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Jeux Viens à Vous Christophe Boelinger 2ème partie

La semaine dernière, je débutais mon entretien avec Christophe Boelinger, auteur de nombreux jeux, et homme passionné.

Cette semaine, nous continuons l'entretien en évoquant Beatriz son épouse, le brésil  pays de celle dernière, le hip hop,  Braveheart, et bien évidement les jeux  de sociétés! 
 



9) Ton épouse est mannequin, plus jeune que toi. 
As-tu eu des remarques à ce propos par tes proches ou moins proches, comment as-tu vécu la chose, et toi qui es un grand sportif, est-ce que c’est une motivation supplémentaire pour s’entretenir physiquement et intellectuellement? 

Oui Beatriz est mannequin, elle est d’ailleurs apparue dans le dernier clip de Maître Gims « Ma beauté », visible sur YouTube et qui passe un peu en boucle sur les chaines TV comme étant un des tubes de l’été 2016 .

Encore pour l’anecdote elle a été sacré Miss Brazil Top CUFA à Rio de Janeiro en 2012. C’est un peu comme la miss Brésil mais les candidates doivent toutes être issues des Favelas. Elle était donc la Miss Brésil des Favellas en 2012. Avec 12 millions d’habitants dans les favelas à ce jour, elle a donc été élu Miss parmi cette population. Et une fois de plus, quand je l’ai rencontré pour la première fois et que j’ai vu sa page Facebook, j’ai un peu pris peur, me disant qu’elle n’en aurait certainement rien à faire d’un gars comme moi, simple créateur de jeux… Elle aspirerait sûrement à sortir avec des producteurs, des cinéastes, des acteurs, et que sais-je…
Je donnais la cause perdue d’avance… Je m’étais bien trompé sur son compte. Car elle est aussi pure et belle intérieurement qu’elle l’est extérieurement :)


Bref oui, on a une belle différence d’âge sur le papier. Après mentalement et physiquement (voulant dire au travers des activités physique comme les sports et autres...), nous ne ressentons pas du tout cette différence, car nous somme toujours sur la même longueur d’onde. Dans les délires, les fou rires, les envies, les hobbies, etc… 
 

Je n’ai jamais aimé ou voulu vieillir. J’ai toujours gardé une âme d’enfant. C’est d’ailleurs principalement pour cette raison semble-t-il que Croc m’a remis la Patate d’or de Paris est Ludique en 2015.
Chaque dessin animé ancien ou nouveau me fait toujours pleurer à un moment ou à un autre. Tout dans ma vie et autour de moi ressemble plus à un monde d’enfant qu’à un monde d’adulte en fait. Je sais rester adulte pour les choses de la vie qui le nécessitent, mais je préfère retourner au monde de l’enfance qui m’entoure dès que je le peux et fuir le monde grincheux des adultes ;)
Donc quand on se compare Béa et moi, il est presque certain qu’aussi bien mentalement qu’au niveau de mes activités je sois plus jeune qu’elle ! LoL

 

La plupart de mes amis, relations, playtesteurs et autres personnes dans mon entourage sont souvent bien plus jeunes que moi. Il n’est pas rare qu’il y ait une génération d’écart entre nous, voir plus. Donc j’ai toujours été entouré de plus jeunes que moi. Ils ont encore la pêche, la joie de vivre, le dynamisme, ils ne sont pas encore trop érodés par le système, usé, tristes ou enchaînés à leur métro-boulot-dodo. Ils savent encore rêver, rire et s’amuser, et foncer comme des kamikazes. C’est ce que je suis, ce que je demeure et on dirait qu’il soit impossible de changer cela chez moi. Tant que je ne serais pas complètement dans une chaise roulante, et encore, je pense que si j’en arrivais là, j’ai tout un home studio chargé de milliards de sons et d’engins connectés, de quoi composer, chanter, rapper jusqu’à ma mort, des centaines de milliers de comics à lire, quelques milliers de jeux de sociétés à jouer, bien trop de jeux videos à découvrir et à finir, et des milliers de figurines à peindre… Même si mon corps me lâchait, mon cerveau pourrait encore être utilisé à fond comme un gosse jusqu’à ma mort ;)
 

Après c’est certain que les gens nous regardent souvent d’un regard bizarre et inquisiteur, et rapidement la question « Mais quel âge tu as ? » tombe comme un cheveux sur la soupe ou plutôt dans la face de Beatriz ou de moi :(

C’est malheureux que les gens s’attachent à cela. Et c’est très impoli d’ailleurs. Mais c’est aussi typiquement français. Le français moyen vous demandera souvent sans aucune honte, votre âge, votre métier et s’il le peut combien tu gagnes. Comme s’il voulait te caser dans une case ou te classer directement dans une catégorie. Ce genre de questions sont beaucoup plus rares voir presque socialement interdites dans beaucoup d’autres pays. Les français vivent peut-être une compétition permanente à qui a la meilleure situation, le meilleur âge, etc… La plupart du temps on évite de répondre à la question, ou on répond « devine ? ». Et quoi qu’ils répondent, on leur dit « ben voilà, c’est ça tu as trouvé ». Au moins ils sont content, ils ont placé sur ta tête l’âge qu’ils avaient envie de te donner et ils en sont fiers…

Un de mes dictons préféré en anglais est : « Age ain’t nothing but a number ». Oh ce n’est pas d’un grand écrivain, loin de là, c’est le titre d’une chanson d’Aaliyah, chanteuse de RnB, aujourd’hui décédée dans un accident d’avion quand elle avait à peine 23 ans je crois. Ce qui signifie pour les non anglophones « l’âge n’est rien d’autre qu’un nombre ». Elle a écrit cela pour une de ses chansons, de son premier album il me semble, parce qu'elle sortait et avait des rapports avec R-Kelly qui l'a découverte et aussi produite. Or elle n'était même pas majeure (16 ou 17 ans) alors que lui devait avoir entre 30 et 40 ans.... Bon okay, là ça sent le détournement mineur, mais vous comprenez ce que je veux dire et personnellement j’aime et je crois profondément en la beauté de cette expression. Qui explique bien ma mentalité de ce côté là. Le fait que si l’on s’en donne les moyens on peut rester presque éternellement jeune, ou en tout cas éternellement un enfant dans sa tête.
 

J’avais donc déjà la motivation de rester en quelque sorte « jeune » aussi longtemps que faire se peut. J’ai toujours aimé les sports extrêmes, sports de glisse sur toutes les surfaces quelles qu’elles soient, le squash, le hip hop, la danse… Et je n’ai jamais lâché ces choses. Je me souviens il y a tout juste 4 ou 5 ans, être dans une boite de nuit en Indonésie où le DJ jouait un son RnB qui m’éclatait vraiment, comme on en entend jamais de par chez nous. Et là, je commence à me laisser aller et à me lâcher dans mon coin, en solo, discret, un peu à part.. parce que justement je sais que je vais recevoir des regards inquisiteurs de la part des gens présents, parce qu’une personne de mon âge n’est pas « censée » se lâcher de la sorte et dans ce type de danse… Mais quelque part je m’en fiche pas mal, j’ai envie de me laisser porter, et de transpirer un bon coup en surfant sur la musique. Car je considère qu’une sortie en boite fut bonne si j’ai transpiré autant que dans une partie de squash. Je considère donc cela quasiment comme un sport au même titre. Et là, en moins d’une ou deux chansons, je me retrouve avec 4 indonésiens, casquettes à l’envers, fringués hip hop à 200% qui viennent taper le battle avec le vieux ;) LoL

C’est juste excellent et j’ai adoré ! Peu importe qui a gagné le battle. Ils n’étaient pas d’excellents danseurs et ce n’était pas bien difficile. Mais ils étaient à fond dedans, motivés, passionnés, et notre différence d’âge s’est effacée immédiatement. Ils essayaient de répliquer mes moves, ils m’ont demandé de leur en apprendre certains. On a sympathisé et 'Age ain’t nothing but a number' devient à chaque fois plus vrai que jamais. Les regards inquisiteurs que j’ai reçu ce soir là étaient insignifiants comparé à la reconnaissance et l’amitié de ce groupe de jeunes. Et ce genre de scène s’est reproduit bien souvent, je peux vous le dire.

 

Voilà pourquoi probablement nous sommes si complices avec Bea malgré la différence d’âge. Parce que même dans des personnes de son âge, elle ne retrouve pas forcement cette folle jeunesse et ces passions qui anime l’enfant ou l’adolescent qui ne s’est jamais endormi en moi ;)

Donc pour en revenir à votre question, je n’ai pas besoin de motivation ou de faire des efforts pour essayer de rester jeune. Mes passions, mes hobbies, mes sports, mes lectures, mes attirances tout est là et existe déjà pour me faire tendre vers le bas dans ce fameux nombre plutôt que vers le haut. Beatriz n’est que le résultat de tout cela, et certainement qu’elle m’aidera encore plus à rester vers le bas dans les années à venir.

 

Pour finir, une dernière anecdote : quand on pose la question magique aux gens : « Si tu avais droits à trois souhaits quels seraient-ils ? »

La plupart répondront être riche, avoir la santé, gagner au loto, bref vous voyez ce que je veux dire… Moi je réponds systématiquement et depuis mon plus jeune âge : Je ne veux pas de trois souhaits, je n’en veux qu’un : l’immortalité !

 

"Mon rêve a toujours été de laisser une trace dans le monde musical."

 

10)  Tu nous as parlé plusieurs fois du rap mais plus généralement du hip hop, un ensemble de 5 disciplines : Rap, Djing, Break, Graffiti, Beat box, mais surtout un mode de vie
Quand as-tu connu ce milieu, le fréquentes tu assidument et que voudrais-tu en dire aux gens qui peuvent parfois avoir de gros aprioris sur ce milieu ayant ses propres codes? 

 

Alors je ne suis pas fan QUE de rap. Et d’ailleurs je suis plus fan de RnB, Soul, Funk, Hip Hop et Rap. Le rap ne vient pas en tête. En clair j’aime tout ce qui est culture musicale noire américaine. Et par extension tout ce qui se danse bien sur le dancefloor.

Mais j’aime avant tout les belles mélodies. Et dans ce domaine, à mes oreilles, les plus belles mélodies sont celles composées par Ennio Morricone. Indétrônable ! Etant gosse j’adorais Jean Michel Jarre, Vangelis...

J’aime aussi la house, deep-house, ambiant, lounge et la techno quand elle reste un minimum mélodieuse. Mais pour danser ma préférence va au bon son RnB. 

J’ai connu toute cette culture noire américaine très jeune. J’ai commencé à vraiment danser à l’adolescence, 13/14 ans, inspiré par Michael Jackson. J’ai rapidement écumé les concours de danse en discothèque. J’ai commencé à en gagner, puis même à me faire payer pour faire des spectacles Jackson, Hip Hop, robotique etc… en boite, sur des shows, pour des galas de fin d’année d’écoles de danse. En parallèle de cela je ne pouvais pas m’empêcher d’essayer de chanter et de rapper comme tous ces blacks américains. Et je m’efforçais et m’entrainais tant bien que mal à les doubler, en essayant d’être parfaitement dessus en imitation, qu’on ne puisse presque pas me sentir ou m’entendre… Puis j’ai vécu 1 an aux USA quand j’avais tout juste 20 ans. Et là j’ai trainé qu’avec des DJs, des danseurs, des rappeurs, des graffeurs etc… J’étais déjà bien contaminé avant d’y aller, donc on m’intégrait très facilement dans les groupes, mais un an là bas m’a quand même mis une énorme claque et m’a encore plus fusionné avec cet univers. J’ai décuplé les concours de danse là bas, j’ai bossé comme danseur à Vegas pendant une quinzaine de jour… bref plein d’expériences inoubliables. Mais surtout c’est là bas que j’ai eu pour la première fois LE déclic. Celui de ne plus subir la musique mais de la créer désormais. Quand je dis subir, je veux dire l’interpréter avec mon corps ne me suffisait plus, il fallait désormais que je la compose, que je l’écrive et que je l’interprète avec la voix et avec le corps. Je voulais ressentir la totale ;)

Rentré en France j’ai acheté mon premier synthé, sans aucune connaissance musicale, sans connaitre le solfège. Puis un Atari pour le piloter en midi, puis de plus en plus de machines. La plupart de mon budget loisir passait dans la musique pour m’équiper et monter un home studio me permettant de tout créer de A à Z jusqu’au produit final, y compris gravage du CD. 

Mon rêve a toujours été de laisser une trace dans le monde musical. Mais je ne m’en suis jamais vraiment donné les chances. J’ai passé du temps à composer, certes, mais zéro temps à démarcher :(

La seule trace que j’ai laissé c’est le clip de Dungeon Twister le video game pour PS3, dans lequel j’ai composé la musique, écrit les textes, posé les voix, monté la chorégraphie et le story board ainsi que le montage vidéo. Et pour aller jusqu’au bout j’ai même posé tous les moves de danse des personnages en motion-capture pour la vidéo. Ca c’était du pur rêve de gosse concentré en quelques minutes. La première fois que j’ai regardé le résultat final j’en pleurais de joie devant l’écran.

Le lien : https://www.youtube.com/watch?v=t2EC9feHeIc

Voilà c’est une des rares trace officiel que j’ai laissé on va dire.
 

Je ne fréquente plus particulièrement ces milieux. Si je suis en boite et qu’il y a du bon son, je vais encore me lâcher en danse. J’écoute toujours toutes les radios RnB ou Rap US, et je les enregistre encore souvent. Je suis l’actualité. Je regarde tous les films de danse hip hop qui sortent au ciné. D’ailleurs je suis halluciné par le niveau que les break-dancers atteignent aujourd’hui. On était les pionniers, ce que les mecs faisaient à l’époque était déjà monstrueux et pourtant on était à des années lumières de ce qu’ils font aujourd’hui ! 

Je compose toujours par-ci par-là. Environ une compo tous les trimestres qui se boucle, mais c’est plus par manque de temps que le manque d’envie, parce que mon home studio est juste à coté de mon lieu de création ludique, et il m’appelle sans cesse et fait le jaloux :(


Je comprends que les gens aient des aprioris sur cette musique et cette culture. Les paroles volent souvent bas. Il y’a des artistes qui ont des textes plus recherchés et fouillés mais c’est quand même loin d’être la majorité. Perso je prends cela plus pour le rythme, les mélodies, les voix qui peuvent souvent être exceptionnelles. Je pense que c’est trop le symbole de la rue, des belles voitures, des chaînes bling bling, de la drogue, des nanas sexy en bikini… Toute cette image que le hip hop traîne et qu’il ne cherche pas à changer ne transformera pas la vision des gens extérieurs à ce monde. Et ils n’ont pas forcément tort… Par contre pour les gens issus de la rue, des cités, des zones, des favelas… cette culture leur permet de progresser dans la danse, dans le chant, dans le rap, dans l’écriture, les rimes… Bien que cela ne soit pas une généralité j’ai souvent vu des conflits se régler à coups de battle de danse plutôt que par les poings. Ce n’est pas que dans les films que ça se passe comme cela.

En général l’ambiance, la sympathie, la camaraderie s’installe plutôt vite entre gens de races différentes si le hip hop les unis. Combien de fois je me suis trouvé être le seul blanc dans une boite de blacks, être presque mitraillé du regard, mais dès que je me mettais à danser, rapidement ils étaient tous mes potes, ils m’avaient accepté et venaient me parler et faire ami-ami. Donc certes c’est un univers qui a ses codes qui peuvent faire peur aux gens externes mais quand on connait ces codes et qu’on bouge, chante ou rap comme eux, alors là c’est du tout bon ;)

 

"chacun envoi des SMS pour sonder le terrain et l'ambiance dehors."

 

11) Tu nous parlais de Beatriz et de ses origines ; le Brésil est un pays en plein essor, avec de fortes richesses (matérielles, culturelles…) mais également ses favelas.
Souhaiterais-tu parler de ce pays, qui d’ailleurs accueille à l’heure où nous échangeons les jeux olympiques de Rio, avec toutes les tensions que cela a pu créer ?


Le brésil était une de mes destinations de rêve. Je l'ai gardé pour plus tard, un peu comme la cerise sur le gâteau. Presque me disant que si je voyais ce pays en premier alors tous les autres me paraîtraient fades. C'est bizarre d'avoir ce sentiment avant même d'y être allé. Mes trois pays rêvés à visiter / séjourner ou vivre étaient dans l'ordre : les US, le brésil et l'Australie. 
Il me reste ou plutôt NOUS reste désormais à visiter l'Australie ;)

 

Mais revenons au Brésil, et comment mon regard le perçoit. C'est un pays magnifique, immense, riche, en pleine croissance. Un pays avec deux facettes. Les gens y sont accueillants, souriants, heureux, chantant comme nul part ailleurs. Ceci n'est pas une fausse image du brésil. C'est vrai. Ils aiment faire la fête. Ils ont un côté humain, relationnel facile, joie de vivre qui est indéniable. 

Pourtant l'autre facette, c'est que nombre d'entre eux vivent dans la pauvreté. Les rues ne sont pas tranquilles, ils vivent en permanence dans la crainte d'être agressé, dérobé de leurs biens, de se faire poignarder ou tirer dessus et leur pays est rongé par la corruption. Mais malgré cela ils chantent leur joie, dans les rues, en vélo, à la plage... Peu importe que votre regard se porte sur eux, pour eux c'est normal et naturel. C'est marrant parce que j'avais vécu exactement l'effet inverse juste un ou deux ans plus tôt en Ukraine, où là si on chante dans la rue, tous les passants vous mitraillent du regard ! Et là-bas j'étais le seul à chanter voir danser dans les rues !

Pourquoi me direz vous ? J'ai eu la réponse quelques jours plus tard. En Ukraine, si vous chantez c'est que vous êtes heureux, et pour eux il n'y a qu'une raison possible pour être heureux : c'est être riche. Et donc quelqu'un de mal intentionné vous suivra et vous poignardera pour vous piquer votre portefeuille ou jusqu'a chez vous pour vous cambrioler. Donc en Ukraine ils s'interdisent d'être heureux ou en tout cas de montrer leur joie en peur des représailles. Au brésil, ils refusent de cacher leur joie malgré la menace presque permanente qui pèse sur leurs épaules et qui est certainement bien plus fondée qu'en Ukraine. Inutile de dire que pour plein d'autres raisons supplémentaires, l'Ukraine est jusqu'ici le seul pays au monde que j'ai été trop de content de quitter.

Ayant vécu quelques mois avec Beatriz dans les favélas, ce sentiment d'insécurité est encore plus fort, forcément. Avant de sortir le soir par exemple, chacun envoi des SMS pour sonder le terrain et l'ambiance dehors. Est-ce qu'on entend des tirs d'armes automatiques ? On n’est pas habitué à cela chez nous. 

Tout cela est dû aux énormes inégalités sociales sur lesquelles l'état ferme plus ou moins les yeux. Les pauvres ont toujours moins et les riches ont toujours plus et sont toujours plus corrompus. C'est d'ailleurs pour cela que les JO, tout comme la coupe du monde de football n'ont pas toujours été bien perçu par les brésiliens, qui ne comprennent pas que l'on puisse dépenser autant pour des événements sportifs alors que la plupart des quartiers nécessitent que des écoles et des hôpitaux soient construits. Mais malgré tout cela, les brésiliens quelles que soit leur couche sociale vous accueillent toujours à bras ouvert et vous offriront plus volontiers un sourire et une chanson qu'un regard inquisiteur. 

 

"Ce que je recherche avant tout c’est le sentiment de liberté"

 

 

 

12) Le Brésil c’est aussi ses plages, et qui dit plage dit surf...tu nous expliquais au début de cet entretien que tu es un passionné de sport de glisse, que t’apportes ces disciplines ? Un sentiment de liberté ? Un défi physique ?


Mes parents m’ont mis sur des skis alors que j’avais tout juste 2 ans et demi. Ils habitaient alors à Annecy et Chambery. Donc les premières sensations de glisse m’ont été inculquées très jeune ;)

En grandissant j’ai été attiré dans l’ordre par presque tous les sports de glisse sur tout type de surface. Dans l'ordre le bodysurf (dans les vagues), le skateboard, puis le roller, puis le monoski, le ski-nautique, monoski nautique, le wakeboard, le snowboard, les mini-skis, la planche à voile, le Skwal et enfin le kitesurf. Il n’y que le surf des mers, le vrai, que j’ai très peu pratiqué, pour faute de conditions dans le sud. Et puis c’est un sport assez ingrat en rapport temps de glisse / temps d’attente ou d’effort pour franchir la barrière de vagues. 

Ce que je recherche avant tout c’est le plaisir de la glisse, le sentiment de liberté effectivement, la communion avec la nature et les éléments, la beauté des paysages que l’on peut être amené à parcourir.

Le fait qu’il y ait un défi physique et en même temps un entretien physique est secondaire, car la plupart du temps on pratique ces sports plus pour le plaisir de la glisse que pour modeler son corps. Le fait que le corps se maintienne ou se sculpte c’est tout bonus, et ça fait plaisir, certes. Mais ce qui est génial c’est que les muscles se dessinent sans que l’on y pense forcément, sans qu’on le cherche. Par opposition, je suis incapable de fréquenter une salle de musculation. Je me suis cassé les ligaments du genoux en snowboard il y a des années et j’étais vraiment censé aller faire de la rééducation musculaire pour le genoux, en salle de muscu. Je m’y étais inscrit pour la première fois de ma vie. Je n’ai pas résisté plus de 5 séances, j’ai abandonné et jeté 3 mois d’abonnements ! Etre enfermé et pousser du métal pendant des heures au milieu des odeurs de sueurs au lieu de l’air marin ou de l’air pur de la montagne, c’est vraiment opposé à ce que je recherche et ressens dans les sports extrêmes.

 

De la même manière je n’aime absolument pas les sports de combat, et j’ai du mal à comprendre comment des sportifs peuvent apprécier la compétition quand il s’agit de taper sur la tête d’une autre personne. Je ne pourrais donc jamais m’adonner à ce genre de sports. Par contre le défi et le combat contre les éléments, une mer déchainée, un vent qui te claque comme une feuille morte et auquel il faut résister, un goulet à avalanche, une vague qui peut te broyer si tu te vautres dedans.. Ce genre de défi m’a toujours interpellé. Bon après on y laisse parfois plus de plumes que dans des sports de combat probablement, mais au moins je n’ai pas le sentiment d’abimer quelqu’un d’autre que moi. Et Dieu sait que je me suis bien abimé pendant toutes ces années de sports extrêmes. Mais rien de définitif ou d’éliminatoire heureusement.

Christophe au Brésil
 

Enfin, pour le rapport avec le créateur ou l’artiste, après une bonne session de kite ou de snowboard dans une poudreuse magique, tu te sens léger comme une plume. Tous les sentiments, les idées, le bien-être sont à fleur de peau. Et en conséquence, c’est souvent un moment propice à la création et à la pêche aux bonnes idées ;)

C’est pour cela que je combine souvent les semaines ski ou kite avec des joueurs ou d’autres créateurs pour exploiter la nature, le sport et la création ludique ou musicale en même temps. Je fais en moyenne trois semaines de ski par an, et c’est toujours avec une tribu de joueurs/glisseurs. C’est au ski que je crée le plus de jeux, que je bosse le plus, et que je teste le plus mes protos et aussi les autres jeux. Et cela depuis mes 17 ans je dirais, où l’on montait au ski avec une bande de potes joueurs de jeux de rôles et où l’on dormait très peu de la semaine entre les parties qui duraient toute la nuit, et le ski toute la journée.

 

13)Justement revenons au monde du jeu pour cette dernière ligne droite, imagine…
Une soirée chez moi, et nous ne nous connaissons pas ou  très peu, je te propose afin de faire connaissance, de jouer. Nous avons le temps de faire 3 jeux, lesquels choisis-tu et pourquoi? 
Ou bien passe-t-on la soirée à faire des canulars téléphoniques avec un verre de Saint-Véran à la main?

 

Bien que la deuxième occupation serait bien rigolote et tout à fait dans l'esprit d'ados, on va voter pour les 3 jeux.
Je suppose donc que si on est que toi et moi, on sera donc deux... Donc comme jeu à deux, je vais dire une partie de Magic, une partie de dungeon Twister et une partie d'Earth Reborn.
Les trois sont dans mon top 5. Les trois sont bien différents et nous apportent des sensations différentes.


Magic est un jeu de carte aux combinaisons infinies. J'estimerais que tu aurais quelques decks funs parmi lesquels choisir et moi de même ;)
Le deuxième un jeu purement tactique, sans hasard, avec total contrôle et à la thématique forte. Donc un bon pète cerveau bien thématique. 
Le troisième est du pur jeu de simulation contrôle et tactique mais avec une dose de hasard supérieur à DT. Mais bien plus immersif encore.

Bref, trois jeux bien immersifs, encore que sur Magic certains le verront plus comme un jeu de combo presque abstrait, ce n'est pas mon cas. Surtout quand tu construits tes decks sur une thématique bien établie.

Ça c'est si on place cette rencontre de manière atemporelle... C'est à dire si je ne juge pas sur mon coup de cœur du moment. 

Si cette rencontre se faisait aujourd'hui même et que nous sommes toujours deux, je remplacerais un de ces trois jeux par une partie de Raptor qui est mon coup de cœur du moment. 

Fin, subtil, colle au thème à 200% et une dose de hasard juste comme il faut pour faire bien stresser ;)

 

"Sa rage de se battre pour survivre, surmonter et dépasser les situations m’a au moins par deux fois sauvé la vie"

 

14) Souhaiterais-tu nous parler d’un auteur ou d’une œuvre (Littérature, musique, jeu, cinéma…), importante à tes yeux que tu souhaiterais nous faire découvrir ou redécouvrir ?

L’oeuvre qui m’a le plus marqué, voir même le plus influencé dans la vie est certainement cinématographique. Il s’agit de Braveheart, film dans lequel Mel Gibson joue et réalise. 

Ce film est passé directement N°1 de tous les temps à mes yeux et n’a jamais pu être détrôné par aucun autre film dans mon top 5. L’histoire en grande partie basée sur les faits historiques (il n’y a que quelques petites coquilles hollywoodiennes on va dire) est pleine de force, de morale, de rage, de sentiments. Rien ne manque à ce film. Aucun acteur n’est pas à sa place, tous excellent. La musique est juste sublime. Les batailles sont impressionnantes de réalisme et je trouve personnellement qu’aucun autre film jusqu’à ce jour n’a réussi à faire mieux pour des scènes de batailles de masse. 

Vous allez me dire, mais comment ce film a t’il pu influencer sa vie ? C’est simple, en pas mal d’occasion où les choses étaient perdues, dangereuses, désespérées, voir quasi insurmontables, j’ai assez souvent fait volontairement remonter à la surface l’esprit de William Wallace (le héros historique du film). Sa rage de se battre pour survivre, surmonter et dépasser les situations m’a au moins par deux fois sauvé la vie en sport extrême en mer. Mais aussi souvent dans d’autres situations par forcément périlleuses mais dans lesquelles il fallait se battre pour atteindre un certain but.

C’est d’ailleurs le début de mon crédo sur ma page Facebook, dont voici une copie : 

Recoltes le coeur de Braveheart

La force des 300

La voix de R.Kelly

Et l'âme de Peter Pan,

Avec ça tu déplaceras des montagnes.

Bref, un chef d’oeuvre à voir si vous ne l’avez jamais vu.

4 Gods, un jeu bientôt chez Jeux Viens à Vous grâce à Christophe, Ludically et Asmodée



15) Comment vis-tu les avis des joueurs a propos de tes jeux? Sais-tu faire la part des choses ou as-tu parfois été blessé par certaines critiques ? 

En général je prends plutôt cela bien. Deux expressions me viennent à l'esprit quasi systématiquement :

- la critique est constructive

- On ne peut pas plaire à tout le monde

Les seules rares critiques que j'ai eu du mal à accepter on va dire, c'est quand des joueurs pointent du doigt des jeux comme Dungeon Twister ou Archipelago en les désignants comme des jeux abstraits, sans thème. Là oui, ça me révolte intérieurement. Car je me dis, soit ils n'y ont pas joué et dans ce cas ils feraient mieux de se garder de critiquer. Ou alors ils n'ont rien saisi au jeu, à l'âme que j'ai voulu y placer, et surtout ils sont étanche au fait que chez moi tout part toujours de la thématique. Tout est fait pour la respecter et la traduire du mieux possible ! 

Puis quand je vois quels genres de jeux ces gens là jouent, je suis souvent mort de rire... Car ils se permettent de critiquer la non-thématique de Dungeon Twister par exemple, mais à côté de cela dans leur top liste des jeux qu'ils apprécient tu trouve que des jeux à l'allemande dont la thématique est totalement écrabouillée et inexistante. Là soit ça m'enrage encore plus, ou ça me rassure... Ça dépend de l'état d'âme du jour ;)

En compagnie de Trey Alsup à la Gen con 
 

16) Quel jeu selon toi manque dans la liste de Jeux Viens à Vous ?
http://manuvotreserviteur.wixsite.com/jeuxviensavous/jeux-

Si je n'ai droit qu'à un seul jeu :

Le go
 

Si j'ai droit à plusieurs :

Pique plume

Dungeon & Dragons

Space Hulk

Dominion

Et Dungeon Twister ;) forcément !

 

17) Le jour où tu devras quitter le monde du jeu, d’une manière ou d’une autre, que souhaiterais-tu que l’on retienne de toi ?

Rien ! Que les gens continuent à jouer à mes créations sera déjà un grand honneur ;) sans pour autant savoir qui se cache derrière.... J'aurais ainsi influencé de près ou de loin la vie de certaines personnes après mon départ. C'est à mes yeux encore mieux que de laisser des souvenirs dans les têtes ;)


 

18) Malheureusement, c’est déjà la fin de cet entretien, Christophe, en prenant en compte, ta vie profesionnelle et personnelle, es-tu heureux ?

Déjà, si je pars du principe que jamais, étant plus jeune, je n'aurais pu imaginer que l'une de mes passions et hobby puisse devenir mon métier... OUI rien que cela, ça contribue beaucoup au bonheur je pense.

Forcément il y a eu des hauts et des bas, des moments de doute, des périodes où les choses ne se passent pas forcément comme on l'espère...

Puis je dois avouer que même si globalement je pouvais m'estimer heureux professionnellement parlant, depuis la fin des années 90, côté cœur j'ai plutôt enchaîné les coups de malchance, ou les cas sociaux, ou... Bref on se comprend ;)

Aujourd'hui, grâce à Beatriz, qui de plus est en train de nous concevoir un jeu grandeur nature d'une toute autre dimension et importance, je pense que je peux enfin dire que je suis un homme comblé dans tous les domaines :)

Fin de cet interview qui fut fort sympathique. Très différent de tout ce à quoi j'ai eu l'occasion de participer par le passé, et pour moi qui affectionne l'originalité et la créativité par dessus tout, j'applaudis des deux mains ton initiative auquel j'ai eu un réel plaisir à répondre.

Des questions bien retords, demandant presque parfois une introspection très personnelle... Rien à dire, c'est original et attrayant...
Reste à savoir si les lecteurs prendront autant de plaisir à lire cet interview que j'ai eu de plaisir à y répondre
;)

Merci à toi de m'avoir laissé cette chance de m'exprimer, et à bientôt sur un salon ou autour d'une table de jeu ;)

 

Merci à toi Christophe pour ta bienveillance et  ton implication



La semaine prochaine je m'entretiendrais avec un éditeur ayant l'ambition de l'everest...


 

Pour ceux qui souhaiteraient découvrir les précédents entretiens, mes animations ou soutenir ma page facebook :

http://www.facebook.com/jeuxviensavous/

Yves Hisrchfeld : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-yves-hirschfeld
Benoit Forget : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-benoit-forget
Bruno Faidutti 1ère partie : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-bruno-faidutti-1ere-partie
Bruno Faidutti 2ème partie : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-bruno-faidutti-2eme-partie
Naiade : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-xavier-alias-naiade
François Haffner 1ère partie : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-francois-haffner-1-ere-partie
François Haffner 2ème partie : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-francois-haffner-2eme-partie
Pierô Lalune : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-piero-la-lune
Timothée Leroy : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-timothee-leroy
Mathilde Spriet : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-mathilde-spriet
Sébastien Pauchon : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-sebastien-pauchon
Tom Vuarchex : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-tom-vuarchex-par-mireille-dumas
Vincent Dutrait 1ère partie : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-vincent-dutrait
Vincent Dutrait 2ème partie : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-vincent-dutrait-2eme-partie
Christophe Boelinger 1 ère partie : http://www.trictrac.net/actus/jeux-viens-a-vous-christophe-boelinger-1ere-partie

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