Organisateur
d'événements ludiques
Jeux Viens à Vous Nadine Seul 1 ère partie
Je devais interviewer Nadine Seul au dernier festival de Cannes.
Trop occupée, elle m'a demandé de réaliser l'entretien quelques semaines plus tard par téléphone, elle a tenu parole et je l'en remercie.
Diplomate de profession, la prêtresse du Festival international de Cannes sait manier notre langue française et les discours officiels, peut-être parfois un peu trop à mon sens. En effet Nadine Seul sait se protéger et orienter la conversation là où elle veut, la discussion fût donc âpre mais très intéressante et encore une fois je l'en remercie.
A la veille de sa dernière année en tant qu'organisatrice, tous les professionnels reconnaissent le travail incroyable effectué depuis 30 ans par cette femme au charisme certain.
Dans cette première partie, Nadine seul évoque la création du Festival, les premiers acteurs présents, son travail au sein du festival et toutes les facettes méconnues de son activité, l'importance du rapport humain, Christophe Boelinger et les possibles attentats lors du festival, mais également ses rapports avec le jury...
1) Nadine Seul bonjour, auriez-vous la gentillesse de vous présenter?
Je suis actuellement commissaire général du Festival international des Jeux.
En 1987, j‘ai intégré en tant que chargée des relations extérieures puis attachée de production la Direction de l'Evénementiel du Palais des Festivals et des Congrès de Cannes qui est chargée de la réalisation du FIJ, mais aussi d’une grande partie de la programmation culturelle de la ville de Cannes. Le Festival a été crée en 86, et dès 87 j'ai collaboré à cette manifestation, dans un premier temps avec le service presse, puis à partir de 88, on m'a demandé de reprendre la manifestation. Cela fait donc 30 ans que je m'occupe du FIJ.
2) Que représente le jeu pour vous? Le ... (Elle m'interrompt)
Le jeu à toujours fait partie de mes loisirs.
J'ai été élevée dans une famille où l'on jouait régulièrement. Ca a commencé avec des jeux comme les petits chevaux, la nain jaune, puis la belote, le rami, les dames, les échecs … En tant qu'étudiante, je jouais beaucoup au tarot, au poker et puis à certains jeux de plateau.
Arrivée à Cannes, lorsque j'ai intégré le Palais des Festivals et que l'on m'a demandé de m'occuper du FIJ, je me suis intéressée de manière plus professionnelle à ce loisir pour essayer de comprendre les enjeux du monde du jeu et faire en sorte que le festival soit représentatif de tous les univers de jeux proposés et réponde aux attentes du public.
C'est certain qu'en 1986 quand le festival des jeux a été crée, il ne ressemblait absolument pas à ce qu'il est devenu.
Au départ il rassemblait essentiellement des grands jeux classiques car à Cannes il y avait une tradition de ce type de jeux, avec un club d'échecs né également en 1986 (qui a été à l'origine de la formation de très grands noms des échecs français comme Joël Lautier ou Etienne Bacrot pour ne citer qu'eux), 3 ou 4 clubs de Bridge, des clubs de Scrabble, de Belote, un club de jeu de rôle et dans les hôtels cannois la clientèle moyen-orientale jouait pas mal au Backgammon.
Quand on a lancé le festival, on a donc travaillé essentiellement autour de l'existant et de ces grands classiques car à l'époque il ne sortait que 10 ou 20 nouveaux jeux de plateau par an et le jeu vidéo n’était pas encore aussi présent.
Nous nous sommes rapprochés des fédérations de jeux et, dès la première édition, on a pu compter sur le soutien des fédérations de Scrabble, d'échecs, de Bridge, du jeu de dames, du jeu de rôle...
Ce qui était nouveau c'est qu'on a essayé de rassembler toutes ces disciplines et de proposer un programme à tous les types de joueurs : débutants, Joueurs confirmés, champions. Il exitait certes de nombreuses manifestations dédiées à une seule discipline (par exemple le célèbre festival de bridge de Juan-Les-Pins) et à un public d'experts , mais aucune manifestation d’envergure capable de fédérer le plus grand nombre auprès du jeu en général.
Le principe du festival qui a été défini alors était de proposer une manifestation où chaque personne allait pouvoir trouver une initiation, un stage, des démonstrations, un tournoi correspondant à son niveau de jeu, et ça c'était nouveau.
La première année, il y a eu près de 10 000 visiteurs qui sont venus découvrir ce festival et il y avait déjà quelques éditeurs de jeux de plateau. A l’origine, l'objectif de la ville de Cannes était de trouver un thème fédérateur, une activité qui puisse séduire les jeunes comme les moins jeunes, toutes les catégories sociaux professionnelles, les azuréens comme les Français ou des personnes venues du monde entier.
Très vite le thème du jeu est sorti du chapeau et donc on s'est dit faisons un festival du jeu!
Lorsque j’ai commencé à travailler sur cette manifestation, j'ai du essayer de comprendre comment tout cela fonctionnait. Je jouais par exemple aux échecs, mais je ne m'étais jamais posé la question de comment faire pour organiser un open d'échecs. Je me suis donc rapprochée des clubs azuréens, des fédérations pour leur demander leur appui, leurs conseils pour nous aider à construire un festival des jeux destiné au plus grand nombre. Très vite, du fait de mon intérêt pour tous les types de jeux, j'ai souhaité que le festival ne se limite pas aux seuls grands jeux traditionnels mais s'ouvre aussi aux jeux de société contemporains ; d’où l’intérêt de créer un prix, l‘As d'Or, afin de mettre en lumière les meilleurs nouveaux jeux présentés au Festival.
Tournoi d'échecs au Festival de Cannes
On a eu de la chance dès le départ avec des jeux primés comme Abalone, Quarto, Magic, … La création de l‘As d'or en 88 a été une étape importante pour montrer qu'à côté des grands jeux traditionnels, il y avait aussi de nouveaux jeux qui sortaient chaque année. Au début, la sélection ne se faisait que parmi les nouveaux jeux présentés au festival, mais nous avons eu beaucoup de chance car il y avait déjà des entreprises dynamiques qui venaient au festival avec des jeux à succès, je vous en ai cité 3 et la liste allait être bien longue...
On a toujours essayé d'être le reflet des tendances et aussi d'être un peu précurseur en lançant certaines opérations, en invitant parfois des éditeurs ou des auteurs qui n'étaient pas encore connus pour présenter leur premier jeu par exemple.
Ce fut le cas pour Laurent Levy et Michel Lalet, les auteurs d’Abalone dont on vient de fêter les 30 ans cette année au FIJ, qui sont venus à Cannes en 88 avec leur boîte de jeu sous le bras. On avait investi la ville en mettant des Abalone dans les hôtels, les restaurants, sur les places publiques, la plage… pour montrer ce jeu génial, facile à expliquer, capable de séduire tous les types de public et avec lequel on peut développer de belles stratégies. Quelques années plus tard, ça été le cas avec Quarto, puis Dixit. Je me souviens de mon premier contact avec Régis Bonnessée qui venait de lancer sa boîte avec son premier jeu : Dixit. On a fêté cette année les 10 ans de Dixit, 5 millions d'exemplaires vendus, 8 versions, des illustrateurs connus…
3) Pouvez nous raconter comment vous êtes arrivée à vous occuper du festival international des jeux ?
Dans une autre vie j'ai travaillé à l'international, j'ai été diplomate. Lorsque mon deuxième enfant est né, je suis venue passer mon congé parental dans le midi car je suis originaire de Cannes où ma famille réside y avait fait mes études secondaires avant de monter à Paris (rires) et où je gardai pas mal d‘amis.
J'ai eu envie de goûter de nouveau à la douceur de vivre azuréenne et séduite, j’ai très vite envisagé d’y élever mes enfants et j'ai donc décidé de changer d'activité. J'étais intéressée par la culture, les relations internationales...j'ai regardé les possibilités d'emplois dans ces secteurs dans le bassin cannois et tout de suite, comme une évidence, le Palais des Festivals s'est imposé à moi. J‘ai donc envoyé une lettre de candidature spontanée et j'ai été recrutée pour m'occuper des relations extérieures, des relations publiques et de la presse au sein de la direction du tourisme et de l‘animation. J'alliais ma connaissance des relations internationales et mon goût pour la culture et commençai à travailler sur différentes manifestations culturelles : théâtre, musique, danse… (le Palais des Festivals propose une programmation à l'année dans ces domaines de la culture et du spectacle vivant).
Et parmi tous ces projets culturels, il y en avait un qui semblait un peu atypique: le Festival International des Jeux. Si on remonte 30 ans en arrière, le jeu était assez peu considéré comme un produit culturel, mais à Cannes nous l’avons dès le début considéré comme tel, peut être parce que le FIJ était organisé par une direction de l'évenementiel culturel puis parce que nous avons tout de suite pris en compte la créativité des auteurs et des illustrateurs. Il était donc évident pour nous de positionner ce festival comme un festival culturel au même titre que nos autres festivals.
Ce que l'on peut retenir de mon histoire professionnelle, c’est que rien n’est linéaire. On peut avoir fait des études dans un domaine donné et changer d'orientation. J'ai fait mes études à Sciences Po Paris, je me suis beaucoup intéressée à la culture latino américaine en ayant aussi fait des études dans ce domaine, mais ce que je retiens de mes années d’études, c'est l'ouverture d'esprit, le goût du challenge, et je suis donc passée sans hésitation d'une carrière orientée à l'international et la diplomatie à l'organisation d'un festival des jeux.
C’est vrai que lorsque j'ai été diplômée, je n'aurais jamais pensé devenir commissaire général d'un festival des jeux. Ce sont les belles surprises de la vie et si j'ai un message à faire passer, c’est le suivant : Il ne faut pas hésiter à changer de voie et à avoir plusieurs vies dans des domaines très différents.
Lorsque la passion est là, c'est toujours possible!
Une autre époque
4) Afin de mieux comprendre en quoi consiste votre métier, pouvez-vous nous décrire votre planning tout au long de l'année?
Je ne vous parlerai que de mon activité de commissaire général du FIJ car je travaille aussi sur l’organisation de spectacles en tant qu’attachée de production de la Direction de l’événementiel du Palais des Festivals de Cannes. Mon travail sur le FIJ ne s'arrête jamais.
A peine une édition est-elle terminée que nous préparons déjà la suivante…
Et tout commence en fait pendant le festival où l’un de mes rôles est de rencontrer un maximum de partenaires (exposants, visiteurs professionnels, joueurs, animateurs, journalistes…) et d’être à l’écoute de leurs attentes pour en tirer un bilan, et voir ce qui a très bien marché, moins bien marché, voir quel est le ressenti de chaque acteur du festival.
C‘est une tâche assez complexe car c'est une manifestation grand public qui est doublée d’un salon professionnel où les attentes des uns et des autres ne sont pas forcément les mêmes.
C'est un travail important de voir, comment faire cohabiter dans une même manifestation des professionnels et du grand public.
Donc un travail relationnel très important qui est essentiel pour nous. Je ne suis pas seule pour travailler sur ce festival, je peux compter notamment sur Cynthia Reberac qui est chef de projet et qui sera amenée à me succéder quand je prendrais ma retraite fin 2019. Cynthia et moi, travaillons beaucoup sur les remontées d’expériences.
Dès la fin du festival nous faisons un bilan de nos discussions, de tous les points qui nous remontent soit par les réseaux sociaux, des mails, des courriers, mais aussi à travers des enquêtes de satisfaction auprès des exposants, du grand public et des professionnels qui visitent notre festival.
A partir de ces retours mais aussi d’une étude des évolutions du monde ludique, nous construisons l’édition suivante en direction des pros et du public.
Il y a tout un travail sur la définition des espaces à utiliser, la communication à développer, la politique tarifaire à mettre en place pour nos 30 000 m2 d’espaces d’animations, de tournois et de stands. Il va falloir que l'on commercialise tout cela. Pour ce faire, Cynthia et moi et depuis peu, Maëlle Johnson, nous déplaçons régulièrement sur des salons en France et à l'étranger, rencontrons nos partenaires, réalisons un travail de veille informationnelle voire concurrentielle pour voir ce qui se fait et donc en tirer des informations intéressantes sur ce que l'on a envie de développer chez nous. Toutes les idées qui nous semblent bonnes sont étudiées afin de voir leur faisabilité.
Il y a également en amont tout un travail au niveau de notre logiciel de gestion de salon. Un logiciel se nourrit d'informations, c'est donc à nous de l'actualiser. Pour le FIJ, la régie technique est également un secteur essentiel. Hervé Batistini, notre régisseur général, est chargé de ce secteur. Une fois la commercialisation et l’attribution des espaces effectuées, c’est Hervé et deux collaboratrices qui vont prendre le relais et être en relation avec tous nos exposants et organisateurs de tournois et animations pour la construction et l’aménagement des stands et espaces (commandes de moquette, mobilier, boitiers électriques, cloisons....) et le respect des conditions d’exposition (règles de sécurité, conditions de livraison… …).
Vous imaginez toute la logistique d'un tel salon.
Nous avons développé depuis 3 ans, une offre B to B que ce soit pour les auteurs, les illustrateurs, les boutiques, les éditeurs, les distributeurs, les ludothèques, les associations ludiques qui ne sont pas tous forcément exposants.
Cette année on avait environ 300 exposants mais il y a bien d'autres acteurs du monde ludique qui viennent à Cannes, c'est donc tout un travail de les conacter et leur donner envie de venir à Cannes avec un programme sur mesure, avec des badges professionnels, des accès privilégiés, des cérémonies comme l'As d'or, des propositions de conférences, d'ateliers, de débats…
On aime beaucoup travailler dans l'échange, donc on rencontre beaucoup d‘acteurs du monde du jeu… Il y a bien sûr un lourd travail administratif et financier et je me dois de tenir un budget de manière rigoureuse. La communication nous prend également énormément de temps car il va falloir que l'on fasse connaître notre festival à toutes nos cibles et l’adapter à nos différents professionnels et à notre public. Les relations presse sont également très importantes. Notre service presse interne et une agence de presse parisienne travaillent à mieux communiquer sur l'offre du FIJ.
Nadine Seul et Cynthia Reberac, celle qui lui succédera.
Le festival s'est également développé autour de secteurs où au départ on ne nous attendait pas, en institutionnalisant par exemple le OFF, ces rencontres informelles qui se tiennent le soir lorsque le FIJ ferme ses portes au grand public et où passionnés et pros découvrent les pépites de demain. Nous développons de nouvelles opportunités pour mettre en valeur le monde du jeu, par exemple depuis 2 ans, nous avons crée un protolab pour aider les auteurs non édités à mieux appréhender le milieu du jeu.
Pour cela nous nous sommes rapprochés d'une quinzaine de manifestations ludiques à travers la France mais aussi à l'étranger comme par exemple le Centre National du Jeu, le Festival Dau Barcelona, le Bruxelles Games festival, Paris est ludique, le FLIP… qui nous aident à repérer des auteurs qui ont brillé sur leur manifestation. Les auteurs sélectionnés par nos partenaires et notre comité maison sont conviés à un programme sur mesure : participation au off, présentation des protos au public, speed dating auteurs/éditeurs, atelier d’information animé par la Team Kaedama (Antoine Bauza, Corentin Lebrat, Ludovic Maublanc et Théo Rivière) venue apporter son savoir faire autour d'une discussion auteur-éditeur.
Un atelier très intéressant qui vient répondre aux question qui me sont posées régulièrement par les jeunes auteurs : "J'ai crée un super jeu! Mais bon maintenant qu'est ce que je fais? Comment l'éditer? Le présenter au public? Est ce que je reste dans mon rôle d'auteur ou est ce que je deviens auto-éditeur?..."
Donc le protolab c'est aussi une manière de répondre à ces questions et d'apporter une pierre à l'édifice ludique, notre objectif étant de mettre en lumière tous les acteurs du monde ludique.
Cela est aussi le cas avec les illustrateurs. Cette année on a décidé de contacter 14 illustrateurs vraiment fantastiques et nous leur avons proposé de faire une exposition afin de présenter leur rôle dans la création ludique. C'est une exposition qui a eu beaucoup de succès, nous avons eu des retours vraiment fabuleux sur ce projet et donc un grand merci à tous les illustrateurs qui ont bien voulu jouer le jeu : Biboun, Marie Cardouat, Michel Coimbra, Maeva da Silva, Christine Deschamps, Djib, Vincent Dutrait, Jérémie Fleury , Vincent Laik, Matthieu Leysenne, Naiade, Piero, Olivier Sanfilipo, Tom Vuarchex...
Chaque année, on propose des conférences à la fois grand public et professionnelles. Cette année, en complément de l'exposition „Dessine moi un jeu“ il y a eu une conférence pour aborder la place des illustrateurs. Nous avons également organisé une conférence sur „journalisme et jeux, comment parler et faire parler des loisirs ludiques“ et une autre sur „le made in france et la fabrication éco responsable.“
On souhaite également accueillir les professionnels et mettre à disposition les moyens de se réunir facilement dans un lieu qui réunit la profession et on constate que petit à petit le monde ludique français s'organise et échange à Cannes, notamment en organisant des rencontres, des assemblées générales, des ateliers pour les pros...
Alors cette année, nous avons été très gâtés puisque nous avions les assemblées générales des ludothèques françaises, des boutiques ludiques, du réseau de café ludique, de l'union des éditeurs, de la société des auteurs ainsi que des conférences professionnelles organisées par l'union des éditeur sur des thèmes très pointus tels que les pratiques juridiques en matière d'édition, vendre à l'international...
On essaye vraiment de satisfaire les professionnels et le grand public !
Ca va rejoindre ma prochaine question...
Alors je ne sais pas comment vous faites pour gérer tout ce que vous m'avez cité au fil de l'année, ça doit vous donner beaucoup de travail!
C'est sûr que c'est énormément de travail. Le Palais des Festivals nous a donné des moyens humains et financiers pour le faire, mais ça marche bien aussi car l'équipe de l'événementiel est une équipe de passionnés qui s’investit complètement dans son travail..
On a une équipe de base, je peux parler de Cynthia, Hervé, Maëlle, du service presse ...et on recrute également des CDD chaque année pour s'occuper notamment du suivi technique et administratif et de l’accueil des exposants et des pros.. ….
Et en nous rapprochant de la manifestation en décembre/janvier/février on a la chance de pouvoir compter sur l’appui d'autres services du Palais (sécurité, logistique, services techniques, dessin, décors…).
Moralité : nous organisons un festival des jeux, mais… nous n’avons pas beaucoup le temps de jouer ! Quand on joue, c'est lorsqu'on va sur des festivals à l'étranger ou en France pendant nos loisirs, mais pendant nos heures de bureau malheureusement, on n‘a pas le temps de jouer!
Je crois que c'est le cas de tous les professionnels du jeu, on joue beaucoup moins dès que l'on devient ...
Organisateur!
Notre travail en effet c'est un travail d'organisation. Mais bien sûr il est important de connaître les évolutions du monde du jeu, d‘être au courant des sorties de jeux….
Pour ce qui est du label As d'or, nous ne faisons pas partie du jury qui est composé de professionnels dont le boulot est… de jouer.
Soirée de tests de protos
5) Le festival est un formidable projet qui prend corps grâce à des dizaines d'employés du Palais, et des centaines de professionnels présents sur place. Vous devez coordonner l'ensemble, en permettant à chacun d'effectuer son travail, d'obtenir satisfaction pour son entreprise, en pensant également à la satisfaction du public.
Comment gère-t-on tout l'humain qui ressort d'un si grand projet et je mettrais peut être cela en parallèle avec votre ancien métier de diplomate? Est ce que c'est beaucoup de diplomatie?
L'écoute est un point essentiel dans cette gestion de l'humain. Toute l'équipe essaie d'être au plus proche de nos partenaires, que ce soit les professionnels ou le public en étant réactifs à leurs demandes.
C'est lié à votre ancien métier que d'apporter cette relation humaine?
Je crois que c'est mon caractère, et j'ai la chance de travailler avec une équipe qui à la même vision des choses donc quand on travaille dans la culture, dans l'échange, cela veut dire respecter les autres, les écouter.
Ensuite on est dans un Palais des Festivals et des Congrès pour lequel c'est important aussi. Nous sommes le premier Palais européen a être triplement certifié ISO en qualité, environnement, santé, sécurité et responsabilité sociétale.
Il y a donc la satisfaction du client en haut de nos objectifs et cela passe bien évidemment par l'écoute. C'est une entreprise qui travaille dans cet esprit et au sein de notre équipe, nous sommes tous conscients de l'importance de la relation avec les gens et l'écoute que nous devons avoir.
6) Christophe Boelinger lors de son entretien réalisé quelques mois après les attentats de Nice, m'indiquait qu'il avait peur de retourner au festival car selon lui le Festival international des Jeux par son public très familial concentré dans un même bâtiment était une cible à très haut risque...
[Elle m'interrompt]
Après les terribles attentats que nous avons connus, je comprends tout à fait qu'une personne puisse avoir peur d'aller dans un lieu qui est un grand rassemblement public. C'est la même chose si vous allez assister à un match de foot, à un concert…
Pour la petite histoire, quelques semaines après votre interview, Christophe est quand même venu au festival et il n'avait pas l'air du tout stressé! (Rires)
Je crois qu'il faut continuer à vivre et à proposer nos évènements culturels. Mais, comme vous l'avez vu en venant à Cannes, nous prenons les questions de sécurité très au sérieux, d'ailleurs parfois ça fait un peu râler certains, car toutes les personnes à l'entrée sont contrôlées avec des portiques de sécurité, avec beaucoup d'agent de sécurité, qui peuvent parfois ralentir l'accès mais une fois que l'on est dans le Palais on sait que l'on a un maximum de sécurité qui a été mise en place et l'on peut profiter pleinement du Festival.
Pour nous qui sommes organisateurs de grandes manifestations culturelles, la sécurité est un point crucial et nous mettons tous les moyens que nous pouvons pour que le public soit en sécurité.
C'est vrai que tous les rassemblements peuvent être touchés. On l'a vu avec les attentats qui ont touché le Bataclan, des bars parisiens, les feux d'artifice à Nice…. Renoncer à aller à des concerts, à sortir… ce serait renoncer à notre culture, à notre mode de vie et finalement donner raison aux terroristes. On ne va pas s'arrêter de proposer des événements culturels parce qu'il y a cette menace qui pèse et en France on l'a bien compris, puisqu'il y a plus de 2000 manifestations ludiques chaque année ! (Rires)
Pas aussi importantes que le FIJ de Cannes, mais le jeu se développe partout!
On ne peut pas vivre sans culture, on ne peut pas vivre sans jeu, donc nous continuons à faire notre travail en proposant de belles manifestations qui accueillent énormément de monde mais en prenant bien évidemment les questions de sécurité très au sérieux.
C'est un travail préparé bien en amont avec notre directeur de la sécurité qui est un grand professionnel et de concert avec la ville de Cannes, la Préfecture, tous les corps de polices, nationale ou municipale pour faire en sorte que cette grande fête du jeu soit sécurisée au maximum.
Etes-vous en tant qu'organisatrice du festival informée de risques plus importants par le gouvernement?
Avant le festival des jeux, on a une réunion de sécurité dite des commissaires avec le sous-préfet et tous les corps de polices et de renseignements et les autorités de la ville.
Nous sommes toujours dans un pays qui est soumis à une extrême vigilance avec un plan vigipirate alerte attentat, mais il n'y a pas eu plus de craintes que l'année précédente ou d'alerte particulière sur cet événement, pas plus que pour le carnaval de Nice, la fête des citrons ou un grand concert qui avait lieu à la même période.
Christophe Boelinger avait peur des barbus, il y en avait bien un....
7) Parlons maintenant de l'As d'Or, qui fait polémique très souvent, mais pas cette année!
7 A) Une question pour vous taquiner.
Qui a envoyé ce mail durant la cérémonie de l'année dernière avec les noms des vainqueurs avant qu'il soit annoncé officiellement sur scène? (de manière malicieuse)
(Rires)
C'est quelqu'un de notre équipe!
En fait c'est un post qui avait été planifié. Habituellement la cérémonie durait un certain laps de temps, et l'année dernière, elle a duré... un peu plus longtemps! Car nous avons eu la chance d'avoir des auteurs qui ont eu envie de s'exprimer! Et nous n'allions pas les couper parce qu'il y avait un post planifié. Ca c'est les petits loupés des métiers de l’événementiel. Cette année nous l'avons programmé beaucoup plus tard! (Rires)
7 B) Plus sérieusement, quelle est votre part en tant qu'organisatrice dans la cérémonie de l'As d'or? Souhaitez-vous être prévenue par le jury de ses délibérations? Au contraire, ne pas l'être? Donnez-vous ou consultez-vous le jury afin de moderniser chaque année les tendances afin de ne pas avoir un vainqueur trop élitiste et permettant au grand public de s'intéresser au monde ludique ce qui est le but du festival?
C'est le rôle du commissaire de choisir les membres du jury. J'essaye de trouver des jurés qui soient représentatifs de tout le monde ludique, à la fois des boutiques, des ludothèques, des cafés ludiques, web, journalistes...
L'objectif est vraiment de trouver des passionnés qui passent leur temps dans le monde du jeu, qui le connaissent, qui le maitrisent bien et qui jouent énormément!
Comme vous le savez, il y a de plus en plus de jeux qui sortent sur le marché, on est loin des 20 ou 30 nouveautés du début du festival des jeux.
Première étape donc, trouver un jury.
Il est essentiel que le jury soit aussi capable de travailler de manière collégiale car il n'y a pas de président du jury!
Il n'y a pas de voix prépondérante comme certains le pensent. (Rires)
C'est un membre, une voix. jeu.
Moi je ne fais pas partie du jury, mais je veille à ce que le jury se rencontre régulièrement, à ce que tous les jeux qui sortent soient bien testés par le jury.
Le jury travaille sur un document partagé où sont listés toutes les nouveautés tout au long de l'année (donc là ils ont déjà commencé pour le FIJ 2019, c'est un travail qui ne s'arrête pas!) (Rires)
Le jury va donc commencer par donner des appréciations, entre 1 et 3 ; 1 étant une note attribuée à un jeu pas trop intéressant, 2 à un jeu pas mal, et 3 à un jeu à vraiment prendre en compte qui pourrait être nominé et être dans la short list.
Ils se rencontrent tout au long de l'année, ils organisent des week-end. Par, exemple l’année dernière il y a eu un week-end à Bruxelles, un week-end à Bordeaux. Ils aiment beaucoup travailler ensemble!
Il y a énormément d'échanges et ils organisent leur planning.
Je veille à ce qu'il y ait suffisamment de réunions mais je n'ai pas beaucoup à les forcer!
La salle mythique de la Carioca
Donc ils jouent entre eux, mais ils jouent aussi chacun de leur côté, dans leur cercle de jeux habituels. Vous prenez Monsieur Phal, déjà à travers toutes les Tric trac tv et les émissions Ca déboite, il voit beaucoup de jeux qui sont sortis sur le marché.
Vous prenez nos ludicaires, François Décamp et Thierry Saeys qui ont respectivement deux boutiques qui ont une excellente rénommée, bien évidemment ils voient tout ce qui sort, il y a également dans ces boutiques des soirées jeux, des festivals auxquels ils sont associés.
Catherine Watine, elle, travaille tout au long de l'année sur des animations grand public, par exemple sur l'R de jeux place de la République à Paris, mais aussi dans sa ludothèque , sur d'autres festivals et auprès de scolaires.
Nathalie Zakarian quant à elle, en tant que responsable d'un café ludique, va recevoir les jeux, les sélectionner, les mettre à la disposition du public.
Erwan Berthou qui est responsable du concours international de créateurs de jeux de Boulogne Billancourt a lui aussi l’habitude de découvrir des tas de jeux.
En fait tous les membres de notre jury, sont vraiment impliqués à fond dans la vie ludique. Cette année 4 nouveaux intègrent le jury et je suis sûre que leurs qualités leurs permettront d’être d‘excellents jurés. Le turn over de notre jury est régulier et permet aussi de ne pas s’installer dans des habitudes.
Certains peuvent avoir des relations professionnelles avec des acteurs du monde du jeu (pratiquement tous les éditeurs prennent des pubs sur Tric Trac ou Plato, certains éditeurs proposent des conditions de ventes préférentielles à certaines boutiques, cafés ludiques ou ludothèques… …), mais d’eux-mêmes quittent le jury si ils deviennent auteurs ou éditeurs.
Ce fut par exemple le cas de Léonidas Vespérini avant que Conan ne sorte.
(Mon téléphone coupe, nous reprenons la question autant que faire se peut)
- L’As d’Or-Jeu de l’Année « Enfant » met en valeur un jeu à destination des plus jeunes mais qui séduit également leurs parents pour des moments de partage.
- L’As d’Or-Jeu de l’Année « Expert » récompense un jeu plus complexe, destiné à un public de joueurs « experts » appréciant la réflexion et ne craignant pas la lecture de quelques pages de règles.
- L’As d’Or-Jeu de l’Année « tout public » récompense un jeu original dans ses mécanismes comme dans son édition. Il est attribué chaque année à un jeu familial, accessible au plus grand nombre.
Pour chacune de ces catégories, il y a des niveaux de difficultés différents. Il peut y avoir une année un coup de coeur sur un jeu très très accessible et puis parfois on n'aura pas le jeu hyper accessible mais un jeu "familial +" qui pourra séduire.
J'ai l'impression que le Spiel a peut être parfois des jeux un peu plus grand public
Ils ont souvent primé les mêmes que nous !!
C'est vrai!
Je crois aussi qu'il faut voir cela sur le long terme, tout dépend de ce qui sort dans l'année. Cette année, c'est sûr que Diceforge était un peu plus compliqué que Twin it tout en restant accessible !
Mais on ne peut pas non plus multiplier les catégories.
Oui je suis d'accord avec vous.
Tout le monde sera d'accord pour dire que Diceforge n'est pas à placer dans la catégorie jeu expert. Parmi les 4 jeux qui étaient dans la dernière ligne droite pour l'As d‘Or, c'est vrai que nous avions 4 jeux très différents par leur niveau de difficulté et mécanismes...
(Mon téléphone coupe à nouveau)
Quand on voit les chiffres de vente des jeux, on s'aperçoit aussi que le public petit à petit élève son „niveau de compétence ludique“ si je puis dire! les party games sont certainement une porte d'entrée vers le monde du jeu, et cela va peut être donner l'occasion d'aller vers un jeu un peu plus difficile par exemple, puis peut être d'aller vers des jeux experts.
Ce qu'il faut dire aussi, c'est que faire partie des 10 jeux nominés pour le label c'est énorme quand on voit le nombre de jeux qui sortent sur le marché !
Si un jeu gagne l'As d'or, cela ne veut pas dire que les 3 autres sont mauvais. Les 10 nominés sont le reflet de l’excellence ludique.
Je remarque sur les festivals, les cafés ludiques, les boutiques… que les animateurs présentent l'ensemble de la sélection et pas que le grand gagnant.
8) Etre gagnant de l'As d'or est un formidable tremplin économique, mais également de plus en plus pour les nommés...
La suite de l'entretien avec Nadine Seul la semaine prochaine
Pour ceux qui souhaiteraient soutenir mes entretiens, voici ma page tipeee, même un petit geste fait plaisir et vous pourrez contribuer à d'autres interviews réalisés sur des festivals (Cannes, Paris est ludique, Essen...) :
Merci à mes Tipeeeurs de me soutenir : Arnaud Urbon, Bruno Faidutti, Emilie Thomas, Nicolas Soubies ,Virgile De Rais, Pierre Rosenthal, et Ludikam!
Pour ceux qui souhaiteraient découvrir les précédents entretiens, mes animations ou suivre ma page facebook :
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Saison 1
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Bruno Faidutti 1ère partie
Bruno Faidutti 2ème partie
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François Haffner 1ère partie
François Haffner 2ème partie
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Vincent Dutrait 2ème partie
Christophe Boelinger 1 ère partie
Christophe Boelinger 2ème partie
Régis Bonnessée
Roberto Fraga 1ère partie
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Juan Rodriguez 2ème partie
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Franck Dion 2ème partie
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Saison 2
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Djib 2me partie
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Farid Ben Salem 2ème partie
Julien Lamouche
Jean-Louis Roubira 1ère partie
Jean-Louis Roubira 2ème partie
Philippe des Pallières 1ère partie
Philippe des Pallières 2ème partie
Julian Malgat Tome 1
Philippe Tapimoket 1ère partie
Philippe Tapimoket 2ème partie
Théo Rivière
Reixou
Nicolas Bourgoin
Natacha Deshayes
Gary Kim
Emmanuel Beltrando
Tony Rochon
Thierry Saeys
Lia Sabine
Igor Polouchine 1ère partie
Igor Polouchine 2ème partie
Bernard Tavitian
Marcus 1ère partie
Marcus 2ème partie
Gaetan Beaujannot
Jean-Michel Urien
Michel Lalet 1ère partie
Michel Lalet 2 ème partie
Michel Lalet 3ème partie
Christophe Raimbault
Gaelle Larvor / Nam-Gwang Kim
Stefan Feld
Saison 3
Catherine Watine
Jean-François Feith