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Jeux Viens à Vous Guillaume Lémery 2ème partie

Il y a deux semaines, je publiai la première partie de mon entretien avec Guillaume Lemery.
Je vous le présentai comme quelqu'un d'à part dans le monde ludique et la charge violente d'un professionnel du jeu à son encontre lors de la publication de la première partie me confirme quelque part cela.
Aimé ou détesté, Guillaume Lemery ne semble pas laisser indifférent.


Après Essen, voici donc la seconde partie de son entretien où nous échangeons en fin d'interview sur des sujets très sérieux comme le rôle de la SNCF durant l'occupation, l'écologie, les conflits d'intérêt dans le monde ludique ou les idées néo libérales de l'économiste Friedman. 



12) Pourrais-tu nous parler d'un auteur ou d'une œuvre importante à tes yeux, que ce soit en littérature, théâtre, cinéma, jeu etc... que tu souhaiterais faire découvrir ou redécouvrir à mes lecteurs ? 


Parler d'une seule œuvre c'est difficile, car j'en ai plusieurs à partager :)

Au niveau des séries TV, j'aimerais parler de Treme de David Simon (qui avait déjà réalisé l'excellente Sur écoute/The Wire).

 

Le pitch c'est qu'on suit des personnages du quartier de Treme de la Nouvelle-Orléans après le passage de Katrina. La série m'a longtemps été présentée comme ça, et je me demandais comment on pouvait faire quatre saisons juste avec ça.

Sauf que, Treme, c'est LE quartier de la musique à la Nouvelle-Orléans. Celui qui a vu la naissance de tous les styles de musique actuels. Et la série suit essentiellement des personnages impliqués dans la musique. On a alors une série qui fait la part belle au jazz mais pas que. Bref, une BO incroyable, des apparitions de quelques stars comme Allen Toussaint, Kermin Ruffin... Le tout par d'excellents acteurs évidemment.


David Simon est un réalisateur assez engagé qui n'hésite pas à dénoncer politiquement les incohérences de la ville de la Nouvelle-Orléans ou les bavures de la police. Mais il arrive à le faire en marge de l'histoire et en laissant le spectateur seul juge. Le tout étant en plus nuancé grâce aux différents personnages et leurs points de vues respectifs.

Attention, ce n'est pas du tout une série thriller à la Breaking Bad ou Dexter. Au contraire, c'est l'humain qui est mis en avant. Treme se savoure au rythme de la Nouvelle Orléans. On apprécie de suivre les personnages dans leur vie quotidienne, leurs tracas, leurs rencontres... Un peu comme un film d'Agnès Jaoui finalement (mais avec des personnages moins typés).

En lecture, j'ai récemment apprécié Le sang des 7 Rois de Régis Goddyn. C'est une saga en sept volumes qui se déroule dans un univers médiéval avec un poil de magie, mais pas que... (chut). Il est difficile d'en parler sans spoiler l'histoire. Le plaisir vient de la découverte progressive de l'univers au fil de la lecture. On va suivre quelques personnages avec chacun leurs propres motivations et dont les destins pourront se croiser. On n'est pas dans le manichéisme propre aux œuvres anglo-saxonnes. C'est assez bien écrit et même si on n'est pas au niveau de sagas comme Ambre ou Le Trône de Fer, ça reste rafraîchissant par rapport à la production actuelle.
Cette saga est disponible aux éditions L'Atalante ou sur Kindle (à un tarif plus abordable).

Et une dernière série TV pour la route, parce que je l'ai découverte par hasard à travers une licence Love Letter. Je veux parler de l'anime Adventure Time qui est diffusée sur Cartoon Network. Elle est malheureusement difficile à se procurer en France (pas de DVD, elle n'est dispo que sur iTunes). On a des épisodes très courts (10 minutes), avec des scénarios toujours inattendus (et la plupart du temps indépendants des autres), des personnages complètement loufoques (Jake le chien et Finn l'humain deux aventuriers inséparables et tout un tas d'autres personnages secondaires), mais avec des sujets adultes malgré un dessin naïf. Et là aussi, pas de manichéisme. Le Roi des Glaces peut se révéler le méchant d'une histoire, mais être l'ami des aventuriers dans l'histoire d'après. A la maison, toute la famille est devant la télé quand le générique se lance.


Je recommande également Treme et toutes les œuvres de David Simon dont The Wire.

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             Treme de David Simon

 

 

 

13) Le jour où tu devras quitter le monde du jeu, d’une manière ou d’une autre, que souhaiterais-tu que l’on retienne de toi professionnellement mais surtout humainement ?

J'ai déjà un peu quitté le monde du jeu (je n'anime plus de site d'actu ou de podcast, et deviens simple joueur). Et Okkazeo est certes en rapport avec le monde du jeu, mais c'est avant tout un service.


On voit qu'on ne se connaît pas "en vrai" (il faudra qu'on ait l'occasion de se voir quand tu passeras sur Lyon). Car très franchement, je me fiche de ce que les autres pensent de moi, ou retiennent de moi (à part sans doute ce côté très détaché ^^).

Je vis exclusivement pour moi et non à travers le regard des autres. De plus, je suis quelqu'un de plutôt modeste et discret. J'ai tendance à ne pas me mettre en avant dans mes créations, et peu de membres d'Okkazeo savent qui est derrière ce site. Et c'était pareil au lancement de Proxi-Jeux, car "pour vivre heureux, vivons cachés" ;o)
Du coup, ce que je laisserai derrière moi m'importe peu.


Par contre, tant que j'animerai Okkazeo (ou que je proposerai des jeux, des services...), je m'efforcerai de proposer le service le plus efficace possible (des fonctionnalités pertinentes, une écoute ouverte des utilisateurs pour une amélioration continue...). Mais encore une fois je le ferai pour que le service proposé apparaisse comme le meilleur possible (et non moi directement).


Bref, du coup, on retiendra sans doute ce "sens du service" professionnel. Pour l'humain, je t'invite à interroger mes différents partenaires d'aventures (Proxi-Jeux, Nicolas de Z15...)

 



14) Guillaume, c'est malheureusement la fin de cet entretien. En prenant en compte ta vie professionnelle et personnelle es-tu heureux ? 

Sans hésiter, oui je suis heureux dans la vie.

 

Je suis en bonne santé (mes proches aussi), j'ai un travail qui me plaît (dans l'ensemble), une famille soudée et complice, et je peux régulièrement m'offrir des extras (comme partir en vacances pour m'évader et découvrir de nouvelles cultures). Il ne m'en faut pas plus pour être heureux.

 

C'est un sentiment très personnel, et certains se rendent malheureux en jalousant ce qu'ont les autres. Mais je suis heureux car je suis maître de mes actions, de mes envies, et peux donc mettre tout en œuvre pour les réaliser (et ainsi gagner plein de satisfaction personnelle, c'est bon pour le moral). 

 

L'interview de Guillaume aurait dû normalement s'arrêter là mais j'ai eu la curiosité d'en savoir un peu plus.

Nous continuons en évoquant des sujets sérieux comme le rôle de la sncf durant l'occupation, le salaire universel, Naomi Klein et l'économiste Friedman, ainsi que les idées libérales de Guillaume non conventionnelles dans le monde ludique en tout cas officiellement. 

La question Anar 
 

Tu travailles à la SCNF, et tu m'as autorisé à te poser une question dessus.
Durant la guerre un seul conducteur de train, Léon Bronchart, a refusé de conduire un train transportant des juifs.
Plus de 70 ans plus tard, tu me disais en OFF à propos de la SCNF , « dilution des responsabilités et des prises de décisions, organisation monolithique et très hiérarchique.. ».
Ne crois-tu pas que ce sont ces caractéristiques qui ont permis à ce que chacun ferme les yeux sur ce genre d'événement grave et que cela pourrait se renouveler ?
Les travailleurs et les français en général ne devraient t-ils apprendre, exiger et se débrouiller afin de mettre en place une véritable démocratie participative au sein de leur entreprise, de leur commune et de leur pays ? 


Ah, voilà un thème qui me plaît ^^


Si j'ai mis deux mois pour t'envoyer ma réponse c'est que ta question m'a beaucoup inspiré, et je voulais prendre le temps de bien y répondre (et j'ai rarement 30 à 60 minutes de calme pour cela), car pour moi, tu soulèves une des questions majeures de notre société actuelle.


Alors, pour tout de suite tourner court à toute polémique, je ne pense pas que Léon Bronchart ait été le seul. Il y en a certainement eu d'autres que l'histoire n'a pas retenu (et qui ont peut-être été fusillés dans le silence le plus complet). Le sujet de la guerre est toujours un terrain glissant, surtout pour nos générations qui ne l'ont pas connue. Il y a eu de nombreux résistants à la SNCF. Et l'entreprise a facturé les transports des Juifs. Pour autant, on n'étais pas là.

Et cela me paraît délicat de juger quoi que ce soit. Chacun agit selon ses convictions personnelles, mais aussi ses contraintes. Nous sommes tous quelque part un peu prisonniers de notre époque, notre histoire, notre culture du moment. C'est facile de dire "A sa place j'aurais fait ..." quand justement on n'y était pas. Que ce n'est pas notre famille proche qui risque de souffrir de nos actions et de nos choix... En gros, ça revient à se demander "Si j'étais né en 17 à Leidenstadt"...

Pour ce qui est de mon jugement de la SNCF, il est le même pour n'importe quelle grosse entreprise, et pire même, pour l'organisation de notre pays qui produit de plus en plus d'aides et joue à diviser la population pour mieux passer ces lois toujours plus inutiles. Cela nous amène à une population aidée qui ne jure plus que par l'aide de son gouvernement (ça tombe bien, c'est ce que cherchent les hommes politiques) et incapable de faire face aux problèmes. Je trouve même qu'on atteint un point de non-retour ces derniers temps où les gens estiment que tout leur est dû et deviennent de plus en plus agressifs (ça se voit quotidiennement dans nos transports en commun, mais je le ressens même à travers les mails de certains utilisateurs d'Okkazeo).


Et la recherche d'égalités partout, même là où il ne peut y en avoir, nous mène à une société qui décourage les efforts (à quoi bon chercher à faire mieux si l'effort n'est pas récompensé et qu'à terme le collègue qui n'aura rien fait obtient le même salaire ou la même position que moi ?).

 

Cette méritocratie ne peut pas conduire nos entreprises à gagner. Et je suis sûr que ce n'est pas le système qui a été adopté par Asmodée par exemple ;o) Et ce n'est pas non plus ainsi que l'équipe de France de football a remporté une deuxième Coupe du Monde (bien au contraire !).

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Guillaume et Olivier Perin effectuent l'interview de Ludovic Papais de chez Iello

 

Mais cela me parait difficile aujourd'hui de lutter contre une lame de fond qui va dans l'autre sens. Les discours populistes qui entretiennent les divisions entre les citoyens n'aident pas. Je regrette toujours qu'en France l'éducation des sciences économiques et sociales soit inexistante. Car derrière, il est impossible de poser les bases d'une société équilibrée. Le fait que "Atlas shrugged" d'Ayn Rand n'ait été traduit que récemment (avec le titre trompeur "La grève") est sans doute symptomatique. Alors qu'outre-Atlantique, c'est un des livres les plus lus et qui a changé fondamentalement la pensée de millions de personnes. Personnellement, c'est un livre qui m'a beaucoup inspiré, et que je conseille toujours à mon entourage, malgré ses 1600 pages et ses longueurs. Ce livre contient une clé de la réponse à ta question.


Sans chercher à tout changer d'un coup (je suis pragmatique), il appartient à chacun de participer au changement à son modeste niveau. C'est d'ailleurs une citation de Gandhi qui m'inspire régulièrement : "Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde". Ceux qui croient en l'écologie montrent l'exemple en arrêtant de prendre leur voiture ou d'acheter des vêtements (trop) à bas coûts qui sont issus d'une industrie du coton polluante, ceux qui luttent contre le grand capital commencent à acheter leurs fruits et légumes au marché, ou auprès de producteurs locaux plutôt qu'en supermarché, ceux qui pensent qu'un éditeur devrait plutôt faire comme-ci ou comme-ça créent leur propre boîte et sortent un jeu (et plein d'autres après, je leur souhaite). Bref, on passe à l'action ! Et le reste suivra...

Après la question anar...

La question de Droite

Tu parlais des nombreuses aides qui n'aident pas le peuple à être indépendant.
Une idée actuellement revient régulièrement en ce moment chez les gens dit de gauche, c'est le salaire universel.
Certains prétendent qu'il permettra à chacun de contribuer de manière plus prolifique à notre société par une réflexion et des actions sur le monde actuel.
D'autres pensent que cela créerait une réelle dépendance face au pouvoir. En somme, si un jour tes idées ou tes actions ne vont pas dans le bon sens, tu pourrais te retrouver privé de ce salaire universel dont tu es devenu dépendant.

Quelle est ta vision personnelle?

Ah, vaste sujet... le revenu universel fait débat en ce moment, et on trouve les soutiens pas toujours là où on s’y attend le plus : certains libertariens voient cette idée d’un bon œil car cela simplifierait les nombreuses aides sociales, alors que parties progressistes notamment de gauche y voient une mesure en faveur des paresseux (terme de Michel Sapin quand il était ministre).

Les écologistes et Benoît Hamon l’avaient même mis dans leur programme l’an dernier.

Pour autant la Suède qui avait lancé une expérimentation début 2017 (sur 2000 personnes tirées au sort pour un revenu d’environ 450€ par mois) a annoncé il y a quelques mois, qu’elle arrêtait car elle estimait que cela n’avait pas eu l’impact espéré sur l’emploi (les chômeurs pouvaient conserver le revenu universel même s’ils retrouvaient un emploi).

On retrouve même cette idée dans des films comme Soleil vert (où la population oisive attend la distribution de ses rations de galettes de soja) ou plus récemment dans la série The Expanse sur Terre (alors que les Martiens triment pour obtenir une planée plus hospitalière, ce qui se ressent dans les motivations des personnages).

Je suis favorable à une telle mesure si cela vise la simplification des nombreuses allocations en une seule (RSA, chômage, allocations familiales...), tout comme je suis favorable à un impôt sur le revenu à taux unique (ex : 8%, stable dans le temps et non augmentable) et applicable à tous (un peu ce que fait la CSG en somme). Là on aurait une égalité des citoyens qui se sentiraient plus concernés par les actions du gouvernement et de ses dépenses. Actuellement 60% ne paient pas l’impôt sur le revenu. Et le déblocage de nombreuses allocations dépend justement de cette absence d’imposition.

Ainsi, je ne suis pas sûr qu’on arriverait à un risque d’exclusion des citoyens, mais plutôt l’inverse avec une plus forte implication.

Mais ne rêvons pas trop. Nous sommes en France. Aucune élite politique ne cherche à obtenir ce résultat. Bien au contraire. Si cela arrive, ce sera avec plein de règles, d’exceptions et de niches. Au final on aura un système encore plus alourdi et toujours plus contrôlé par l’état (les projets de Macron en ce qui concerne la reprise des caisses de retraite font peur car on va justement dans le sens d’un état qui contrôle tout).


 

Et puis, on reste dans le pur spéculatif et la science-fiction. Car où trouver cet argent qui sera distribué à tout le monde ? Faire payer les entreprises revient à faire payer les clients finaux, donc les citoyens. Certains avancent l’idée d’augmenter la masse monétaire (donc l’inflation). Mais il ne faut pas beaucoup de connaissances en économie pour savoir que cela ne mènera nulle part...

La question Alter mondialiste

« Trop d'aides, un impôt sur le revenu à taux unique.... »
Mais serais-tu donc un employé de la sncf et pire encore un membre du monde ludique de droite !?! ;-)

Plus sérieusement, on constate dans la pratique que plus une société réalise de profits, moins elle paye d'impôts et que nombre d'aides sociales ne sont pas demandées par les gens y ayant droit car justement ces derniers ne connaissent pas leurs droits.
Crois-tu vraiment qu'il soit possible de changer ces deux données afin d'arriver à une société plus égalitaire ?

 

(on dérive un peu là, et je ne réponds plus directement à tes questions, car elles sont noyées dans plein d'autres sujets très intéressants).

Oui, je travaille à la SNCF, avec des idées franchement libérales. Ca peut paraître détonnant, mais le marché de l'emploi étant ouvert, c'est actuellement là que j'ai trouvé le meilleur compromis entre vie pro / vie privée (pour mener mes projets persos) et salaire / congé (je peux plus facilement moduler mon temps partiel, c'est une ressource rare).
Pour autant, quand je vois les gaspillages dans mon entreprise et la façon dont l'entreprise est parfois menée, oui je suis pour la concurrence qui nous amènera à repenser notre fonctionnement et nous améliorer.

Comme tout le monde (j'espère), je vise un monde plus juste. Et j'ai fait le constat il y a quelques années, qu'après 30 ans de politique sociale, on n'a pas vraiment amélioré le quotidien. J'ai donc cherché d'autres solutions et ai trouvé dans les idées libérales (portées par les philosophes français des Lumières notamment) des solutions qui mériteraient d'être mises en place car elles remettent l'individu au centre. Par contre, évidemment, il faut commencer par accepter que nous ne naissons pas tous égaux (physiquement et intellectuellement j'entends). Et qu'à chercher à rendre un système plus juste, on arrive bien souvent à juste le tordre encore plus.
La lecture de Muhamed Yunus sur le micro-crédit au Bengladesh est très instructive et montre qu'on peut facilement sortir de nombreuses personnes de leur condition si on leur donne les clés de leur liberté (en l'occurrence pour lui cela passait par des petits crédits aux femmes pour qu'elles puissent s'extraire d'usuriers véreux).



La question syndicaliste

Je viens de terminer justement un essai d'économie, La Stratégie du choc de Naomi Klein, démontrant que l'école de Chicago emmenée par Friedman et qui prônait le néo libéralisme a provoqué de nombreuses dictatures et torture dans le monde entier aidé par les techniques de la CIA en profitant des chocs économiques, militaires ou naturels pour faire passer de manière non démocratique et par la torture des lois ultra libérales que ce soit dans toute l’Amérique du sud, l’Afrique du sud où les noirs sont encore plus pauvres que durant l'apartheid, Russie, Chine ou en Irak afin que les entreprises américaines profitent des privatisations exigées.
La SCNF risque d'être à plus ou moins long terme privatisée, crois-tu que les dirigeants français attendent un choc économique ou un acte de guerre comme un attentat par exemple afin de mener ce projet et comment vois-tu ton avenir dans cette entreprise et dans ta manière d'exercer ton métier ?

 

Ceci étant dit, tu parles de Milton Friedman qui a fait des travaux très intéressants qui sont actuellement en cours de traduction en français. Donc avant de me parler de Naomi Klein qui a des idées très (trop ?) engagées, j'invite déjà les lecteurs à visionner le travail de Friedman : https://youtu.be/JujKgkA_XUQ.


Ensuite, je t'invite à lire La route de la servitude de Friedrich Hayek (ou un résumé) et qui a convaincu Churchill qu'il ne fallait pas s'engager dans des solutions collectivistes (justement car on tend progressivement vers un asservissement du peuple à son gouvernement). 


Il est aussi important de lire Tocqueville (sur es dérives des démocraties) et Bastiat (notamment "ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas") pour pouvoir ensuite parler de la prose de Naomi Klein (il faudrait que je lise ce qu'elle écrit, mais souvent ça manque d'une base économique).


En fait, malheureusement les gens confondent souvent plusieurs idées, et assimilent facilement capitalisme, libéralisme à l'exploitation des peuples. Pourtant, c'est bien la connivence entres les élites politiques et quelques patrons véreux qui mènent à ces dérives. Avec un état sans tous ces pouvoirs (et des syndicats renforcés mais non politiques comme aujourd'hui, car je crois en une forme de syndicalisme fort si le salariat reste la forme du travail de demain, ce dont on n'est pas sûr aujourd'hui) on éviterait pas mal de dérives, de tortures et de guerre (car le commerce est le meilleur garant de la paix).

Est ce l une des raisons qui te font te sentir un peu a part ? 

Déjà, rares sont les gens qui connaissent la pensée libérale (la vraie pas celle décriée par les médias ou les syndicats).

Et parmi les libéraux (on en est même venu à dire « libertariens » justement pour sortir des clichés), beaucoup cachent leurs idées de peur d’être mal vus par les collègues et proches (et aussi pour éviter les discussions de comptoir avec certains).

Mais pour ma part, si on veut que les choses changent, il faut bien en parler (« être le changement » ;)  )

 

Pour autant je suis quelqu’un d’ouvert et toujours prêt à aider les causes justes (dons aux associations, aides au financement de projets d’amis, soutien à tous ceux qui veulent se lancer autour de moi...)

 

Et je pense que parmi les éditeurs il y en a d’autres qui pensent comme moi.

En fait, il suffit de créer quelque chose en France, monter une entreprise et se frotter au Léviathan de l’état pour que tous les rêves d’égalité vendus par la gauche s’effondrent. Et en côtoyant des artisans et professions libérales, les constats sont assez accablants sur le système actuel (pas du tout égalitaire, notamment pour les indépendants et leur régime santé).

 

Dire que je suis un peu à part, je ne sais pas si c’est vrai. C’est possible. Je n’ai jamais aimé les sentiers battus. Mais je pense que j’adhère aux idées libérales justement parce que j’ai cherché des solutions hors des sentiers battus, plutôt que l’inverse.

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                                 Interview de Roberto Fraga avec son prototype devenu depuis Captain Sonar

 

 

 

 

La question Claire Chazal

Certains aiment parler de journalisme dans le monde ludique.
Ce terme est t-il selon représentatif du travail effectué par les différents médias (Tric trac, Ludovox...)

Penses-tu avoir réalisé du journalisme avec Proxi-jeux ou étais-tu comme j'en ai l'impression dans tes propos dans une volonté de faire autre chose ?


Tout dépend comment on pose la définition du journalisme. A la base il s'agit simplement d'informer, mais il y a plusieurs façons de le faire. Avec des articles qui présentent simplement un sujet, type publi-reportages comme TricTrac.


Ou bien le journalisme d'investigation, celui que je qualifierai de "vrai" journalisme.  Le reporter va choisir un sujet, et prendre le temps (plusieurs semaines, mois), pour creuser, interroger tous les intervenants, vérifier ses sources, etc. Ce type de journalisme est malheureusement peu compatible avec les formats télé formatés (type Envoyé Spécial) ou la logique de rentabilité (normale d'un certain point de vue) des medias.


D'une manière générale aujourd'hui je regrette le pauvre niveau du journalisme en France (je ne peux pas juger dans le monde car par manque de temps, je regarde peu l'actualité publiée dans d'autres pays). Bien souvent les journalistes aujourd'hui se contentent de reprendre un communiqué (AFP, Dossier de presse), et le relaie sans trop prendre le recul nécessaire notamment au niveau des chiffres, des résultats d'une analyse et j'en passe.
Et je n'ose mentionner les marroniers dans tout ça...

Côté media ludique, la plupart du temps les sujets sont survolés (surtout sur les sites internet car le format des articles doit être court).
Par contre dans la presse papier, il m'est arrivé de lire d'excellents articles de fond sur JSP ou Plato. C'est sans doute là, la véritable valeur ajoutée de ces magazines face à la toile. Encore faut-il avoir envie de se plonger dans ces sujets "intellos".

Bref, dans tout ça, on faisait un peu des deux avec Proxi-Jeux. Sur les salons, interviews des acteurs du monde ludique pour qu'ils nous présentent leur actualité (ce qui paraît normal sur un salon).
Par contre, quand on abordait les sujets d'actualité, ce qui nous paraissait important, c'était de mettre en perspective certaines infos avec notre expérience de joueurs, l'histoire du jeu, etc.
Mais on ne s'est jamais proclamé journalistes, et on n'est jamais allé jusqu'à investiguer sur un sujet de fond. J'aurais bien voulu faire un épisode sur le volet économique en interrogeant boutiques, distributeurs, éditeurs sans oublier auteurs et illustrateurs (pour tordre le cou à beaucoup d'idées reçues parmi les joueurs). Mais le chantier était colossal, et Proxi-Jeux qu'un passe-temps. Difficile alors de concilier les deux.
C'est une question intéressante en tout cas qui a été abordée dans l'épisode n°100 de Proxi-Jeux justement. Ou la conclusion est de dire que les mass media ne présenteront jamais les jeux comme nous les présentons, car ce sont des journalistes qui jouent de temps en temps qui présentent les articles, contre des joueurs passionés qui partagent leur hobby.



 

On critique bien souvent les journalismes et hommes politiques qui se fréquentent en dehors des plateaux télé, dînent ou partent en vacances ensemble voire plus pour certains.
Penses-tu que l'on puisse critiquer ces relations par la force des choses ambigues ainsi que les conflits d'intérêts qui en découle alors qu'il se passe la même chose dans le monde ludique ?
Par exemple Tric trac propriété de Plan B. ou bien Hélène Graveleau, membre du jury et rédactrice en chef de Plato, magazine qui est la propriété de la société Megalopole, propriétaire également de Sit down, éditeur distribué par Atalia, vainqueur de l'As d'or enfant.

Bien que considérant ne pas faire du journalisme, je m'inclus de fait par le fait de côtoyer certains professionnels en dehors de mes interviews et de mes critiques ludiques.

Penses-tu qu'il existe une réelle indépendance de ces différents médias, une réelle connaissance de la charte de Munich et une réelle volonté de s'y tenir ?

Je pense sincèrement que tout le monde s'en fiche. En tout cas parmi les joueurs. D'autant que l'impact des prix sur les ventes est faible.
Après, c'est plus une question de prestige, etc...
En fait, c'est plutôt l'inverse qui peut se produire : dès qu'un jeu comme Unlock ou Nom d'un renanrd remporte le prix, on va tout de suite hurler aux accords entre amis, et cela laisse toujours planer le doute sur les réelles motivations du jury pour avoir promi ce jeu plutôt qu'un autre.
En Allemagne, si je ne me trompe pas, il n'y pas de collusion possible car il me semble que le jury du Spiel des Jahres est plus composé de journalistes justement que d'acteurs du monde ludique. Je ne sais pas si cela vient de la charte de Münich (que je ne connaissais pas).

Chez les éditeurs par contre, il est vrai que le rachat de TricTrac par Plan B a créé quelques problèmes. Mais on est plus dans le domaine financier qu'éthique.

Après, il faut bien voir que le monde du jeu est un microcosme qui commence tout juste à se professionnaliser. Il paraît donc logique également que pendant un temps, les passionnés étaient à la fois "journalistes", et impliqués dans plusieurs projets ludiques. 
J'ai moi-même cumulé un temps les rôles d'animateur Proxi-Jeux, auteur de Zombie 15 et webmaster d'Okkazeo. Et naturellement au micro quand on échangeait sur nos expériences avec Olivier, on abordait sans doute plus que de raison Zombie 15 (qu'on mentionne encore dans le n°100 de Proxi-Jeux ^^).


Dans un marché en cours de professionnalisation et la multiplication des acteurs, ceci devrait petit à petit cesser (Monsieur Phal semble progressivement se retirer des affaires), au profit de rôles clairement définis.

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La question Nicolas Hulot


 

L'association Adrastia ( http://adrastia.org ) explique que nous avons avons dépassé le seuil de non retour en terme de dégâts écologiques, Ludovox publiait il y a quelques jours un article sur la pollution engendrée par les jeux de société (réalisation, transport...) ainsi que les croisières ludiques proposées depuis peu.

Penses-tu que le made in france a un réel avenir dans le monde ludique ou cela restera quelque chose d'anecdotique? Okkazeo devrait-il se développer de plus en plus encore davantage en prenant compte le domaine écologique ?

Ah. L'écologie. Vaste sujet... Ca devient le nouveau leitmotiv à toute une dictature de le pensée.
Personnellement, je fais attention par beaucoup d'aspects à mon empreinte environnementale (transports en commun, consommation auprès de producteurs locaux, recyclage, origines des textiles pour mes vêtements...), sans pour autant le faire dans tous les domaines. Sinon on ne vit plus.
A propos du réchauffement climatique, on ne sait toujours pas aujourd'hui s'il est dû à l'activité de l'homme (en fait, plus on avance, plus on s'aperçoit que c'est un phénomène naturel, je vais en faire bondir certains ^^, on pourra débattre avec plaisir à une autre occasion). A propos de la surconsommation des ressources, et le manque de recyclage, là par contre il y a un vrai sujet sur lequel il faut trouver des solutions.
Pour autant, j'avais vu une étude, il y a déjà plus de dix ans, qui montrait qu''en considérant l'ensemble de la chaine de production, il valait mieux acheter des fleurs coupées produites au Kenya (malgré le transport par avion), que celles en provenance des Pays-Bas (parce qu'ils ont recours massivement au chauffage et à l'éclairage des serres).
Donc le "consommer local" n'est pas forcément la meilleure solution écologique. Sur le plan économique c'est autre chose, évidemment, si on tient à soutenir le tissu économique de proximité (mais la concurrence doit rester libre).

Pour moi, le "made in France" (ou en Europe pour inclure Ludofact en Allemagne), est avant tout un argument marketting, et peut-être un moyen également de mieux contrôler les délais de production et de livraison (on évite les trois mois de bateau, les contrôles qui trainent aux douanes...). Mais il vaudrait mieux poser la question aux éditeurs, ils sont les premiers concernés ;o)
De toute façon, le marché est inondé de jeux. A quoi bon mettre en avant un "made in France" si en parallèle on contribue à la super-production : figurines en plastique à base de pétrole, utilisation d'encres pas toujours issues de filière bien écologiques (je ne parle pas du carton car cela fait longtemps que la filière bois et papeterie est maitrisée en Europe) ?
Non, vraiment, c'est compliqué de prendre un problème uniquement sous l'angle de l'écologie, sans risquer d'omettre de nombreux  facteurs.

Pour ce qui concerne Okkazeo, beaucoup de personnes qui habitent les grandes villes privilégient la remise en main propre. Mais ce n'est pas tant pour l'écologie, mais plutôt parce que ça évite les frais de port (qui sont relativement élevés par rapport aux prix des jeux d'occasion).
Personnellement, je n'utiliserai pas l'argument écologique pour promouvoir Okkazeo. Même si quelque part il y contribue par la circulation des jeux au fil de leur vie.

Que penses-tu personnellement des nouveaux projets comme les jeux Legacy ou des croisières ludiques critiquées pour leur côté polluant ?


Les jeux Legacy, je trouve ça exceptionnel d'un point de vue ludique. Alors que je n'aime pas Pandémie (trop mathématique pour moi), j'ai pris mon pied à jouer à la version Legacy (Saison 1 pour le moment), car le jeu est réinventé et bouscule en permanence les joueurs dans leurs habitudes de jeu.


Mais encore une fois, est-ce qu'on ne se pose pas les mauvaises questions ? Ou en tout cas à travers une lentille de Fresnel ? Car les jeux Legacy, c'est l'assurance de jouer environ 15 parties. Combien de jeux sur nos étagères peuvent prétendre à autant de parties ? (à gabarit égal j'entends). Bien souvent, on fait trois parties, rarement cinq, avant que le jeu ne soit balayé par une nouveauté.


Donc au final, le Legacy participe à rejouer plus souvent aux mêmes jeux. On est en plein "moins mais mieux". Ce qui pourrait amener un peu de répit à un marché en surchauffe (climatique :) ).

Merci Guillaume pour ta disponibilité ainsi que pour tes réponses. 

Pour ceux qui souhaiteraient soutenir mes entretiens, voici ma page tipeee,  même un petit geste fait plaisir et vous pourrez contribuer à d'autres interviews réalisés sur des festivals (Cannes, Paris est ludique, Essen...) : 

Ma page Tipeee 
 

Merci à mes Tipeeeurs de me soutenir  : Arnaud Urbon, Bruno Faidutti, Emilie Thomas, Nicolas Soubies ,Virgile De Rais, Pierre Rosenthal, et Ludikam! 

 

Pour ceux qui souhaiteraient découvrir les précédents entretiens, mes animations ou suivre ma page facebook  : 

http://www.facebook.com/jeuxviensavous/
 

Saison 1

Yves Hirschfeld
Benoit Forget
Bruno Faidutti 1ère partie
Bruno Faidutti 2ème partie
Naiade
François Haffner 1ère partie
François Haffner 2ème partie
Pierô Lalune
Timothée Leroy
Mathilde Spriet
Sébastien Pauchon
Tom Vuarchex
Vincent Dutrait 1ère partie
Vincent Dutrait 2ème partie
Christophe Boelinger 1 ère partie 
Christophe Boelinger 2ème partie
Régis Bonnessée
Roberto Fraga 1ère partie
Roberto Fraga 2 ème partie
Cyril Demaedg
Bruno Cathala 1 ère partie
Cyril Blondel
Bruno Cathala 2ème partie
Yahndrev 1ère partie
Yahndrev 2ème partie
Emilie Thomas
Sebastien Dujardin
Florian Corroyer
Alexandre Droit
Docteur Mops 1ère partie
Docteur Mops 2ème partie
Arnaud Urbon
Croc
Martin Vidberg
Florent Toscano
Guillaume Chifoumi
Nicolas Soubies
Juan Rodriguez 1ère partie
Juan Rodriguez 2ème partie
Bony
Yannick Robert
Docteur Philippe Proux
Franck Dion 1ère partie
Franck Dion 2ème partie
Franck Dion 3ème partie
Yoann Laurent
Carine Hinder et Jerôme Pélissier
Dominique Ehrhard
Christian Martinez
Maxime Savariaud
Véronique Claude
Shadi Torbey

 


  

Saison 2 
 

Fabien Bleuze
Serge Laget
Djib 1ère partie
Djib 2me partie
Florian Sirieix
Farid Ben Salem 1 ère partie
Farid Ben Salem 2ème partie
Julien Lamouche
Jean-Louis Roubira 1ère partie
Jean-Louis Roubira 2ème partie
Philippe des Pallières 1ère partie
Philippe des Pallières 2ème partie
Julian Malgat Tome 1
Philippe Tapimoket 1ère partie
Philippe Tapimoket 2ème partie
Théo Rivière
Reixou
Nicolas Bourgoin
Natacha Deshayes
Gary Kim 
Emmanuel Beltrando
Tony Rochon

Thierry Saeys
Lia Sabine
Igor Polouchine 1ère partie
Igor Polouchine 2ème partie
Bernard Tavitian
Marcus 1ère partie
Marcus 2ème partie
Gaetan Beaujannot
Jean-Michel Urien
Michel Lalet 1ère partie
Michel Lalet 2 ème partie
Michel Lalet 3ème partie
Christophe Raimbault
Gaelle Larvor / Nam-Gwang Kim
Stefan Feld

 



Saison 3

Catherine Watine
Jean-François Feith
Nadine Seul 1ère partie
Nadine Seul 2 ème partie

Guillaume Lemery 1 ère partie

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