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Jeux Viens à Vous Maras

Beaucoup le connaissent via les rap contenders.
Maras n'est pas que cela. Rappeur certes mais également slammeur, poète et plus encore...
Un réel artiste qui nous apporte son imaginaire tout cela auréolé d'une belle âme .
Nous évoquons ensemble la haine et le harcèlement suite à ses passages au rap contenders, son parcours, sa passion pour l'art oratoire, l'art en général, Ta mère la mieux mais également Roberto Benigni...

 

 

 

1) Maras bonjour, aurais-tu la gentillesse de te présenter?

 

Salut ,  avec plaisir, merci pour ton intérêt en tout cas! 

 

Alors: 

 

Je suis rappeur et poète, j'apprécie l'écriture et la scène que j'ai démarré en 2007 lors des open mic à Bordeaux, alors que j'étais étudiant.
De fil en aiguille, après avoir sorti un album en Allemagne, avoir remporté plusieurs tournois nationaux francophones de slam et de rap, l'application de mon art est devenue mon métier à temps plein. Je fais des concerts, mais aussi des visites de lieux en poésie et j'organise des manifestations culturelles autour des arts oratoires et de l'éloquence. 

 

 

2) Ma seconde question porte habituellement sur ce que représente le jeu pour mes invités. Je vais donc la décliner pour toi Que représente pour toi le monde du battle rap, en tant que spectateur mais également en tant que participant?

 

Je pense avoir participé à tout ce qui pouvait se présenter à moi en termes de compétitions. End of the Weak, compétitions slam, Rap Contenders, Ta Mère La Mieux: de l'improvisation à la poésie en passant par des joutes parfois très agressives, j'ai participé avec beaucoup d'entrain à tout ce qui s'offrait à moi.

 

Depuis petit, c'est en me mesurant aux autres que je réalisais les efforts qu'il me restait à faire pour m'améliorer et franchir des paliers. Tous les tournois que j'ai pu faire donnent à l'art une notion de vraie discipline. Les défaites m'ont permis d'apprendre et de m'améliorer, les victoires ont nourri la confiance en soi et la compétition a poussé au dépassement de soi. 

 

En tant que spectateur, on a envie de savoir qui sera le champion d'un domaine. Les fans de DBZ, Naruto ou Tekken savent que ces tournois où chacun se défie, ont un goût particulier qui va au delà de l'histoire classique où les protagonistes sauvent le monde. Ca permet d'ouvrir les discussions et de faire vivre toute une communauté qui se dispute alors pour savoir quel personnage est le meilleur, alors que l'on sait bien que tout est subjectif en la matière. 

 

De plus, lors de toutes les compétitions que j'ai pu faire, la plupart des participants restent accessible et le culte de la personne est moins fort que lors d'un concert. L'échange avec les spectateurs est plus horizontal qu'à un concert, où le rapport sera très vertical. En effet, lors des concerts, l'artiste peut parfois se sentir supérieur au spectateur qui perd ses moyens face à son idole. 
 

 

3) Qu'est ce qui t'as fait aimé autant l'art oratoire ? Est-ce tes parents ou bien une rencontre importante à tes yeux qui a développé cette passion ?

 

Ca s'est fait en plusieurs étapes, c'est avant tout le partage entre amis qui m'a donné goût à l'art oratoire. La rencontre avec mon meilleur ami de l'époque, celui qui m'a également baptisé de mon nom de MC, fut l'élément déclencheur. Il vivait énormément par le rap et m'en a transmis la passion. Par la suite, les rencontres lors des scènes et les retours du public ont alimenté la flamme.  J'ai aimé voir les sourires que l'on apporte, aider à guérir les plaies chez soi et chez l'autre à travers la parole.  

 

4) Quelles plaies as-tu voulu guérir chez toi justement ?

 

Je pense qu'on a tous nos douleurs à notre échelle. Que ce soit celles de notre regard sur le monde, celles des injustices dans une société ou encore celles qui sont liées aux faits de vie. Si j'utilise la poésie pour parler de mes plaies et les guérir, c'est justement car des mots crus et une approche directe m'empêchent de les exprimer. J'espère que certains peuvent s'identifier aux morceaux de mon LP Sixième Verre. Chacun peut y décrypter un bout de parcours et s'y reconnaître. 

https://youtu.be/MPQE-lhaYug

 

https://www.youtube.com/watch?v=DBqTApXJOc0&list=OLAK5uy_nOvuBWlYJKAk0iqePnVy1bUCvbWdoygFA

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5) J'ai cru comprendre que tu avais habité l'Afrique.
Qu'est ce qui t'as conduis là bas et que t'as apporté ce continent ?


J’y ai fais une partie de ma scolarité. J’y ai construis des liens humains, si forts que j’y suis retourné ensuite pour travailler. 
Ce Continent m'a appris à vivre l'instant présent et à relativiser. En tant qu'Occidentaux, bercés par une société de consommation, des problèmes qui n'en sont pas sont capables de prendre le pas sur notre humeur et notre ressenti.

 

Mes séjours en Afrique de l'Ouest furent un rite d'initiation à la maîtrise de soi. Le Togo a une place si importante dans ma vie, que j'y ai enregistré la plupart des morceaux de ma courte discographie.

 

Premier Verre est le seul morceau de mon EP que j'ai enregistré en France. 



6) En ces temps de pandémie, où nous nous plaignons nous soignants français de ne pas avoir de masque, il faut savoir qu'il n'y a pas forcément d'eau courante dans les hôpitaux en Afrique ou que si tu n'as pas de la famille pour t'apporter à manger, de l'eau ou du matériel tu vas simplement mourir.
6 A) Parle nous du Togo, des gens que tu aimes, des liens familiaux qui n'existent peut être plus ici comme là bas


Le Togo est un pays minuscule avec la particularité d’avoir une frontière avec un autre pays(Le Ghana) au sein de sa capitale (Lomé). J’ai toujours défendu l’idée que par le biais des arts urbains, la rencontre avec un pays étranger était plus authentique. J’appuie encore plus cette idée concernant le slam qui est principalement fréquenté par des classes populaires et des étudiants à tout endroit du monde. Une partie de mes amis vient de là. 

L’autre partie, ce sont ceux que j’ai rencontré via le lycée, avec qui nous avons fait les 400 coups, dans notre adolescence et notre jeune vie d’adulte. Des amis avec qui j’ai une forte complicité,  car nous avons ces mêmes codes de langages teintés d’Europe et d’Afrique de l’Ouest.

 

 

6 B) Compte-tu retourner vivre là bas un jour ?

 

Vivre en tant qu’artiste au Togo est une mission extrêmement difficile. En tant qu’artiste étranger cela relève quasiment de la science-fiction. J’y laisse un bout de mon cœur et y retourne régulièrement, mais il m’est trop compliqué de m’y réinstaller tant que ma vie tourne autour du rap et de l’éloquence. 

 

J’espère partir habiter à Abidjan un jour. Il paraîtrait qu’il serait plus facile d’y avoir une activité viable dans mon domaine.

Le temps nous dira. Si l’Afrique m’appelle, j’y retournerais. 

 

 

6 C) L'Afrique est le continent le plus riche en terme de ressource, la chine s'y installe de jour en jour pour exploiter les terres rares, la Françafrique est encore présent, l'avenir se trouve là bas mais aucun pays n'est vraiment indépendant... Comment analyses-tu le gâchis africain ? I

 

l faut voir la tournure économique du futur. La Chine est très présente et la donne diplomatique est en train de changée. Toujours enviés pour leurs richesses naturelles, les pays d’Afrique se libèrent de leurs chaînes du passé colonial, mais l’emprise est encore forte. 

En matière d’instabilité, nous payons encore la gestion du conflit Libyen par le gouvernement de Sarkozy.

Dans ce contexte, il est difficile de donner une place prépondérante à la culture.

J’espère que le prochain sommet Afrique-France, que nous devions accueillir à Bordeaux en Juin 2020 et reporté à cause du covid, posera de nouvelles bases pour un rapport plus sain entre les politiques de nos différents pays. 

L’Afrique n’a rien d’un gâchis, j’ai beaucoup d’espoir pour son avenir. Encore un peu de temps et nous verrons des surprises. 

La musique traduit cette tendance: qui aurait prédit il y a 10 ans que le Nigéria allait envahir le marché mondial de la sorte?

 

Sur quels critères se base t-on pour dire qu’un pays est indépendant ou non?

Chaque pays est dépendant de plusieurs autres pays ou de plusieurs multinationales. Tout l’intérêt de la diplomatie vient du besoin de gérer ces rapports là. 

 

C'est vrai.

 

7) Question peut être difficile...ou pas d'ailleurs. Qu'est ce qui définit selon toi le fait d'être un artiste ? Un besoin?Une nécessité ? Un moyen de vivre ? Une manière de s'exprimer ?

 

Ce qui définit l’artiste c’est son œuvre. Ce qui définira le fait d’être artiste c’est la capacité à créer des œuvres artistiques. Néanmoins, je n’ai pas la prétention de pouvoir définir ce qu’est une œuvre . 

Cependant je peux dire comment je conçois mon art, à titre personnel.

Mon art cherche à toucher la raison en passant par les émotions. Je veux projeter l’auditeur ou le lecteur dans un film lorsque je compose mes textes. 

Chacun doit y retrouver des sensations proches d’un monologue d’Edward Norton dans la 25ème heure, d’un baroud d’honneur de Fayçal, d’une course de Forrest Gump ou encore d’un poème d’Appolinaire...

Il n’y a aucune notion de besoin. C’est une envie. Personne n’est contraint de choisir cette route. Le chemin de l’art est celui de la liberté. 

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8) Tu cites Appolinaire.
Ne parlons pas des 11000 verges qui feraient même rougir Lamanif lui-même mais de poésie.
La poésie a malheureusement une image viellotte, j'oserais même dire has been, pourtant des gens comme toi la remettent au goût du jour avec force et revendiquent cet art ancien.
Que représente t-elle pour toi ? Que voudrais-tu transmettre à ce propos à ceux qui vont te lire?


Nous créons l'impression que la poésie est has been en utilisant d'autres termes alors que nous l'utilisons. 
Les effets de mode ont eu raison de nos perceptions. De nombreuses tendances pourraient être affiliées à la poésie, mais elles renient ce lien.

Quand une adolescente poste une photo avec une citation sur les réseaux sociaux, quand un battle mc utilise des barz ou des raids, quand un rappeur poste un freestyle, sur de nombreux panneaux dans le métro, sur les affiches de la RATP, dans les publicités de parfum, lors des soirées slam ou dans les discours d'éloquence: la poésie est présente. 
Ce mot est juste peu assumé par ceux qui en tirent pourtant profit. 


La poésie c'est l'art d'exprimer une idée, à travers une forme qui touchera d'autres sens que la raison. 

Si les lecteurs ouvrent un peu plus leurs portes au terme "poésie" et qu'ils en font usage dans des discussions  autour du rap, du battle ou qu'ils sont dans une analyse marketing, ce sera un bel hommage à notre héritage culturel. 

 

9) Poésie, défense de l'Afrique, battle de compliments... fais gaffe les gens ne vont plus croire que tu es le type affreux des RC ! Plus sérieusement, dans ton excellente interview avec Gary lee, tu expliquais que des gens continuent à t'appeler pour t'insulter suite à tes battles. Tu semblais étonnement presque bien le vivre alors que rappelons-le, vous ne faites que jouer un rôle de méchant.

 

9 A) Regrettes-tu d'ailleurs parfois cette image qui te colle à la peau et as-tu réfléchis à une manière de t'en défaire ?

 

Je regrette évidemment cette image qui ne correspond pas du tout à celui que je suis en dehors de la scène. Je me suis un peu cherché lors des premiers battles en utilisant plusieurs approches, dont l'agressivité. Malheureusement, en deux-trois battles on peut te coller une étiquette qui restera des années durant. Hormis lors du battle au RC15, où ma priorité était d'arriver pépère et sans pression, je n'ai jamais cherché à me défaire.

 

A mon sens, il y a 3 battles qui montrent mieux celui que je suis: 

-la dernière prestation à date, face au Québecois, Vrock, 

-le battle face à Monteur Oner au Rc Espoir 3

-mon premier battle, face à Badak au Crossover. 

 

 

9 B) Je ne connais pas ta vie familiale, mais cela te semble problématique si demain tu as une femme et des enfants ?

 

Le battle peut avoir un effet néfaste sur les proches et le travail et je recommande à toute personne qui se lance dans cette exercice de bien réfléchir à l'image qu'elle va projeter. Ca peut fermer des portes ou importuner des membres de l'entourage qui n'ont rien demandé. Quand on sait que les battles mc's sont peu rémunérés et qu'on voit l'ampleur des risques qu'ils prennent sur scène, je trouve dommage d'avoir un public avec si peu d'empathie. Les battles de compliments apportent une solution à ce problème. Aucune pression sur l'entourage ou de conséquences dans le quotidien, que du bénéfice. Le rapport gagnant-gagnant y est très intéressant. 

 

Tu touches combien d'ailleurs pour une prestation au RC si ce n'est pas indiscret pour démystifier la chose?

 

Cela dépend de chaque RC. L'écart entre le bas de carte et le haut de carte est assez significatif pour que la réponse d'un MC ne soit pas du tout un indicateur de la moyenne de rémunération. Pour un mc comme moi, très polyvalent et oscillant entre de nombreux domaines artistiques, c'est la discipline où je suis le moins rémunéré. Je le fais réellement par amour de la joute verbale. 

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10) Nous évoquons les battles de compliments alors venons en évidemment à Ta mère la mieux, un événement que tu organises depuis quelques mois.
Même si ce n'est pas l'essence pure du battle comme je l'ai découvert à mon adolescence par le fait de clasher quelqu'un et de le mettre à mal, je dois avouer que j'ai beaucoup apprécié le concept et qu'il en ressort de nouvelles idées à mettre en place comme par exemple discréditer quelqu'un avec des compliments comme l'a fait pratiqué de manière virtuose l'avocate Isabelle Chataignier qui participait à la saison 1. 
Qu'est ce que tu voudrais dire pour ceux qui ne connaissent pas et as-tu d'autres idées que tu souhaiterais mettre en place dans les prochaines années? 

https://www.youtube.com/channel/UCRmhyD9rxJqmw2hSlWH806g/videos

Si Wojtek, le boss du Rap Contenders et du Battle Rap en France, a accepté de s'essayer à trois éditions de suite à cette discipline, alors qu'il refuserait certainement de nombreux battles dans d'autres ligues. Si Lunik s'est dit qu'il allait revenir, mais plutôt dans ce jeu du compliment. Si le public féminin est au rendez-vous et si nous arrivons à avoir des participantes comme Maëlle ou La Guepe qui suscitent l'intérêt des ligues de battle rap. C'est peut-être que notre format vaut le coup d'oeil et qu'il propose quelque chose de nouveau? 


Dans les prochaines années, j'espère que nous pourrons exporter TMLM en dehors de Bordeaux et que le public prendra autant de plaisir qu'à l'heure actuelle.

Tu nous parles de Wojtek et de Lunik, je conseille à tous d'aller voir ce battle de compliments qui était magnifique. 

11) Peux-tu me citer deux personnes des arts oratoires, l'une pour son côté professionnel, l'autre pour le côté humain, l'un n'enlevant rien à l'autre évidemment. 


Je ne peux pas te citer deux personnes comme ça...Il y a trop de monde que j'apprécie et respecte, autant humainement qu' artistiquement. Du End of the Weak au RC, en passant par Eloquentia et le slam j'ai rencontré trop de personnes passionnées, dévouées et talentueuses pour n'en mentionner que deux. Chacun a une forme de spécialité et je dirais difficilement que quelqu'un mérite plus l'attention. Ce qui est certain, c'est que l'art est l'élément principal pour créer du lien avec des personnes dont je n'aurais pas vu la valeur humaine, si elles n'avaient pas exprimé leur côté artistique.  


12) Pourrais-tu nous parler d'un auteur ou d'une œuvre importante à tes yeux, que ce soit en littérature, théâtre, cinéma, etc... que tu souhaiterais faire découvrir ou redécouvrir à mes lecteurs ? 

La Vie est Belle de Roberto Benigni est le film que j'aurais aimé réaliser.

 

En revenant sur un passage tragique de l'humanité, on y redécouvre l'étendue de notre force mentale. J'aime y lire que le bonheur dépend de soi-même. Dans une position de fragilité, à travers sa posture positive, le héros nous montre qu'il est capable d'être plus puissant que son oppresseur. L'amour bienveillant qu'il nourrit pour son fils est une source d'énergie plus grande que la haine de tous les SS réunis.

 

Là où la poésie du film fait écho à ce que j'essaie de transmettre par moment avec ma plume,  la bienveillance et le côté solaire de ce chef d'oeuvre résonnent avec la démarche de Ta Mère La Mieux.  

Maras n'a pas réussi à répondre à la prochaine question de manière écrite car elle semblait importante à ses yeux. Nous avons décidé de continuer l'entretien par téléphone et il m'explique sa difficulté à répondre.

 

Souhaites-tu profiter de quelques lignes ici pour écrire un hommage à Guido, le héros du film façon Ton père le mieux comme si tu parlais à son fils Giosué?

 

Je ne peux pas y répondre aussi brièvement et si je devais lui rendre hommage il faudrait prendre le temps de le faire.

 

C'est quoi, c'est le film en lui-même qui te touche, le personnage ? Une situation par rapport à ta vie personnelle ou à ta famille ?

 

C'est l'ensemble qui fait la force de ce film.

 

Aussi bien le personnage que le film sont marquants. Quand quelque chose est marquant j'ai envie de prendre le temps de m'asseoir pour bien y répondre et pas faire quelque chose en impro comme on me demande d'en balancer à chaque fois.

 

Je te le demandais pas forcément en impro, j'avais senti que le film te touchait.

 

Oui, c'est pour ça qu'on a perdu du temps, c'est que ça me force à m'asseoir, à écrire un texte, après c'est toute une démarche artistique que j'entends pas forcément faire rentrer dans une interview.

Je relis la question et je vois que je t'ai mis façon Ta mère la mieux mais c'était plus si tu avais envie de parler de lui, je ne te demandais pas une performance. Je passe à la prochaine question !

13) Pourrais-tu nous parler de tes visites de lieux en poésie ? Que penses-tu apporté de plus par rapport à d'autres guide et que penses-tu d'ailleurs du niveau moyen des guides qui pour beaucoup récitent malheureusement trop leur visite ?

Dans un premier temps, les visites en poésie permettent de faire découvrir des lieux à un public non initié en fait, des gens qui ne sont pas forcément familiers avec les musées ou les visites de patrimoine, ils vont trouver un accès plus simple et une façon peut être plus abordable de découvrir un lieu. Parce que cela passe par le biais artistique et non pas juste par le biais de l'information. Quelqu'un qui n'est pas juste dans la recherche d'information et qui ne peut pas être là juste apprendre comme si il était en cours il va pouvoir y trouver quand même de l'intérêt parce que le format proposé est artistique.

 

Quand aux guides, leur travail est complémentaire au nôtre car un guide a plus d'informations que nous quand il fait visiter un lieu mais nous on a peut être plus de facilité à créer le lien avec le public car on maitrise l'art oratoire donc en fait c'est complémentaire. Le guide est une mine de savoirs, il connaît des choses plus techniques que nous les rappeurs ou les poètes, et nous, nous aurons une approche qui permet d'impliquer plus fortement le public.

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                                       Maras en clash contre Jazzy bazz? Non! Simple conteur de ses lieux

 

Tu as fais une formation avant de faire ces visites, tu t'es formé avec des guides ?

Je n'ai aucune formation réelle parce que toute la démarche est artistique donc c'est ce qui la rend si accessible.
Si j'avais dû faire une formation, ça aurait été juste la formation de mon art, comment apprendre à rapper, à slamer, à impliquer le public, et cette formation en fait ça été tout mon parcours artistique , faire du Rap Contenders, du Ta mère la mieux, du End of the Weak ou des scènes et des concerts, ça été ça ma formation finalement.
C'est avec toutes ces expériences là que j'ai appris à impliquer le public dans ma performance.

Aujourd'hui il n'y a pas de formation pour devenir poète en visite en poésie parce qu'on te demande de faire une proposition artistique par rapport aux œuvres que tu vois en fait. C'est comme lorsquetu écris un battle, ça se rapproche beaucoup de l'écriture d'un battle parce que tu dois écrire à partir de quelqu'un, que ce soit un battle de compliments ou de clashs.

Donc quand tu es sur une visite de poésie tu dois écrire à partir d'une œuvre et pour cela tu n'as pas de formation. Par contre on travaille avec les guides en amont pour avoir plus d'informations.

 

C'était un peu ça ma question, si tu te renseignais par toi même...

 

Que la visite se fasse en impro ou avec du texte car les deux sont possibles, ça fonctionne comme pour un exercice d'impro ou de battle, on va se renseigner nous même sur l'oeuvre et on va en faire un texte, ces informations là on va les choper...De toutes les manières possibles, ça peut être sur youtube, sur wikipédia, sur google, en allant face à l'oeuvre, en se déplacant, en la regardant, en prenant nos sensations, en développant et en parlant le guide.

 

 

Et actuellement j'imagine que même en extérieur c'est arrêté ?

 

Oui et non parce que c'est effectivement arrêté avec les formules tout publics mais par contre cela reste possible dans le cadre d'entreprise par exemple.

Admettons qu'une entreprise ou qu'une école veuille faire une visite en poésie par exemple car ce sont des lieux encore ouverts.

 

En extérieur on peut encore se balader avec des groupes de moins de 6 personnes et donc on peut encore faire des visites de quartier en poésie maintenant on est dans une crise qui a poussé l'approche digitale à un autre niveau donc il y a de plus en plus d'événements qui se font sur internet et donc il y a de plus en plus de visites en ligne. Par exemple là pour La cité du vin, je fais une visite en ligne.

 

 

Tu y trouves le même plaisir ?

 

Hum...je ne sais pas si c'est le même mais j'en trouve un. Ce qui est intéressant c'est quand tu sais que cela va être déclamer en ligne, tu vas peut être moins jouer sur des textes qui peuvent inspirer la performance et plus sur des textes qui sont beaux à l'écoute.

 

En tout cas dans mon approche c'est ce que je fais. Pour que les gens aient une approche plus immersive, un peu comme on le ferait avec un morceau de musique en fait. Et j'y trouve un plaisir différent.

 

 

Je me permets une question que je n'avais pas prévu mais qui est en lien avec un autre invité que j'interviewe actuellement, qui est écrivain et qui réalise des pièces radiophoniques. Toi c'est des choses que tu te sentirais de transmettre une histoire par enregistrement ?

 

J'aimerais bien oui !

Je pense que, tu m'en parles et c'est quelque chose qui trottes dans ma tête depuis un moment.

C'est un format que j'ai vu se développer en Allemagne surtout quand j'allais faire mes scènes là bas à l'époque , je voyais toujours ce format être l'un des plus développés, les gens dans leur voiture sont vraiment à lécoute de ce type de choses et c'est très apprécié par toute la population allemande.

Le développer en France ou au moins le développer dans ma communauté c'est quelque chose qui me plairait.

En France je trouve que ce n'est pas très développé alors que ça a un côté magique. Je disais à l'invité en question qu'après un long voyage de plusieurs heures en voiture je suis resté une demi heure en plus dans ma voiture pour écouter la fin de son œuvre alors que j'en avait marre d'être dans la voiture ! Tu es emmené quelque part avec ce genre de pièces...

 

Je suis d'accord ! Ca fait voyager.

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14) Souhaiterais-tu nous parler de slam, de ce qu'il permet de diffuser/transmettre par rapport au rap par exemple ?

Le rap reste ma pratique artistique quotidienne et favorite mais néanmoins le slam à une grande différence avec le rap. Dans la construction de la confiance en soi, dans la construction du lien avec le public et dans la bienveillance avec des gens venant d'horizons divers le slam est bien plus fort. Il va bien au delà de la déconstruction des clichés sociaux parce quand tu vas sur une scène slam en fait tu as tellement de profils différents, tu vas avoir des personnes qui ont l'âge d'être tes grands parents, des personnes qui ont l'âge d'être tes enfants...j'ai vu des petits monter sur scène ils avaient 7/8 ans et j'ai vu des mamies elles avaient 85/90ans !

 

Au niveau des profils aussi, j'ai vu des gens avec un niveau très élevé mais aussi des gens avec un niveau de pauvreté sans comparaison et qui doivent chercher un nouveau toit toutes les semaines.

 

Le slam il se pose plus en discipline qui va créer l'union, la bienveillance, qui va détruire les barrières que créée la société en fait. C'est pour cela que le slam je l'ai toujours gardé à mes côtés mais qu'artistiquement et techniquement je suis proche du rap.

 

 

15) J'ai apprécié ton LP Sixième verre, as-tu d'autres projets d'album ou d'enregistrement dans les futurs mois/années ?

Tout à fait. Je suis sur l'écriture d'un recueil qui s'appelle Portraits éloignés, qui devrait sortir au courant de l'été. C'est un projet qui est soutenu par la ville de Bordeaux, c'est pour cela que je dois le faire en temps et en heure.

 

D'autre part je suis sur la finalisation d'un album.... qui n'a pas de date de sortie parce que je me laisse le temps de vouloir un album sombre et moderne mais qualitatif.

 

C'est quoi que tu entends par rap moderne ?

 

C'est avec des types de sonorités qu'ont peut écouter en ce moment. C'est un univers musical qui est très influencé par les tendances musicales actuelles mais avec des textes qui sont tel qu'on peut me connaître, très recherchés et plutôt sombres.

 

Le rap ça te permet d'évacuer certaines choses sombres que tu as en toi ?

 

Le rap permet d'évacuer certaines choses qui sont en moi mais ça permet aussi d'apporter un regard, ça permet de partager avec les autres, ça permet de monter sur scène et d'essayer de toucher les émotions et même d'essayer de susciter des émotions, de réveiller des émotions chez le spectateur parce que je pense le Live quand j'écris mais chez l'auditeur également.

16) Le jour où tu devras quitter le monde du battle ou du rap, d’une manière ou d’une autre, que souhaiterais-tu que l’on retienne de toi professionnellement mais surtout humainement ?

 

Sur le monde du battle, j'espère qu'on retiendra que j'ai essayé d'apporter de nouvelles choses que ce soit dans les concepts que j'ai proposé en tant qu'artiste.

 

Je pense avoir proposé sur scène de nouvelles choses en terme écriture, en approche, dans le lien à l'improvisation, dans les angles proposés... Je pense que j'ai toujours essayé de sortir des zones de conforts du battle en fait.

 

J'espère que les gens retiendront cette prise de risque qui était de toujours rechercher l'originalité et la nouveauté.

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D'autre part j'espère qu'on retiendra la bienveillance et l'approche peut être gentille que j'ai pu avoir, ça s'est vu sur les tous premiers battles et sur les tous derniers battles.


Au milieu je me suis peut être fait un peu phagocyter par le milieu (du battle) mais sur les premiers et les derniers je suis dans ce lien avec l'autre et que ce qu'ont fait doit avoir un impact positif.
Une ligue comme Ta mère la mieux, j'espère laissera ça comme trace

Tu as eu une image de méchant dans les battles alors que tu me sembles quelqu'un de bon, Ta mère la mieux tu l'as fais dans le but de « rééquilibrer la balance » et de montrer autre chose de toi ?

 

Ca serait dingue si je l'avais pour moi !

Ca serait honteux.

 

On peut faire les choses pour les autres mais aussi pour soi un petit peu !

 

Non non non....

Ca part d'une initiative pour qu'il y ait plus de femmes dans le milieu du battle donc Ta mère la mieux c'est une façon d'impliquer des femmes dans le public et des femmes sur scène contrairement à 99% des événements de battle pensés par des hommes pour des hommes.

 

Mais c'est venu aussi de la volonté de donner quelque chose de positif, de partir avec des sensations positives car Ta mère la mieux au final tu n'as pas de review où les gens viennent clasher les performances des gens sur scène. Tout le monde est plutôt bienveillant, y a pas de clans, c'est la volonté d'un moment où tout le monde prend du plaisir en fait et pas juste des gagnants !

 

C'est transmettre des sensations positives, c'est ce dont on a besoin. Oui j'y prends du plaisir, oui ça m'éclate mais y aucun lien avec mon image. La dernière édition je ne voulais même pas battle, j'ai battle car il fallait remplacer quelqu'un mais sinon je suis dans une approche différente, dans Ta mère la mieux 4 je suis en retrait.

 

Je parlais pas forcément de ton image public mais toi par rapport à ce ce que cela as pu te faire ressentir... (ces attaques)

 

Oui... Je prends plus de plaisir dans une soirée Ta mère la mieux car tout le monde est de bonne humeur, tout le monde vient avec le smile et que tu sais que tu vas passer un bon moment. Ta mère la mieux ça commence avant l'événement et ça fini après l'événement, ce qui se passe sur scène c'est juste du spectacle mais dans l'avant et dans l'après c'est le meilleur événement battle qu'il y a aujourd'hui en France selon tous les Mcs qui sont venus.

 

C'est tellement bonnes vibes que tu repars chez toi le lundi et tu es trop content pour ta semaine qui va démarrer.

 

C'est important pour toi de diffuser des ondes positives par les temps qui courent ?

 

Oui ! Quand je fais de l'impro c'est pour laisser les gens sur une note positive, quand j'ai débuté l'impro ça faisait smile tout le monde, ça fait rire, tu crées du lien, c'est des valeurs qui sont importantes.

17) Maras, c'est malheureusement la fin de cet entretien. En prenant en compte ta vie professionnelle et personnelle, es-tu heureux ?

 

Hum.... ça je pourrais te dire une fois que la vie se terminera en fait.

Je regarde souvent ce qui a été accompli, pour savoir si ce qui a été fait me rends heureux.

 

A l'heure actuelle, je ne suis ni heureux, ni malheureux, je construis et j'avance.

 

Merci.

 

Merci à toi, c'est une interview qui est allé chercher des questions très intéressantes. Même si une était délicate, c'est très intéressant d'y répondre.

 

Merci vraiment à toi Maras. 

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