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d'événements ludiques
Jeux Viens à Vous Silehm Boussehaba
Silehm est mon ancien voisin. Un voisin toujours souriant lorsque vous le croisez.
Mais surtout, Silehm est un champion. Un champion du monde de gainage.
Détenteur de 2 records du monde, il s'est donné les moyens d'arriver à ses objectifs.
Athlète de haut niveau que ce soit en gainage lesté ou en breakdance, il a sacrifié les petits plaisirs quotidiens pour obtenir un corps et un mental à toute épreuve.
Avec Silehm, nous évoquons tout ce que lui a apporté le sport mais également tous les exigences mentales et physiques qu'il s'est appliqué au fil des années, nous parlons également de breakdance, de psychologie, de famille, de racisme et du bonheur quotidien.
1) Silehm, bonjour, auriez-vous la gentillesse de vous présenter?
Moi c'est Silehm, j’ai 26 ans. Je suis en étude de psychologie dans le but d’intervenir auprès des sportifs et dans le monde de l’entreprise. En parallèle de mes études, je réalise des records mondiaux dans le domaine du sport. Je suis l’actuel détenteur pour le Guinness world records des planches lestées avec un sac de 100lbs ( 45kg) et 200lbs les (90kg).
Ma seconde question porte habituellement sur ce que représente le jeu pour mes invités. Je vais donc la décliner pour vous.
2) Que représente pour vous le sport , le fait d'en faire mais également le fait d'en faire faire aux autres dans un buts bien précis j'imagine ?
Le sport est un exutoire depuis tout jeune.
A mes yeux, c’est un moyen sain d’évacuer son énergie, les bonnes nouvelles me donnent la motivation de continuer. Les mauvaises nouvelles me donnent le carburant nécessaire pour redoubler d’effort dans ma lancée.
En ce qui concerne le fait de faire pratiquer le sport aux autres, ce qui m’anime c’est vraiment le gain de confiance que cela leur procure. Bien souvent, on sous estime ses capacités, accompagner un coaching à atteindre son objectif m’apporte satisfaction lorsqu’il y parvient.
3) Vous disiez que le sport est un exutoire depuis tout jeune.
Pouvez-vous nous raconter justement le chemin entre cet enfant qui découvre le sport et ce jeune homme détenteur de 2 records en gainage?
Aussi loin que je me souvienne j’ai toujours aimé le sport. J’imagine qu’au départ, ce n’était qu’un jeu pour moi. Je jouais au foot, au basketball, j’ai toujours aimé le sport sous toutes ses formes.
En grandissant, j’ai compris que ce que j’aimais surtout dans ce domaine c’est le dépassement de soi et la performance.
En 2006 je devais avoir 11/12 ans, j’ai découvert le breakdance. J’en ai fait environ 3 ans avant de changer de salle et d’en faire à haute intensité avec mes cousins avec qui ont a créé le groupe de danse Breakdance Family. Aujourd’hui je danse toujours, le breakdance m’a beaucoup appris, ça m’a appris à croire pour avoir, c’est ancré en moi.
A l’adolescence, j’avais des rêves pleins la tête, celui de faire des compétitions, d’être prof de danse, j’avais également ce rêve caché d’être sportif de haut niveau. J’ai toujours trouvé extrêmement noble les hommes/femmes qui excellaient au plus haut point dans leur domaine.
Puis naturellement, lorsque j’ai une grave blessure au dos à 19 ans et qu’on m’annonce que je ne pourrais plus faire de sport comme avant. J’ai redoublé d’effort pour atteindre mes objectifs. J’ai eu la chance de continuer les compétitions de breakdance et d’en gagner d’autres après ma blessure, d’enseigner ma passion avant de me diriger vers des records mondiaux dans le domaine du gainage.
Finalement, je suis convaincu que sans cette petite embûche dans mon parcours, je n’aurais pas eu la rage d’aller aussi loin.
C’est une chose formidable!
Boris Cyrulnik parle d’un « merveilleux malheur ».
Je suis totalement en accord avec cette idée.
Gainage lesté
"J'ai évité de fréquenter les personnes qui avaient un discours négatif à l’égard de mes projets"
4) J'allais justement en venir à cela, aux gens vous ayant inspiré et donné cette motivation à toute épreuve.
C'est votre famille? Un ou des auteurs en particulier? La rencontre d'un mentor?
Très bonne question. Je pense que ce n’est pas lié à un domaine spécifique.
Mon entourage a joué un rôle prépondérant dans le rôle de ma reconstruction après cette grave blessure. J’ai évité de fréquenter les personnes qui avaient un discours négatif à l’égard de mes projets. Je suis resté entouré de mes proches les plus bienveillants et aujourd’hui j’ai toujours le même petit cercle de personne.
Ma mère, ma sœur, mes cousins et une poignée d’amis de longue date.
À côté de ça, j’ai été happé par les livres de sciences humaines. Lorsque survient ma blessure, je suis dans le mal le plus total, dans le flou par rapport à mon avenir. Alors je me mets à lire, c’était essentiellement des livres axés sur les sciences humaines (philosophie, sociologie et psychologie). Puis je me suis ouvert un peu plus aux livres de développement personnel et au livre biographique avec un point commun, celui d’homme à succès. Je me souviens que mon côté compétiteur a fait que j’ai augmenté rapidement la cadence de lecture, je suis très rapidement passé de 1 livre par mois à 1 livre voir 2 ou 3 par semaine. Au départ je lisais juste pour le plaisir, et puis c’est devenu très vite une appétence de connaître toujours plus de choses au sujet de l’homme et son fonctionnement. Finalement, nous n’avons pas tant changé que ça. On recherche toujours la même chose depuis au moins 2000 ans, le bonheur.
Si je devais citer un ou des livres je citerai d’abord le livre d’Aristote « éthique a nicomaque » c’est un livre qui m’a énormément apporté, je dirais même l’auteur en général pas uniquement ce livre.
En livre autobiographique je citerai Patrick bourdet « rien n’est joué d’avance ». Pour finir, en livre de développement personnel « les sept habitudes de ceux qui réalisent tous ce qu’ils entreprennent » de Stephen R. Covey.
Je précise qu’aujourd’hui je ne lis plus autant. J’ai lu à ce rythme environ 4 ans, avant de reprendre mes études et de freiner la cadence.
J’ai eu également la chance de rencontrer des personnes qui étaient en accord avec mes centres d’intérêts, c’est à dire des personnes qui avaient une forte envie de progresser dans un domaine spécifique ainsi qu’une réelle envie de se dépasser.
Je suis toujours en contact avec certaines de ces personnes aujourd’hui et je pense qu’ils ont également contribué à relancer ma motivation quand l’avenir me semblait parfois incertain.
Nous nous mettons à nous tutoyer.
5) C'est quoi justement pour toi le bonheur?
Je crois que le bonheur c’est subjectif et qu’on souhaite surtout ce qu’on a pas en fonction du manque qu’on a eu.
Par exemple, un malade voudra la santé ou un pauvre voudra être riche. Je pense qu’on peut aspirer à un état de quiétude partiel en se rapprochant de ce qu’on veut, si le désir n’est pas purement matériel. Par exemple vouloir de l’argent, pas pour acheter une Ferrari mais dans le but de pouvoir être libre de son temps.
Je pense aussi que toute notre vie, ce qu’on fait, on le fait uniquement dans la mesure où on espère que ça nous apportera le bonheur.
De plus, en fonction de l’âge qu’on a, on peut changer d’objectif. On ne recherche pas la même chose à 20 ans qu’à 60 ans. A cela j’ajouterai qu’il faut avoir cette notion en tête : le plaisir est un leurre, déjà il faut dissocier cette idée qu’on a croire que le plaisir c’est le bonheur.
Il y a cette forme de plaisir immédiat, dont il faut se méfier, pour moi c’est céder à ses pulsions par exemple, à terme ce n’est pas toujours bon. Manger des bonbons ou du chocolat c’est génial dans l’instant, mais que les conséquences provoquées à terme sont néfastes.
Et l’autre forme, le plaisir différé, celle-ci se rapproche plus de la notion de bonheur et j’essaie généralement de viser ce type de plaisir, c’est probablement ce qui nous rapproche le plus de la notion que j’ai du bonheur. Par exemple, avoir l’objectif de faire un record du monde et de se restreindre de manger des sucreries durant plusieurs mois ou plusieurs années pour pouvoir atteindre une performance physique reconnue mondialement 2 ans plus tard.
Pour finir, selon moi cette notion de bonheur s’apparente à l’ataraxie qui signifie « quiétude absolue de l’âme » et qu’on retrouve en philosophie dans le stoïcisme et l’épicurisme. L’atteindre est utopique. On peut tenter de s’en approcher par moments, mais jamais de l’être indéfiniment.
6) Tu n'es pas la première personne que j'entends dire :"Pour progresser, j'ai dû m'éloigner de personnes nocives ou avec un discours négatif".
Comment fait-on pour se dicter cette ligne de conduite qui peut aller à l'encontre de ce que nous dicte notre coeur avec des amis ou de la famille?
Oui, c’est un fait. Je pense qu’il y a des choses qu’on ne voit pas forcément mais qui ont un impact considérable dans nos vies. Comme l’énergie, c’est très abstrait mais une énergie positive ou des gens positifs vont vous tirer vers le haut.
A l’inverse une énergie négative, des pensées négatives ou des gens (famille, ami ou autre) avec un discours négatif vont vous maintenir soit à votre condition initiale, soit vous tirer vers le bas. Là encore pour diverses raisons. Certaines personnes ne se rendent même pas compte de cela puisqu’elles ont toujours été négatives et pessimistes avec elle-même, d’autres le seront par pure jalousie ou pour bien d’autres raisons.
Pour s’éloigner de ce type de personne, il faut déjà une prise de conscience du sujet énuméré un peu plus haut.
Ensuite, le degré de désir à atteindre votre objectif fera le reste. Il faut ce vif désir, ce désir ardent de surmonter n’importe quel obstacle qui se dresse sur votre chemin. Il vous faut un pourquoi très fort, c’est ce qui déterminera en partie votre degré de motivation.
Ce n’est pas toujours simple de s’éloigner d’ami, ou même de sa famille si elle a vraiment ce discours très négatif à notre égard, mais personne n’a dit que c’était simple d’atteindre ses objectifs les plus ambitieux.
Cependant, vous pouvez vous éloignez un temps de certaines personnes et revenir une fois l’objectif atteint.
Par exemple, j’ai le souvenir qu’un proche m’avait toujours dit que j’étais beaucoup trop ambitieux avec mon problème au dos de vouloir prétendre battre un record du monde en gainage. Depuis, je me suis éloigné de cette personne. Etonnement, lorsque je l’ai aperçu il y a peu de temps, elle s’est vantée devant son nouvel ami d’avoir toujours su que j’allais atteindre cet objectif. Elle avait complètement occulté ce qu’elle pensait de moi à l’époque, je ne sais pas si c’est conscient ou non de sa part, en tout cas, je ne lui en veut absolument pas.
Je souhaite vraiment à tout le monde de pouvoir atteindre ses objectifs en comprenant ce processus. C’est une vraie méthode et je pense qu’elle s’applique à de nombreux autres domaines de la vie, pas uniquement à celui du sport.
L'esprit tout aussi important que le corps
7) Venons en justement à tes objectifs.
Explique-moi comment on en arrive à devenir champion de gainage.
Ce qui peut sembler plus évident pour le foot ou le rugby l'est peut être moins pour le gainage moins populaire mais non moins légitime je précise. Comment arrive t-on à découvrir cette discipline mais surtout à s'y investir pleinement?
J’ai commencé à pratiquer le gainage après une grave blessure dorsale.
Jusqu’alors je suis essentiellement danseur de breakdance. À côté je réalise quelques exercices de renforcement musculaire mais sans grande ambition derrière.
C’est au moment où je me blesse au dos qu’un de mes amis également coach sportif me conseille un exercice de gainage, la planche. Je me souviens également qu’un kine du sport me dit que j’aurais toujours des séquelles mais que l’exercice de gainage pourrait éventuellement apaiser légèrement les douleurs dorsales qui sont très vives à l’époque.
Je m’y exécute sans tarder, je demande à mon coach et ami de me faire un programme sportif axé essentiellement sur mes faiblesses. Dans ce programme je fais des tractions, des dips (exercice avec lequel j’ai le moins de mal) et du gainage. Ce programme est cardio et mental et je dois réaliser 30 secondes de gainage à la fin de chaque round. Au total je fais 2min30 de gainage soit 5x 30 secondes.
A la fin de l’entraînement, je dis à mon coach que la douleur en gainage est insoutenable et que c’est impossible de tenir plus longtemps.
Il m’assure qu’avec de l’entraînement j’arriverai à tenir de plus en plus longtemps.
Au fil des mois, je réalise régulièrement ce programme et ce que je trouvais si horrible devient un échauffement lors de mes entraînements.
En parallèle à force de pratiquer le gainage je remarque que la principale raison qui fait que j’arrête quand je suis en gainage ce n’est pas que mon corps ne suit pas mais c’est ma tête qui donne l’ordre d’arrêter à mon corps. Je me dis qu’il y a quelque chose à faire avec notre mental.
Et puis en quelques semaines je passe de 30 secondes de gainage à plus d’une heure. Puis deux, puis 4. Aujourd’hui je tiens environ 5 heures en position de planche (non officielle) et je détiens deux records mondiaux dans cette discipline.
Bien sûr entre temps j’ai rencontré une multitude de personnes qui m’ont demandé pourquoi cet exercice, que ça ne servait à rien etc..
Mais j’ai donné un sens cet exercice et à mes yeux c’est un moyen d’effleurer mes limites physiques et mentales et cet exercice me permet de pouvoir les repousser. Il me donne confiance pour entreprendre et avoir des ambitions dans d’autres domaines de la vie en générale. C’est un formidable moyen d’aller mieux, de croire en l’extraordinaire et d’être plus positif. C’est en quelque sorte devenu une thérapie pour moi.
"En 5h il se passe énormément de choses dans ma tête."
8) Souhaites-tu nous expliquer ce qu'il se passe dans ta tête durant ces 5heures de gainage ou lors des minutes intensives pour tes 2 records du monde?
Concrètement à quoi penses-tu? Rentres-tu dans une forme d'auto hypnose afin d'être "ailleurs"?
Et que conseillerais-tu aux gens qui souhaiteraient essayer ce type d'exercice?
En 5h il se passe énormément de choses dans ma tête.
L’idée qu’il faut avoir c’est qu’à tout moment lors de cet exercice on a deux voix intérieures ; une positive qui nous trouve toutes les raisons de continuer et une négative, qui trouve toutes les raisons d’abandonner. Plus le temps passe, plus la voix négative nous trouve des excuses du genre « maintenant que tu ne sens plus tes épaules, imagine que tu ne puisses plus utiliser ton bras tout le reste de ta vie juste pour un défi ». Il faut être préparé à tout encaisser et c’est un vrai travail à faire en amont.
À côté, en effet je rentre dans une forme d’auto hypnose. Je suis là, sans être là, par exemple je n’entends pas beaucoup ce qu’il se passe autour de moi si on me parle, ou qu’on me donne une indication sur ma posture. Je fais ça pour penser le moins possible à l’inconfort que je ressens durant cet effort, en plus de ça je mets de la musique donc ça n’aide pas.
Le meilleur conseil que je puisse donner à celles et ceux qui voudraient progresser c’est de commencer doucement et à leur rythme. Ne pas chercher la performance tout de suite. Commencez par 15 secondes ou 30 secondes de gainage c’est déjà très bien.
Ensuite adapter en fonction de notre vitesse de progression. Si vous arrivez à tenir 2 min en gainage. Diviser le temps d’effort, tentez de tenir 2x 1 min avec 1 min de repos entre chaque série. Augmentez toutes les semaines de +ou- (en fonction de votre niveau) 10 secondes si c’est possible pour vous. Cependant, veillez bien à ce que votre posture soit correcte. Si votre dos creuse, réduisez le temps d’effort. La bonne posture c’est un dos bien droit, pas trop haut, ni trop bas.
9) Je lisais ces derniers jours l'interview d'un préparateur physique Emmanuel Ligeard qui critiquait le gainage comme il peut être pratiqué actuellement.
https://www.emmanuel-legeard.com/questions-reponses-avec-emmanuel-legeard-par-anthony-baptiste.html
Pour résumer, selon lui différentes méthodes pour se muscler au niveau abdominal sont peu efficaces voire dangereuses pour le dos, etc...
Qu'en penses-tu personnellement et comment pratiques-tu ton entrainement au quotidien?
Très sincèrement je n’ai pas fait de formation dans le domaine du sport. La plupart du temps pour accompagner mes coachings je suis accompagné de coachs sportifs diplômés d’état.
En revanche, il faut savoir que le monde du sport comporte énormément de controverses, on peut trouver tout et son contraire. Il n’est pas rare que j’entende que le gainage n’est pas efficace pour tel ou tel exercice.
Cependant, il existe plusieurs type de gainage, statique ou dynamique par exemple. Et je viens de survoler l’article, si je ne dis pas de bêtise c’est un haltérophile, chaque sport a sa façon de travailler.
Un bodybuilder ne travaille pas comme un marathonien même si on peut s’inspirer d’une méthode de travail dans un sport pour progresser dans le sien.
Et personnellement, les médecins m’ont déconseillé le sport lorsque mon dos était cassé, et je n’ai jamais été en aussi bonnes forme physique et mentale, donc je dirais que je conseille à chacun de s’informer et d’adapter en fonction de la situation dans laquelle il se trouve.
10) Tu sembles avoir une détermination à toute épreuve. Ce qui est admirable à mon sens d'où mon entretien avec toi mais ce qui peut être parfois difficile pour les proches d'une personne si déterminée.
10 A) Comment tes proches dans la vie de tous les jours vivent cette détermination qui peut paraitre contraignant pour certains j'imagine?
Te fais t-on le reproche de ne pas manger une pâtisserie que l'on aurait préparé spécialement pour ta venue? Comment expliques-tu que tu ne peux pas boire telle ou telle boisson lors d'un verre avec tes amis?
Merci c’est gentil à toi. Je te rassure, il y a certains moments où je me suis autorisé à faire des écarts. On est tous humain, l’important c’est de ne pas culpabiliser et réduire ses efforts suite à un écart.
D’ailleurs, lorsque je cite cette période drastique j’ai été hyper exigeant envers moi-même surtout au moment où j’ai commencé à vouloir ce changement je devais avoir 19 ans, et depuis que j’ai établi ces deux records mondiaux en gainage j’ai relâché du lest. Aujourd’hui j’ai 26 ans, j’ai toujours des ambitions dans le sport et le milieu professionnel, mais je suis aussi plus indulgent avec moi-même.
A l’époque où je faisais des diètes drastiques mon entourage comprenait mon engagement et ma volonté d’atteindre mes objectifs, j’avoue qu’au départ ils ne comprenaient pas vraiment, et puis, avec le temps ils ont compris que c’était vraiment important pour moi d’atteindre mes objectifs.
10 B) Et à l'inverse, exiges-tu parfois de tes proches plus qu'il ne faudrait en leur conseillant de faire plus de sport, en mangeant plus équilibrée, en ne buvant pas d'alcool? Ou en tout cas si tu ne le fais pas, as-tu la forte envie de les aiguiller vers une meilleure hygiène de vie ce qui n'est pas évident et une volonté pour tous?
Durant ma période d’ascète j’ai été aussi dur avec mon entourage qu’avec moi. Au départ je ne remarquais pas que j’étais dur avec eux, avec le temps j’ai remarqué que j’étais exigeant avec mon entourage également, je me suis dit que je n’avais pas le droit d’imposer aux autres de s’orienter dans une direction qu’ils ne souhaitaient pas prendre.
Je pense qu’inconsciemment je souhaitais leur bien. Aujourd’hui je me dis que le plus important c’est d’accepter et de respecter les différents objectifs de vie et points de vues de chacun.
On a tous une personnalité différente, une enfance différente, un caractère différent , une culture différente, des parents et une éducation différente et c’est ce qui fait de nous des êtres unique à notre manière. Je pense qu’on ne doit pas juger un individu, il faut accepter la différence, c’est une force et ça doit permettre de progresser pas de porter un jugement négatif sur quelqu’un.
11) Tu parles d'acceptation de la différence.
Nous sommes actuellement dans une période où nous exigeons à la fois de chacun la plus grande ouverture d'esprit mais où nous dénigrons également les religions, et les gens qui n'ont pas les mêmes idées politiques.
11 A) Comment vois-tu la société actuelle qui exige par exemple de lutter contre le racisme mais qui dénigre l'islam sous couvert de dangerosité?
Oui effectivement, c’est un sujet assez délicat. C’est vrai que j’ai également l’impression que la France n’aime pas beaucoup cette religion. On la pointe souvent du doigt, pourtant de ce que j’en sais, elle aide plus d’individus qu’elle n’en égare.
11 B) Tu as un nom à consonnance étrangère, comment vis tu au quotidien tes demandes auprès d'éventuels sponsors pour tes records par exemple? De démarches administratives ou auprès d'entreprises vers lequel tu te tournerais?
Ce n’est pas vraiment mon genre de parler de ces sujets, c’est assez délicat. Quand j’étais plus jeune, ce n’était pas rare que je me fasse contrôler sans raison apparente. Lorsque je cherchais un appartement, je me suis déjà aperçu que juste après que j’ai donné mon nom on m’ait annoncé que l’appartement était déjà pris. J’imagine que c’est mon nom qui fait peut faire peur.
Peut être qu’un nom a consonance maghrébine peut déranger ou desservir mais je pense que même si on doit redoubler d’effort pour avoir la même chose (le même niveau d’étude, le même poste, ou quoi que ce soit d’autre) ce n’est pas impossible. Je reconnais que ça peut parfois être moins évident mais ça ne doit pas devenir un prétexte pour rester dans l’inaction, au contraire, ca doit être une raison supplémentaire pour redoubler d’effort.
Rencontre avec Christine Taubira
12) Venons en au breakdance.
Depuis ses débuts en France le breakdance a énormément évolué.
Danse pratiqué à ses débuts uniquement par le milieu hip hop via des battles illégaux aux Halles de Paris, il est devenu conventionnel et à la mode via des championnats réalisés par une célèbre marque de boisson ou bien par de célèbres chanteurs utilisant des breakeurs de grand talent dans leur show.
Comment vois-tu cette évolution permettant à certains d'en vivre mais qui enlève la liberté et la folie des débuts?
D'ailleurs plus simplement, que représente pour toi cet art de la danse?
Effectivement le breakdance a fait du chemin depuis ses débuts dans les quartiers pauvres des États Unis.
A son arrivé en France c’était encore assez mal vu d’être un breakdancer.
J’ai commencé à vraiment danser en 2008. Je me souviens que c’était déjà assez développé mais il y avait encore assez ce côté underground.
Je trouve qu’il y a une belle évolution de cette discipline. J’appelle le breakdance plutôt « art sportif » à haut niveau sinon néglige la condition physique notre corps s’abîme, c’est une discipline très physique avec beaucoup d’impact et donc traumatisante pour le corps, ceux qui négligent le côté renforcement musculaire ne font généralement pas de longues carrières.
Quoiqu’il en soit je suis heureux que cette discipline soit reconnue à sa juste valeur. Jusqu’à présent c’était vraiment difficile d’en vivre, il n’y avait pas de fédération et pas d’argent en jeu. Les revenus étaient trop aléatoires, on gagnait un battle de temps en temps et on en survivait.
Maintenant que cette discipline est au jeux olympiques j’espère que ses pratiquants seront beaucoup plus considérés et qu’ils pourront en vivre plus confortablement.
13) Il y a peu de temps je suis tombé sur cette étude parlant des liens entre sport et délinquance.
https://www.persee.fr/doc/caf_1149-1590_2005_num_82_1_2189
Contrairement a ce que l'on pourrait penser, plus les enfants pratiquent d'heures d'activité sportive, plus il y a un fort taux de délinquance.
L'étude évoque des pistes comme le fait qu'on apprend aux enfants à joueur avec les "limites" du règlement par exemple voire à le détourner, à pousser ses ambitions toujours plus loin également.
Comment expliques-tu cet effet indésirable de la délinquance et comment pourrais-t-on y remédier selon toi?
Sincèrement, je n’en sais rien du tout. Je pense que toutes les études sont a prendre avec des pincettes, il faut faire des recherches supplémentaires et faire attention aux résultats des statistiques, on peut faire croire un peu ce qu’on veut avec ce genre de résultat, attention, je ne dis pas que c’est faux !
Sinon cela pourrait s’expliquer par le fait qu’il faille peut être voir ce qu’ils appellent sportifs. Si c’est juste pratiquer un sport hors cadre un certain nombre d’heure, le type de sport etc…
Pour moi n’est pas sportif qui veut, c’est un mode de vie, des valeurs spécifiques. Par exemple une personne qui fait du sport 5 ou 6 fois par semaine dans le but de ne pas être en surpoids, je ne sais pas si on peut appeler ça un sportif, c'est une motivation extrinsèque je trouve, la motivation ne vient pas directement de lui-même. Il n’y a pas de recherche d'être meilleur qu’hier, c’est juste une peur qu’on cherche a éviter.
Quoi qu’il en soit, c'est un sujet délicat, je ne sais pas trop quoi en penser.
A titre personnel, tous les sportifs de haut que je connais sont issus des quartiers populaires et je crois que c’est le sport qui en a maintenu un très grand nombre sur le bon chemin. Aujourd’hui c’est des hommes avec de belles valeurs et un parcours remarquable.
Rencontre en bande organisée.... de sportifs de haut niveau!
"Faire preuve d’humilité face à la connaissance."
14) Pourrais-tu nous parler de tes études en psychologie et ce que tu en as appris de l'être humain?
Je viens d’obtenir ma licence de psychologie. J’ai repris mes études parce que j’aime énormément lire des livres de sciences humaines. Comprendre le comportement humain ça me fascine.
Globalement ça donne de bonnes bases pour apprendre les grandes lignes, j’ai creusé la psychologie de la motivation pour les sportifs et pour le monde de l’entreprise. J’envisage de m’orienter dans cette voie.
Après je dois avouer qu’il y a d’autres sous disciplines de la psycho que j’aime comme la psychopathologie et la psychologie clinique qui permettent de comprendre comment certains types de maladies mentales surviennent comment les repérer, comment les soigner.
Et il y a une phrase que j’ai retenu d’un professeur en première année qui nous a dit de toujours faire preuve d’humilité face à la connaissance.
Lorsqu’en tant que chercheur en psychologie, on émet une hypothèse, il faut être prêt a admettre qu’on peut se tromper si les résultats prouvent le contraire de ce qu’on pensait au départ.
C’est une phrase que j’aime beaucoup puisqu’elle me fait penser a un célèbre philosophe nommé Socrate qui dit « je sais que je ne sais rien ».
En d’autres termes, il faut se placer en tant qu’étudiant tout à long de sa vie. On en apprend tous les jours dans beaucoup de domaines tout au long de sa vie.
Je suis entièrement d'accord avec toi.
Avant mes 2 ultimes questions, souhaiterais-tu évoquer un sujet auquel je n'aurais pas songé?
Non je pense qu’on a fait le tour de tout :)
"Tout est possible à celui qui croit et qui se donne les moyens d’y arriver."
14) Le jour où tu devras quitter le monde du sport, d’une manière ou d’une autre, que souhaiterais-tu que l’on retienne de toi, professionnellement mais surtout humainement ?
Je fais du sport et j’établi des records mondiaux avant tout pour être en compétition contre moi-même. C’est une sorte de défi personnel et c’est un choix que j’ai fait à l’âge de 19 ans.
Ça me permet d’être plus pugnace dans la vie d’une manière générale.
Ce que je souhaiterais c’est qu’on se dise que je ne suis pas plus fort qu’un autre, que ce que j’ai réalisé ne soit pas idéalisé mais qu’on se dise que n’importe qui peut réaliser ce que j’ai fait, ou peut même faire encore mieux.
Je suis comme tout le monde, je n’ai rien de plus, rien de moins que quiconque. Et j’aimerais que les futurs sportifs puissent s’identifier à moi et puissent se dire qu’eux aussi peuvent réaliser ce qu’ils veulent.
Je n’aime pas dire ce genre de chose : je viens d’un « quartier », j’ai connu l’échec scolaire, l’absentéisme à l’école et pourtant j’ai poursuivi en études supérieures, je viens d’obtenir ma licence (bac +3) de psychologie avec mention assez bien (même si pour moi une mention ne signifie absolument rien). Je viens d’être accepté en master de psychologie. En 2014 lorsqu’on ma annoncé que ma blessure dorsale était trop grave, que je devrais arrêter d’envisager une carrière dans le sport, j’ai fait tout l’inverse et depuis ma blessure je n’ai fait que performer avec un meilleur niveau, aujourd’hui je détiens deux records mondiaux dans le domaine du sport et j’ai enseigné ma passion durant plusieurs années.
Tout est possible à celui qui croit et qui se donne les moyens d’y arriver. Je le répète, je n’ai pas la prétention d’avoir réalisé de grandes choses mais à mon échelle, j’ai réalisé ce que je pensais être impossible il y a encore quelques années.
15) Silehm, c'est malheureusement la fin de cet entretien. Nous parlions en début d'entretien du bonheur, en prenant en compte ta vie professionnelle et personnelle, es-tu heureux ?
Clairement oui ! Si par bonheur on entend épanouissement, en incluant bien être physique et santé mentale. Je suis proche de mon idéal.
Je pense que je tenterai toujours d’aller plus loin que ce que je possède déjà. Et je suis parfaitement conscient que l’état de bonheur s’acquiert aussi bien tout le long de notre chemin que lorsqu’on atteint notre objectif.
J’envisage de continuer à vivre une vie équilibrée et épanouie aussi longtemps qu’elle me procurera cette sensation de bien être optimale
Merci infiniment à toi Silehm pour avoir pris le temps de répondre à cet entretien.
Merci à toi !