cession de 15 jours de nettoyage des plages de la Baule, du Croisic, de la Turbale,... Ma première rencontre avec la Bretagne...Je me suis porté volontaire pour une 2ème cession quelques semaines après. Et honnêtement, je ne pense pas que je me serai porté volontaire en tant que bénévole civil à l'époque, si je n'avais pas fait mon service.

 

Et pour la première fois de ma vie, je crois que je me suis senti vraiment utile. Certains militaires, les plus belliqueux, pourront vous dire que ce n'est pas dans leurs prérogatives, de ramasser de la "merde noire" ; moi, je pense que si, que c'est aussi ça. Et quelque part, j'ai eu l'impression à ce moment là de faire mon devoir de citoyen, bien plus qu'en mettant mon bulletin dans l'urne. Et mon devoir d'Homme et de futur père aussi ; l'été dernier, ma petit famille et moi avons passé quelques temps dans cette région. Mes enfants se sont baignés et amusés sur ces plages ; et oui, j'ai ressenti un peu de fierté d'avoir pu participer à mon humble niveau  au nettoyage de ce littoral. C'était une belle récompense.

Wizards wanted, croquis et prises de note


 

5) Tu parles de tes enfants, qu'est ce que cela à changé dans ta vie personnelle mais également professionnelle de devenir père ?
Dessines-tu différemment par exemple ou acceptes-tu plus certaines commandes qui pourraient leur plaire ?  


Alors, je ne vais pas trop rentrer dans les détails de ma vie familiale, mais je vais tout de même tâcher de répondre.

Dans ma vie personnelle, évidemment, ça a tout changé. Déjà, de base, dès la fin de mon adolescence et le début de ma vie de jeune adulte, je savais que je voulais fonder une famille, que je voulais avoir des enfants. C'était clair dans ma tête ; je m'imaginais déjà en train de jouer avec eux, me balader avec eux. Il ne me "restait" par contre "plus qu'à" trouver leur future maman :)

Il y a une interview d'Alexandre Astier, celle réalisée à Cinecittà, qui m'a particulièrement touché, lorsqu'il évoque ce sujet là ; comme lui, je pense, j'aurais été très malheureux si cette "envie", ce besoin viscéral, au delà de toute raison si on y réfléchit bien, n'avait pas été "assouvi". Il y aurait eu là quelque chose de très douloureux. D'ailleurs, pour en revenir à Astier, c'est pour ça que sa saison 5 de Kaamelott me vrille toujours les tripes quand je la regarde/l'écoute, car elle met en images une de mes anciennes peurs fondamentales : ne pas avoir d'enfant, et maintenant, par extension, les perdre. "La chanson de Pierrot" de Renaud m'a aussi pas mal accompagné pendant une période.

Heureusement, j'ai fini par rencontrer la Belle personne ! Celle qui compte plus que tout et qui me supporte au quotidien. Et nous avons eu depuis, en toute objectivité bien sûr, 2 enfants magnifiques qui grandissent bien :)

Professionnellement, il y a eu pas mal de changement et surtout d'adaptation bien sûr. J'ai réalisé assez vite que mes envies de fonder une famille et de devenir illustrateur freelance, sans être incompatibles, allaient être complexes à équilibrer. A moins d'être un virtuose du dessin (ce que je ne suis pas) qui fait des chefs d’œuvres en un rien de temps, ce métier louche souvent plus dans certaines périodes vers un rythme de 10 à 12 heures de travail par jour, et d'une bonne 60aine d'heures par semaine au lieu de 35.

En plus d'une certaine forme d'instabilité, tout ça implique souvent un rythme qu'il n'est pas évident d'imposer à sa famille, et que la famille ne supporte pas toujours. A raison. Ce n'est pas toujours rose. Alors, fatalement, il y a quelque chose qui trinque au passage : le temps passé avec ses enfants, son conjoint, ses amis, le temps de sommeil, de repos, de vacances,... sa santé, et peut-être même la qualité du travail rendu au final.

Au bout de 10 ans de carrière en tant que freelance, je continue encore aujourd'hui à "tester" cet équilibre ; depuis 6-7 ans, j'ai la chance d'avoir du travail en continu ; je touche du bois. Mais oui, il faut apprendre tous les jours à se ménager aussi, pour durer, pour se préserver du temps avec son entourage ; savoir comment aller plus vite dans son travail sans sacrifier la qualité, mieux estimer le temps qu'il faudra passer sur telle ou telle tâche, etc...

Donc, oui, en un sens, avoir des enfants, fonder une famille et faire en sorte qu'elle tienne, qu'elle s'épanouisse au mieux, à modifié ma façon de travailler. Par exemple, depuis 3 ans, je travaille en atelier. D'une part, pour faire une coupure la plus nette possible entre travail et vie familiale, et d'autre part pour le plaisir de retrouver des collègues freelance aux métiers similaires, une émulation, un partage qui me manquait un peu parfois lorsque je travaillais seul à la maison.

Sans aigreur, j'ai aussi mis mes projets de dessins personnels sur pause, et je privilégie désormais toutes les commandes qui me permettent réellement de vivre, tout en me faisant plaisir sur ces projets. Pendant mes rares temps libres, par exemple, je ne dessine plus pour moi, et, pour l'instant, ça ne me manque pas forcément.

Projet personnel, Pages Blanches

 

Pour en revenir à ta question, savoir si je dessine différemment depuis que j'ai des enfants, je ne pense pas que cela ait modifié fondamentalement mon "style graphique de base", mes envies/mes goûts d'univers. Mais oui, parfois, je regarde certains projets avec un autre angle de vue, du style "ça pourrait être classe plus tard de jouer avec les petits à ce jeu que je pourrai illustrer". Même si je ne suis pas un grand passionné de l'univers ferroviaire, j'ai accepté pour ça aussi de travailler sur "Les Aventuriers du rail : mon premier voyage" : mon fils est un fan de trains et de machines en tout genre ; ça a été le petit coup de pouce en plus. Oui, je pense que mes enfants me poussent, sans le savoir/vouloir, à explorer d'autres univers, d'autres variations graphiques, à ne pas m'enfermer.


Tu devrais lire mon interview d'Alexandre Astier !   :-)


 

6)  Tu parlais précédemment du 11 septembre et des attentats actuels, en quoi le monde a t-il changé selon toi depuis 15 ans?
Certains parlent d'intégrisme musulman, d'autres d'un « retour de flamme » de la colonisation.
Quelle est ta vision en tant qu'être humain mais également en tant qu'artiste si celle-ci est différente ? 


Très honnêtement, loin de moi l'idée de botter en touche et de prendre la posture du gentil petit dessinateur de mickeys qui fait l'autruche dans son coin en attendant que le monde s'écroule, mais je ne suis pas sûr d'avoir le recul, les outils intellectuels et les connaissances nécessaires pour parler d'un sujet pareil, aussi complexe.

Le 11 septembre 2001, je fêtais mes 24 ans. J'en ai bientôt 40 ans. Alors, je ne sais pas si c'est ma vision du monde qui a changé, devenant plus "réaliste", plus "amère" au fil des ans, ou bien si c'est la paternité qui m'a rendu plus inquiet, moins insouciant en général (c'est sans doute un mélange de tout ça), mais oui, j'ai l'impression de vivre dans un monde globalement plus inquiétant qu'"autrefois". Plus tendu. Crispé sur tous les sujets : ressources, territoires, religions, idéologies, climat, ...Peut-être que cette vision anxiogène, à laquelle je suis assez perméable, est "juste" l'effet d'une information continue, mondialisée, souvent sans filtres, ni recul ou débats, très orientée sur l'émotion, le ressenti immédiat, sans analyses, sans modération...Je ne sais pas.

Après, malgré tout ça, et cette vision personnelle parfois très pessimiste de notre humanité, je choisi quand même l'ouverture plutôt que la terreur de l'Autre, la joie et le partage plutôt que la haine. De rendre les choses plus "moelleuses" à mon petit niveau. Ce n'est pas toujours facile à appliquer et à transmettre, et j'ai bien conscience que ça sonne très "bobo" tout ça, limite "catho de gauche" bien à l'abri. Je n'aurais sans doute pas les mêmes mots si j'étais victime de discrimination à cause de ma couleur de peau, de mon niveau social, de ma religion, de mon orientation sexuelle,..., si je devais fuir mon pays en guerre, si ma famille était touchée/tuée par une bombe,...

"Artistiquement" parlant, à l'évidence, je ne suis pas dessinateur de presse. Je n'ai pas fait ce choix là ; sans doute parce que je n'ai pas ce talent humain et graphique, ce mordant nécessaire pour trouver un angle d'attaque clair sur un fait d'actualité précis, une sorte de prise de position, si extrême soit elle. Ce n'est pas ma nature ; mais quelque part j'admire les personnes capables de savoir faire ça . C'est beaucoup plus facile (plus lâche ?) de s'inventer des mondes, de s'évader dans l'espace où personne ne vous entend crier, de dessiner des créatures fantastiques, d'imaginer de nouveaux royaumes lointains, très lointains, de s'y réfugier à double tour. Et bien sûr que ces attentats sur notre territoire, pour ne parler que d'eux, me font m'interroger sur l'utilité concrète de mon métier, de mon "art". Je ne parle pas bien sûr de l'utilité très pratiquo-pratique, très matérielle, celle de subvenir à mes besoins et ceux de ma famille. Mais plutôt à son utilité dans quelque chose de plus global : la société, le pays, le monde dans lequel je vis.

Même si ça peut paraître trop décalé par rapport à la gravité du sujet, j'aurais pu aussi te répondre par une "bande son", plus éloquente que moi : on aurait pu commencer par "Le grand incendie" de Noir Désir, sorti le 11 septembre 2001, puis le "Porcherie" des Béruriers Noirs et leur "Salut à toi". On aurait enchainé sur "Vae soli !" de Mass Hysteria, pour finir sur le "Mourir pour des idées" de Brassens...

Wizards wanted, croquis


7) Tu me parles musique...aurais-tu justement l'envie de nous faire découvrir ou redécouvrir une œuvre ou un auteur que ce soit en musique, cinéma, peinture ou tout autre art qui serait important à tes yeux? 

Seulement une œuvre ou un auteur ?! Argh... Mission impossible pour moi, ça, désolé. :)

Côté musique, j'aurais pu parler de Christine, de Carpenter Brut, de Gojira, de Nicolas Bacchus, de Sigur Ros, de... Mais aussi de Sylvie Guillem, de James Thierrée ou du cirque Plume pour les spectacles vivants. De Ron Mueck et de Patricia Piccinini pour leurs œuvres organiques. Des œuvres de Sarah Sze, de Michael Reynolds le garbage warrior et ses "earthships", de la concept artist/zoologiste Terryl Whitlatch,  d'"Une vie moins ordinaire" de Dany Boyle, de "la Horde du Contrevent" (le plus poignant des livres de S-F de ces 50 dernières années) d'Alain Damasio, d'"Hypérion" et "Endymion" de Dan Simmons, de "Neverwhere" de Neil Gaiman, du livre "Morpho" de Michel Lauricella, de la BD "Freaks' Squeele" et de l'univers de Florent Maudoux, de Cyrano de Bergerac, d'Alexandre Astier bien sûr dont la personnalité et l’œuvre me marquent à plusieurs niveaux,...

J'aurais pu le faire.

Je vais plutôt parler d'une BD assez connue de Manu Larcenet, mais qui, à bien y réfléchir, est très particulière et importante à mes yeux. Il s'agit du "Combat ordinaire", parue en quatre tomes, aux éditions Dargaud, entre 2002 et 2008. Déjà, cette parution et cette lecture correspondent à une période assez spéciale pour moi , faite de changements douloureux et d'autres très bénéfiques. Tout ça entre la fin de l'ère Chirac et le début des années Sarko...

Dans les thématiques, mais aussi dans une certaine forme d'écriture, je retrouve plein de points communs avec le travail d'Astier sur "Kaamelott" et "Que ma joie demeure", des choses qui font résonance chez moi : cette BD parle de psychanalyse, de crises d'angoisse, de dépression, du refus du changement, de la culpabilité, de suicide, de la relation au père, de la difficulté d'en être un soi-même, de la société française de cette période ; ça parle aussi d'amour, des petits bonheurs quotidiens, de lutte sociale, du retour des hirondelles...


Bref, c'est très complet, et comme Astier, Larcenet alterne avec brio les moments de pur gaudriole avec les moments les plus graves. Il y a, je pense, une vraie volonté de sa part de ne pas être catalogué dans un genre précis, de bousculer les cadres. Et c'est une qualité que j'apprécie beaucoup ; celle de refuser une étiquette, de pouvoir explorer une variété de discours (C'est pour ça que je suis un ardent défenseur des saisons 5 et 6 de Kaamelott, par exemple :)), et que j'essaie d'appliquer sur mes propres travaux personnels, comme lorsque je travaillais sur les "HYPERLINK "http://pagesblanches.over-blog.com/tag/bd : pages blanches-djib/"Pages blanchesHYPERLINK "http://pagesblanches.over-blog.com/tag/bd : pages blanches-djib/"" de mon blog par exemple. 

Larcenet a aussi un sens du rythme séquentiel incroyable : il sait prendre le temps de raconter, gérant les silences comme personne, des silences de la bonne longueur et qui tombent au bon moment, des dialogues ciselés qui donnent vraiment vie aux personnages, tout ça avec un dessin "pré-Blast" qui combine des décors très naturalistes avec des protagonistes aux traits plus "cartoon",...

On y trouve aussi, à mon sens, la plus belle phrase/déclaration d'amour jamais vu en BD, de celles qui vous remuent en dedans ; c'est à la fin du premier tome. Celles et ceux qui l'ont lu savent ; les autres, je leur laisse le plaisir de la découverte...

                            Projet personnel, Sister in arms

 


8) Venons en à tes carnets d'auteur que tu as créé pour la campagne KS de Clash of Rage.
Tu y détailles tes créations, les évolutions de tes illustrations.
8 A) Comment est venu ce projet de carnet d'auteur ? C'est toi qui a eu l'idée ou bien l'éditeur qui te l'a proposé ? Le projet t'as tout de suite plu ?
C'est une expérience qui j'imagine prend du temps, mais qu'en as tu tiré ? 


En fait, j'ai l'habitude de réaliser ce genre d'articles sur mon blog depuis plusieurs années déjà ; que ce soit sur mes travaux de commandes ou sur des travaux personnels. C'est donc tout naturellement que j'ai proposé à Benoît Bannier, le boss de La Boîte de jeu, et à Igor Polouchine, le directeur artistique d'Origames, de publier quelques articles "Making of" afin de participer, avec mes petits moyens, à la dynamique de la campagne KS de Clash of Rage. La "nouveauté", c'est que je n'avais encore jamais publié sur le site de Tric Trac.

Pour être tout à fait honnête, il y a bien sûr une dimension un peu "narcissique" à faire ce genre de démarche, un peu "Hé ho, regardez ce que je sais faire !" ; un but d'auto-promotion en somme.
Et puis, je suis moi-même un gros consommateur d' "artbook/art of/making of" de films/films d'animation, de jeux vidéos ; je lis/regarde pas mal de magazines/vidéos sur les effets spéciaux de cinéma, notamment sur les recherches graphiques préliminaires, les effets "en dur" (animatroniques, maquettes, etc...) Du coup, je me suis dis que ça pouvait potentiellement intéresser quelques personnes si on appliquait ce type d'explications au monde du JDS. Comme ce qu'avait fait Jérémie Fleury avec "Oceanos" et "Yamataï", par exemple.

Il y a donc aussi une petite démarche "pédagogique" : montrer l'envers du décor, expliquer pourquoi on a fait tel ou tel choix graphique, ce qu'on a dû abandonner, pourquoi, en quoi cela servait mieux le projet, etc...

Je pense qu'il est important d'expliquer que le dessin, le "concept art", c'est aussi une démarche intellectuelle et pas seulement que de la technique, ou juste une histoire de "talent". Qu'il y a pas mal de travail, de connaissances, de culture de l'image et de réflexion derrière. C'est pour ça que dans mes articles "Making of", je m'attarde souvent plus sur le processus "cérébral" de la création de tel ou tel personnage, de telle ou telle couverture. Des tutoriels sur le " quel outil de dessin utiliser, quelle "brush", quel raccourci clavier, etc... , il y en a des tonnes sur Internet. Et je ne suis pas le plus doué/compétent pour ce genre de démonstration technique.

Et personnellement, ce que j'aime lire/voir, et ce que je tente de transmettre, c'est le "pourquoi" de telle couleur, le "pourquoi" de telle forme ou d'un tel détail ; qu'est ce que cela raconte du personnage X ou de l'objet Y, en quoi ça le rend particulier. Est-ce que cela raconte une histoire en plus, en 1ère ou 2ème lecture, est-ce que le personnage en devient iconique, moins "interchangeable", est-ce qu'il en devient plus "vivant" ? Bref, c'est cette "cuisine", ce "jus de cerveau" qui me plaît de découvrir, de partager.

                                       Le résultat final

 



8 B) Je fais partie de ceux qui pense que les illustrateurs vont prendre de plus en plus d'importance dans les années à venir dans le jeu de société.
Te verrais-tu réaliser des carnets d'auteur de manière plus volumineux à la façon d'un artbook ?

 



La semaine prochaine, nous évoquerons ses envies, la question : en quoi l'illustration fait-elle d'un jeu un bon jeu? de l'importance des illustrateurs, de la relation illustrateur/éditeur mais également de jeu vidéo. 

 

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Saison 2 

 


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Serge Laget

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