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Jeux Viens à Vous Xavier alias Naiade

Cette semaine c'est un illustrateur avec qui je m'entretien. 
Déménageant cette semaine, je devais vous livrer une interview plus courte et plus simple à mettre en page que la dernière, mais néanmoins intéressante, je l'espère. 

Naiade, l'illustrateur  au talent indéniable, c'est lui cette semaine que j'interview. 
Enfin... c'est plus précisément son créateur, Xavier, celui qui se cache derrière le désormais célèbre pseudonyme. 
Xavier, quelqu'un de très d'abordable mais à la fois timide, se livrant peut être moins facilement que d'autres, il l'avoue lui même, un mystérieux  cocktail de manque de confiance et d'arrogance qu'il ne sait lui même expliquer . 
Venez à la rencontre de Xavier, l'homme qui se cache derrière les merveilleuses illustrations de Naiade! 


La semaine prochaine, retour avec un auteur dinosaure! 

 

1) Xavier auriez-vous la gentillesse de vous présenter ? ​​​​​​​

Je m'appelle Xavier, je suis né en Normandie il y a presque 35 ans.
J'ai commencé à dessiner très tôt tout ce qu'il y avait autour de moi et j'ai continué tout au long de ma vie.
J'ai fait de courtes études autour du dessin (architecture, design d'objet, dessin narratif) mais je n'ai rien vraiment terminé.
J'habite à Nantes depuis 10 ans et ma véritable passion c'est le sport.


 

"ce genre de métier est souvent méconnu et parfois fantasmé ou mal considéré"

 

2) Illustrateur est un métier particulier. Comment votre entourage a vécu ce choix notamment après des études non terminées? Vos parents ont-t-ils-mis du temps à comprendre ce choix et à être rassuré pour vous ?

De mon point de vue le métier d'illustrateur n'est pas particulier, j'ai fait des études comme tout le monde, je travaille tous les jours, je dois remplir de la paperasse et payer des impôts... mais je peux reconnaitre que ce genre de métier est souvent méconnu et parfois fantasmé ou mal considéré. Ma mère m'a toujours soutenu, elle m'a laissé faire ce que je souhaitais, et pour ma part je ne voulais surtout pas faire ce métier... c'est raté !

J'ai fait ces études parce que je ne pensais pas savoir faire autre chose, je voulais être démineur !! Du coup ma mère a été heureuse de me voir tenir un crayon...

Je n'ai pas persévéré dans les branches que j'avais choisies par manque de motivation et je n'ai pas terminé mon dernier cursus parce que j'ai eu une proposition pour me lancer dans la bande dessinée ... raté aussi !!

Je pense que mes proches ont été rassuré quand ils ont vu que j'avais une vie comme monsieur tout le monde, je pouvais m'assumer seul et faire des projets

 

3) Vous avez une famille, vous sentez-vous parfois en danger financièrement en tant qu’artiste freelance ou absolument pas, le travail arrivant régulièrement? 

Non, je ne me sens pas en danger, je travaille toute l'année, et mes clients me paient normalement.
J'avoue que grâce au succès de certain jeux que j'ai illustré, notamment Tokaido et Seasons, j'ai perçu des droits d'auteur qui ont amélioré mon niveau de vie. Quoi qu'il arrive il y a du travail (dans le jeu de société mais ailleurs aussi, livres, manuels, jeux vidéo..) mes revenus sont réguliers et on peut vivre correctement du métier d'illustrateur. Je n'ai donc pas de problème pour m'occuper de ma famille. 

"je trouve que je manque de technique, de fluidité, de finesse, mais je crois en la possibilité de m'améliorer."

 

4) Vous disiez dans une interview, que vous n’aviez pas confiance en vous au niveau professionnel, et que vous refaisiez les dessins jusqu’à être hors délai, beaucoup vous considère comme très talentueux, avec un trait rapide, fluide, sûre de lui (si cela peut se dire pour un trait de dessin), j’oserais même dire plein d’arrogance !
Ce qui est paradoxale par rapport à votre manque d’assurance.
Comment expliquez-vous cela ?

Je n'ai effectivement pas confiance en mon dessin, j'aime rarement mes réalisations, je trouve que je manque de technique, de fluidité, de finesse, mais je crois en la possibilité de m'améliorer. Je pense que je me mets parfois en retard parce que je n'arrive pas à foncer tête baisser, à dessiner d'un coup sans réfléchir, il faut toujours des temps de réflexion et de doutes très long avant de commencer quelque chose. Je recommence beaucoup mes croquis (je n'en fais pas plusieurs en fait, j'efface et je recommence parfois pendant des heures des fois pendant des jours) jusqu’à ce que mon dessin me paraisse moins rigide et surtout jusqu’à obtenir ce que j'ai dans la tête.

Je n'ai jamais trouvé mon dessin, mon trait arrogant et personne ne m'avait encore fait cette remarque. Par contre je pense être quelqu'un d'un peu arrogant c'est vrai mais pas lorsque je dessine, ça serait plutôt l'inverse à ce moment-là. Du coup j'aurais du mal à expliquer cette sensation d'arrogance dans mon dessin mais je regarderai mon travail d'une autre manière à partir de maintenant.

5) Vous dites : "je pense être quelqu'un d'un peu arrogant", si ce n'est pas par votre qualité en tant que dessinateur que vient votre arrogance, d'où provient-t-elle? 

C'est une question difficile, je crois être quelqu'un d'arrogant mais j'aurais du mal à expliquer d'où ça peut venir.
J'aime bien la compétition dans tous les domaines, l'arrogance est une forme de provocation... Cela permet au timide que je suis de défier les autres maladroitement ..!

"je fais juste parti des gens qui ont peu de choses à dire."

 

6) Justement par rapport à cette timidité, vous êtes une « star » au niveau du petit monde ludique sans que l’on vous voie réellement beaucoup sur internet, est-ce une volonté de votre part de contrôler votre image ?
Comment Xavier vit le succès de Naiade ?

J'ai conscience que les passionnés de jeux et les professionnels savent qui je suis maintenant, mais ça représente vraiment peu de monde, je ne me sens pas star du tout, je me sens intégré et accepté dans un tout petit milieu que j'ai découvert il y a très peu de temps finalement. 

J'aimerais être plus présent sur internet, partager d'avantage mon travail mais c'est quelque chose que j'ai du mal à gérer. Par contre je n'essaie pas vraiment de contrôler mon image sur internet pour autant, je fais juste parti des gens qui ont peu de choses à dire.

Je vis très bien le succès de Naïade parce que je ne le ressens pas, ma vie n'a pas changée du tout, mon travail non plus, et finalement je ne suis naïade que quelques jours par an pendant les festivals de Cannes ou Essen.

 

7) Par rapport à Naiade, votre Pseudo est devenu maintenant « bankable », 
Est-ce que le fait qu’on puisse éventuellement faire appel à vos services pour « faire vendre » vous flatte ou cela vous ennuie particulièrement?

Avez-vous déjà ressenti cela de la part d’un éditeur et comment l’avez-vous vécu?

C'est difficile d'avoir une opinion sur ça, je ne pense pas avoir un nom bankable sinon les jeux sur lesquels j'ai travaillé seraient tous connu alors que certain sont passés relativement inaperçu.

De toute façon un éditeur ne me contacterait jamais en me présentant les choses sous cet angle, et j'aime penser qu'ils me contactent pour la qualité de mon travail et ma capacité à répondre à leur demande.

Quant aux joueurs, je leur souhaite de s'acheter des jeux pour de meilleurs raison que les noms inscrit sur les boites.

 

8) Pouvez-vous nous raconter un moment mémorable que vous avez connu grâce au jeu?

L'année dernière j'ai été invité à "Lucca comics and games" en Italie, c'était déjà un grand honneur d'être convié à un événement international, mais j'ai également eu la chance de me retrouver à une remise de prix organiser dans un ancien théâtre baroque incroyable et dans la loge j'ai eu le plaisir de me retrouver avec Karl Kopinski, c'était incroyable pour moi. Quelques instant plus tard, des personnes sont venues nous chercher pour nous mener dans les coulisses, je ne savais pas ce qui allait se passer mais je me suis retrouver en compagnie de plein de personnes dont claire Wendling à qui je n'ai même pas osé adresser la parole. Une fois sur la scène pour la remise des prix j'ai constaté qu'il y avait Joe Dever dont je lis les livres depuis que j'ai 10 ans.... tout ça était déjà incroyable mais par la suite il y a eu un repas très chic dans un somptueux bâtiment de la ville et je me suis retrouvé assis à côté de Michael Menzel avec qui j'ai tenté de converser tant bien que mal... c'était vraiment une soirée de fanboy incroyable.

9) Et votre moment le plus triste dans le monde du jeu, ou bien autour d'un jeu ?


Il y a 2 ou 3 ans j'ai eu une conversation à propos des rémunérations avec un professionnel qui travaille dans l'édition ludique depuis de nombreuses années. Cette conversation s'était assez mal passée, non pas parce que nous étions en désaccord mais parce qu'il m'a dit que j'étais remplaçable, que je réclamais trop d'argent pour un "métier passion" et que comme la plupart des auteurs avec lesquels il me mettait en comparaison, je devais me trouver un métier alimentaire pour gagner ma vie autrement. Bien entendu ce discours m'a vexé, agacé mais surtout j'étais navré de voir autant de méconnaissances et de clichés à propos de mon métier.

 

10) Y-a-t-il des sections dans l'illustration où vous n'avez pas encore été (storyboard, livre jeunesse...) et que vous souhaiteriez tenter ?

L'illustration c'est très vaste, on peut illustrer pour des jouets, des magazines, de la communication visuelle... c'est vraiment un domaine où il y a du travail je pense. Depuis 6 ans j'ai surtout illustré des jeux de société, mais j'ai quand même eu l'opportunité de travailler pour 3 livres jeunesse, j'ai réalisé la couleur de 3 albums BD, désigné une trentaine de figurines mais j'avoue que j'adorerais illustrer pour des albums jeunesse, j'adore en acheter pour mon fils et je serais heureux de mettre un pied dans cet univers. Mais pour le moment je n'ai pas le temps ...

 

"mais surtout beaucoup de bonheur et de fierté..."

 

11) Qu'est-ce que la paternité a changé dans votre vie d'illustrateur, avez-vous vu votre dessin se modifier?  
Et dans votre vie d'homme en général? 

Avoir un enfant m'oblige à avoir des horaires plus précis, c'est également une motivation pour le travail.

Par contre je ne pense pas que cela ait influencé mon dessin si ce n'est le fait d'essayer de travailler plus vite pour avoir du temps à consacrer à mon fils.

Dans ma vie d'homme j'imagine que ça m'a apporté les mêmes choses qu'a tout le monde, un peu plus de fatigue, de l'énervement parfois, du stress aussi mais surtout beaucoup de bonheur et de fierté.

 

12) Justement est-ce qu’il y a des choses dans la société actuelle qui vous énerve ?

Oula ! Vaste sujet.... il y a plein de choses qui m'agacent mais je n'ai pas les mots qui me permettraient de m'exprimer comme il faut ou les connaissances nécessaires pour éviter d'écrire des âneries.

 

13) Si vous deviez donner une oeuvre (jeu, film, bd, chanson, littérature...) ou un artiste qui mériterait d'être connu ou plus connu à vos yeux?


"Le Clan des Otori" de Lian Hearn est une série de 5 romans retraçant la vie d'un jeune homme dans un japon féodal imaginaire.
J'ai dévoré ces livres il y a quelques années, l'histoire m'a captivée, et j'espère réussir à l'oublier suffisamment pour pouvoir relire les 5 tomes avec un plaisir nouveau.

 

14) Le jour où vous disparaitrez, que voudriez-vous que l’on retienne de vous en tant qu’artiste, mais également en tant qu’homme ?

 

J'espère que mon travail donnera toujours envie de se plonger dans les univers que j'ai illustré.

En tant qu'homme j'aimerais qu'on dise que j'ai vécu une belle époque dans un chouette pays ....

 

15) C’est malheureusement la fin de cet interview, Xavier êtes-vous un homme heureux ?

J'imagine que le bonheur se construit tous les jours, et je suis en plein chantier !

Mais j'ai confiance en l'architecte !

 

Xavier, je vous remercie pour cet entretien.

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